La Presse Bisontine 51 - Janvier 2005

LE DOSSI ER

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M AJORITÉ

L eurs entourages respectifs assurent que les primaires organisées par le P.S. avant le premier tour des élec- tions municipales de mars 2001 ont laissé des traces. “C’est terrible, on en vit encore les séquelles aujourd’hui. Il faut vraiment éviter un pareil scénario la prochaine fois” com- mente un militant bisontin du P.S. Mais Paulette Guinchard-Kunstler a semble-t-il largement digéré sa mise à l’écart par les militants. “Bien sûr il y a eu L’une à l’Assemblée Nationale, l’autre à la Ville de Besançon. La configuration de ce duo semble satisfaire les deux princi- paux intéressés. Paulette Guinchard-Kunst- ler et Jean-Louis Fousseret : le ticket gagnant. Paulette Guinchard-Kunstler : “Je souhaite que Jean-Louis soit réélu” Le constat est partagé par le maire de Besan- çon. “Entre Paulette et moi, chacun a trou- vé sa place. Jamais on ne m’a entendu dire du mal d’elle, et je crois savoir qu’elle n’en a jamais dit sur moi” assure Jean-Louis Fousseret. La rivalité est d’autant plus dissipée que depuis les dernières législatives où le maire de Besançon a perdu son fauteuil de député, ce dernier ne se consacre plus qu’à la ville et à l’ag- glomération. Jean-Louis Fousseret à la ville, Paulette Guin- chard-Kunstler à l’Assemblée Nationale, ce scénario “ est tota- lement satisfaisant assure la députée. D’autant qu’on connaît ma position sur le non cumul du mandat. En plus, j’ai un des plus gros secteurs du projet monté actuellement par le P.S. au niveau national. Je suis bien occupée par ces fonctions ainsi que par mon implication dans l’agglomération à travers l’agen- ce d’urbanisme. Nous avons avec Jean-Louis une diversité, c’est cela qui fait notre force.” Sur la question de savoir s’il existe le moindre risque d’une nouvelle opposition entre les deux leaders de la gauche bison- tine en 2008, la réponse de Paulette Guinchard-Kunstler est limpide : “Je souhaite vraiment que Jean-Louis soit réélu en 2008.” Le maire appréciera. ! J.-F.H. G AUCHE Rivalité ou complémentarité ? “Jamais on ne m’a entendu dire du mal d’elle.” de l’amertume. Mais aujourd’hui, j’ai fait totalement le deuil de cette histoire” assure- t-elle. “Nous avons tout intérêt à travailler ensemble, sinon on se fragilise mutuellement. Il n’y a aujourd’hui aucune rivalité entre Jean-Louis et moi” poursuit la vice-prési- dente de l’Assemblée Nationale tout occu- pée à ses affaires nationales.

10 élus verts

Si l’heure est à l’apaisement entre Les Verts et Jean-Louis Fousseret, les 10 élus veu- lent conserver leur marge de manœuvre. Ils n’excluent pas de reformer leur propre liste au prochain scrutin municipal. Une manière de tester leur véritable influence. Les Verts revendiquent toujours leur liberté

É ric Alauzet le reconnaît volon- tiers : “Nous avons fait beaucoup de progrès dans nos relations.” Jean-Louis Fousseret opine : “Je ne vois pas sur quoi on pourrait mainte- nant se diviser.” Chacun veut bien sûr effacer la désastreuse image du début de mandat liée au référendum sur le T.G.V. imposé à Jean-Louis Fousseret par Les Verts dans l’accord signé entre les deux tours des municipales. Le référendum a bien eu lieu, les Bisontins se sont pro- noncés, la majorité municipale en a été quitte pour une belle empoignade entre P.S. et Verts. Si le scénario du “je t’aime moi non plus” est sans doute récurrent aux rapports P.S.-Verts (on l’a vu notamment lors des dernières cantonales sur le secteur d’Au- deux), à Besançon, l’heure est désormais à l’apaisement. “On a démarré sur une confrontation assez forte, reconnaît Éric Alauzet. Il ne faut pas oublier que jus- qu’en 1995, nous étions dans l’opposition municipale, et qu’entre 1995 et 2001, nous étions carrément hors du champ politique municipal. Il est normal de vouloir impo- ser ses idées quand on arrive dans une équipe. Au bout de trois ans et demi, nous avons appris à nous apprivoiser. Désor- mais, nos relations sont tout à fait paci- fiées et constructives” résume l’élu vert.

Éric Alauzet et Les Verts sont passés de la contestation à la coopération au fil du mandat.

