La Presse Bisontine 50 - Décembre 2004
L’ÉVÉNEMENT
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R ÉACTION
500 000 euros de chiffre d’affaires Les professionnels du meuble sont désarmés
Ce n’est pas la première fois que de telles pratiques sont consta- tées dans le Doubs. Face à ce fléau, les professionnels honnêtes n’ont guère de parade sinon la mise en garde.
véritable opération coup de poing dans la plus grande dis- crétion. Seulement, après sêtre fait piéger, le client hésite souvent à ébruiter larnaque. Il y a une grande crédulité et une naïve- té de la part des consomma- teurs qui se font piéger. Quand il sest fait avoir, le client nest pas très fier, il nira pas le chan- ter sur tous les toits poursuit le responsable. Alors arnaque ou pas arnaque ce genre de pratique ? Jean- Luc Mourey a sa version : Là où il y a véritablement arnaque, cest quon fait croire au client quil a devant lui la 7 ème mer- veille du monde, la Rolls des canapés. Cest limage quon lui vend. Et on va lui livrer un pro- duit très commun fabriqué en Asie ou dans les Pays de lEst. On trompe le client sur la valeur réelle du produit acheté. Les professionnels du meuble cherchent en vain la parade. Dans la presse quotidienne régionale et dans un journal
“C es pratiques entraînent une véritable concur- rence déloyale à la limite de la légalité mais pas totalement illégale, voilà la dif- ficulté , résume Jean-Pierre Walter, secrétaire général de la Fédération française du négo- ce de lameublement et de léqui- pement de la maison (F.N.A.E.M.). Il faut dénon- cer ces méthodes dapproche particulièrement dures du consommateur. Avec un cadeau ridicule, on fait miroiter des reprises mirobolantes. En plus, ces gens-là sadressent aux per- sonnes les plus fragiles. Il faut vraiment attirer lattention des clients en leur disant de se méfier des remisesmirobolantes. Ça cache forcément quelque
même enseigne avaient fait de sérieux ravages il y a deux ans dans le Haut-Doubs. Un peu plus tôt, cest lenseigne Top Line à Besançon qui avait été montrée du doigt. En ce moment, un autre magasin de ce type est installé à Bavilliers, dans le pays de Montbéliard.
chose prévient-il. Les méthodes employées par cesmagasins provisoires génè- rent des ventes qui pourraient donner le vertige à la plupart des professionnels du meuble. Durant la période où ils sévis- sent, soit entre 1 mois et demi
La direction des fraudes assure être sur le coup.
et 3mois en géné- ral, ils peuvent réaliser chacun jusquà 500 000 euros de chiffres daffaires ! Selon nos informations,
“Ils s’imaginent qu’on s’en met plein les poches.”
gratuit de petites annonces, ils ont récemment investi dans un encart de publicité destiné à mettre en garde les consom- mateurs. Sera-ce suffisant ? Certainement pas. On a plu- sieurs fois tenté de convaincre le législateur de sattaquer au principe des baux précaires. Mais on ne peut pas interdire par exemple des forains de com- mercer. Ce quil faudrait enca- drer, ce sont les pratiques des
Cest une véri- table litanie constate Jean-Luc Mourey, le prési- dent de la
prix surfaits car ces méthodes déstabilisent le commerce local, cest ça le gros problème. Un vendeur bisontin demeuble ajoute : Le principal tort, cest limage que les clients se font de notre profession. Avec les rabais pratiqués dans ce genre demaga- sins, ils simaginent quon sen met plein les poches. Et quand on fait une remise de 5 ou 10 %, le client nous rit au nez ! ! J.-F.H.
chambre interdépartementa- le de lameublement. À Cham- pagney, il semble que linstal- lation remonte à mi-septembre. Un grand nombre de consom- mateurs qui étaient tombés dans leurs griffes nous ont aler- tés. Ce magasin a lancé une
ce réseau de vente de meubles sur la base de baux précaires serait aux mains de quelques familles seulement, 3 ou 4 en France, qui changent la déno- mination des enseignes au fil de leurs pérégrinations. Dans notre département, une
M ÉTHODES
T ÉMOIGNAGE
Ils se sont fait avoir par ce genre d’établissement
“Nous avons été pris au piège” Un couple s’est fait piéger par ces pratiques. Jean-Pierre et Monique (nous les appellerons ainsi) témoignent, souhai- tant que leur mésaventure serve d’exemple.
