La Presse Bisontine 69 - Septembre 2006
LE DOSSIER
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Finances et patrimoine : l’ÉGLISE SE CONFESSE L’Église est-elle riche ? En tout cas pas autant qu’on l’imagi- ne. Les bâtiments érigés à sa gloire dans Besançon, à l’époque où la ville rayonnait par son clergé, ne sont qu’une façade. Un héritage de l’histoire. Ce temps-là est révolu. Le diocèse s’est séparé d’une grande partie de son patrimoine pour n’entretenir que les locaux nécessaires à sa mission reli- gieuse. Il a investi plusieurs millions d’euros dans la réno- vation de l’ancien séminaire rue Mégevand. Les congréga- tions en ont fait de même. Nombre de couvents au centre-ville ont été vendus à des agents immobiliers qui les ont trans- formés en appartements. L’Église dans son ensemble est en pleine mutation. Elle adapte ses besoins à ses moyens finan- ciers humains pour faire face à de nouveaux défis.
É CONOMIE Un budget de 5,6 millions d’euros Le diocèse de Besançon fait les comptes
L’évêché affiche une santé financière satisfaisante. La dernière collec- te du denier du culte révèle que la générosité des fidèles est intacte.
N e dites pas que le diocèse est riche. Claude Gonin, l’économe diocésain, est affirmatif : “Ce serait faux de le croire.” Il n’est pas pauvre non plus ! Les finances de l’évêché de Besançon ne sont pasmori- bondes. Elles s’équilibrent. Les recettes couvrent les dépenses. Et tout comp- te fait, le fief deMonseigneur Lacram- pe affiche une bonne santé financiè- re. Avec un budget de 5,6 millions d’eu- ros, le diocèse a la carrure d’une P.M.E. de bonne taille. Il se gère d’ailleurs comme une entreprise. “Le poste le plus important est celui du person- nel” remarque le grand argentier. Il y a à assurer la subsistance et les frais de ministère de 278 prêtres (dont 108 ont plus de 80 ans et 20 seule- ment moins de 50 ans), 14 diacres, une douzaine de religieuses et une trentaine de laïcs (équivalent temps plein) qui font fonctionner l’institu- tion. Les prêtres sont tous logés à la même enseigne. Qu’il s’agisse de l’évêque ou d’un curé de paroisse, ils ont tous le même traitement : 1 620 euros versés tous les trimestres. C’est peu. “Et nous les hébergeons gra- cieusement” précise Claude Gonin. Une entreprise donc. Mais à la diffé- rence d’une société privée, l’Église ne fait pas de commerce. Elle doit son salut à la seule générosité de ses fidèles. À l’évêché de Besançon, les catholiques font preuve d’une bonté que les diocèses voisins pourraient bien lui envier. Il n’y a qu’à regarder le bilan du denier du culte 2005. Cet- te vaste campagne d’appel aux dons
lancée auprès de tous les fidèles qui commence au Carême pour se ter- miner à la fin de l’année, représente la principale source de revenus du diocèse. “Le montant de la collecte est de 2,9 millions d’euros pour 44 000 donateurs. Cela représente une moyen- ne de 65 euros par donateur” se féli- cite Claude Gonin. Le résultat 2005 est d’autant plus encourageant que par rapport à 2004,
plus soumise à l’impôt sur les plus- values, à la T.V.A. ou à l’impôt fon- cier pour les biens à vocation cultuelle. Ces chiffres communiqués ouverte- ment par le diocèse peuvent laisser croire que l’Église vit dans l’opulen- ce. C’est un leurre. La richesse du dio- cèse n’est qu’apparente comme l’est celle des unités paroissiales qui ont leur autonomie financière. L’évêché est entré dans une phase de
il y a eu 2 800 souscripteurs de moins. Parmi les 100 dio- cèses français, Besançon pointe à la 14 ème place au clas- sement de la collecte du denier du culte. Ce n’est pas le moment de relâcher l’ef- fort. “ Il me semble que nous devrions accentuer davan-
restructuration coûteuse mais nécessaire en inves- tissant 9 millions d’euros dans la rénovation du centre diocésain rue Mégevand (9 000 m 2 ). Une opération financée pour un tiers sur des fonds propres, un tiers par la vente du patrimoine
“2,9 millions d’euros pour 44 000 donateurs.”
immobilier, et le tiers restant pro- vient du recours à l’emprunt. C’est le dernier grand chantier de l’évêché. Le fondement de ce projet est de regrouper sous unmême toit des mou- vements d’Église et des services jusque-là répartis en ville. Pour qu’aboutisse ce dossier, le diocèse s’est séparé en grande partie de ses propriétés à Besançon. Il a vendu l’ensemble immobilier situé au numé- ro 9 de la rue de Pontarlier et celui du 5 bis rue des Chalets. Un patri- moine devenu inutile et trop coûteux à entretenir. Aujourd’hui, l’Église n’a plus les moyens ni financiers ni humains de faire vivre des bâtiments qui ne sont pas indispensables à sa mission reli- gieuse. T.C.
tage la communication autour de cet- te opération. À mon sens, je ne vois pas comment nous pouvons convaincre les fidèles à donner si nous ne leur expliquons pas à quoi sert leur argent.” A priori, il n’est pas converti en stock- options. La quasi-totalité de ces fonds sont affectés au traitement du per- sonnel. Un excédent de 14% est rever- sé au budget général du diocèse. Au denier du culte s’ajoutent les legs : 1 million d’euros par an ces deux der- nières années qui servent au fonc- tionnement quotidien du diocèse. Dans la plupart des cas, il s’agit de per- sonnes qui n’ont plus de famille et qui cèdent leur fortune en monnaie sonnante et trébuchante à l’associa- tion diocésaine qui en est légataire. Un bénéfice net pour l’institution reli- gieuse qui est exonérée des droits de succession, comme elle n’est pas non
Claude Gonin, économe du diocésain : “Nous devrions communiquer davantage autour du denier du culte.”
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