La Presse Bisontine 48 - Octobre 2004

LE DOSSI ER

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B ESANÇON Un projet de conseil de l’ordre Investigation, discrétion, efficacité

Gérard Delesalle est détective privé. Un métier de l’ombre mais parfaitement reconnu des autorités administra- tives. Sa mission : réussir là où les services judiciaires ou policiers ont parfois échoué.

D étective privé… Com- bien de clichés sont associés à cette pro- fession : un bureau enfumé, un fauteuil de cuir, le revolver dans un tiroir, l’im- perméable accroché au porte- manteau. Rien de tout cela chez Gérard Delesalle, installé dans le quartier de la Vaite à Besan- çon. Il exerce la profession de détective privé depuis 1981, le 17 avril, jour de son enregis- trement à la préfecture du Doubs. La discrétion attachée à cette profession la rend d’au- tant plus énigmatique aux yeux du public. “C’est vrai que notre profession est encore très mal connue, reconnaît Gérard Dele- salle. Les gens ont l’image du détective dans les séries télé. Nous sommes assez loin de cet- te représentation.” Détective privé, ou agent de recherche, c’est une profession libérale que seules deux per- sonnes exercent avec pignon sur rue à Besançon. En Fran- ce, leur nombre est estimé “à 700 environ.” Deux écoles en France, àMontpellier et à Paris, forment les titulaires d’un bac-

explique le détective bisontin. La plupart du temps, le détec- tive est appelé à la rescousse comme “dernier espoir des vic- times. Nous sommes parfois plus “fouineurs” que les poli- ciers. Nous essayons vraiment d’aller au fond des choses. Il

calauréat au métier de détec- tive. Quelles sont les missions quo- tidiennes de Gérard Delesal- le ? “Nous faisons des recherches de disparus (mineurs qui font des fugues…), nous travaillons pour les entreprises qui soup-

arrive que nous arrivions à chan- ger la face d’un pro- cès.” Avant de pro- poser ses services, le détective épluche tous les comptes- rendus de procès. “On lit aussi le

çonnent parfois leurs collaborateurs d’aller jouer à la belote plutôt que d’être au travail, nous effectuons des contre-enquêtes quand un crime a abouti à un non-

“Il arrive que nous arrivions à changer la face d’un procès.”

“Nouveau détective” et on est très à l’affût des activités régio- nales et nationales.” Depuis l’ouverture des fron- tières européennes, les détec- tives ont le droit d’intervenir partout. Mais ils ne sont pas tous logés à la même enseigne. “En Allemagne, en Italie, en Espagne, partout autour de nous, les détectives ont des droits beaucoup plus étendus. Ils col- laborent beaucoup plus avec les services judiciaires, les avo- cats… Alors qu’en France, nous sommes un peu négligés. La

lieu, nous exerçons des contrôles pour tenter de déjouer des ten- tatives d’escroquerie ou d’abus de confiance subis par des par- ticuliers ou des entreprises, nous faisons des enquêtes à la deman- de de victimes en vue de lamani- festation de la vérité, nous inter- venons aussi dans les affaires matrimoniales pour prouver la faute, l’adultère, dans des affaires de divorce. Nos mis- sions sont très larges. À chaque fois, le client nous signe unman- dat de mission. Notre travail est très encadré par la loi”

Gérard Delesalle : 23 ans d’expérience au sein de son entreprise France Services-Détective.

Secret professionnel oblige, le mystère ne sera pas totalement levé sur cette profession rare. Mais au moins sait-on main- tenant qu’en cas de besoin, il existe à Besançon des détec- tives privés susceptibles de répondre à toutes les demandes en matière de recherche de la vérité. ! J.-F.H.

la vie privée, nous avons un code de déontologie à respecter. Bien sûr, nous avons quelques “trucs”, mais qu’on ne peut dévoi- ler…” Les tarifs pratiqués par l’agent de recherche bisontin sont selon lui, “largement infé- rieurs aux honoraires d’un avo- cat par exemple. Nous sommes dans des normes raisonnables.” Nous n’en saurons pas plus…

profession est en train de mon- ter un conseil de l’ordre pour essayer d’avoir un poids plus important et obtenir les mêmes facilités que dans les pays voi- sins.” Gérard Delesalle tient à rester très discret sur les méthodes qu’il emploie pour découvrir la vérité. Il précise seulement que “l’on ne porte jamais atteinte à

S ECOURS 27 jours de formation cette année Mission : sauver des vies Spéléologue aguerri, Didier Pasian est conseiller technique départemen- tal pour les secours en milieu souterrain. Une activité périlleuse qu’il exer- ce avec passion, presque de manière désintéressée.

