La Presse Bisontine 273 - Février 2025

Économie 11

Février 2025

HAUT-DOUBS Après la polémique sur la fermeture

Quel avenir pour Piquemiette ? Alors que plus personne ne semble se faire d’illusions sur une possible réouverture du domaine, certains commerçants et élus s’interrogent sur d’éventuelles pistes de développement : ski de rando, reprise des téléskis des Roches, circuit motoneige…

miette. On peut aussi regretter que la piste de compétition venait tout juste d’être homologuée F.I.S. quelques semaines avant la décision.” Pierre, autre pratiquant du ski de rando, partage ce point de vue. “C’est vrai que je me suis régalé à Noël. J’habite aux Hôpitaux et c’est facile de venir faire quelques montées le soir après le travail. Malgré tout, je ne me réjouis pas car ce n’est pas une bonne nouvelle pour le ski alpin. Je suis originaire de Bois d’Amont, on a vécu la même chose avec le site du Noirmont.” Du côté de la station, on est plutôt favo rable au développement du ski de rando sur Piquemiette. “La commune de Jougne a pris un arrêté municipal pré cisant que chacun pratique à ses risques et périls. On a encore un travail à faire pour améliorer la sécurité sous les cor niches où il peut y avoir un risque d’ava lanche. Le ski de rando a connu un essor avec le Covid. Sur la station, on était en difficulté avec cette discipline car il y avait des risques de collision avec ceux qui descendaient ainsi qu’avec les engins de damage. On avait créé trois itinéraires spécifiques sur Métabief. Maintenant que Piquemiette est libéré, cela pourrait être un spot identifié” , estime Philippe Alpy, le président du Syndicat mixte du Mont d’Or (S.M.M.O.), gestionnaire de la station de Métabief. Jérôme Tyrode qui exploite le Chalet du pisteur est bien placé pour voir que le secteur attire ce public de sportifs. “Il y a un potentiel sous réserve de bien sécuriser le domaine. L’idéal serait aussi de pouvoir conforter l’enneigement en utilisant les canons à neige qui sont toujours là.” Surpris comme beaucoup de la brutalité de la décision de ferme ture, le restaurateur doit maintenant se contenter de proposer quelques fon dues et plats montagnards. “Mon rap port de rentabilité a été divisé par 10.”

L e changement climatique n’est pas toujours en phase avec les décisions politiques. Les abon dantes chutes de neige qui ont redonné le sourire aux skieurs et exploi tants de stations ont bien sûr ravivé le débat tendu autour de l’intérêt de fermer si abruptement le secteur de Pique miette. L’arrêt d’exploitation a pourtant favorisé la pratique du ski de rando, à peaux de phoque. “C’est un site qui n’a rien à envier aux Alpes en termes de pentes raides, de difficultés techniques. On doit juste faire plusieurs montées des

centes pour retrouver des dénivelés iden tiques. Mais il ne faut pas croire pour autant que Piquemiette va devenir un spot de ski de rando qui va attirer des centaines de pratiquants. En sachant aussi que cette discipline génère très peu de retombées économiques” , explique Stéphane, skieur chevronné qui profite de la proximité du site pour s’y entraî ner. Comme beaucoup, il déplore la ferme ture des plus belles pistes de descente du massif jurassien. “Cela va détourner de Métabief une clientèle de skieurs suisses qui venaient seulement sur Pique

Il serait prêt à s’impliquer sur un autre projet : à savoir maintenir l’exploitation des deux téléskis des Roches. “Cela pourrait être une solution facile à mettre en œuvre quand la neige est là. La ges tion serait reprise par les commerçants. Ce serait faisable avec le soutien d’une collectivité pour partager les frais de damage et d’entretien.” Interrogé sur cette question, Michel Morel se dit ouvert à la réflexion. “Rappelons quand même que la commune n’a pas la com pétence tourisme. Elle pourrait néan moins déneiger les routes d’accès et sou tenir un exploitant privé.” Jérôme Tyrode a aussi été sollicité pour organiser des balades en motoneige. “Rien n’est impos sible mais la réglementation motoneige est très compliquée et cela pourrait poser des problèmes de cohabitation.” n F.C

Le gérant du Chalet du pisteur suggère de préserver les deux téléskis des Roches en confiant l’exploitation à des privés avec le soutien d’une collectivité.

