La Presse Bisontine 67 - Juin 2006

6 L’ÉVÉNEMENT ’

PÔLE V.T.T. : l’histoire d’un gâchis financier

630 000 euros ! C’est la somme que le Conseil régional, l’État et le Conseil général ont investie dans la création d’un pôle V.T.T. à Méta- bief inauguré en grande pompe en 2004. Ce centre a été conçu pour permettre aux cyclistes du pôle espoir des Montboucons à Besan- çon de venir s’entraîner à diffé- rentes périodes de l’année dans le Haut-Doubs où ils disposent ainsi d’un pied-à-terre. Le projet en lui- même était louable. Mais voilà depuis deux ans, ce bâtiment de 400 m 2 qui a finalement été don- né à la mairie de Métabief pour qu’elle en assure l’entretien n’a jamais servi. Jamais l’ombre d’un vététiste n’a pas passé la porte de ce pôle situé au pied des pistes de ce qui fut au début des années quatre-vingt-dix La Mecque du V.T.T. Le point dans ces pages.

S PORT

630 000 euros dans la nature ! Un pôle V.T.T. qui sert à rien

Inauguré en novembre 2004, le pôle V.T.T. de Métabief qui a coûté la baga- telle de 630 000 euros sert à tout… sauf à son objectif de départ.

Un centre sous-exploité, mais ça devrait changer L e Conseil régional a donné le bâtiment à la mairie de Méta- bief qui l’a intégré à son patrimoine. “Nous l’avons cédé à la municipalité à la seule condition qu’il y ait une convention entre la mairie et le Comité régional du cyclisme (C.R.C.) pour que le pôle espoir de Besançon puisse l’occuper gracieusement à des périodes définies au préalable” indiquent les services du Conseil régional qui ne peuvent pas être plus clair.

L’ hiver, le pôle V.T.T. de Métabief sert de crèche et de salle de réunion.Au sous-sol, Handisport ran- ge sonmatériel de ski et le vélo- club V.T.T. Mont d’Or utilise la structure pour ses “assemblées générales. On a un garage pour les vélos. Pour les 40 jeunes de l’école de cyclisme, c’est un outil formidable” admet son prési- dent Michel Pèpe. Bref, depuis deux ans, le pôle V.T.T. inauguré le 22 novembre 2004 en grande pompe par un parterre d’élus, le président de Région Raymond Forni en tête, sert à tout sauf à son objectif de départ. À l’origine, ce bâtiment de 400 m 2 était censé accueillir les sportifs en formation au pôle espoir de V.T.T. des Montbou- cons de Besançon. À l’époque, le Conseil régional justifie l’im- plantation du centre au coeur e la station par le fait “que les

équipé de douches et d’une peti- te cuisine était annoncé comme le nouveau support qui allait contribuer à l’essor du V.T.T. local. On est loin du compte ! Pour le coup, c’est un vrai gadin politique et une gabegie finan- cière ! C’est cher payé pour des espoirs du cyclisme basés à Besançon à 90 km de là qui auraient pu se passer d’une tel- le structure pour des entraîne- ments à la journée. D’ailleurs, ils s’en passent. Renseignements pris auprès de lamairie deMétabief qui a héri- té du bâtiment et qui le gère, il semble qu’elle n’ait eu depuis deux ans aucun contact, ni avec le comité régional de cyclisme, ni avec une équipe nationale, et encore moins avec la fédéra- tion nationale. “Ça n’intéresse personne. Nous n’avons jamais vu d’équipe, alors qu’il existe une convention avec le comité

régional du cyclisme. Ce bâti- ment ne sert à rien” peut-on entendre du côté de la munici- palité qui met donc gracieuse- ment ces locaux à disposition du club de V.T.T. local. Selon nos sources, le maire de Métabief Gérard Dèque se serait inquié- té de la situation auprès des ins- tances du cyclisme régional. La démarche n’est pour l’ins- tant pas suivie de faits. Le pôle est toujours au point mort. Ce ne sont pas les associations spor- tives du massif du Mont d’Or qui s’en plaindront. Cela ne signifie pas que les vété- tistes de tout bord délaissent Métabief. Lorsqu’ils viennent en formation, ils s’installent à l’hôtel. Le pôle n’offre pas le cou- chage. Une dernière lacune qui confirme définitivement son inutilité. T.C.

spécialistes de vélo tout terrain ne disposaient pas de pistes d’en- traînement pour la préparation du haut niveau aussi adaptées que celles que leur offre Méta- bief. Il a donc été décidé de construire un équipement tech- nique et fonctionnel pour des entraînements à la journée, au piedde lapistededescente.” Après tout les kayakistes avaient leur centre d’accueil àGoumois alors pourquoi pas les vététistes. Coût de l’opération : 630 000 euros ! L’investissement est supporté pour moitié par le Conseil régional, l’État (228 673 euros) et le Conseil général (72 260 euros) se partagent le res- te. Pour couronner le tout, MiguelMartinez, l’ancien cham- pion de V.T.T. qui après avoir brillé dans cette discipline s’est frotté au vélo de route, était dési- gné comme parrain du pôle. Sur le papier, l’établissement

À ce jour, la convention sur l’utilisation du pôle n’est pas arrêtée. La structure n’a toujours pas vu l’ombre d’un cycliste bisontin. Sans en faire une affaire d’État pour autant, les autorités publiques se préoccupent peu de la situation. “Il a été remarqué en effet que le centre était sous-exploité. Mais il fait en sorte que ça chan-

“Ça tarde à se mettre en route.”

ge et que le planning d’occupation du pôle se mette en place l’an- née prochaine. Ça tarde à se mettre en route car il y a eu entre autres un changement de président à la tête du Comité régional de cyclisme” poursuit la Région. Tout devrait donc rentrer dans l’ordre dans les mois à venir. Gilles Da Costa, président du C.R.C. et Gérard Dèque, maire de Méta- bief, se sont rapprochés récemment pour finaliser la convention.

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