La Presse Bisontine 50 - Décembre 2004

DOSSI ER

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M ORRE

Plus de 25 000 véhicules par jour L’asphyxie de la côte de Morre s’aggrave

Le maire de Morre, Jean-Michel Cayuela, ne cache pas son impatience à voir se terminer enfin le chan- tier des Mercureaux qui n’a que trop duré.

(structure du terrain) et financiers (gel des crédits de l’État) ont tendance à le mettre en colère alors que dès le départ, ce dossier devait être inscrit au rang des priorités pour le déve- loppement de la capitale régionale. L’ensemble de la conduite de ce pro- jet pourtant structurant pour tout un secteur tend à lui prouver le contrai- re. “Le Plateau de Saône est souvent oublié. Il y a eu trois ministres en Franche-Comté et une secrétaire d’É- tat, mais aucun d’entre eux n’a fait avancer ce dossier. Personne ne s’est soucié de la voie des Mercureaux. Quand je vois que l’on vient d’amé-

L a côte de Morre est redoutable aux heures de pointe. Il faut s’armer d’un brin de patience pour affronter ce goulet d’étrangle- ment où s’engouffrent chaque jour plus de 25 000 véhicules qui entrent et sortent de Besançon. Ce tronçon qui s’étire du Trou-au-Loup à la por- te Rivotte est le point noir de la R.N. 57. Sur ce segment de 7 km, les embou- teillages sont quotidiens et il faut en moyenne 20 minutes pour effectuer le parcours. Une situation inaccep- table pour Jean-Michel Cayuela, le maire de Morre, qui se dit “courrou- cé” par cette réalité. Il ajoute : “D’abord, on ne se rend pas compte de la dangerosité de cette route. Ensui- te, les conditions de circulation sont aussi un frein au développement éco- nomique du plateau de Saône.” Pour éviter l’embouteillage, c’est bien connu, certains conducteurs emprun- tent des itinéraires annexes en pas- sant par La Malate, Chapelle-des- Buis ou Fontain, roulant parfois vite, trop vite. “Nos villages sont une échap- patoire à tout un flot de véhicules avec tous les risques que cela comporte.”

Une situation confirmée par Yves- Michel Dahoui, conseiller général du canton Besançon Sud. “En contre- partie du retard pris sur le chantier des Mercureaux, il est du devoir de l’État d’assurer la sécurité dans les villages. Les communes comme Mont- faucon ne sont pas adaptées pour ser- vir de voie de dégagement aux auto- mobilistes quand la côte de Morre est

nager en 2 x 2 voies le contournement d’Avoudrey dans le cadre de la route des Microtechniques où il pas- se trois fois moins de véhi- cules qu’ici, je me demande encore où sont les priorités.” Jean-Michel Cayuela espè- re désormais que les délais de finalisation des travaux de la 2 x 2 voies des Mer- cureaux seront fermes, défi-

saturée. Les élus du Pla- teau demandent une aide à la Direction Départe- mentale de l’Équipement pour améliorer la sécuri- té. Ils n’ont pour l’instant pas de réponse alors que l’État devrait pallier ses carences en améliorant la sécurité. C’est le minimum que les élus puissent lui demander. Aujourd’hui, les maires en ont ras-le-bol.”

“On ne se rend pas

compte de la dangerosité de cette route.”

nitifs et enfin respectés pour que son village retrouve unminimumde séré- nité. Un espoir teinté de doutes : “À mon avis, ce chantier ne sera jamais terminé avant 2010 compte tenu de ce qu’il reste à faire.” D’ici là, il fau- dra prendre son mal en patience. ! T.C.

Actuellement, seule la mise en ser- vice de la voie des Mercureaux per- mettrait de désengluer la côte deMor- re, au bord de l’asphyxie. Jean-Michel Cayuela est un fervent défenseur de ce projet dont les retards successifs dus à des rebondissements techniques

Jean-Michel Cayuela : “Il y a eu trois ministres en Franche-Comté et une secrétaire d’État, mais aucun d’entre eux n’a fait avancer ce dossier.”

T ÉMOIGNAGES

M.J.A. : moyenne journalière annuelle

Réactions recueillies porte Rivotte

À force de se retrouver coincés dans les embouteillages bisontins, certains automobilistes sont irrités. Les automobilistes ont les nerfs à fleur de peau

Les chiffres du trafic routier en 2003 dans l’agglomération bisontine témoignent de la saturation de la circulation dans certains secteurs. (Source D.D.E)

“J e suis plutôt satisfaite car ce matin, la descente de Morre est dégagée. Ça chan- ge.” Il est 7 h 45, Nathalie arri- ve au centre-ville de Besançon où elle travaille. Il faut dire que ce vendredi 12 novembre ne res- semble pas aux autres. Le jeudi 11 étant férié, un certain nombre d’entre nous en ont profité pour prendre un week-end prolongé. Le trafic est donc moins dense à cette entrée de la ville, plutôt rare pour un jour de semaine. Car au quotidien, nombreux sont les automobilistes à confirmer que ce goulet de Morre est une vraie galère, comme la plupart des entrées de la ville. “J’ai deux enfants que je dois déposer chez une nounou avant d’aller travail raconte Sandrine, habitante du Plateau de Saône. Le matin, quand je pars, c’est l’heure de pointe.Je compte une vingtaine de minutes pour passer la côte de Morre. Ensuite, j’attends dans les embouteillages de la rue Charles Nodier, et je ne peux pas dire qu’après, le trafic soit fluide jus- qu’à Châteaufarine où je travaille. C’est un vrai problème car le soir, c’est rebelote dans l’autre sens avec le bouchon de l’avenue de la Gare d’Eau. Vraiment, circuler à Besançon c’est la galère. Je pas- se plus d’une heure chaque jour dans ma voiture pour le trajet

L’arrivée porte Rivotte se fait souvent après 20 minutes passées dans la côte de Morre.

contournement de Besançon, de la voie des Mercureaux. Résultat, ce que je constate, c’est que rien n’avance et ça coûte des millions d’euros. J’ai le sentiment que les élus des différentes collectivités se renvoient la balle dans cette affaire pour savoir qui est res- ponsable de ce problème. Fran- chement, pour une capitale régio- nale, on se moque de nous.” Le ras-le-bol est palpable. Pour échapper aux bouchons, certains automobilistes partent plus tôt au travail ou rentrent plus tard. À chacun sa solution. !

domicile - travail.” Même constat pour Christophe, commercial. Ce qu’il redoute, c’est devoir traverser la ville aux alen- tour de 17 heures. “Avez-vous déjà tenté d’aller à Valentin depuis le centre-ville ? C’est la même cho- se pour en revenir d’ailleurs. La rue de Vesoul est bouchée. Le gira- toire de la voie des Montboucons est encombré. Franchement, il m’arrive de mettre jusqu’à 30 minutes pour effectuer ce trajet. Je ne comprends pas et je me demande ce que font nos élus. On nous parle depuis des années du

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