La Presse Bisontine 69 - Septembre 2006

LE DOSSIER

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C OMMUNAUTÉS

Diversification de l’Église Entre tradition et modernisme, l’église joue la diversification

Traditionalistesadeptesde lamesseen latin, groupescharismatiques… L’Église s’est diversifiée. Contrairement à d’autres diocèses comme celui de Lyon, Besançon a longtemps adopté une attitude frileuse à l’égard de ceux-ci. L’heure est désormais plus à l’ouverture.

T ous les dimanches, la petite chapelle des frères des écoles chrétiennes résonne de chants gré- goriens. Depuis une dizaine d’an- nées, le lieu accueille la mou- vance traditionaliste catholique de la fraternité Saint-Pierre res- tée fidèle aux messes en latin. “Mais pas seulement. La litur- gie chez nous a une place impor- tante, parce qu’elle véhicule des valeurs. Il y a une dimension sacrée plus évidente. Les génu- flexions, les signes de croix, ce À Besançon, la tendance tradi- tionaliste est implantée depuis plus de vingt ans.Apparue peu après le concile de Vatican II, qui a fait évoluer la liturgie, elle s’est scindée en deux en 1988. Aujourd’hui, la fraternité Saint- Pierre - qui est restée dans le giron de Rome après le schisme demonseigneur Lefèvre de 1988 - compte près de 300 fidèles à Besançon. Et deux prêtres en soutane, nommés par la frater- nité en accord avec l’évêque, “qui fixe lesmissions.” “On a une carotte de la société avec toutes les couches d’âge, tous lesmilieux, desmilitaires…Des catholiques qui se retrouvent davantage dans ce qu’on leur propose que dans leur paroisse” , ajoute l’abbé Arnaud Spriet. Enmarge de l’église catholique, le courant lefévriste regroupe quant à lui dans une autre fra- ternité, Saint-Pie X, une petite centaine de fidèles dans une sal- le du faubourg Tarragnoz. En dehors de tout lien, cette fois-ci avec l’évêché. La soixantaine, Bernard Sauge-Merle est arri- sont des éléments auxquels on tient” , affirme l’abbé Arnaud Spriet, visa- ge juvénile et sou- tane noir.

vé à la tradition Saint-Pierre un peu sur le tard, sur l’insis- tance de sa mère. “Mon père avait été à l’initiative du mou- vement traditionaliste, en fai- sant venir un prêtre de Suisse. Il m’a incité à y aller. Au début, j’ai traîné les pieds, je trouvais que c’était un combat d’arrière- garde.” Il affirme “se reconnaître” dans la tradition. “Les tenues vestimentaires des prêtres, les ustensiles, les chants… Tout a une signification, ce n’est pas pour le plaisir” , ajoute-t-il, cri- le plus strict à l’émergence des groupes charismatiques, l’Égli- se catholique est depuis une vingtaine d’années traversées de courants divers. “À vrai dire, il n’y a que les gens qui sont exté- rieurs qui s’imaginent une égli- semonolithique” , s’amuse Jean- CharlesRodriguez, qui fait partie de la communauté de l’Emma- nuel, une des communautés cha- rismatiques les mieux implan- tées en France. Une diversité représentée aussi à Besançon. Même si, ici, le phénomène est moins marqué qu’ailleurs. “Il y a une diversité dans l’Église. Mais on est quand même en Franche-Comté, les gens ici sont bien ancrés dans la réalité et les extrêmes sont peu présents. Il y a une frange traditionnelle, quelques groupes charismatiques institutionnalisés, tempère le prêtre Louis Mauvais, qui fut vicaire général du diocèse pen- dant une vingtaine d’années. Mais contrairement aux grands centres urbains, on reste plus suspicieux face aux choses un peu extravagantes.” tiquant le “débor- dement dans cer- taines paroisses pour essayer de s’adapter aux gens.” Du traditionalisme

