La Presse Bisontine 53 - Mars 2005

DOSSIER

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COMMERCE DE CENTRE-VILLE : le grand chambardement

En une quinzaine d’années, le com- merce de centre-ville a été boule- versé. Aujourd’hui, le commerce indé- pendant a de plus en plus de mal à résister face au rouleau compresseur des grandes enseignes nationales et autres franchises qui investissent les rues du centre-ville. Si la baisse de fréquentation des commerces du centre est souvent mise en avant, il n’empêche que tout emplacement situé dans les endroits stratégiques de la ville trouve preneur sans aucu- ne difficulté. D’ailleurs, en matière d’immobilier commercial, les prix continuent à flamber. Ce dossier sera donc l’occasion de se pencher sur ce mouvement inéluctable qui trans- forme en profondeur le visage du centre-ville. Comment les commer- çants indépendants tentent-ils de tirer leur épingle du jeu, quels sont les projets en cours ou à venir pour redy- namiser le centre-ville, quelles seront les prochaines enseignes à investir les rues de la Boucle ? Le point sur une question stratégique pour l’ima- ge et l’avenir de Besançon.

É CONOMIE

800 commerçants en ville

Pour mieux comprendre…

Difficultés du commerce de centre-ville, prédominance des enseignes nationales, déséquilibre entre secteurs d’activi- té, accès au centre-ville… Toutes ces questions sont au cœur de l’actualité du commerce bisontin. Un audit est en cours pour y voir plus clair. Le centre-ville prend son destin en main

Droit au bail : Il correspond à une immobili- sation incorporelle qui est acquise, perdue ou cédée par le preneur commerçant moyen- nant le paiement d’une indem- nité. Il est versé au locataire sortant en cas de reprise d’un bail commercial existant. Pas de porte : Somme versée au propriétai- re des murs lors de la conclu- sion du bail. Il correspond soit à un supplément de loyer soit à une indemnité compensant la perte de jouissance des locaux par le bailleur. Fonds de commerce : Ensemble d’éléments mobi- liers corporels (matériel, mar- chandises…) et incorporels (nom, enseigne, droit au bail…) regroupés par un commerçant pour répondre aux besoins d’une clientèle. Lorsqu’un exploitant cède son fonds, l’acheteur reprend automati- quement le bail sans que le propriétaire du local ne puis- se s’y opposer. En revanche, une clause du bail peut inter- dire au locataire de céder le bail indépendamment du fonds.

la ville ne peut exercer son droit de préemption que lorsque des murs sont en vente. C’est ce qu’elle a fait récemment pour les murs de l’ancien ciné- ma Plazza. L’objectif de la vil- le est de vouloir maîtriser la nature des enseignes qui s’ins- talleront dans cet espace vacant du centre-ville. Hélas, mis à part ces cas exceptionnels de vente de murs commerciaux, le marché privé impose sa loi. Rien ne pourra empêcher une enseigne nationale de suren- chérir sur un indépendant lors- qu’il s’agit de reprendre un espace commercial. Et ce mou- vement de généralisation des franchises nationales ne fera que s’amplifier. “Les consom- mateurs ont besoin d’être ras- surés par une enseigne natio- nale, connue” analyse Jacques Mariot. Finalement, enmatière d’équi- libre commercial, la balle est aussi entre les mains, non pas de la ville ou des commerçants, mais des consommateurs eux- mêmes. ! J.-F.H.

forcer l’attractivité du centre.” Cette initiative est censée à terme, lutter contre ce que l’op- position municipale qualifie de “désertification organisée du centre-ville.” Du côté de la mairie, on recon- naît que certaines choses “sont dommageables, comme par exemple de voir les mêmes enseignes nationales en zone périphérique et au centre-vil- le. Le centre-ville sera d’autant plus attractif qu’il offrira des services différents” estime l’ad- joint au commer- ce Jacques

L es magasins de prêt-à- porter féminin se suc- cèdent sans disconti- nuité dans les deux principales artères commer- çantes du centre-ville, rue des Granges et Grande rue. Dans le même temps, il est devenu impossible de trouver un article de sport dans la Boucle. Ces deux exemples illustrent les difficultés auxquelles est confronté le commerce de centre-ville à Besançon : un déséquilibre manifeste dans l’offre de produits. Nul ne sait précisément, et c’est bien un paradoxe, le nombre de mètres carrés commerciaux dévolus à chaque secteur du commerce : habillement, équipement de la maison, parfumerie, maro- quinerie, sport, chaussures… Ni la ville de Besançon, ni la Chambre de Commerce ni

la C.C.I. du Doubs. À l’issue de cet audit doit être mis en place “un schéma d’orienta- tion” destiné, par l’intermé- diaire des commissions dépar- tementales d’équipement commercial (pour les surfaces supérieures à 300m 2 ), à “accen-

même les unions commerciales elles-mêmes. La ville de Besan- çon au total compte 2 850 com- merçants. Au centre, c’est-à- dire l’intérieur de la Boucle et Battant, on en dénombre envi- ron 800. Hormis ces générali- tés, personne n’est en mesure de préciser la nature exacte de ces commerces ! C’est justement pour pallier cette carence que plusieurs partenaires, dont la ville et la C.C.I. du Doubs, ont décidé de lancer un audit, vaste enquê- te destinée à dresser un état des lieux du commerce de centre-ville, avant de définir un plan d’action. “Les premiers résultats de cet audit seront connus dès le mois de juin et les conclusions seront officiel- lement rendues en septembre” confie Pierre Collet, directeur du département “commerce” à

tuer les activités qui ne sont pas présentes et ainsi combler les manques.” Cette convention d’audit entre vil- le et C.C.I. devait être signée sous

“Les consommateurs ont besoin d’être rassurés.”

Mariot, qui cepen- dant, relativise le rôle des collecti- vités publiques en matière d’im- plantations com- merciales. “On

peu. “L’objectif est de faire le point avec l’ensemble des com- merçants du centre-ville, par une enquête postale qualitati- ve, ce qui nous permettra d’abord de faire un recense- ment précis des enseignes avant de voir comment on peut ren-

nous accuse parfois de ne pas privilégier le commerce indé- pendant. Mais il ne faut pas oublier que le commerce est une activité privée. Nous ne pou- vons aucunement intervenir sur la vente et l’achat des fonds de commerce.” Juridiquement,

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