La Presse Bisontine 275 - Avril 2025

Santé 33

Avril 2025

BESANÇON

Centre d’information et de consultation sur la sexualité

“Nous sommes à la croisée de l’éducatif, du social et du médical” Le centre d’information et de consultation sur la sexualité (C.I.C.S.) célèbre ses cinquante ans. À cette occasion, Marion Goudeau, directrice de la structure, et Marion Frichet, intervenante dans les établissements scolaires reviennent sur les missions de l’association.

L e C.I.C.S. est né il y a 50 ans en 1975 dans la foulée de l’adoption de la loi Veil autorisant l’I.V.G. Pourquoi ? Marion Goudeau : Le centre d’information et de consultation sur la sexualité est sous forme associative. Il a été créé en 1975 par les soignants car à l’époque, il y avait de grosses réticences au niveau local sur l’I.V.G., notamment au C.H.U. de Besançon. Aujourd’hui, l’association porte un centre de santé sexuelle, inter vient dans les établissements pour la vie affective, relationnelle et sexuelle, et agit pour le droit des femmes et la lutte contre les violences. Nous sommes à la croisée de l’éducatif, du social et du médical. Dans nos locaux (au centre Pierre Bayle à Besançon, N.D.L.R.), il y a des consultations médicales avec deux médecins, un psychologue et une conseillère conjugale et familiale. Qui peut venir consulter au C.I.C.S. ? Marion Frichet : La consultation est confi dentielle et gratuite (ou 1 euro par séance) sur la santé sexuelle de façon globale. Cela peut être pour une pre

mière contraception, un suivi gynéco logique, des dépistages, etc. Il y a aussi les consultations pour les I.V.G. Nous avons aussi pas mal d’hommes en consultation médicale et avec la psy chologue. Quel est le rôle d’une conseillère conjugale et familiale ? M.G. : Elle intervient pour remettre de la communication à la suite d’une période de crise, avec les couples ou en individuel. Elle voit aussi un certain nombre de femmes victimes de vio lences conjugales ou de violences sexuelles qui ressurgissent dans leur relation actuelle. Cela peut être des familles, une mère qui ne veut plus que la grand-mère voie ses enfants par exemple, des jeunes qui débutent une relation. On reçoit aussi des couples en situation de handicap qui, encore plus que d’autres, n’ont pas accès à des séances d’éducation affective. Le programme du gouvernement d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle

devrait être mis en place à la rentrée 2025 et suscite déjà la polémique. Pourtant, depuis 2003, trois séances annuelles d’éducation à la sexualité en école, collège et lycée sont obligatoires. Vous animez des séances de vie affective, relationnelle et sexuelle. Comment cela se passe ? M.F. : Le C.I.C.S. réalise environ 500 interventions par an sur la Franche Comté avec 8 intervenants. Nous faisons une séance de 2 heures sans forcément avec une idée de suivi. On travaille avec l’éducation nationale qui ont du personnel formé, on vient en complé ment. En 4 ème , les élèves découvrent la reproduction humaine, ils découvrent un pan du corps de l’autre qui peut être difficile. On travaille aussi la décons truction avec les jeunes. Un garçon sur 5 en CM2 a vu des images pornogra phiques, voire en consomme. Dans les séances en collège, on voit à quel point la performance est importante pour les garçons, ils ont beaucoup de questions très pragmatiques et liées aux stéréo types de la pornographie. Les filles sont plus dans la question du relationnel et

Marion Frichet, intervenante vie affective, relationnelle et sexuelle en milieu scolaire et Marion Goudeau, directrice du C.I.C.S.

dans le partage des violences qu’elles subissent dès le plus jeune âge : insulte, harcèlement. M.G. : Les séances sont adaptées aux classes, on récupère les questions de ce groupe-là, ce jour-là. Avec l’A.R.S., on développe depuis plus d’un an un programme pour les classes de CM2 qui s’appuie sur les compétences psy chosociales, les compétences relation nelles à soi et aux autres, à raison de 10 séances en collaboration avec les enseignants. On rencontre les parents au préalable. M.F. : On apporte des connaissances de la manière la plus générale possible, sur soi, son corps, ses émotions, l’estime

de soi, les relations, la différence entre amitié et amour, la puberté, le consen tement, la prévention des violences, les réseaux sociaux… Ce sont des temps pour les jeunes puissent parler de leurs émotions. On ouvre un espace de dia logue. La question du droit de la femme et de l’égalité des genres, de la discri mination, des orientations sexuelles nourrissent les interventions. Les rela tions sexuelles sont une des relations humaines. On travaille d’abord sur les relations humaines. On défend une société égalitaire, des relations qui font plaisir dans les bienfaits qu’apportent les relations humaines. n Propos recueillis par L.P.

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