La Presse Bisontine 53 - Mars 2005
LE PORTRAIT
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S AINT -F ERJEUX 369 personnes en 2004
Sans bruit, depuis 10 ans, la Buande- rie de Saint-Ferjeux est un lieu de vie qui accueille, sans distinction, toutes les personnes dites “différentes” ou fragilisées socialement. Dans le res- pect et la chaleur humaine. C’est un endroit pas comme les autres…
E mmanuelle, Ludovic, Jean, Anne-Marie, Gil- bert et les autres sont et font La Buanderie de Saint-Ferjeux à Besançon. Un accueil de jour qui na pas son semblable dans la capita- le comtoise et que son res- ponsable, Ludovic Brenot dépeint avec ses mots. Res- ponsable est un bien beau titre, je dirai plutôt que je suis, com- me ma collègue Emmanuelle, un accompagnant ou accom- pagnateur, et quand il faut
malité est ce qui lie les 369 personnes ayant un jour fran- chi lannée dernière le seuil de cet accueil dépendant de la maison de quartier de Saint- Ferjeux. Nous sommes sous couvert de cette maison, fonc- tionnons en mode associatif, mais gardons une grande auto- nomie et liberté. Ce fut lune de mes conditions lorsque jai rejoint en juin 2004 La buan- derie. Ludovic est un peu rebelle et utopiste dans son mode de
concevoir laide à ces gens que lon dit différents. Je ninterviens que très peu sauf cas extrêmes, ce qui narrive que rare- ment. La pédago- gie est expérimen- tale. Tout est basé
recentrer de petites choses, je revêts cet- te étiquette. Étiquette, le mot est lâché et il ne colle en rien avec cet accueil de jour ouvert depuis novembre 1994 dans ce quartier
Les personnes dites différentes
deviennent bénévoles à leur façon.
tranquille et sympa. Pour compléter sur notre façon dêtre ici, lorsque vous passez la por- te du 1 B, rue de la Pelouse, vous êtes à pied dégalité avec les personnes présentes. On ne vous demandera rien sur qui vous êtes et ce que vous faites. Létiquette nexiste pas dans ce lieu qui se veut commun à tous. Et cest vrai quentre 8 heures et midi, heures douverture de La Buanderie, à peine les premiers pas effectués sous ce plafond coloré très seventies , Jean, le Monsieur café, vous lancera ces mots : Prend une tasse et sers-toi. Dans cet espace, qui on la compris, na pas son pendant, nous rece- vons les personnes fragilisées socialement, psychologique- ment avec la problématique commune à tous, la solitude. Une fois, lun deux ma dit, ça a commencé quand je suis né. Être seul et différent de la nor-
sur la communication, léchan- ge et la responsabilité de cha- cun. Ici est servi le petit-déjeu- ner gratuit tous les matins hormis le dimanche et moyen- nant une petite somme dar- gent, douche et machine à laver sont à disposition. Cest ouvert à tous. La Banque alimentai- re nous fournit le nécessaire pour la collation du matin et la seule contrainte, si je puis dire, est le respect de lautre. Dans un climat de conviviali- té, lendroit est fait pour rompre loisiveté, lisolement, établir un lien et des relations. Au petit matin autour de la grande table, ce sont des per- sonnes de tous âges qui com- muniquent, café, chocolat ou autre thé agrémenté de tar- tines. 99% dentre eux nont pas accès au travail. Ils ont pour la plupart un logement et ce que nous leur proposons est de côtoyer la culture et de
Ludovic Brenot (au premier plan) : “Notre politique, c’est “pas de frontière”.
À côté de cela, Ludovic passe ses midis au Fourneau éco- nomique tenu par les Surs de la charité pour que tout se passe bien. De plus, il tourne laprès-midi dans les endroits où se trouvent ces personnes en difficulté toujours pour éta- blir un lien et faire en sorte que ça roule avant de rejoindre à 19 heures de nouveau le four- neau. Cest une aventure humaine faite de richesses incroyables et jaime cette atmo- sphère, même si je souhaite- rais quelle ne soit quun mira- ge. Chapeau bas. ! D.M.
passer des messages. Cest assez étonnant comment il arri- ve en musique, à expliquer que quand tu prends le bus, il faut attendre que les personnes des- cendantes quittent le moyen de locomotion avant dy mon- ter ! Toujours le respect de lautre. On laisse une place à son voi- sin, sans aucun rapport avec largent et les personnes dites différentes deviennent béné- voles à leur façon, ils sont res- ponsables et sortent de cette anormalité. Notre politique est pas de frontière. On ne sait pas qui est qui et les rela- tions sont plus saines.
vivre certains loisirs. En effet, certains après-midi, comme le lundi, mardi, jeudi, selon leurs envies et leurs choix, il est mis en place des ateliers. Le lun- di, cest la réunion du comité des Lulus. Cest un surnom plutôt sympa quil leur est don- né. Là, ils deviennent auteurs et acteurs de leurs projets. Nous sommes présents pour quils concrétisent leurs aspi- rations avec, et cest impor- tant, aucun objectif de résul- tat si cela naboutit pas. Léchec fait partie intégrante de nos actions et cest tant pis si au final rien ne prend forme. On fait un bout de chemin avec
eux. Par exemple, une personne avait envie de faire des nems pour les autres. Après beau- coup de paroles, ce sont 18 per- sonnes qui ont savouré le fes- tin. Cela paraît banal, mais cétait pour elle un combat de gagner. En juin prochain, vous pourrez peut-être visiter une expo déployant les talents cachés, mais rien nest sûr. Dans cette même façon de fai- re, le mardi, cest sport. Des sorties en rando ou ski tou- jours selon leurs propositions sont organisées. Le jeudi, cest lassociation Tempo qui avec Christophe, au travers des percussions comme outil, fait
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