La Presse Bisontine 273 - Février 2025
Le mensuel d'informations sur Pontarlier et le Haut-Doubs
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ARI CHATEAUF L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, CONSOMMEZ A
INE & VALENTIN TION VEC MODÉRA ANTÉ, CONSOMMEZ A
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FÉVRIER 2025
Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon
www.presse-bisontine.fr
N° 273
À quoi servent vos impôts ? Le vrai coût des services publics à Besançon
Les pompiers (ici en exercice), un service public qui coûte cher à la collectivité et aux contribuables, mais quel est le prix de la sécurité ?
le dossier en p. 22 à 28
patrimoine P. 16 Désaffectée et rénovée L’abbaye Saint-Paul, le futur spot tendance de Besançon
P. 15
immobilier
En cœur de ville Comment devenir propriétaire d’un logement social
3 782888 303004
2 Retour sur info
La Presse Bisontine - Février 2025
Une nouvelle présidente
Affaire des délations : l’enquête interne est terminée
de groupe politique
C’ est aussi un bébé de 2025. Une troisième minorité politique a vu le jour au sein du conseil municipal de Besançon. Karima Rochdi et Agnès Martin ont quitté le groupe Ensemble Bison tins mené par le député Laurent Croizier. Les deux élues ont créé ainsi S’unir pour Besançon, présidé par Karima Rochdi. Les raisons de la scission du groupe centriste ? “Depuis quelque temps, le fonctionnement du groupe était un peu compliqué, la scission était inévitable” , remet Karima Rochdi. Cette dernière regrette des débats au sein du conseil municipal un peu “trop binaires, un peu caricaturaux parfois, où c’est plus un renvoi de petites piques que de vrais débats. Dans tout ça, on oublie Besançon, on oublie pourquoi on est là.” Élever le débat et pro poser une voie médiane entre “une gauche très gauche, et une droite très droite” , tel est l’objectif du groupe S’unir pour Besan çon. Ainsi que l’union pour promouvoir
L’ affaire avait fait grand bruit en septembre dernier au sein du conseil municipal de Besançon quand le leader de l’opposition Ludovic Fagaut a révélé un courrier officiel de la Ville de Besançon signé de l’adjointe aux espaces verts, adressé aux rive rains de la rue de Trépillot pour les appeler à dénoncer les agents muni cipaux qui voleraient du matériel dans un dépôt de la ville situé rue de Tré pillot. Ce courrier avait mis le feu aux poudres au sein de la collectivité avec un préavis de grève des syndicats municipaux. Enlisée dans cette polémique, la maire de Besançon avait diligenté une enquête interne et promis de pronon cer des sanctions à l’égard des res ponsables de ce malheureux courrier d’appel à la délation. Après plusieurs mois d’attente, les conclusions de cette enquête ont été présentées aux syndicats par Anne Vignot en per sonne. Cette affaire comportait deux volets : le courrier rédigé par le directeur du
service espaces verts Samuel Lelièvre à l’adresse de riverains de la rue de Trépillot, et les vols présumés et emprunts de matériel de la collectivité par des agents de l’équipe de jardiniers prenant leur poste rue de Trépillot. Concernant le premier point, Anne Vignot a assuré les syndicats “d’avoir sanctionné la chaîne hiérarchique qui a écrit et validé ce courrier, à savoir le directeur, le D.G.A.S. adjoint et le D.G.A.S.” affirme une source proche du dossier. La maire aurait prononcé une sanction du 1 er groupe, c’est-à dire une sanction allant d’un avertis sement à une exclusion temporaire de fonctions de 3 jours. Cette sanction a été prononcée dans le cadre d’un entretien disciplinaire en l’absence des organisations syndicales. “De ce fait nous ne pouvons que croire M me Vignot sur parole” lâche un repré sentant syndical. Concernant le second point, la maire a assuré aux syndicats “qu’aucune poursuite dis ciplinaire ne serait prise à l’encontre des agents.” ■
Karima Rochdi, avec Agnès Martin, a créé le nou veau groupe
politique bisontin
S’unir pour Besançon.