“Sur notre diocèse, c’est sûr que le fait que nous n’ayons pas de missions spécifiques ni de com- munauté nouvelle installée, c’est certainement un freinpour nous” , reconnaît Jean-Pierre Fleury. Depuis huit ans, l’homme est le coordinateur du renouveau cha- rismatique en Franche-Comté. Né dans les années soixante- dix dans le catholicisme, lemou- vement proche par certains côtés des évangélistes a essaimé en 28 groupes de prières sur tou- te la région. Ils sont six groupes sur l’agglomération bisontine, soit une centaine de personnes. “Un chiffre stable. Il y a moins d’engouement maintenant” , reprend le coordinateur. Avec comme point commun, l’accent mis sur l’Esprit-Saint et la Pen- tecôte. Prières, louanges chan- tées, adoration… Les charis- matiques ont aussi été victimes de leur mauvaise réputation. “On nous prend souvent pour une secte, même dans les paroisses. Mais on veille à ne pas créer de gourous et un prêtre délégué diocésain est nommé par l’évêque pour faire le lien” , se défendJean-PierreFleury.Aucu- ne communauté charismatique ne s’est implantée sur le diocè- se. Au niveau national, la com- munauté de l’Emmanuel regrou- pe près de 4 000membres - laïcs, prêtres et religieux. Dans le dio- cèse de Besançon, elle ne comp- te que sept membres, dont trois dans la capitale comtoise. “Ce qui nous caractérise, c’est la priè- re, l’adoration. On est la frange qui s’ouvre vers les protestants mais en étant pleinement dans l’église catholique” , raconteFran- çoise Rodriguez. “Pas du tout croyante” au départ, Françoise s’est rapprochée de l’église. “Quand les gens disaient Allé- luia, j’avais l’impression qu’ils

Les deux prêtres de la fraternité Saint-Pie X. À Besançon, les traditionalistes fidèles à l’Église catholique regroupent près de 300 fidèles.

300 fidèles de la tradition.

mentmassue. Sur ses 47 prêtres en France, 34 n’ont “pas de che- veux blancs.” Rien qu’à Besan- çon, un jeune doit intégrer le séminaire de la fraternité tra- ditionnelle en Allemagne, un autre y est déjà, un dernier est déjà ordonné. “Et chez les prêtres, la jeune génération est plus proche de nous. On a tous fait les J.M.J., on a des repères com- muns” , reprend l’abbé Spriet. Un socle commun. Même au sein de l’Église dio- césaine, on assiste à un certain retour du traditionalisme, chez les jeunes prêtres, moins por- tés sur lemodernisme que leurs aînés. “Dans ma génération, on avait un fond chrétien solide et on a pu avec le concile de Vati- can II prendre des libertés. Les plus jeunes n’ont pas cette base solide, ils ont besoin de repères. Ils portent le col romain parce qu’ils ont besoin d’une identité plus marquée, sur le plan litur- gique, ils sont aussi souvent plus rigides” , reconnaît Louis Mau- vais. S.D.

allait bien, qu’ils n’avaient pas besoin d’aide. On ne nous a jamais rappelés” , confie Fran- çoise. Depuis quelques années, elle note toutefois une “décrispa- tion”. “Il y a moins de retenue maintenant” , reconnaît aussi Jean-Pierre Fleury. Pour preu- ve, le renouveau charismatique doit organiser pour la première fois en septembre une veillée de prière dans l’église de Bregille en collaboration avec la parois- se. “Il y a quelque temps, onn’au- rait pas osé ou n’aurait pas pu le faire. Le regard a changé” , poursuit Jean-Pierre Fleury. Depuisdeuxans, la communauté de l’Emmanuel anime, elle, un groupe de prière pour jeunes, qui réunit selon les semaines une vingtaine de jeunes adultes. Du côté des traditionalistes, “il y a des échanges de bons procé- dés mais pas de travail réalisé ensemble. On ne compte pas sur nous, pour les aumôneries par exemple. On reste un peu à la marge, pas de façon volontai- re” , regrette aussi l’abbé Arnaud Spriet. La fraternité Saint-Pie X a pourtant un argu-

n’y croyaient pas. J’avais telle- ment de joie que je voulais par- tager. Mais les charismatiques, cela faisait un peu secte. J’ai d’abord regardé si çame conve- nait, puis j’y suis allée” , dit la femme qui a rejoint avec son mari l’Emmanuel. Depuis, ils suivent les règles de la com- munauté. Une messe par jour, des réunions régulières de prières en groupe “pour louer et partager” et donner un coup de main chaque été lors des réunions de la communauté à Paray-le-Monial. Mais même s’ils sont reconnus par le diocèse, charismatiques et traditionalistes se sentent un peu délaissés, mis de côté. “Au début, c’était dur, les gens ne nous connaissaient pas. Des idées fausses qui circulaient , recon- naît Françoise. Dans d’autres régions, la communauté de l’Em- manuel s’est vue confier desmis- sions et des paroisses - elle en administre 17 dans toute la France. Pas à Besançon. “On s’entend très bien avec le diocè- se. Mais quand on a proposé notre aide il y a huit ans à notre paroisse, on nous a dit que tout

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