EN BREF

Seuls les pratiquants du ski de rando tirent avantage de la fermeture de Piquemiette.

Police La police du Doubs lance une campagne de recrutement de policiers adjoints pour les services locaux de sécurité publique de Besançon, Montbéliard-Héricourt et Pontarlier, ainsi que pour les services de la police aux frontières de Pontarlier et Montbéliard. Pour pouvoir postuler, il faut être nationalité française, âgé entre 18 et 30 au moment de l’incorporation, être de bonne moralité et n’avoir aucune inscription au bulletin n° 2 du casier judiciaire, être en règle avec le service national et la journée défense et citoyenneté, être en bonne médicalement au service de jour et de nuit, et être apte au port et à l’usage des armes. Les inscriptions sont ouvertes du 3 février au 3 mars. Inscription par Internet sur le site police nationale.interieur.gouv.fr/no us-rejoindre Formation L’école d’ingénieur bisontine Sup Microtech (ex E.N.S.M.M.) a été élue dans les 30 meilleures écoles d’ingénieurs françaises dans le classement du magazine L’Usine Nouvelle 2025. Cette reconnaissance reflète notamment une forte employabilité des diplômés, avec 75,7 % trouvant un emploi en moins de deux mois, et une ouverture internationale, avec 40,19 % de diplômés travaillant à l’étranger. condition physique, et notamment être apte

ZOOM

Les vérités de Michel Morel “Le scénario qui nous a été imposé est très mauvais” Très critique sur le scénario de fermeture

M.M. : Je me réjouis que les socioprofessionnels se fédèrent mais j’attends de voir quand il faudra qu’ils mettent la main à la poche. Si chaque commerçant qui tire un bénéfice de la station donne un pourcentage de son chiffre d’affaires, on arrive vite à des centaines de milliers d’euros. Rappelons que l’office de tourisme est financé à 80 % par les collectivités. Tout comme je pense que la commune de Métabief qui récupère une grosse partie des retombées pourrait donner beaucoup plus qu’actuellement. Tout cet argent per mettrait de soulager la com’com qui est en train de se paupériser en services. Vous pouvez nous en dire plus ? M.M. : Quand j’étais président de la com’com du Mont d’Or et des Deux Lacs, on avait lancé un vaste projet aux Hôpitaux-Neufs englobant une maison de santé, une maison de retraite, une crèche mais tout a été abandonné par ceux qui m’ont succédé. On vit sur un territoire qui prend de la population mais avec une offre de services à mon sens inadaptée. La commune de Jougne va-t-elle continuer à verser sa contribution au S.M.M.O. ? M.M. : Cela fera l’objet d’une discussion car on verse actuellement 60 000 euros chaque année à la com’com pour le S.M.M.O. Cette somme est calculée en fonction du potentiel fiscal. Maintenant que Piquemiette est fermée, je ne vois guère d’intérêt pour la commune

Vous contestez toujours l’intérêt de fermer Piquemiette ? Michel Morel : Je suis bien conscient qu’il faut faire des économies mais le scénario qui nous a été imposé est très mauvais. Cela aurait dû se faire de façon progressive sur deux ou trois ans en effectuant des rotations entre les différents sites : Piquemiette, Métabief, Super Longevilles. Rien ne remplacera l’économie de la neige et notamment du ski alpin, d’où l’intérêt de pérenniser le modèle le plus longtemps possible. Quelle est votre vision du développement touristique du Haut Doubs ? M.M. : Je suis un fervent partisan du tourisme 4 saisons à condition qu’il se fasse à l’échelle de tout le territoire et ne se limite pas uniquement à la station de Métabief. de Piquemiette, le maire de Jougne estime que l’avenir touristique du Haut Doubs passe par le développement du 4 saisons à l’échelle de tout le territoire et non pas en concentrant tout sur Métabief.

de soutenir le S.M.M.O. Je pense également qu’on devrait réduire de 30 %, soit l’équivalent de ce que représente le domaine du Piquemiette, la somme versée par la com’com qui s’élève à 512 000 euros. n Propos recueillis par F.C. Bien conscient des conséquences du réchauffement climatique sur la station, Michel Morel remet pourtant en cause la méthode appliquée par le S.M.M.O.

Que pensez-vous du nouveau collectif “At the top 1 463” ?

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