Besançon et ses talents de façon positive. “On ne veut pas que Besançon se déclasse, la ville fait la une à cause de faits divers” , déplore Karima Rochdi. Avec
en ligne de mire 2026 et ses échéances municipales, Karima Rochdi l’assume : elle souhaite s’inscrire dans la continuité de ce mandat. ■
Une statue, de l’entre-soi, du
wokisme et du favoritisme
S ans conteste, ce ne sont pas les facettes de la statue qu’elles ont retenues et mises en avant. Dans la volonté de la municipalité de féminiser l’espace public, une troisième statue de femmes remarquable va bientôt voir le jour. Lors de la présentation de l’œuvre qui sera dévoilée le 8 mars prochain place de la Révolution en face du musée en hommage à Jenny d’Héricourt, Anne Vignot et son adjointe à la culture Aline Chassagne ont préféré parlé du combat féministe de l’écrivaine, militante, sage femme et institutrice. L’artiste Lili Rey naud-Dewar a conçu la statue à l’aune des quatre temps forts qui ont marqué la vie de Jenny d’Héricourt. Quatre com bats, quatre visages. C’était sans compter
sur les critiques assénées notamment par le régionaliste Jean-Philippe Allenbach qui accuse la municipalité de wokisme, d’entre soi et de favoritisme, reprochant de ne pas avoir fait appel à un artiste franc-comtois. Ce dernier réitère son appel à l’érection d’une statue de Charles Quint. Et a demandé au préfet de saisir le tribunal administratif pour lui demander de faire annuler le contrat passé par la Ville de Besançon avec l’artiste Lili Rey naud-Dewar, sous prétexte de délit favo ritisme. Reste que la statue est en passe d’être finie. Le coût de l’opération se montant tout de même à 100 000 euros. Moins que la statue de Victor Hugo sur l’espla nade de la mairie. ■
Aline Chassagne lors de la présentation du projet de statue dédiée à Jenny d’Héricourt. Éditorial Fiscalité
Tout était parti de soupçons de vols de matériel dans des locaux municipaux rue de Trépillot.
collectivité du bon vouloir de l’État central. C’est justement le revers principal de cette réforme récente de la fiscalité locale qui a conduit à la suppression de la taxe d’ha bitation, les collectivités de proximité n’ayant quasiment plus que le produit de la taxe foncière pour concevoir leur budget annuel. On l’a vu ces dernières années : face à l’incertitude, nombre d’entre elles ont choisi d’augmenter de manière inédite ce qui leur reste d’autonomie fiscale. Voulue comme un outil de justice fiscale, la sup pression de la taxe d’habitation aboutit finalement à créer de sérieux déséquilibres. Cette taxe d’habitation était aussi et surtout un moyen de responsabiliser les citoyens et de les rendre plus impliqués dans la gestion locale. Sa suppression a sans conteste distendu le lien entre les citoyens et la chose publique. Même si le sujet est impopulaire, une vraie réforme de la fis calité locale serait une des clés pour assainir les finances des collectivités. ■ Par le directeur de la rédaction Jean-François Hauser
de contribuables ignorent ou dont ils n’ont pas conscience quand l’automne venu ils reçoivent en bougonnant leur avis d’im position. La complexité du système fiscal français et son manque de lisibilité, renforcé encore par la suppression récente de la taxe d’habitation, compensée peu ou prou par une dotation de l’État, rendent la fis calité locale très impopulaire et la plupart du temps absconse au citoyen lambda qui s’intéresse de loin à cette question touchant pourtant, à sa vie quotidienne. La construc tion et l’entretien des infrastructures locales (écoles, crèches, stades, bibliothèques, pistes cyclables, ronds-points…), mais aussi le fonctionnement des services sociaux (C.C.A.S., hébergements d’urgence, maisons de quartier…) : tout cela dépend directe ment des possibilités financières des com munes ou des intercommunalités, liées à la bonne mesure des impôts locaux. Sans ce levier fiscal local, le risque serait grand de voir dépendre le fonctionnement d’une
Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Rédaction : Frédéric Cartaud, Thomas Comte, Jean-François Hauser, Laurine Personeni. A collaboré à ce numéro : Sarah George. Directeur artistique : Olivier Chevalier. Conception pubs : Éloïse Perrot. est éditée par la société “Publipresse Médias” S.I.R.E.N. : 424 896 645 Rédaction et publicité: 0381679080 E-mail: redaction@publipresse.fr Crédits photos : La Presse Bisontine, A.E.E.F.F.C., Virginie Amant, D.R.E.A.L. B.F.C., Yoann Jeudy, Gabrielle Ory, Pauline Graf-S.D.I.S. 25, Suricate, Ville de Besançon-Éric Chatelain. Équipe commerciale : Maëliss Aumaitre, Anne Familiari, Anthony Gloriod. Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N.: 1623-7641 Dépôt légal : Février 2025 Commission paritaire : 0225 D 80130
P lus de 15 euros pour faire un plon geon à la piscine Lafayette à Besan çon, sensiblement le même tarif du côté de Malbuisson dans la pis cine Aqua 2 Lacs, plus de 36 euros pour une entrée au musée des beaux-arts de Besançon, 23 euros pour emprunter un livre à la bibliothèque municipale, plus de 15 euros pour un seul repas à la cantine, presque le même prix pour une heure de périscolaire pour son enfant. Ces tarifs, que bien évidemment personne ne paie directement, seraient ceux de ces principaux services publics du quotidien sans l’inci dence des impôts locaux. À ce propos, la Ville de Besançon a réalisé le mois dernier une vidéo aussi brève que percutante sur l’utilité - nous ne disons pas la bonne uti lisation - des impôts locaux dans cette col lectivité locale. Une notion que beaucoup
4 Besançon
La Presse Bisontine - Février 2025
IMMOBILIER Entre 60 et 70 logements Le projet de Casamène provisoirement retoqué Le tribunal administratif a annulé le permis de construire d’un ensemble immobilier dans le quartier de Casamène au bord du Doubs. Le porteur de projet va revoir sa copie et présenter un nouveau dossier.
lation : non pas l’ampleur ou la nature même du projet, mais la circulation pour accéder à ces futures habitations, jugée disproportionnée par rapport à la dimension du chemin d’ac cès, frappé d’ailleurs d’une ser vitude de passage. “La régula risation impliquerait que les voiries ou les accès permettant la desserte du projet soit adapté à son importance et ses diffé rentes destinations” ont estimé les juges bisontins. Malgré ces aléas judiciaires, le promoteur est bien décidé à aller jusqu’au bout et donc à revoir sa copie concernant les accès. “Nous prenons évidem ment acte de la décision des juges. Nous modifierons notre projet en conséquence” com mente Kévin Mougin qui a tout de même fait appel de la déci sion du tribunal administratif. Le promoteur a repris les dis cussions avec la mairie, favo rable à l’urbanisation de ce sec teur, pour trouver une solution alternative. “Nous reverrons les aménagements des parkings et des accès de telle sorte que la nouvelle solution que nous pré parons permette de réduire de 60 % les passages de véhicules afin de répondre aux injonctions du juge” assure Kevin Mougin qui prépare une seconde mou ture de son projet avec une dizaine de logements en moins. “Les logements devraient être un peu moins nombreux et un
L e collectif de riverains qui s’étaient opposés au projet immobilier porté par la S.A.S. Casamène Parc Résidence repré senté par le promoteur Kévin Mougin a obtenu gain de cause.