Aujourd’hui, Éric Alauzet reconnaît que “la provocation, ce n’est pas la bonnemétho- de.” Il a compris, le maire également, que “rentrer dans un affrontement direct ne sert à rien.” Faut-il en conclure que les 10

déceptions, mais il y a eu aussi de grandes avancées” reconnaît le leader vert. Si dans le fond Les Verts gardent leur indépendance et restent une force de pro- position et parfois d’opposition pour le maire, c’est avant tout la forme qui a chan- gé. Le débat est devenu constructif. “Ça va de mieux en mieux entre nous” lâche ce vert. Mais cette “entente cordiale” sur- vivra-t-elle aux prochaines échéances municipales ? ÉricAlauzet en est convain- cu. Pour autant, il n’exclut pas une confron- tation au premier tour. “Il existe une vraie possibilité de voir une liste verte aux pro- chaines municipales, annonce-t-il. Cela dépendra de nos sujets de divergences. Et finalement, ce n’est sans doute pas inuti- le qu’il y ait deux listes.” Ainsi, on ratis- sera plus large à gauche… ! J.-F.H.

élus verts du conseil munici- pal se sont totalement alignés aux positions du maire ? Cer- tainement pas. Les sujets de discorde persistent, mais ils sont discutés. “Il y a encore des sujets difficiles entre nous, concède Éric Alauzet : l’îlot Pasteur qui va peser énormé- ment sur les finances du pro-

Ce code de bonne conduite s’est traduit par des rapprochements de vue sur plusieurs dossiers, comme le futur plan local d’ur- banisme ou les transports col- lectifs. D’autres dossiers ont été tranchés suite à un vrai rapport de force, stade et Palais des Sports notamment. Les Verts avouent aujourd’hui enco-

“On a démarré sur une confrontation assez forte.”

re que “la question du T.G.V. reste une de nos grandes déceptions et frustrations. Nous estimons que le maire aurait dû por- ter cette parole des Bisontins auprès des partenaires du projet T.G.V.”

chain mandat, la liaison Nord-Est, un problème crucial qu’il reste à trancher et où nos positions diffèrent, la Z.A.C. des Grands Bas que nous n’aurions pas du tout conçu comme cela. Nous avons eu des

I MPRESSIONS Ce qu’ils pensent du maire… L’action du maire et la manière dont il conduit les affaires municipales sont jugées tour à tour par ses proches et ses opposants politiques. Extraits.

Ses amis : “Jean-Louis Fousseret est un homme entier. Il a aussi les défauts de ses qualités, c’est-à-dire qu’il est parfois trop généreux dans la parole. On dit parfois que ce poste mérite quelqu’un de très charismatique. Mais je préfère voir un militant entier qu’un homme politique qui ne fait que de la communication. Jean- Louis Fousseret est quelqu’un qui a du fond et du sens. Son envie de comprendre et de faire est énorme. C’est certainement à lui que l’on doit aujourd’hui le fait que Besançon semble rayonner de plus en plus sur le plan national.” Un militant P.S. “Besançon est en train d’apparaître à l’extérieur et c’est le résul- tat d’une vraie volonté de Jean-Louis Fousseret. Il a su mener des gros dossiers qui contribuent à faire bouger les choses. Avec lui, l’agglomération est en train de se construire. Le maire s’em- ploie aussi très fort sur le dossier de l’emploi. J’estime qu’il est désormais bien installé dans son fauteuil de maire. Il a su dépasser les turbulences et réussi à trouver l’équilibre entre toutes les tendances de sa majorité.” Une élue P.S.

Ses opposants : “Nous arrivons à mi-mandat et aucun grand projet n’a été mené. Tous les projets gérés par Jean-Louis Fousseret sont ceux que Schwint a lancés avant de partir. Il y a un véritable manque de souffle. Je crois que le maire est quelqu’un d’assez peureux, il a peur de ce que les gens pensent de lui, c’est pour cela que rien n’émerge vraiment. Je ne sens pas une vraie volonté de fai- re changer la ville.” Un élu U.M.P. “Jean-Louis Fousseret me semble être plutôt un gestionnaire qu’un planificateur. Il est plus à l’aise dans la gestion quoti- dienne que dans la capacité de dégager des perspectives. Robert Schwint avait une politique destinée à satisfaire tout le mon- de. Jean-Louis Fousseret n’a pas su faire de choix plus dras- tiques et ainsi se dégager des marges de manœuvre. C’est pour- quoi la plupart des chantiers traînent. Et comme il a un peu ce côté autoritaire à tout vouloir faire remonter vers lui, les dos- siers s’embouteillent. Cela dit, il finit par emmagasiner les dos- siers à force. Il est pugnace et volontaire mais il tient tellement bien ses services que cela tend un peu vers la chape de plomb.” Un ancien élu d’opposition

Paulette Guinchard-Kunstler : “Jean-Louis a ses réseaux, moi j’ai les miens. Cela fait notre complémentarité.”

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