La Presse Bisontine 69 - Septembre 2006

30 REPORTAGE

Récit Solène Davesne

24 HEURES AVEC… Mystère, cartes et boule de cristal Lire l’avenir dans un jeu de cartes. À Besançon, elles sont une dizaine à exercer la profession de voyantes à plein- temps. Leur clientèle, jeune ou moins jeune, hommes ou femmes, est à la recherche des mêmes réponses : peines de cœur, problèmes de travail ou d’argent. Le marché de la voyance se porte au beau fixe.

I l suffit de prendre l’annuaire local.Aumilieu d’une ribambelle de médiums installés en région parisienne ou sur la côte atlantique, ils sont une dizaine de voyants à être réper- toriés sur Besançon. La profession est pra- tiquement exclusivement féminine. Léa voyance, Katheline, Ariane… “Depuis toute gami- ne, quand je rencontrais des gens, en les voyant, je disais des choses.” Angélique affirme avoir des “flashs” depuis ses douze ans. Un don de naissance et de famille, selon elle. Sa grand-mère barrait les brûlures, elle aussi, en plus de tirer des cartes. Mais à 32 ans, elle n’en a fait sa profession que depuis octobre 2005. Et est ainsi la dernière arrivée sur “le marché”. Auparavant, elle était secrétaire médicale. Son cabinet, elle l’a installé près de la

porte Rivotte. Une salle de jeux pour les enfants jouxte le cabinet de consultation, à la décoration acidulée et tamisée. “J’ai toujours voulu faire cela, mais je n’avais pas les moyens de me mettre à mon compte pour le moment. Toutes mes économies y sont passées. Cela fait deux mois que j’arrive à gagner ma vie. Mais il faut que les gens osent entrer une première fois” , affirme la jeune femme athlétique. Elle est plutôt contente. En huit mois, elle a déjà réalisé 300 consultations approximativement. “Il faut le temps, mais ça démarre bien” , dit-elle. Pour le prix - 45 euros la séance - la voyante assure aus- si le “service après-vente”. Parce que dit elle, “on a aussi un rôle de conseil. Quand on annonce des choses pas faciles à entendre à une personne, il faut être là quand cela va arriver. Une rupture

amoureuse par exemple.” Les questions, elles, reviennent toujours les mêmes. Les amours toujours, le travail et l’argent aussi. “D’autres qui sont un peu paumés dans leur vie et qui ont besoin de repères. Certaines personnes viennent aussi alors qu’elles ont déjà pris leur décision mais veulent juste savoir si les cartes vont dans la même direction. Et il y a aussi les per- sonnes qui ont juste besoin d’une oreille attenti- ve” , énumère la voyante. Le métier demande une bonne part de psycholo- gie. “On ne va pas dire que votre mari vous trom- pe. On arrondit, on joue sur les mots. Ce n’est pas de la psychologie, c’est du relationnel.” Sa clientè- le vient de tous les horizons. Des hommes, des femmes, “des homos ou des hétéros, des médecins, des Rmistes, des chefs d’entreprise, des gens de ciné- ma. Il y a même des personnes qui ne sont pas for- cément de la région” , énumère-t-elle. Pour les entre- prises, elle a aussi développé un service spécialisé. L’aide au recrutement à base du curriculum vitæ ou du nomdu candidat. Grâce au pendule, la voyan- te affirme assister des D.R.H. dans leur recherche, “pour pouvoir cerner si la personne est plutôt faite ou non pour ce poste.” Le service serait demandé régulièrement. “Les gens qui consultent, ils ont de 18 à 85 ans, cer- tains sont des personnes très haut placées à la vil- le. Mais ils viennent tous pour les mêmes choses. Parce qu’ils ont des problèmes sentimentaux, ou pour le travail” , affirme de son côté Corinne Ray- mond. À 37 ans, la Planoisienne est officiellement installée voyante depuis 2004. Auparavant, “les gens venaient déjà me voir, mais je ne faisais pas payer. Ils m’offraient ce qu’ils voulaient.” Un contrô- le de l’Urssaf, orienté par une consœur jalouse, l’a incitée à revoir sonmode de fonctionnement. Désor-

La librairie s’est aussi ouverte aux produits dérivés. Pendules, boules de cristal, jeux de tarot sont vendus dans une vitrine.

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