La Presse Bisontine 48 - Octobre 2004

L’ÉVÉNEMENT

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R ÉACTION

V ISITES Question de sécurité ? Les serres toujours interdites au public Les amoureux des plantes ne peuvent tou- jours pas flâner sous les serres du jardin bota- nique. Seul l’extérieur est librement acces- sible. Les botanistes amateurs se mobilisent.

Une réorganisation de la recherche L’Université avance ses arguments Pour l’Université, l’organisation actuelle du jardin doit être sérieusement remise en cause. Mais elle affirme pourtant ne pas se désintéresser du sort réservé au jardin. Difficile de percer ses réelles intentions.

“P ar décision de M me le président de l’Uni- versité en date du 28 octobre 2003, l’accès des serres et des locaux du jardin botanique situés dans l’espa- ce universitaire est interdit à toute personne étrangère au service.” Voilà bientôt un an que, “pour des raisons de sécu- rité” selon l’Université, l’accès

ta , les 140membres de la socié- té d’horticulture du Doubs et les amis du jardin botanique, au grand dam de son secré- taire général qui n’avait pas hésité à dénoncer publique- ment cette décision de la pré- sidence de l’Université. L’in- terdiction s’applique également aux élèves de la formation de “jardinier botaniste”, unique

en Europe, créée au C.F.A. de Châteaufarine. Les amateurs de botanique francs- comtois se mobi- lisent actuelle- ment pour sensibiliser les

aux serres est impossible. Les vitres seraient trop fragiles. Pourtant, les jardiniers conti- nuent à travailler sous ces toits de verre… Le public ne peut

Un document de sensibilisation est en phase de rédaction.

collectivités locales à l’idée de financer un nouveau jardin botanique. Un document d’ap- pel et de sensibilisation est en phase de rédaction. D’ici la fin de cette année, il sera large- ment diffusé pour éveiller la conscience des Bisontins à cet- te problématique. ! J.-F.H.

donc plus découvrir ce qui fait une des richesses du jardin botanique, les collections de plantes exotiques et les orchi- dées, dont certaines espèces rares. L’interdiction concerne vraiment toute personne étran- gère au service. Ainsi, sont désormais consi- dérés comme persona non gra-

Éric Lucot, directeur du jardin et Isabelle Diana, responsable technique.

C’ est officiellement confirmé par le secrétaire général de l’Université, Louis Bérion : “D’ici 2007, le jardin bota- nique ne sera plus un objet de recherche pour nous.” C’est clair et net. En d’autres termes, un universitaire lâche : “Nous ne voulons plus continuer à finan-

recherche principal est l’écophysiologie de la plante, c’est-à-dire le lien entre la plan- te et les perturbations du milieu. Dans ce cadre, nous n’avons pas un besoin direct des collections de plantes présentes ici. Nos travaux sont plus ciblés. Cela signi- fie qu’à nos yeux, l’organisation du jardin doit être remise en cause.” C’est princi- palement la mission d’Éric Lucot pour les prochains mois, lui qui a été nommé direc- teur du jardin en avril dernier. “Rapprocher les activités du jardin bota- nique de nos préoccupations” , c’est bien là l’objectif essentiel de l’Université qui affir- me n’en être qu’au début de sa réflexion qui “doit aboutir àdes propositions concrètes, nous l’espérons en lien avec la ville.” Soufflant un peu le chaud et le froid, ce n’est qu’à demi-mots que l’Université avoue son intérêt vis-à-vis de l’avenir du jardin botanique. ! J.-F.H.

ments actuels.” La botanique est de moins enmoins ensei- gnée à l’Université de Franche-Comté. En pharmacie, “elle ne l’est quasiment plus.” C’est une matière encore au pro- gramme de la nouvelle licence de biolo- gie. Mais la contribution du jardin dans l’enseignement ne va pas plus loin que

les visites des collections pour les étudiants. “Cet aspect-là, nous allons essayer de le déve- lopper” note pourtant le direc- teur, cherchant à faire com- prendre que l’Université ne se désintéresse pas totalement du sort du jardin botanique.

cer un outil qui ne sert plus qu’à accueillir des visites de sco- laires.” La botanique serait-elle une matière tombée en désuétude ? “Les missions de nos labora- toires de recherche ont beau- coup évolué ces 10 dernières

“Le jardin n’a pas suivi nos évolutions.”

années, justifie Éric Lucot, enseignant- chercheur et directeur du jardin bota- nique. Et le jardin n’a pas suivi ces évo- lutions. En recherche, l’utilisation du jardin est désormais très réduite pour nous. Ça ne justifie plus les investisse-

“De plus en plus, les collègues privilégient l’approche terrain, le jardin ne vient qu’en complément” ajoute-t-il aussitôt. C’est essentiellement sur la partie “recherche” que l’Université veut faire évoluer la situation. “Notre thème de

G RAND ANGLE Coup d’envoi : printemps 2005 Tourcoing cultive son jardin

Seuls les 6 techniciens du jardin botanique continuent à travailler sous les serres.

Bordeaux, Brest, Tourcoing… Plusieurs métropoles françaises ont compris l’enjeu stratégique et touristique de posséder un jardin botanique. À Tourcoing, un projet d’envergure vient d’être lancé.

adapté pour la petite prome- nade du dimanche après-midi que pour le botaniste amateur qui cherche des conseils.” Le coup d’envoi de ce pro- jet sera donné au printemps 2005. Selon la mairie de Tourcoing, tou- te la population locale s’est vrai- ment sentie impliquée dans ce dossier fédé- rateur. À méditer. ! J.-F.H.

avec des essences de chaque continent. Ce projet doit être une vraie opportunité pour notre

“un petit jardin botanique amé- nagé dans une ancienne mai- son de maître du centre-ville.” Ce lieu est d’ailleurs le siège du service “espaces verts” de la ville. 10 000 personnes y sont accueillies chaque année, principalement un public sco- laire. La mairie de Tourcoing comp- te aujourd’hui sur ce projet pour renforcer sa nouvelle ima- ge de “ville verte”. “La réno- vation du jardin botanique pré- voit la création d’îles botaniques disséminées dans cet espace,

ville de se démar- quer, notamment par rapport à Lille, la ville-phare du sec- teur” poursuit M. Delecourt. Tourcoing veut fai- re de son futur jar- din botanique un site “pédagogique,

10 000 personnes y

“T ourcoing, ville de jardins.” La cité du Nord (94 500 habi- tants) panse enco- re les plaies d’une industrie textile disparue qui avait pour- tant fait la renommée de la région. La ville proche de Lil- le a pris, il y a quelques années,

son jardin botanique” comme l’explique Jean-Dominique Delecourt, directeur des parcs et jardins de la ville. Ce pro- jet intégrerait la “construction prochaine d’une maison de l’en- vironnement et du développe- ment durable.” Tourcoing possédait jusqu’ici

un audacieux virage à 180° pour se débarrasser de sa col- lante image d’ancienne cité industrielle. Dans le cadre de sa politique en matière d’es- paces verts, la mairie de Tour- coing a lancé un “grand projet de rénovation, d’agrandisse- ment et de remise en état de

sont accueillies chaque année.

ouvert au maximum de mon- de. Il ne sera pas fait que pour quelques initiés. Il sera autant

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