construire sur ce terrain d’1 hectare situé en bord de Doubs dans le quartier de Casamène, un ensemble de quelque 72 loge ments et des bureaux dans des bâtiments à réhabiliter ou à construire. Motif de cette annu
Dans un jugement rendu public le 9 janvier dernier, le tribunal administratif de Besançon a en effet annulé le permis de démo lir et de construire que la Ville de Besançon avait accordé à M. Mougin qui prévoit de
d’ici le printemps est validée par les autorités administra tives, le chantier pourrait démarrer à l’automne. Kévin Mougin se dit “décidé à prendre le temps qu’il faut pour réaliser ici un beau projet pour la ville de Besançon.” n J.-F.H.
peu plus grands” ajoute le pro moteur qui s’appuie aussi sur la volonté de la Ville d’aménager ce quartier constitué en partie de friches industrielles et à celle de l’État qui le soutient à travers le fonds vert. Si la nouvelle mouture du projet que le promoteur présentera
Le projet porté par la S.A.S. Casamène Parc Résidence qui prévoyait 72 logements sera un peu revu à la baisse.
EN BREF
TÉMOIGNAGE Cancer “La maladie m’a donné une envie de vivre beaucoup plus forte” En 2020, à 37 ans, Adeline Pasteur se découvre atteinte d’un cancer du sein triple négatif, l’un des plus agressifs. Près de cinq ans plus tard, alors que la Bisontine quitte bientôt la rémission pour la guérison complète, elle a couché dans n livre son parcours de résilience qui a transformé sa vie n profondeur, la maladie étant le déclencheur.
Label La Ville de Besançon a reçu le label “2 carottes” d’Écocert pour sa démarche “En Cuisine”. Ce label souligne l’engagement de la Villeen faveur d’une restauration collective durable, biologique, locale et saine. Dans ses cantines, Besançon propose des menus composés à 70 % de produits respectant le cahier des charges Égalim dont 46 % de produits biologiques. Ce résultat dépasse les exigences minimales fixées par la réglementation, qui impose un taux de 50 % Égalim, dont 20 % de produits bio.
Adeline Pasteur confie son parcours de résilience après un cancer du sein dans un livre (photo Virginie Amant-Mama Éditions).
84 % des recettes sont préparées à partir de produits bruts ou peu
L a Presse Bisontine : Vous avez intitulé votre livre Mon cancer, quelle chance ! Pourquoi ce titre percutant et interpel lant ? Adeline Pasteur : Il me fallait un déclic aussi violent que la maladie pour pouvoir arrêter le rythme infernal de ma vie. Je suis humaine, l’annonce de mon can cer a été dramatique sur le moment. Mais avant, j’ai toujours eu un fond mélancolique que je ne comprenais pas. La maladie m’a permis d’aller au fond des choses et m’a donné une envie de vivre beaucoup plus forte. C’est en cela que c’est une vraie chance. Tous les drames qui nous tombent dessus, on a l’opportunité d’en faire quelque chose de positif. Avant, j’avais des alertes de mon corps, comme des migraines, je les ignorais. Je ne m’en rendais pas compte, je me trouvais heureuse, épanouie dans
mon job. Mais j’étais dans un état de stress intense, dans la zone rouge tout le temps. J’étais dans une forme de déni. L.P.B. : De quelle manière votre cancer a été le déclencheur de votre parcours de résilience ? A.P. : Je suis la troisième génération à avoir été touchée par ce cancer après ma grand-mère et ma mère. Ma mère et moi avons fait des tests génétiques. Il n’y a pas de marqueurs génétiques. Mais un dénominateur commun dans le caractère et la façon d’aborder la vie. Quand j’ai tout arrêté, mis ma vie en pause pour guérir, j’ai ressenti un sou lagement. En grattant sous la surface, je me suis rendu compte que je répondais à des injonctions sociales ou imaginaires car j’ai été élevée dans le culte de la performance et de la perfection. La mala die a eu un impact physique mais cela
transformés Chaque jour, plus de 5000 repas sont préparés au sein de la cuisine municipale, avec un
a été aussi une vraie renaissance psy chique. J’ai une nouvelle posture par rapport à ce que je fais, avec des choix plus authentiques. Avant, je voulais à tout prix satisfaire la demande de mes clients, de ma famille. Aujourd’hui, je suis plus centrée sur moi ce qui n’em pêche pas d’être ouverte aux autres. L.P.B. : Comment est venue l’envie d’écrire un livre ? A.P. : L’écriture est venue très vite, au début de la rémission. Je tenais un blog qui narrait ma maladie (Saint Soutif). Mais le livre parle peu de la maladie en tant que telle mais de ce que j’en ai fait, l’opportunité de transformer ma vie en profondeur. J’ai la croyance que
tout ça ne m’arrivait pas par hasard. J’ai changé pour accentuer ma propre guérison. J’ai un rôle à jouer dans ma guérison, je peux aider avec un mental constructif. Attention, je ne dis pas qu’on peut guérir que grâce à du mental. J’ai suivi à la lettre toutes les recomman dations médicales même quand je n’en avais plus envie. Je suis allée au bout du cheminement thérapeutique clas sique. Mais on peut se faire aider aussi par des thérapies plus douces, c’est com plémentaire. Il fallait se donner toutes les chances car il fallait éteindre le feu. n Propos recueillis par L.P.
