La Presse Bisontine 274 - Mars 2025

22 Le Grand Besançon

La Presse Bisontine - Mars 2025

MAMIROLLE

38 emplois concernés

Le cœur brisé d’Oerlikon Sur les sites de Maîche et de Mamirolle, 38 emplois dans l’entreprise Oerlikon sont menacés. Le sous-traitant notamment dans le secteur du luxe avance une baisse d’activité. Un argument qui ne convainc pas les syndicats et les élus qui montent au créneau. Sans réponse pour l’instant.

Le site de Mamirolle serait concerné par la suppression de 14 emplois.

I l semblerait que le cœur n’y est plus, qu’il est même brisé à en croire le syndicat C.F.D.T. Métallurgie. Et le jour où les cœurs battent souvent un peu plus fort, le jour de la Saint Valentin, les salariés d’Oerlikon, anciennement Cœurdor, ont débrayé et manifesté leur mécon tentement et leur mal-être. Depuis décembre, le sous-trai tant, notamment pour l’horlo gerie et le secteur du luxe mais pas que, installé à Mamirolle et Maîche, met en œuvre un P.S.E., un plan de sauvegarde de l’em

l’air bon” , explique Nicolas Bodin, vice-président en charge de l’emploi et de l’économie à Grand Besançon Métropole. Régis Ligier, maire de Maîche, autre commune impactée, abonde : “Selon un expert du Comité social et économique, le P.S.E. n’est pas en corrélation avec la santé du luxe. La santé dans le luxe est plutôt bonne même si la conjoncture est com pliquée, poursuit-il. Les concur rents directs d’Oerlikon nous font part d’un ralentissement mais pour eux, cela ne nécessite pas de P.S.E.” Le premier édile de Maîche est forcément inquiet quand le plus gros employeur de sa commune (120 employés en tout) tangue. La crainte des élus est la dispa rition d’un savoir-faire d’excel lence. “On a l'impression d’une réelle volonté de délocaliser une partie des savoir-faire en Italie et au Portugal, en infra-européen, ce qui est assez surprenant. On a du mal à comprendre la stra tégie de l’entreprise” , reprend

ploi à cause d’une baisse d’acti vité dans le secteur du luxe. 38 emplois sont menacés dont 14 à Mamirolle. Selon nos infor mations, des postes de directeurs et le service de Recherche et développement seraient concer nés. Une situation qui suscite incompréhension des élus et colère du syndicat. “Nous avons beaucoup d’interrogations sur la volonté réelle de développer le site. Que l’entreprise puisse avoir éventuellement des diffi cultés, on peut le comprendre mais les résultats financiers ont

tain nombre de garanties soient apportées aux salariés, dans le montant des indemnisations, le reclassement, poursuit le préfet. L’entreprise fait un effort financier, il y a eu une réduction des postes supprimées, d’une quarantaine à 38. Mais l’État n’a pas de regard sur la pertinence des licencie ments, il ne va pas contrôler la véracité des problèmes financiers de l’entreprise.” “Si on réussit à faire rester au moins une machine, c’est deux emplois pré servés. Si on arrive à sauver quelques postes, ce sera une belle victoire. Malheureusement, le P.S.E., on y aura droit” , souligne Jean-Luc Scanavin. Une journée de solidarité à Maîche devrait avoir lieu le 8 mars, journée inter nationale pour les droits des femmes. La majorité des salariés de Coeurdor sont en effet des femmes. n L.P.

créée dans les années 1950 était gérée en bon père de famille.” Selon lui, depuis la reprise par le groupe suisse, l’entreprise a subi un important turn-over et des changements de méthodes suscitant l’incompréhension et le mal-être. Là où le bât blesse, encore plus, concerne la délocalisation d’une partie de l’outil de production en Italie, en plus des licenciements. Or, Oerlikon a bénéficié de fonds publics pour l’achat de deux machines avec le plan France 2030. Soit environ 150 000 euros pour l’achat de deux machines. “On va s’attacher à ce que ces deux machines restent sur le site de Mamirolle , précise le préfet Rémi Bastille. S’il y a une délo calisation, on demandera un rem boursement.” Pour l’heure, le P.S.E. est entre les mains de la préfecture. “Nous avons déjà eu des discussions pour qu’un cer

Nicolas Bodin. Et la visite de la directrice géné rale d’Oerlikon le 21 février est loin d’apaiser les tensions. “Elle a refusé de rencontrer les élus, une fin de non-recevoir” , souligne Nicolas Bodin. Jean-Luc Scana vin, de la C.F.D.T. Métallurgie, lui, ne décolère pas et ne mâche pas ses mots. “La directrice est finalement venue mais a refusé de recevoir autre chose que des salariés Elle a été décevante, sans empathie pour le personnel et sur la situation. Le personnel est dépité et un peu perdu.” Le syndicaliste dénonce un climat social délétère avec des risques psychosociaux aggravés. “Cer tains espèrent être dans le plan social parce qu’ils en ont marre. À l’époque de Cœurdor, avant la reprise en 2021, il n’y avait pas de syndicats. Parce qu’il n’y en avait pas besoin. Tout se passait bien, dans le dialogue, l’entreprise

Une pétition en soutien aux salariés Une pétition sur change.org a été lancée et a déjà recueilli plus de 350 signatures. On peut notamment y lire : “Actuellement, l’extension de la branche luxury en Italie met en péril la durabilité de Cœurdor en France. Notre entreprise affiche une situation financière solide mais elle est frappée par un Plan de Sauvegarde de l’Emploi touchant 38 postes, soit un tiers de nos employés. Aidez-nous stopper la délocalisation de notre entreprise.” n * La direction d’Oerlikon n’a pas répondu à nos sollicitations à l’heure de mettre sous presse.

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