A ussitôt acheté, aus- sitôt livré. La plu- part des personnes qui se laissent tenter par lachat dun salon en cuir nont guère à attendre : souvent, ils sont livrés à leur domicile dès le lende- main. On ma même pro- posé de venir me livrer le dimanche, le lendemain de lachat témoigne cette cliente. La raison de ces livraisons ultra-rapide est simple : Ils fonctionnent uniquement sur stocks. Ils écoulent dabord tout ce quils ont en stock, dans les réserves du magasin, ce qui leur permet dêtre très rapides. Ainsi, ils ne lais- sent pas le temps à lache- teur de réfléchir et déven- tuellement revenir sur son achat explique un spé- cialiste de la question. En cela, ces magasins enfreignent directement la loi. Larticle L. 121-25 du code de la consommation semble pourtant clair : Dans les sept jours, jours fériés compris, à compter de la commande ou de len- gagement dachat, le client a la faculté dy renoncer par lettre recommandée avec accusé de réception. Si ce délai expire norma- lement un samedi, un dimanche ou un jour férié ou chômé, il est prorogé jus- quau premier jour ouvrable suivant. Toute clause du contrat par laquelle le client abandonne son droit de renoncer à sa commande ou à son engagement dachat est nulle et non ave- nue. Nest-ce pas un argu- ment suffisant pour les ser- vices des fraudes ? ! J.-F.H. Une livraison express
nous avaient demandés sils pouvaient nous livrer dès le lendemain, alors que normale- ment, il y a un délai de réflexion légal de 7 jours. Ils ont même proposé de nous livrer le dimanche, surlendemain de notre visite. Finalement, ils ont livré le salon le lundi. L.P.B. : Vous jugez donc ces pratiques malhonnêtes ? J.-P. et M. : Ce qui nest dabord pas honnête, cest le prix de départ. Ceux qui auraient été
L La Presse Bisontine : Quand ont débuté vos tracas ? Jean-Pierre et Monique : Nous avons reçu un coup de téléphone nous disant quon avait gagné un cadeau. On nous a dit de passer un vendredi chercher notre lot en nous don- nant rendez-vous dans lemagasindemeubles. Nous y sommes allés et arrivés là-bas, nous avons regardé les salons, mais nous ne vou- lions pas acheter. L.P.B. : Et vous avez acheté… J.-P. et M. : De fil en aiguille, ils ont joué leur rôle de commerçants.Au départ, ils nous ont annoncé un prix de plus de 9 000 euros, soit près de 60 000 F pour un salon en cuir de vachette ! Cest clair, cela ne nous intéres- sait pas. Nous ny connaissions pas grand- chose en prix, car nous navions pas besoin
de salon, mais ça nous a paru tout de même exorbitant. Après, ils ont été malins : ils nous ont dit quon aurait demblée 10 % sur tous les salons, avec possibilité en plus de
encore moins méfiants que nous, auraient acheté ce canapé et ces deux fauteuils près de 10 000 euros ! Ce sont des pratiques dégueu- lasses car ils vousmanipulent psy- chologiquement. En plus, on na même pas eu le temps de choisir celui qui nous plaisait le plus. Nous avons été pris au piège. On a conscience de sêtre fait avoir, et ce
reprendre notre ancien. Une autre personne est arrivée en nous disant quon avait, selon le document quon avait reçu, 1 700 points, ce qui nous permettait de bénéficier de 1 700 euros supplémentaires de réduction. Ils nous ont laissé réflé- chir et au bout du compte, on sest laissé tenté. Ils nous lont vendu pour 3 500 euros.
“Ils vous manipulent psycholo- giquement.”
qui nous taquine aujourdhui, cest quon nen avait même pas besoin de ce salon ! Propos recueillis par J.-F.H.
L.P.B. : Vous avez le sentiment de vous être fait avoir ? J.-P. et M. : En rentrant chez nous, on sest dit inconsciemment quon sétait fait rouler. Ils
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