budget annuel de 1,8 million d’euros consacré à l’achat de denrées alimentaires. Couture
L’association de Palente organise des Puces des Couturières le samedi 29 mars, salle Jean-Zay, 95, rue des Cras à Besançon. Entrée libre pour les visiteurs. Bulletin d'inscription pour les exposants à télécharger sur le site de l’association: https://www.palente.fr/
Mon cancer, quelle chance ! Mama Éditions, 27 euros
Besançon 5
La Presse Bisontine - Février 2025
SOLIDARITÉ
Les trois ans de la guerre
Les soutiens au peuple ukrainien ne lâchent rien Une bonne dizaine de bénévoles de l’association Ukraide se retrouvent en moyenne une fois par mois pour remplir un camion de matériel destiné aux hôpitaux d’Ukraine. Le dernier convoi est parti le 29 janvier.
Les bénévoles de l’association
Ukraide ont rempli leur 36 ème camion en cette fin janvier.
U n geste, un regard suffisent souvent à se comprendre entre le jeune chauffeur ukrainien venu charger le camion dans le hangar situé à la périphérie de Besançon et les bénévoles de l’asso ciation Ukraide pour savoir comment remplir au mieux le 38 tonnes qui repartira dès 15 heures en direction de l’Ukraine. Sa première destination : Berdytchiv, une ville située quelques dizaines de kilomètres à l’ouest de la capitale Kiev, quasiment sur le front d’une guerre qui s’éternise depuis bientôt trois ans et qui conti nue à épuiser la population. Ce jour-là, les bénévoles ont chargé encore près de 8 tonnes de matériel : armoires à pharmacie, lits médica lisés, fauteuils roulants, chaises per cées, mais aussi du matériel de pué riculture pour quelques familles dans le besoin. Ainsi qu’une trentaine d’or 21 et 22 février Deux concerts pour l’Ukraine L’association Ukraide organise deux soirées-concerts les 21 et 22 février à la salle polyvalente de Fontain pour soutenir sa cause. Chants ukrainiens et ensemble vocal (pop, rock, soul et gospel) le 21 février dès 18 heures (participation au cha peau). Et chants ukrainiens, groupe Baltazar (rock des années 70 à nos jours) et groupe Rusty Bell (rock années 70-80) le 22 février, toujours à partir de 18 heures (10 euros pour les 3 concerts). Réservation sur https://urlz.fr/tkkx
Commentaire du D r Patrice Gayet “Près d’une quarantaine de camions en trois ans” C’est lui, avec son collège
réceptionnant les dons, venus des établissements de la région (hôpitaux, E.H.P.A.D., etc.) et de particuliers. “Une dame vient de nous faire un don de 10 000 euros, c’est la deuxième fois. Il y a un vrai élan de générosité depuis trois ans, il faut essayer de le maintenir tant que la paix promise n’est pas une réalité.” Les dons servent avant tout à payer l’affrètement du camion ukrainien qui vient charger à Besançon. Son coût : 3 000 euros par voyage. Orchestrés par le responsable de la logistique Jérôme Cordier, les béné voles font le reste. À l’image de Denis Puertolas, présent depuis le premier jour et encore là ce 29 janvier, à se démener pour remplir le camion avec ses copains. C’est aujourd’hui le 36 ème semi-remorque qui met le cap à l’est. Sans doute pas le dernier. n J.-F.H.
