La Presse Bisontine 50 - Décembre 2004

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Jean-Louis Fousseret : “Que l’État respecte ses engagements” Lemaire de Besançon et président de la communauté d’agglomération redoute le gel des crédits d’État.

S UR LE VIF

R ÉACTION Sénateur Le prédécesseur de Raymond Forni aux commandes de la Région Franche-Comté confirme les enga- gements de l’État sur le chantier des Mercureaux. Jean-François Humbert : “L’État fait du contournement un dossier prioritaire” La Presse Bisontine : Les élus locaux reprochent à l’État de ne pas tenir ses engagements financiers avec pour conséquence un retard du chantier. Qu’en pense l’ancien président de Région qui a travaillé sur ce dossier ? Jean-François Humbert : S’il s’agit de se demander si le gou- vernement actuel a pris des décisions qui ont entraîné des conséquences pour la voie des Mercureaux, c’est aller un peu vite en besogne. C’est ne pas avoir le sens des réalités que de penser que le récent gel des crédits aurait ralenti le chantier. Je rappelle tout de même que cette décision d’opter pour cette voie de contournement de Besançon date de 1987-1988. Le premier contrat de plan démarre en 1989 sous l’ère de la gauche. Les retards ne sont pas récents. Je ne souhaite pas tomber dans ce genre de débat et faire de la politique politicienne de bas étage. Ce n’est pas la meilleu- re formule car l’État a de toute façon fait du contourne- ment un dossier prioritaire. L.P.B. : Sur le fond, n’est-ce pas le contrat de plan lui-même qu’il faut refondre ? J.-F.H. : Globalement, je crois qu’il faut envisager de réfor- mer la contractualisation entre l’État et les collectivités locales. Car à ce jour, il n’y pas de sanctions prévues si l’É- tat ne respecte pas son engagement, alors que les collecti- vités, elles, sont tenues de le respecter. Une des possibili- tés pour que chacun des partenaires assume son rôle serait de resserrer le contrat de plan à quelques objectifs essen- tiels. Il ne faut garder que les priorités et ne pas vouloir tout traiter dans un contrat de plan. L.P.B. : En tant que parlementaire, vous côtoyez des personnalités politiques telles que Jean-Pierre Raffarin. Profitez-vous de ces contacts pour faire avancer ce genre de dossiers ? J.-F.H. : Il entre dans le rôle d’un parlementaire, élu local ou non d’une collectivité, d’attirer l’attention de celles et ceux qu’il rencontre au niveau national pour les sensibiliser à certains dossiers. Cela fait partie de ma fonction. Par réflexe, j’évoque avec les responsables nationaux un certain nombre de dossiers concernant la Franche-Comté. Le contourne- ment de Besançon en fait partie. ! La difficulté dans ce dossier est qu’en 1999-2000, une série d’opérations ont été mentionnées dans le contrat de plan. Le problème est que le coût de ces opérations a évo- lué dans le temps, du fait de l’augmentation des prix dans le B.T.P. On doit se dire maintenant que nous ne pour- rons pas mener à bien tous les projets de ce contrat de plan. Il faudra se demander quelle est l’opération prio- ritaire. Mais une opération engagée sera menée jusqu’à la fin. Maintenant, quelle opération du contrat de plan risque d’être retardée ? Nous en discuterons avec l’en- semble des co-financeurs. Une réunion pourrait être pro- grammée début 2005. Ce qui m’ennuie aujourd’hui est que l’on essaie de donner du contenu à des inquiétudes non fondées.” ! “L’ État honorera à l’euro près le montant des cré- dits inscrits dans le contrat de plan. Par contre, il est vrai que l’État a moins de ressources. Nous devons donc adapter le rythme des dépenses. À propos de la voie des Mercureaux, il n’y a plus de doutes possibles. À partir du moment où 70% des financements sont réunis, il est inimaginable que nous n’allions pas au bout de ce chantier. En cas de dépassements du coût initial du pro- jet, nous rediscuterons avec l’ensemble des partenaires financiers. Mais l’État tiendra sa place. Largement critiqué dans le dossier des Mer- cureaux, car il ne respecterait pas ses enga- gements financiers, l’État affirme au contrai- re qu’il respectera son contrat scrupuleusement. Jean-Marc Rebière : “L’État honorera à l’euro près le montant des crédits” P RÉCISION Le Préfet de Région

