La Presse Bisontine 63 - Février 2006

LE PORTRAIT

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U NIVERSITÉ

Claude Condé, nouveau président, lui succédera Françoise Bevalot, présidente en partance

Après cinq ans de mandat, Françoise Bevalot doit quitter son poste de présidente de l’Université de Franche-Comté, début février.

L e 5 février prochain, à minuit précisé- ment, Françoise Bevalot quittera son bureau, avec vue sur le Doubs, de présidente de l’Université. Définitivement. Au moment de faire ses car- tons, aucune pointe d’amertume, de nostalgie. “Dès le 6 au matin, mon ancien bureau de la fac de pharma- cie m’attend. Certains de mes collègues d’autres universités ont parfois du mal à retour- ner auprès des étudiants. Mais je n’ai jamais envisagé de fai- re autre chose” , affirme la pré- sidente. En 2001, l’enseignante en pharmacie avait été la pre-

elle. Françoise Bevalot a l’allure bourgeoise stricte et le franc- parler chaleureux. Arrivée à la présidence un peu par hasard, dit-elle, “à force de prendre petit à petit des res- ponsabilités élargies” , après voir été vice-présidente pen- dant sept ans, elle a dû mener des dossiers sensibles. Dont la réforme L.M.D. Dans un monde universitaire “où tout le monde dit toujours ce qu’il pense, où ça bouge en perma- nence, ça chauffe aussi par- fois” , la présidente a mené sa révolution au pas de charge - avec la réorganisation de la scolarité autour de trois diplômes licence, master et doctorat - en septembre 2004, là où d’autres universités ont étalé la réforme sur plusieurs années. “À force de leur deman- der de plus en plus de choses, qui bousculent la mentalité universitaire, on courbe le dos. En se disant, que là, cela risque de ne plus passer. Mais à chaque fois, les collègues ont répondu présent” , dit-elle aujourd’hui. Pendant cinq ans, Françoise Bevalot a été de toutes les négociations autour du pôle de compétitivité, de toutes les réunions officielles. “Des rencontres avec des gens passionnants. C’est peut-être cela qui va me manquer le plus” , reconnaît-elle. Son mandat fini, elle aurait pu vouloir se lancer en poli- tique, avoue pourtant ne pas y avoir pensé du tout. “En tant que président, j’ai tellement essayé de mettre toute étiquette de côté, ça me paraîtrait impos- sible de me positionner main- tenant” , remarque-t-elle. Pour l’avenir, la présidente croit à la mutualisation des compé- tences des universités du Grand Est. “Ce n’est pas par- ce que nous sommes dans une petite région que nous ne devons pas rester dans la cour des véritables universités” , affirme-t-elle comme un cre- do. Avec ses 20 000 étudiants - chiffre en stagnation depuis deux ans, après une longue hémorragie - l’Université de Franche-Comté fait figure de petit poucet. Le rapproche- ment avec l’Université de Bourgogne initié en septembre devrait permettre l’émergence d’un ensemble de 45 000 étu- diants. Des déceptions, il y en a aus- si. À son successeur, qui sera élu mi-janvier, elle laisse des

tournant, elle doit faire face à de nouveaux défis. Réforme de la scolarité avec l’harmonisation des diplômes au niveau européen grâce au système L.M.D., émergence

mière femme à décrocher la présidence de l’Université de Franche-Comté. Dans les hautes sphères de l’université, elles ne sont encore qu’une petite quinzaine dans toute la

du pôle de com- pétitivité dans la recherche, com- pétition interna- tionale accrue… Le président de l’Université doit fixer le cap de

France. “Peut-être parce que la fonc- tion est éprouvan- te, physiquement” , essaye-t-elle d’analyser. Elle reconnaît avoir mis “sa vie entre

“Ça bouge en permanence, ça chauffe aussi parfois.”

l’établissement, géré au jour le jour. “En cinq ans, le travail a changé. Dans les dernières années, les enjeux pour l’Université au niveau euro- péen et national évoluaient encore plus vite que je ne l’avais même envisagé” , reconnaît-

parenthèses pendant les cinq ans du mandat. Il faut y mettre beaucoup d’énergie. On enga- ge sa personne. Et psycholo- giquement, quand il faut tran- cher un sujet délicat, on se retrouve seul.” Car l’Université est en plein

“Ce n’est pas parce que nous sommes dans une petite région que nous ne devons pas rester dans la cour des véritables universités”, affirme Françoise Bevalot.

ment quittés. Tous les ans, elle continuait à donner une qua- rantaine d’heures de cours. Par passion mais aussi parce que “c’est très utile pour gar- der les pieds sur terre. Quand en sortant de cours, vous vous apercevez qu’il n’y a pas de cafétéria pour acheter un sand- wich, cela vous sensibilise au problème.” S.D.

dossiers inachevés. L’action sociale en faveur du person- nel, l’aide et l’accompagnement des étudiants pour “renforcer l’égalité des chances.” “Pas le temps de tout traiter avec la même énergie” , évacue-t-elle d’un geste. En février, la présidente retour- nera donc pleinement à ses étudiants, sans les avoir vrai-

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