La Presse Bisontine 62 - Janvier 2006

ÉCONOMI E

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I NNOVATION Traitement du cancer de la prostate

André Faure : “Les conditions en Franche- Comté sont meilleures qu’aux États-Unis”

Le docteur André Faure est le porteur du projet Trod Médical, qui développe des instruments chirurgicaux pour le traitement du cancer de la prostate. Il fait partie des quatre projets actuellement hébergés par l’incubateur d’entreprises de Temis Innovation

près de 400 000 euros de la part d’Interreg. C’est un démarrage positif. Surtout, le mécanisme d’Interreg s’adapte très bien à l’innovationetpermetd’allervite. Et cela permet aussi, en dehors du financement, de valoriser quelque chosequi se fait et avan- ce, c’est idéal. L.P.B. : Quel est l’investissement total pour développer votre projet ? A.F.: Avantd’arrivervraimentsur le marché, on devrait atteindre les deux millions d’euros. On ne pourracommercialiser leproduit que dans deux ans et demi envi- ron. On est d’ailleurs toujours à larecherchedepartenairesfinan- ciers. Nous avons déjà plusieurs partenaires qui nous aident à développer notre produit. L’Université bien sûr, mais aus- si une entreprise suisse, Com- puterSurgery,quis’occupedetou- te lapartie concernant l’imagerie médicaleet d’autres,commeSta- tice Santé, en Franche-Comté, qui nous aide pour la phase d’industrialisationet qui devrait, à terme, fabriquernotreproduit. Nous sommes en partenariats avec une autre entreprise à Fri- bourg en Allemagne et bien sûr avecdeshôpitauxuniversitaires. L.P.B. : L’ouverture à l’international est indispensable ? A.F. : Absolument. Dans le médi- cal, c’est encoreune culturequ’on doit acquérir enFrance.Les pro- duits sont de toutemanièremon- diaux.Onn’apasencoreleréflexe en France dès qu’on a une idée dedéposerunbrevetpuisdemon- ter une entreprise, comme cela se fait couramment aux États- Unis.

Temis Innovation inaugurée début décembre L e dernier né du pôle des microtechniques Temis a été inauguré le 2 décembre dernier. Il héberge actuellement dix entreprises innovantes. Quatre porteurs de projets - du médical au traitement de données informatiques - sont accueillis dans l’incubateur, afin de concré- tiser leur projet et créer leur entreprise. Six autres sociétés, parmi les- quelles les start-ups Leirios ou Silmach sont hébergés dans l’hôtel d’entreprise. D’ici la fin de l’année, d’autres entreprises devraient rejoindre Temis Innovation. “C’était un projet très attendu car il répond vraiment à un besoin pour les jeunes entreprises innovantes”, se félicite Antho- ny Jeanbourquin, le directeur de Temis, qui attend un “fort dynamisme” , grâce au pôle de compétitivité. En 2006, Temis devrait enco- re continuer son expansion avec la construction de Micro- tech, un immeuble de 1 000 m 2 pour accueillir d’autres socié- tés, Temis Centre, qui accueillera des services aux entreprises et le parc Arté- mis.

L.P.B. : Trod médical va-t-il créer des emplois ? A.F. : Le marché qui nous concer- ne est chiffréàprèsd’unmilliard de dollars par an. Et nous utili- sonsune technologiequi est déjà acquise et sûre, ce qui réduit la partie normative et les tests. Et dans leshôpitaux,il yamoinsde résistance des médecins à utili- ser le produit que dans le cadre d’unetechnologietotalementinno- vante.Onrentre toutdesuitesur lemarché.Onveut confier lapro- ductionàStaticeSanté,donc cel- le-ci se fera sur place, à Besan- çon. Cela devrait avoir des retombées très importantes,avec desemploisauniveaudenospar- tenaires. Dans la société elle- même,nousnedevrions êtreque deux. Un ingénieur et moi. Tout le reste est sous-traité, notam- mentaulaboratoired’automatique qui s’occupe de la recherche et développement.L’avantagede la sous-traitance,c’est aussi depro- téger les emplois dans la région. Dans le secteur des start-ups ,on n’est jamais à l’abri d’être man- géparunplusgrosgroupe.Même si cela devait arriver, la produc- tion resterait sur place. L.P.B. : Avez-vous un autre projet ? A.F. : J’ai déposé un autre brevet, qui pourra faire l’objet d’un futur développementégalement.Ils’agit toujours d’utiliser la technologie de la radiofréquence, mais dans le traitement des tumeurs aux poumons. Propos recueillis par S.D.

L a Presse Bisontine : Comment est né Trod Medical ? André Faure : Je suis médecin de formation et j’ai une expérience en matière de traitement des cancers par l’intermédiaire de la radiofréquence. J’ai déjà déve- loppé plusieurs outils avec le laboratoire d’automatique de l’Université de Franche-Comté. Comme j’avais un nouveau pro- jet, il était question soit de par- tir le développer auxÉtats-Unis, soit de le faire à Besançon.On a finalement choisi la Franche- Comté car les conditions tech- niques y étaient idéales, supé- rieures même à celles offertes outre-Atlantique. L’environnement technique, en matière de compétence micro- mécanique, est essentiel.Ontrou- ve ici plein d’entreprises spécia- lisées dans des domaines qui sont nécessaires pour l’industrialisation de notre pro- duit. L.P.B. : Quel est le projet sur lequel travaille Trod Medical actuellement ? A.F. : On développe un dispositif pour le traitement du cancer de la prostate enutilisant toujours les radiofréquences.C’est undis- positif mini-invasif, c’est-à-dire qu’il n’est pas trop traumatique pour le patient. Le malade est sous anesthésiemais il n’yapra- tiquement pas d’incision. Les électrodes traversent la peau,