Le président du Conseil général du Doubs semble vouloir prendre les rênes dans la réa- lisation de la liaison Fontain/Trou-au-Loup. Une position qui sera affinée dans les jours à venir. Claude Jeannerot : “Nous proposons d’assurer la maîtrise d’ouvrage”

“P our nous, Conseil général, la voie des Mercureauxestunaxe prioritaire car onconsidère que cette route est essentielle, pas seulementpourBesançon,mais pour l’ensemble du départe- ment et plus largement de la région.Aprèsavoirentendulors de la visite du 9 novembre que l’échéance serait tenue, il reste à voir la réalité des finance- ments concernant le chaînon manquant, à savoir la liaison entre le tunnel de Fontain et le Trou-au-Loup. J’envisage d’in- terroger le préfet sur cette ques- tion. Si effectivement les coûts de l’opération sont largement

dépassés, l’État risque de dire qu’il a tenu ses objectifs de départ.Maisàpartirdelà,com- mentfait-on?Pournepasretar- der la livraison de cet équipe- ment, nousproposonsd’assurer lamaîtrised’ouvragedecechaî- nonmanquant en partenariat avec la C.A.G.B. et la Région. Nous ne pouvons plus prendre le risque de voir dériver dans le temps les délais de réalisa- tionduchantierde façoncatas- trophique. Cette propositionest valable pour le chaînon man- quant. Pour la finalisation du chantier des Mercureaux, on attendde l’État qu’il tienne ses engagements.” !

Jean-Louis Fousseret : “Nous ne pouvons plus accepter désormais que les délais soient encore repoussés.”

“J e croise les doigts. Opti- miste, je ne le suis pas. J’ai dans ma collection de cour- riers personnels des lettres de représentants de l’État qui m’in- diquaient que ce chantier serait terminé en 2005. On annonce aujourd’hui 2009. Nous ne pou- vons plus accepter désormais que les délais soient encore repoussés. Si tel était le cas, nous ne reste- rons pas inactifs. Il est question de l’argent des Bisontins qui est investi dans ce projet et je n’ai pas de presse à imprimer les billets de 100 euros. C’est vrai qu’il y a des difficultés techniques évidentes pour mener à bien ce chantier. On ne peut les reprocher à personne. Les normes ont également évolué, ce qui permet d’expliquer l’aug-

mentation des coûts des travaux. J’attends maintenant que l’État respecte ses engagements finan- ciers, c’est capital. Mais je crains le gel des crédits pour l’année pro- chaine. Il s’agit du contournement de la capitale régionale. Nous ne pouvons plus accepter que des voi- tures continuent à s’entasser dans la côte de Morre. Cet axe struc- turant pour toute une région est également indispensable pour résoudre les problèmes de sécu- rité routière à l’intérieur de la vil- le où circulent des camions en transit. Dans le cadre du contour- nement, j’insisterai aussi sur la nécessité de réaliser la tranchée couverte de Planoise et de prévoir l’accès à Micropolis. Ces travaux devraient débuter fin 2006.” !

Zoom La réalité de la circulation en chiffres Ces données englobent tous les véhicules. Le comparatif est établi entre les années 1994 et 2003 sur les routes nationales. Localisation 1994 2003 De l’échangeur A 36 à Besançon 24 839 48 378 De Besançon au Trou-au-Loup 21 004 25 755 De l’échangeur R.N. 173 à Besançon 21 134 31 003 De Larnod à Besançon 10 075 14 772

T RAFIC Circulation saturée La voie des Mercureaux est une bouffée d’oxygène L’ouverture à la circulation de ce futur axe routier devrait permettre de déconges- tionner en partie le trafic dans l’agglomération bisontine. Ouf !

