La Presse Bisontine 57 - Juillet-Août 2005
17 LE DOSSIER P ETIT COMMERCE Ouverts jusqu’à 2 heures Le couche-tard, client roi
Ils sont épiciers, restaurateurs. Et ils ont fait le choix de rester ouvert tard dans la nuit. Quand tous les autres ont fermé boutique, eux restent dispo- nibles. Un choix commercial et un choix de vie aussi. Portraits croisés. Lino, pizzeria le Mocambo : “La nuit, ce n’est pas compartimenté, il n’y a pas de classe sociale”
D es stars dans son res- taurant, il en a eu. C’était à la belle époque quand les artistes de passage pre- naient leur temps. Lino se sou- vient de Carlos, Moustaki, Cabrel, de quelques acteurs de cinéma, en oublie beaucoup d’autres. Récemment, il y a eu aussi Nicolas Sarkozy, avant qu’il ne soit ministre, venu déguster une pizza merguez avec du coca. “Je l’ai trouvé direct et simple. Même si je ne fais jamais de politique” , affir- me Lino. À 58 ans, Lino dirige depuis trois décennies la pizzeria Mocambo. La seule de la ville
un imbécile de temps en temps, “qui ne savait pas se tenir.” Il veut plus retenir le côté enri- chissant, ces contacts et les longues discussions avec des acteurs ou des musiciens. “Même avec des politiques par- fois. On apprend des choses. Et puis, on fait du social aus- si. Quand le directeur de banque ou n’importe qui a un souci en pleine nuit et veut se changer les idées, il vient ici pour dis- cuter avec les autres clients. C’est un lieu d’échange.” Sur- tout peut-être, la nuit lui a apporté une chose. “Tout le monde me connaît dans la vil- le” , affirme-t-il fièrement. O
représentations, des oiseaux de nuits en tout genre. “La nuit, ce n’est pas comparti- menté. Il n’y a plus de classes
à rester ouverte toutes les nuits aussi tard jusqu’à 4 heures. “Quand on a voulu se lancer, il y avait déjà quatre pizzerias
sociales. Dans mon restaurant, il peut y avoir 30 personnes totalement différentes et pourtant tout va bien se passer” , se plaît-il à répéter. Il aime maintenant ce
à Besançon. Nous on ne voulait pas faire la facilité, ce que tout le monde faisait déjà. Alors on a choisi un créneau différent, la nuit” , explique l’an- cien footballeur ama- teur du B.R.C.
“Sarkozy, je l’ai trouvé
direct et simple.”
monde particulier, “si agréable, même si c’est parfois fatigant de vivre avec un autre rythme.” En a marre d’entendre toutes sortes de choses sur la vie noc- turne et sa dangerosité. Lui n’a jamais eu de problème, sauf
Dans sa clientèle se mêlent les “chômeurs et le président du Conseil régional.” Beaucoup de politiques, des gens du théâtre, de la musique, qui viennent manger après les
Ancien footballeur amateur, Lino a ouvert sa pizzeria en 1975. Artistes, hommes politiques et gens ordinaires y défilent toute la nuit.
Bouzid, épicier : “Pas le temps de s’arrêter pour fumer une cigarette”
E n plein quartier Battant, l’épicerie a deux visages. Celui du jour, avec ses pro- duits méditerranéens, une vingtaine de sortes d’olives différentes dans la vitrine et une multitude d’épices colo- rées dans des petits pots der- rière le comptoir. Et celui de la nuit, au fond du magasin, où les bouteilles d’alcool, sur- tout de bière s’entassent. “C’est vrai qu’on ne vend pas tout à
savent que je suis ouvert s’ils veulent finir la nuit.” Il aime cela, lui qui se définit comme un oiseau de nuit. Pendant longtemps, il a été tenancier de bar, juste en dessous du magasin, avant de passer à l’épicerie. Et il ne regrette pas, “parce qu’à l’épicerie il y a plus de passage. Et c’est festif aus- si, on peut discuter avec les clients.” Dans l’épicerie, c’est un va-et- vient permanent, presque un client toutes les deux minutes. La plupart sont des habitués, l’épicier les appelle par leur prénom. Deux hommes dépo- sent une caisse de canettes vides pour repartir avec les même mais pleines. Une jeu- ne femme vient chercher le paquet de riz et la boîte de conserve qui lui manquait. “Il y a toujours quelqu’un. Par- fois même on n’a même pas le temps de s’arrêter pour fumer une cigarette. C’est un coin étu- diant, il y a du mouvement” affirme Bouzid en souriant. “J’aime cette rue. C’est comme un village, tout le monde se connaît. Ça arrive même que des jeunes m’invitent à leurs soirées étudiantes. C’est sym- pathique” , reprend-il. Il a même reçu des cartes postales de la part d’habitants du quar- tier ou d’habitués, qu’il cherche un peu sous le comptoir près des olives. Mais il ne les retrou- ve pas. O
fait la même chose le jour et la nuit. C’est pas la même clien- tèle non plus. Et puis la nuit, on vend aussi beaucoup de piz- zas, de tartes au fromage” , détaille Bouzid Hakkar, 43 ans, l’épicier de “l’Olive”. Sa compagne tient la boutique la journée, lui est là le soir, jus- qu’à deux heures parfois plus, “parce que je ferme après la fin des bars. Beaucoup de jeunes passent par ici et ils
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Bouzid, épicier installé depuis trois ans, dans le quartier Bat- tant. Avant, il tenait le bar juste en dessous de sa boutique.
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