La Presse Bisontine 48 - Octobre 2004

RETOUR SUR INFO - BESANÇON

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Citadelle : attention, chauves-souris

Des inquiétudes autour du projet Îlot Pasteur l’actualité de Besançon. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de

L e dossier que nous avons consacré cet été aux coulisses de la Citadelle a interpellé la Commission de Pro- tection des Eaux, une association bison- tine de protection de l’environnement. Plus particulièrement l’article dans lequel nous annoncions que la direction de la Citadelle réfléchissait à une éventuelle ouverture au public des souterrains de la forteresse. D’après la Commission, il semblerait que ces souterrains abritent une espèce mena- cée de chauves-souris : le grand rhino- lophe. “En effet, confirme Sébastien Roué, spécialiste de la question à la Commis- sion. Il y a 14 colonies de grands rhino- lophes sur les 1 400 communes du terri- toire franc-comtois. Leur population totale est estimée à 1 600 individus. Une seule de ces 14 colonies est située en ville, jus- tement à la Citadelle. L’été elles sont là, l’hiver, elles sont en hibernation à la grot- te Saint-Léonard, sur les hauteurs de la ville.”

Forte de ce constat, la Commission de Protection des Eaux a écrit à la direction de la Citadelle, lui enjoignant “d’engager les mesures de conservation pour pré- server cette colonie de mise bas. Les amé- nagements progressifs de la chaufferie de la Citadelle ont peu à peu repoussé les chauves-souris dans les parties profondes des souterrains, les rendant plus sensibles à une mise en valeur ultérieure de cette partie de la Citadelle” estime l’associa- tion. La direction de la Citadelle a pris acte de ce courrier. Son directeur, Gérard Hum- bert, confirme “que des chauves-souris sont présentes au niveau du front de secours. Quant à la communication 110, celle qui est pressentie pour une ouver- ture au public, nous allons bien vérifier. Si tel était le cas, nous prendrions les mesures nécessaires pour conserver cette espèce. La conservation est d’ailleurs une des mis- sions principales de la Citadelle.” !

V aste projet que celui de l’aménagement de l’Îlot Pas- teur. Une opération censée dynamiser le centre-ville par l’ap- port de nouveaux commerces rela- tifs à l’équipement de la maison, de la personne, sport et loisir, cul- ture. On parle toujours de la FNAC qui devrait s’installer dans ce futur espace commercial de 10 543 m 2 (toutes enseignes confondues). Le projet prévoit également la créa- tion de 35 logements neufs situés au cœur de l’Îlot. 38 habitations seront réhabilités dans les bâti- ments qui échapperont à la démo- lition et 15 logements sociaux seront réalisés rue Claude Pouillet. Au sous-sol, un parking de 334 places sera créé. Sur le papier, le projet est sédui- sant. Le problème est que la vil- le de Besançon est toujours empê- trée dans une affaire judiciaire qui l’oppose à la S.C.I. Gamma de Metz. Cette société s’était porté acquéreur des biens Weil, famil- le qui possédait une grande par- tie de l’Îlot Pasteur, pour y réali- ser un projet à connotation commerciale. Mais la ville de Besançon a cassé la vente entre

les deux protagonistes en faisant valoir son droit de préemption sur cet ensemble immobilier en vue d’aménagements à venir. C’est ce même droit de préemption que la S.C.I. Gamma a attaqué devant le Tribunal Administratif de Besan- çon qui lui a donné raison en mai 1998. La ville a fait appel de cette décision en renvoyant le dossier devant la Cour d’Appel de Nancy, qui à son tour a confir- mé “l’illégalité des préemptions pour défaut de motivation.” Ce jugement pourrait compro- mettre sérieusement l’opération Pasteur, en tout cas la retarder. La municipalité reconnaît “que les recours contentieux font peser des risques sur l’opération en termes de faisabilité, de portage financier et de délais. La pour- suite de l’opération dépend du règlement de ces contentieux par voie judiciaire ou par accord amiable qui pourrait être formali- sé avec les requérants.” Pour l’ins- tant, le programme de l’opération Pasteur n’est pas modifié. Le pro- jet entre dès maintenant dans sa phase opérationnelle. !

Hôpital de Besançon : le combat continue

“R ien n’est fini, le com- bat continue” annon- ce avec son habituel engouement Jean-Paul Vergon, le président du collectif de défen- se du C.H.U. de Besançon. Ce mouvement riche de 3 500 membres, dont plus de 500 com- munes francs-comtoises, tenait son assemblée générale le 6 sep- tembre. Créé au printemps der- nier pour mobiliser élus et popu- lation locale autour de la situation financière catastrophique dans laquelle l’hôpital était enfoncé (avec un déficit record de 22 mil- lions d’euros), le collectif pour- suit son action et ce, malgré l’an- nonce d’une enveloppe de 10 millions d’euros au début de l’été. “Il reste beaucoup d’incer- titudes, ne serait-ce que de savoir la façon dont seront répartis ces 10 millions car ils ont été alloués pour la Franche-Comté et non pas pour le seul C.H.U. bison- tin” observe Jean-Paul Vergon. L’action du collectif a dû tout de même peser dans la répartition des 300 millions d’euros au niveau

national. “Sur 300 millions, la Franche-Comté en a eu 10, soit 5,7 % de la masse globale, alors que d’habitude, notre région pèse à peine 2 % des sommes. Le C.H.U. a obtenu 6 millions sur ces 10, ainsi que 4 millions sur une enveloppe dite reconduc- tible. C’est encourageant mais encore insuffisant” complète Vin- cent Maubert, membre de l’in- tersyndicale au C.H.U. Grâce à ces 6 premiers millions, le C.H.U. peut éponger une partie de ses reports de charges qui s’élevaient cette année à 15 millions d’eu- ros. “Cela permet de retomber à 9 millions et ainsi d’être en des- sous de la barre fatidique des 10 millions imposée par le minis- tère. Mais le C.H.U. a encore de graves difficultés, tempère le syndicaliste. Nous sommes notamment soucieux vis-à-vis du personnel où de nombreux contractuels ne sont pas recon- duits.” Ces difficultés persistantes inquiètent le collectif. “L’hôpital n’est pas encore sauvé, martèle Jean-Paul Vergon. Nous crai-

gnons aussi que ces problèmes financiers aient des incidences sur les délais de remontée de Saint-Jacques à Minjoz.” Les prochaines actions du col- lectif seront sans doute plus spec- taculaires : courant octobre, des

consultations gratuites devraient être organisées place Saint-Pierre, “et nous montre- rons aussi avec quel genre de matériel désuet les praticiens de l’hôpital sont obligés de travailler parfois.” !

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