D ès son ouverture, la voie des Mercu- reaux devrait permettre de soulager la côte de Morre. “On attend entre 16 000 et 18 000 véhicules par jour sur cette 2 x 2 voies. Un tel aménagement peut drai- ner jusqu’à 50 000 véhicules par jour” indique Jean-Pierre Fleury, chef du servi- ce grands travaux à la Direction Départe- mentale de l’Équipement. Résultat, le tra- fic à Morre devrait passer de 25 000

blématique se répercute jusque dans les plus petites rues de la capitale régionale. “Actuellement, sans la voie des Mercureaux, nous ne pouvons pas aménager des rues comme la rue Ronchaux ou la rue Renan dans le quartier Saint-Jean car ce sont des lieux important de circulation.” Limiter le passage dans ce secteur reviendrait à conges- tionner un peu plus le trafic et de façon immédiate sur la rocade du centre-ville. Pour Jean-Claude Roy, adjoint bisontin à la circulation, la perspective de la voie des Mercureaux est “une bonne chose. Mais par rapport à la ville, ça ne va pas régler tous les problèmes. On parle de la côte de Morre, mais avec une augmentation du tra- fic de 3% par an en 2009, 17 000 véhicules continueront à emprunter cette route” dit- il avant d’ajouter : “La question de la néces- saire rocade Est est d’autant plus d’actua- litémaintenant qu’elle ouvre des perspectives intéressantes pour Besançon.” C’est sans doute lorsque la ceinture rou- tière sera totalement finalisée autour de la capitale régionale que la municipalité pourra envisager sereinement la redistri- bution des transports en commun et régle- menter la circulation entre ses murs. Mais nous n’en sommes pas encore là. !

descendre à Besançon en priorité par la voie des Mercureaux et moins par la côte de Morre, tout en favorisant la desserte des communes du Plateau de Saône. “Une étude est en cours pour déterminer l’em- placement de l’échangeur qui est primor- dial, si l’on veut répondre au mieux aux attentes de la communauté d’aggloméra- tion qui souhaite réduire le trafic dans la côte de Morre.” Les services de l’État ont

engagé une réflexion similaire pour diminuer la circulation dans la côte de Larnod en orien- tant le trafic vers la voie des Mercureaux via la R.D. 104. La ville de Besançon, où la cir- culation est un véritable casse-

véhicules par jour actuellement, à 16 000 en moyenne. Ces esti- mations sont provisoires et seront affinées dans le temps. Mais on sait d’ores et déjà que cette nou- velle route tant attendue n’ab- sorbera pas tout le trafic des 7

“La place de l’échangeur est primordiale.”

tête, devrait reprendre son souffle avec la mise en service de la 2 x 2 voies. Pour l’ins- tant, la municipalité ne dispose d’aucune marge de manœuvre pour améliorer les conditions de circulation et dénouer le nœud bisontin. La rocade interne du centre-vil- le (tunnel, avenue Siffert, avenue Gaulard) est surchargée aux heures de pointe ce qui à ce jour, interdit à la ville tout “aména- gement qui aurait un impact sur cette roca- de” indique Pascal Gudefin, responsable de la voirie à la ville de Besançon. La pro-

kilomètres de route entre la porte Rivotte et le Trou-au-Loup empruntés, pour l’es- sentiel, par des personnes qui vont de leur domicile à leur lieu de travail et inverse- ment. Il est probable que la plupart des personnes qui ont un emploi au centre-vil- le continuent à passer par cette route. Ques- tion d’habitude et d’organisation. Cette fois-ci, toute la difficulté pour la D.D.E. est de trouver le meilleur posi- tionnement au futur échangeur du Trou- au-Loup pour inviter les automobilistes à

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