V oilà 25 ans que Didier Pasian, kinésithérapeute de profession, arpente le sous-sol de notre département. Ou du moins une petite partie, le Doubs étant avec ses 5 000 cavités recensées, un des secteurs en France les plus prolifiques en matiè- re de grottes. De ce loisir pratiqué depuis l’adolescence, Didier Pasian en a fait une activité beaucoup plus sérieuse : c’est lui qui dirige dans le Doubs toutes les opérations souterraines en cas d’ac- cident. C’est lui et son équipe qui ont contribué, notamment, à sauver les 7 aventuriers suisses coincés pendant plu- sieurs jours dans un gouffre de Goumois à l’automne 2001. “Ce sauvetage comp- te parmi les souvenirs les plus forts de mes interventions, confie le spéléologue. Nous pensions très honnêtement ressor- tir 7 cadavres du sous-sol. Après 4 jours sous terre, nous avons pu les ressortir tous vivants. Ce genre de sauvetages res- te très émouvant. Il a mobilisé pendant ces 4 jours, une centaine de spéléos secou- ristes.” Au titre de sa fonction de conseiller auprès de la préfecture et des pompiers, Didier Pasian poursuit trois missions principales : la direction des opérations

souterraines lorsque survient un acci- dent, la formation des sauveteurs-secou- ristes qui interviennent en milieu sou- terrain ainsi que la prévention des accidents. Le week-end du 12 septembre dernier, ils étaient une cinquantaine de ses coéquipiers à s’entraîner pour un énième exercice grandeur nature sur le site réputé de Nans-sous-Sainte-Anne. Membre du Spéléo Secours Français, il

me c’était encore le cas récemment. Bien sûr, nous ne faisons pas cela pour l’ar- gent mais nous laissons beaucoup d’éner- gie et de temps au cours de l’année pour cette activité. Nous souffrons d’un cer- tain manque de reconnaissance.” Ce petit bémol ne les empêche pas, lui et ses col- lègues, de répondre toujours présent à la moindre sollicitation. “Si on n’y va plus, personne ne le fera. Et si on ne conti-

est à la tête d’une équipe de 80 spéléologues secou- ristes dans le Doubs. “Les pompiers se chargent de l’infrastructure de surfa- ce et nous de la partie sou- terraine. C’est comme cela que sont réparties nos mis- sions.” En cas de besoin,

nue pas les secours, les spéléo- logues amateurs courraient dan- ger et les autorités fermeraient l’accès des cavités. Et ça, on ne l’accepterait jamais.” Malgré les risques encourus dans cette discipline exigean- te, Didier se dit “plus en sécu- rité sous terre que sur la route.”

“Ce sauvetage compte parmi les souvenirs les plus forts.”

Il continue, dans le cadre de ses loisirs, à s’émerveiller du spectacle caché que réserve la nature à ceux, qui comme lui, osent pénétrer ses entrailles. Sa mis- sion de secouriste lui apporte une satis- faction supplémentaire : celle de se sen- tir utile aux autres. Ni Rambo, ni Superman, Didier Pasian accomplit tout simplement sa mission, avec modestie et discrétion. ! J.-F.H.

Didier Pasian et ses collègues du Doubs peuvent être appelés dans d’autres dépar- tements lorsqu’un accident majeur sur- vient. Les accidents impliquent la plu- part du temps des spéléologues amateurs. Si Didier Pasian continue son activité de spéléo-secouriste avec toujours la même motivation, il regrette néanmoins que le statut de sauveteur ne soit pas mieux reconnu. “Nous ne touchons plus de vacations pour nos interventions, com-

Ici, lors d’un exercice grandeur nature, Didier Pasian (de dos) s’entraîne au sauvetage.

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