La Presse Bisontine 62 - Janvier 2006

“U n jour, ma fille m’a fait remarquer qu’elle ne savait pas grand-chose de moi. Mais raconter sa propre histoire m’ennuie. J’ai préféré roman- cer tout cela, broder autour de mon his- toire. Les faits historiques sont vrais, les personnages n’ont pas tous existé” , s’amuse Robert Mugnier. À 78 ans, le retraité, qui a longtemps enseigné au lycée professionnel de Mor- E X P O S I T I O N “T’auras jamais vingt ans” SAÔNE - UN PREMIER LIVRE À 78 ANS Agenda L’ un est plasticien et colo- riste. Il élabore desmon- tages photographiques et offre une lecture très per- sonnelle d’une situation ou d’un lieu. L’autre, reporter, utilise le noir et blanc, sans retouche, avec la volonté de délivrer une image brute et directe. Antonio Catarino et Frédéric Sautereau ont tous deux réalisé un travail sur les rues de NewYork. Ils ont photographié cette ville et ses habitants avec leur sen- sibilité, leur conscience. Un dénominateur commun relie les deux artistes : les atten- tats du 11 septembre 2001. La première exposition - du 15 décembre au 6 février - présentera donc les œuvres du BisontinAntonio Catari- no. Loin des clichés et cartes postales new yorkais, il nous présente l’envers du décor et les coulisses d’une ville en perpétuelle ébullition. “Anto- nio Catarino semble vouloir se fondre dans cette ville et ses habitants, photographiant discrètement des scènes de la vie ordinaire : avenues encom- brées de passants,galerie d’art, métro,magasins, néons publi- citaires. Il nous montre le mouvement,lapulsationd’une ville” explique Patrice For- sans, directeur de la galerie. Les prises de vue de l’artiste accentuent le caractère fur- tif et urgent de certaines images. L’artiste dit vouloir PHOTOGRAPHIE - DEUX EXPOSITIONS CONSÉCUTIVES, DEUX ARTISTES Robert Mugnier est retourné au Viet-Nam, 50 ans après la découverte de l’Indochine. “T’AURAS JAMAIS VINGT ANS” ÉDITIONS DE LA SOCIÉTÉ DES ÉCRIVAINS J’ai rêvé New York… La “Grosse pomme” croquée par les photographes locaux Antonio Catarino et Frédéric Sautereau. À découvrir à l’Atelier de photographie, au 44, Grande rue à Besançon. Du 15 décembre au 19 mars. Robert Mugnier s’est engagé à 17 ans dans l’armée. New-York, vue par Frédéric Sautereau. teau, vient de publier son pre- mier roman. “Ce qui fait de moi un des jeunes écrivains les plus âgés” , sourit-il. “T'auras jamais vingt ans”, le récit, est inspiré du parcours de l’auteur,mais largement roman- cé. 1947. Sur le pont du navire qui le ramène vers la métropo- le, un jeune soldat quitte l’Indochine où la guerre de déco- lonisation fait encore rage. Il laisse sur place sonmeilleur ami,Willy,mort fusillé pour désertion. En flash-back , lui revient le parcours de leurs engagements dans l’armée à la libération àAuschwitz, jus- qu’aux tréfonds de l’ancienne Indochi- ne. Robert Mugnier, qui vit désormais à Saône, s’est engagé à 17 ans dans l’armée, “trichant sur mon âge en remplissant moi-même l’autorisation parentale.” En 1944, le pays vient d’être libéré, l’époque est à l’enthousiasme. Quelques mois plus tard, il rejoint l’Indochine. Un conflit que, comme son héros, il ne “comprend pas et n’est pas le sien” , mais qui lui donne la fascination de l’Asie. En 1996, Robert Mugnier est retourné dans l’actuel Viet-Nam. “Un rêve de 50 ans, j’ai retrouvé l’Indochine de mes vingt ans. Pour un peu, je me serais pris pour le pape et aurais embrassé le sol” , raconte l’auteur qui a passé près de trois ans sur son manuscrit et réalisé lui-même l’illustration de couverture. La beauté des paysages d’Asie, l’amitié forte et l’amour mais aussi la vio- lence et la mort. Le roman raconte tout cela, dans un ordre un peu dissolu. Et a aussi le mérite de revenir sur une période souvent occultée de la guerre d’Indochine. Et même si l’écriture est parfois un peu maladroite, la conviction de l’auteur emporte l’adhésion. n S.D. Enseignant à la retraite, Robert Mugnier vient de publier, à 78 ans, son premier roman avec “T’auras jamais vingt ans”. Un récit autobiographique, très romancé, sur fond de guerre d’Indochine.

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Réservation : 03 81 80 86 03 MAXIME LE FORESTIER CHANTE BRASSENS

L I T T É R AT U R E

ELIE SEMOUN à partir de 34 euros Mercredi 1 février 2006 à 20h30 Kursaal Besançon

chercher à rapporter des impressions plus que des faits, à faire émerger des sens nou- veaux à ses images plus qu’à nous livrer la réalité brute du quotidien new yorkais. Deux expositions consécu- tives, pour un même thème, le choix s’est imposé à l’Atelier de photographie : “Avec New- York en contrastes, les deux expos sont complémentaires. Frédéric Sautereau a photo- graphié la ville figée par les attentats du 11 septembre tandis qu’Antonio Catarino a saisi la vie new-yorkaise avant le 11 septembre. D’où l’appellation contrastes” expli- quent les organisateurs. n

Vendredi 10 février 2006

New-York, vue par Antonio Catarino.

à 20h30 Micropolis Besançon

NEW YORK ANTONIO CATARINO DU 15 DÉCEMBRE AU 6 FÉVRIER FRÉDÉRIC SAUTEREAU DU 6 FÉVRIER AU 19 MARS L’ATELIER DE PHOTOGRAPHIE 44, GRANDE RUE À BESANÇON

à partir de 32 euros

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