La Presse Bisontine 57 - Juillet-Août 2005
16 LE DOSSIER
C ENTRE DE TRI
De 800 000 à un million de lettres par jour
Vous venez de déposer la carte d’anniversaire de votre grand-mère dans une des boîtes jaunes de la Poste. Mais vous êtes-vous déjà demandé ce que devenait votre lettre une fois déposée ? Parcours d’une lettre. Parcours de lettres
L e centre de tri. Une fois ramassée par le facteur, placée dans des grands sacs, c’est là que votre carte va atterrir. Un grand hangar avec ses longues machines vertes et ses chaînes qui ressemblent à celles d’une quelconque usine. Tout le cour- rier du département y transi- te. Au total, 800 000 à un mil- lion de lettres suivant les jours, traitées 24 heures/24. Mais c’est le soir et la nuit que l’activité est la plus importante. Quand le courrier relevé des boîtes - la dernière levée, cel- le de la boîte aux lettres au pied du centre de tri est à minuit - arrive au centre. Car tout doit être traité, trié, ran- gé dans la nuit pour être dès le lendemain matin distribué. Seuls les plis économiques attendent la journée. “82 % du courrier est distribué à J + 1. L’objectif, c’est 99 % en 2010, pour faire face à l’ouverture du marché prévu dans le domai- ne du courrier, et prouver qu’on est un opérateur de qualité” ,
qui ne passent pas dans les machines, ce sont des employés qui les trient manuellement, une par une. Car les machines sont sensibles. Pour cela, la Poste a édité des conseils, dis-
affirme Laurent Schneider, le directeur du centre de tri. 20 h 30. La trentaine d’em- ployés du centre est au travail, concentrée. Dans une demi- heure, toutes les lettres pour le national doivent partir en camion. Des étudiants, qui tra- vaillent deux à trois heures par soir comme job d’appoint, rangent les lettres triées dans de grands sacs. Plus loin, un homme et une femme fournis- sent lamachine verte en lettres, qui les avale au rythme de 35 000 par heure. Le tri est désormais fortement mécani- sé. Et près de 75 à 80 % des lettres sont concernées. L’adres- se est lue par une petite camé- ra, puis la lettre est orientée vers l’un des petits bacs à l’ar- rière de la machine, qui cor- respondent chacun à un bureau de Poste ou à une des 400 tour- nées de facteurs du départe- ment. “Et quand un doute exis- te sur l’adresse, on envoie une image sur un ordinateur et c’est un opérateur qui la saisit” , pré- cise le directeur. Pour les lettres
talité, c’est pas la même vie non plus entre le jour et la nuit. Chez nous, il y a une bonne ambiance, on n’a pas toujours le patron sur le dos. La nuit, le boulot passe plus vite” , ajou-
te son collègue, Fran- çois, en réceptionnant les chariots de cour- rier prêt à être ache- minés. Manutentionnaire depuis 32 ans à la Pos- te, toujours de nuit, il n’a travaillé que trois mois pendant la jour- née. Une sanction dis- ciplinaire. “Abomi-
tribués dans toutes les boîtes aux lettres, pour faciliter sa tâche. Comme ne pasmettre de virgule entre le numéro et la rue ou écrire en majuscule. “Car pour nous, c’est évidemment un gain de temps” , reprend le directeur. Depuis 20 heures,
“C’est pas la même mentalité, c’est pas la même vie non plus.”
nable, j’en étais malade.” La plupart des employés de nuit sont des anciens. Qui conti- nuent à travailler en horaires décalés par choix. Comme Ber- nard, 32 ans de service lui aus- si. “La nuit, ça m’a plu. Au début, un ancien m’avait pré- vu. “Si tu aimes la nuit, fais- le mais pas trop longtemps par- ce que ça use.” Mais vous voyez ça va toujours” , affirme-t-il. Et il ne se voit pas arrêter, sauf pour raison de santé. Les lettres pour le national sont parties. Plus tard vers 3 heures, un autre camion
c’est l’équipe de nuit qui a pris son service. Jusqu'à 6 heures le matin, quatre jours par semaine. À 42 ans, Pierre a presque toujours été de nuit. “Je ne pourrais pas travailler autrement. Grâce à cela, j’ai pu voir ma fille grandir, j’al- lais la chercher à l’école. C’est un choix de vie.” Mais il se fait du souci pour l’avenir, a peur “que ça régresse comme par- tout.” “C’est pas la même men-
Le tri du courrier, exercice nocturne.
rée uniquement. Pendant huit ans, elles ont travaillé aux horaires “boulangère”, de 3 heures à 10 heures Trop dur pour elles. “En fait, tu ne peux pas dormir. Parce que si tu dors la journée, l’hiver tu te lèves, il fait noir. Et tu es complètement déboussolé.” O S.D.
déversera les lettres provenant de toute la France pour le Doubs. Il faudra les trier rapi- dement. À l’aube, tout le cour- rier de la nuit sera acheminé dans chacun des bureaux de Poste du département. Pour l’heure, Marie-Anne, Floren- ce et Marie-Noëlle quittent leur poste. Elles travaillent en soi-
P RESSE 183 lieux de diffusion Pour les journaux quoti- diens, une course contre la montre chaque nuit Imprimés à Paris ou à Nancy, les journaux quotidiens de la presse nationale arrivent en pleine nuit au dépôt de presse de Serre-les-Sapins. Avant d’être acheminés dans chaque kiosque.
C inq heures et quart du matin, dépôt de presse de Serre-les-Sapins. Les camions s’affairent à charger la marchandise, ran- gée dans de grands bacs en plastique numérotés. Ils sont treize, à effectuer la tournée des kiosques, maisons de la presse ou supermarchés. 183 lieux de diffusions en tout, entre Gray et Morteau, Bau- me-les-Dames et Pontarlier. Et qui doivent impérativement avoir leurs journaux et maga- zines au plus tard avant sept heures et demi. “Parce que ni nous ni le commerçant n’a inté- rêt à rater une vente. Nous sommes rémunérés à l’exem- plaire vendu” , explique Éric Klufts, le directeur du dépôt qui fait partie du réseau des N.M.P.P., les nouvelles mes-
sageries de la presse parisienne, qui contrôlent la diffusion de la presse en France. Mais pour que vous puissiez
tité avec chaque marchand de journaux, suivant les ventes précédentes. Mais in fine , c’est l’éditeur qui décide. Et parfois
prendre votre petit dej’ tout en lisant le compte-rendu du match de la veille de votre équipe de foot préférée, le timing a été serré. Une vraie course contre la montre. Car à peine sorti des rotatives à une
certains préfèrent mettre beaucoup d’exemplaires, tout en sachant qu’il y aura des invendus, mais parce qu’ils y gagnent en visibili- té. Car s’il n’y a qu’un exemplaire d’un titre dans un kiosque qui peut en
“Nous sommes
rémunérés à l’exemplaire vendu.”
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heure à Nancy - ou Paris sui- vant les titres -, les journaux quotidiens nationaux sont embarqués dans une camion- nette pour Serre-les-Sapins. Où les exemplaires sont répar- tis, en plein milieu de la nuit, entre les différents diffuseurs. “C’est nous qui fixons la quan-
compter 4 000, il risque d’être noyé” , reprend Éric Klufts. En une heure, la dizaine d’em- ployés a classé toutes les publi- cations, fermé les caisses. Les camions partent. Et dès l’ou- verture de votre maison de la presse, votre journal sera là, à vous attendre. O
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