La Presse Bisontine 67 - Juin 2006
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Étudiante, Frédérique a participé à une quinzaine d’études en trois ans. Gel douche, crème hydratante, lait solaire water- proof , mesure de la transpira- tion pour de la recherche fondamentale. “Et ce n’est pas forcément contraignant. Quand on teste un gel douche, on est fourni gratuitement en produit pen- dant un mois. Et à la fin, on examine notre peau” , dit-elle.
d’hydrater la peau. “La campagne de commu- nication, les supports de pub, tout était prêt. Et puis la canicule est arrivée” , sourit SophieMac- Mary. Évian a dû remiser en urgence sa cam- pagne au placard. Les résultats ont juste fait l’objet d’une publication dans une revue scien- tifique. Des tests sur des peaux in vitro Mais la chaîne des tests auxquels sont soumis les produits cosmétiques ne s’arrête pas à l’es- sai sur des volontaires. En amont, pour s’as- surer que les principes actifs en œuvre sont efficaces, les laboratoires cosmétiques ont recours à des tests in vitro , sur de la peau arti- ficielle. En bordure de la zone d’activité Lafayette, Bioexigence est une société discrète, au deuxiè- me étage d’un hôtel d’entreprise. Depuis deux ans, Carol Courderot-Masuyer et Sophie Robin, titulaires respectivement d’un doctorat en phar- macie et sciences ont recréé un laboratoire entièrement consacré aux tests dermatolo- giques. Ici, on travaille in vitro . Dans une peti- te boîte de verre, les scientifiques recréent à partir de cellules des tissus de derme et d’épi- derme en tension entre deux plaques métal- liques. Une technique développée exclusive- ment au L.I.B.C. de Besançon. “La peau sur le corps est sous tension. Cela nous permet de mesurer les forces de contraction enœuvre dans la peau. On peut ainsi mesurer si un principe actif va avoir un effet tenseur - comme un lif- ting - sur le derme, par exemple” , explique Céli- ne Viennet, chercheuse au L.I.B.C., qui espè- re pouvoir étendre la technique à la greffe de peau. Bioexigence a passé un partenariat scienti- fique avec le laboratoire pour développer la technologie au niveau économique. La société pratique aussi des mesures du taux de péné- tration des produits dans la peau, teste l’effi- cacité des principes actifs et de leurs dosages. Des techniques à la pointe de l’innovation. “En fait, selon les demandes des industriels, on est obligé de développer de nouvelles techniques en permanence. On a gardé des liens avec l’Uni- versité, c’est un atout. On se tient au courant de ce que font les différents laboratoires et on collabore avec eux régulièrement” , poursuit Carol Courderot-Masuyer. Récemment, on leur a demandé de tester un nouveau pansement qui absorbe les germes. Les deux scientifiques ont mis au point un modèle de peau infecté et prouvé dans leur laboratoire que le pansement favorisait la cica- trisation et l’élimination des germes. “Alors que les résistances aux antibiotiques se multi- plient, si on peut par un moyen physique enle- ver les germes, c’est vraiment intéressant” , se félicite Carol Courderot-Masuyer.
passé” , commente la directrice de Skinexigen- ce. Pendant trois mois, Micheline Cuenot, 57 ans, teste, elle, une crème qu’elle doit appliquer deux fois par jour. Depuis quatre ans, elle a déjà eu l’occasion de tester des gélules pour la peau sèche et plusieurs types de crèmes. Et elle aime cela. “Je me suis toujours demandé ce que voulait dire “testé dermatologiquement” sur les tubes que l’on peut acheter tous les jours. Et ça fait plaisir de savoir que de ma réaction dépend la mise sur le marché du produit ou pas” , dit-elle. Un produit peut en fait très bien être commercialisé, même s’il a échoué à prou- ver son efficacité. “Mais il en va quand même de l’image de la marque qui commercialise” , note Sophie Mac-Mary. Car le test d’efficacité fait partie intégrante du marketing . Et si la société bisontine s’est taillé une solide réputation, c’est parce qu’elle s’est spécialisée dans l’analyse d’images et la réali- sation de photos au cours de l’évolution du test. Une technique qui permet de mesurer scien- tifiquement l’effet d’une crème sur les rides par exemple et qui est aussi un solide atout commercial. Mais les tests ne sont pas toujours exploités. En 2003, Évian a demandé au L.I.B.C. de réa- liser une étude sur son eauminérale, pour étu- dier sa capacité à hydrater la peau. Test à l’ap- pui, la consommationd’eaupermet effectivement
appelle des cobayes. Sophie Mac-Mary n’aime pas le terme. “Un cobaye, il ne sait pas ce qu’il teste. Alors que nos volontaires sont informés. Ils signent un contrat moral. Avec la durée du test, sa finalité, ses modalités” , dit la scienti- fique. Le secteur du test cosmétique est très régle- menté. Pour éviter la professionnalisation de cobayes, le revenuannuel est limité à3 800 euros. Des sommes jamais atteintes en cosmétique. “Car l’indemnisation est fonction de la pénibi- lité de l’étude mais aussi du risque encouru. Et en cosmétique, les risques sont moindres que pour les médicaments.” Crèmes hydratantes, déodorants… Tout est testé Crèmes hydratantes, déodorants, mousses à raser… Ici, on teste tout. “On nous a même déjà commandé une étude pour mesurer la transpiration dans des gants en caoutchouc. On ne s’était pas penché sur le sujet. À chaque fois, il faut inventer de nouvelles technologies” , reprend Sophie Mac-Mary. Les volontaires peuvent être très divers. Pour des compléments nutritionnels, le laboratoire bisontin avait besoin de personnes au même régime alimentaire. Il a fait appel à des congré- gations religieuses. “Ça s’est vraiment très bien
L’aiguille injecte un liquide dans les tissus de la peau. En fonction de la quantité qui ressort, c’est à Sophie Robin de mesurer le taux de pénétration du produit dans la peau.
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