La Presse Bisontine 69 - Septembre 2006

L’ÉCONOMI E

27

B ESANÇON -P ELOUSEY Volailles, restauration collective “Une des plus grosses “boutiques” de Besançon” Avec près de 500 personnes, travailleurs handicapés ou salariés, le secteur de tra- vail protégé de l’A.D.A.P.E.I. de Besançon s’impose comme un acteur majeur de l’économie du Grand Besançon. Décryptage avec Jean-Luc Morteau, directeur.

L a Presse Bisontine : Com- ment s’articulent les activi- tés du secteur de travail pro- tégé au sein de l’A.D.A.P.E.I. de Besançon ? Jean-Luc Morteau : Il y a d’une part un E.S.A.T. (Établisse- ment et service d’aide par le travail) qui emploie 318 per- sonnes handicapées mentales ainsi qu’une entreprise adap- tée avec une quarantaine de

revenu bénéficient-ils ? J.-L.M. : Ces 318 personnes sans contrat de travail touchent au minimum le S.M.I.C. Une par- tie (20 %) est versée en salai- re direct. Un complément de rémunération (55 %) est ver- sé par la direction du travail et les 25 % restant sont consti- tués de l’A.A.H. (allocation adulte handicapé), un revenu de solidarité lié au statut de travailleur handicapé. L.P.B. : Peut-on parler de chiffres d’affaires et de bénéfices pour une “entreprise” qui est sous statut asso- ciatif ? J.-L.M. : Toutes activités confon- dues, nous réalisons un chiffre d’affaires de 8,6 millions d’eu-

tures pour les personnes âgées. L’unité de production culinai- re a été transférée dans des nouveaux locaux, rue Branly à Besançon, en 2003. Ce qui fait notre force, c’est notre dimension locale et le fait que, contrairement aux grandes entreprises, nous faisons lar- gement appel à des produits régionaux. L.P.B. : Et les cafétérias ? J.-L.M. : La première a été ouver- te en 1999 au 80, rue de Dole, vers l’immeuble le Major (250 à 300 repas par jour). La deuxième en 2003 rue Branly (200 repas). Toutes deux sont ouvertes à tous les publics. Une troisième enfin a été ouverte

sur Besançon.

L.P.B. : L’activité volaille a-t-elle vrai- ment souffert de la grippe aviaire ? J.-L.M. : Chaque année, nous éle- vons, abattons et commercia- lisons environ 50 000 volailles et nous commercialisons aux alentours de 25 000 lapins. Nos clients sont les grandes enseignes de la distribution comme Carrefour, Intermar-

ché, Système U pour la région Franche-Comté ainsi que des bou- chers et traiteurs de la région. L’an dernier, nous avons investi

travailleurs han- dicapés. La seule différence est que dans une entre- prise adaptée, les travailleurs ont un contrat de tra- vail classique. Au

“Nous livrons plus de 4 000 repas par jour.”

1,2 million d’euros dans la construction d’un abattoir ultra- moderne. Bien sûr, la grippe aviaire nous a bien embêtés mais n’a pas laissé trop de traces car nous sommes posi- tionnés sur un créneau plutôt haut de gamme, cher, avec des produits très identifiés. En fin d’année dernière, nos ventes ont plongé de 25 % pendant un mois, le début 2006 a été cor- rect, puis on est revenu à un niveau normal. L.P.B. : Pourquoi avoir opté pour le créneau de la restauration collecti- ve ? J.-L.M. : À Pelousey, nous avions aussi une conserverie qui n’était pas du tout rentable. Nous l’avons transformée en cuisi- ne centrale organisée en liai- son froide et avons commencé à démarcher les entreprises. Aujourd’hui, nous préparons et livrons plus de 4 000 repas par jour. Nous livrons des écoles, des entreprises, des col- lectivités publiques et des struc-

total, avec les salariés non han- dicapés, l’effectif global atteint presque les 500 personnes. Sans trop faire de bruit, nous sommes finalement une des plus grosses “boutiques” de Besançon. L.P.B. : Dans quels secteurs d’acti- vité travaillent-ils ? J.-L.M. : Ces travailleurs sont répartis en deux grands métiers : l’industrie sous la marque “Prolabor Industrie” et l’agro-alimentaire sous la marque commerciale “Château d’Uzel”. L.P.B. : Que recouvre l’appellation “Château d’Uzel” ? J.-L.M. : Créé en 1984, c’est le département agro-alimentai- re de l’E.S.A.T., qui recouvre trois activités : l’élevage de volailles, qui se situe juste- ment dans le site du château d’Uzel à Pelousey. Une deuxiè- me activité a été lancée en 1988, la restauration collective. Enfin, nous gérons, trois cafétérias

ros. Nous comp- tons atteindre 9millions en 2006. L.P.B. : Quelle est la destination des béné- fices ? J.-L.M. : Les résul- tats excédentaires repartent à l’asso- ciationA.D.A.P.E.I.

aux Tilleroyes, mais elle est sur- tout destinée aux personnes de l’A.D.A.P.E.I. L.P.B. : Que recou- vrent vos activités industrielles ? J.-L.M. : “Prolabor Industrie” est

“Nous réalisons un chiffre

d’affaires de 8,6 millions d’euros.”

Jean-Luc Morteau dirige le secteur travail protégé de l’A.D.A.P.E.I.

Z OOM Château d’Uzel : des religieux aux travailleurs handicapés S itué à la sortie du village de Pelousey, en direction d’Émagny, le château d’Uzel a été racheté en 1984 par l’A.D.A.P.E.I. de Besançon à une communauté religieuse, les frères Montfortains, éga- lement propriétaires de Notre- Dame du Chêne à Ornans. La vocation médico-sociale d’Uzel ne date pas d’hier. Au début du XX ème siècle déjà, le centre qui appartenait alors à une congrégation de sœurs accueillait des jeunes filles sourdes et muettes. Les frères Montfortains ont transformé les lieux en collè- ge privé flanqué d’un petit séminaire, avant de fusionner avec le collège Cartannaz de Pirey. L’activité “volailles” avait été lancée par le frère Marcellin dans les années cinquante. En 1984, l’A.D.A.P.E.I. de Besançon a donc repris cet- te activité agricole.

me cafétéria. Nous avions pen- sé la faire à Témis, avec une crèche pour enfants handica- pés, mais on nous a fait com- prendre que ce n’était pas le “créneau” de Témis. Ce sera peut-être le long de boulevard ou à l’entrée Est de Besançon, vers le bowling.

de Besançon. Aucun dividen- de n’est versé à qui que ce soit. Les résultats servent à finan- cer nos projets. Rien qu’en 2003 par exemple, nous avons inves- ti 3,5 millions d’euros sur notre site de la rue Branly. L.P.B. : Après tous ces investisse- ments récents, avez-vous encore des projets ? J.-L.M. : Nous espérons ouvrir dès l’an prochain une quatriè-

réparti sur deux sites, rue Bran- ly et chemin du Sanatorium. Nos clients sont les principales industries du secteur qui nous confient des travaux de sous- traitance, essentiellement dans l’assemblage mais aussi l’usi- nage, le polissage, la soudure, le micro-assemblage, les appa- reils médicaux, etc. L.P.B. : Le statut de travailleur han- dicapé est un peu spécial. De quel

Propos recueillis par J.-F.H.

L’activité “volailles” est basée sur les hauteurs de Pelousey, à une dizaine de kilomètres de Besançon.

“Prolabor Industrie” emploie 220 travailleurs handicapés (photo Éric Guillot).

Made with FlippingBook - Online catalogs