partie normative et de contrôle, qui est loin d’être légère. L.P.B. : Est-ce important pour vous d’être en incubateur ? A.F. : Oui.Avant d’avoirune struc- ture qui vamettre le produit sur lemarché,ona déjàune coquille qui nous permet d’acquérir une culture de société, d’entreprise. Dès que la société démarre, elle a déjà une stratégie marketing , etc.Quand ondéveloppe en labo- ratoire, ce n’est pas le cas et ça ne fonctionne pas. Souvent, en laboratoire,avant d’aboutir àun oubliéde tenir comptede l’aspect industriel. Ce n’est pas la bonne démarche. Car le but, c’est tout de même d’arriver au patient. Avec l’incubateur, on a vraiment une structure qui nous permet deprendre enconsidération tous les aspectsdedéveloppement du produit.Onbénéficiede coaching , on rencontre également ici des intervenantsquinousconseillent dans ce sens. L.P.B. : Vous venez de bénéficier de fonds européens dans le cadredupro- gramme Interreg, pour le soutien à l’innovation… A.F. : Au total, on devrait recevoir produit final com- mercialisable,onva être obligéde refai- re une seconde fois une partie du tra- vail car on avait

vont détruire la prostate, puis ressortent. Il n’y a que deux petites incisions. L.P.B. : Quel est le potentiel de ce dis- positif ? A.F. : À l’heure actuelle, entre les États-Unis et l’Europe,près d’un demi-milliondenouveaux cas de cancers de la prostate sont dia- gnostiqués chaque année.Et sur ce nombre, la moitié est traitée par une méthode de chirurgie classique. Il y a d’autres procé- dures bien sûr, comme la curie- thérapie, mais elles utilisent la occasionne elle aussi des pro- blèmes importants, notamment d’impuissance.L’avancedenotre technique,c’est qu’ellepermet de ne toucher que la prostate, sans endommager les nerfs. Pour le moment, on a dépassé le niveau de la recherche et onarriveàune phase de développement de cet outil. On a déjà eu des résultats in vitro convaincants. La pro- chaine étape, ce sera des tests sur cadavre cheznospartenaires cliniques, à Bruxelles et à Balti- more, auxÉtats-Unis.On comp- te créer la société Trod Medical enmilieud’année2006.Onpour- ra alors commencer à lancer la radioactivitéetocca- sionnent des pro- blèmessecondaires. Quant à la chirur- gie classique, elle est efficace mais

“La production se fera sur place, à Besançon.”

J EUNE ENTREPRENEUR Coaching d’entreprise “Créer ma propre entreprise a toujours été mon objectif”

Après un début de carrière à Paris, Séverine Berquand a choisi, à 34 ans, de revenir s’installer dans sa région d’origine. Avec un but en tête : créer sa propre entreprise. Sa société, Pro Agiris vient d’embaucher son premier salarié.

“C réerma propre entreprise, c’est quelque chose que j’ai en tête depuis que j’ai terminé mes études. Ça a toujours été mon objec- tif” , affirme Séverine Berquand.À 34 ans, la jeune femme, allure dynamique, est à la tête de ProAgiris conseil. Une société qu’elle a créée voici un an dans le domaine du conseil en ressources humaines et le coaching d’entreprises, hébergée depuis à la Boutique de ges- tion qui accueille les jeunes sociétés demoins de deux ans. “Nous nous occu- pons du recrutement pour les entre- prises qui nous contactent, de la for- mation au management des cadres et de coaching également” ,énumère Séve- rine Berquand. Originaire de Pontarlier, la jeune fem- me a travaillé pendant plus d’une dizai- ne d’années à Paris et dans le Nord- Ouest de la France avant de revenir poser ses valises en Franche-Comté.

La conséquence de “l’appel des sapins”, comme elle le dit en riant. “J’ai tou- jours voulu revenir à mes sources, je suis une amoureuse de la région. Cela s’est juste passé un peu plus tôt que je ne l’avais envisagé” , avoue-t-elle. Chargée de communication dans plu- sieurs sociétés puis consultante dans un cabinet, la jeune femme a de la sui- te dans les idées. En parallèle, elle suit des cours du soir et passe sa maîtri- se puis son D.E.S.S. en cours du soir. Il y a trois ans, Séverine Berquand s’est finalement lancée en free-lance dans le conseil en ressources humaines, avant d’arriver à Besançon. En un an, ProAgiris a réalisé une dizaine de coa- chings dans des entreprises, grosses P.M.E. ou petites structures du tissu local et aimerait désormais dévelop- per de nouvelles formations, autour de la gestion du stress. “Il y a un vrai besoin. Notre rôle, c’est autant de le

faire émerger, que la réponse en elle- même” , ajoute Séverine Berquand. L’entreprise a passé en octobre son premier cap important. En recrutant une première salariée. “Cela repré- sente le doublement de mon effectif tout de même. En matière d’organisation, ce n’est pas évident” , note la chef d’entreprise. À 23 ans, Amandine, la nouvelle salariée, rêve elle aussi de création d’entreprise. Même si “quand je vois le travail que c’est, celame fait réfléchir” , reconnaît- elle. Récemment, Séverine Berquand a retrouvé un petit document , rédigé à la fin de ses études. “À croire que tout est une ligne droite. Par rapport à ce que j’avais écrit dans ce carnet, tous mes projets professionnels se sont réa- lisés comme je l’avais imaginé” ,s’amuse- t-elle. S.D.

Fondé il y a un an dans le domaine des ressources humaines, Pro Agiris a embauché sa première salariée en octobre.

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