dinateurs offerts par une association de Saint-Vit. Outre ces bénévoles présents ce jour là, à cette mécanique désormais bien rodée participe également une Bison tine franco-ukrainienne qui fait le relais entre Besançon et l’Ukraine, Daria Cadalen. “C’est elle qui cen tralise les demandes en fonction des besoins de tel ou tel hôpital ou de
L a Presse Bisontine : Comment a commencé cette belle aventure solidaire ? Patrice Gayet : J’étais depuis deux décennies chirurgien de guerre pour Médecins sans frontières. Quand j’ai vu qu’à 1 750 km de chez nous à peine, sur le sol européen, des catholiques se faisaient bombarder, mon tropisme humanitaire a évidemment ressurgi et dès le début du mois de mars 2022 on se rendait là-bas avec mon collègue Pierre-Charles Henry. Ce qui m’a motivé immédiatement à bouger, c’est cette guerre qui faisait rage aux portes de l’Europe, avec des dizaines d’hôpitaux qui avaient été bombardés. L.P.B. : La solidarité s’est rapidement organisée ? P.G. : Très vite des E.H.P.A.D. nous ont donné l’ensemble de leur ancien mobilier, le C.H.U. a donné du matériel, la clinique Saint-Vincent et la P.F.C., les plus petits hôpitaux, d’autres associations, des par ticuliers, et rapidement on a pu mettre en route le premier convoi. Y aller était très important en tant que chirurgiens, cela nous a permis de rencontre nos homo logues, de serrer des mains, d’échanger des regards. Depuis le premier convoi, il y a un suivi très précis, nous savons où convois remplis de matériel médical avec l’association Ukraide créée pour l’occasion. Pierre-Charles Henry, qui lançait il y a trois ans les tout premiers
telles familles” résume Pierre Charles Henry, vice-président de l’association Ukraide qu’il a fon dée avec un de ses amis médecins Patrice Gayet (voir plus bas). Ensuite, ce sont donc les bénévoles qui pren nent le relais en
Le D r Patrice Gayet,
“Une dame vient de nous faire un don de 10 000 euros.”
initiateur de l’asso ciation Ukraide.
va le matériel qu’on envoie.
L.P.B. : Quel est le bilan chiffré en trois ans ? P.G. : C’est près d’une quarantaine de camions qui ont fait le voyage depuis Besançon, avec un relais notamment depuis Morteau. À raison de quasiment 10 tonnes de matériel par voyage, on a déjà envoyé plus de 300 tonnes de matériel d’une valeur marchande globale de près de 5 millions d’euros. L.P.B. : Après trois ans de conflit, il faut continuer à donner ? P.G. : Oui, les gens sont invités à continuer à nous aider. Tous les dons en numéraire servent à financer les transports de la France à l’Ukraine. Le conflit dure depuis trois ans, notre volume de dons baisse chaque année un peu, c’est important de sensibiliser à nouveau à cette cause. n Propos recueillis par J.-F.H.
Plus d’infos sur www.ukraide.fr
Ils sont une bonne dizaine à s’activer pour charger la cargaison.
6 L’interview du mois
Février 2025
ÉTAT
Le préfet du Doubs Rémi Bastille
“Dans le Doubs, il n’y a pas de quartiers ou de secteurs à l’abandon” Tout juste un an après son arrivée à la tête de la préfecture du Doubs, Rémi Bastille balaie les principaux dossiers que les services de l’État auront à aborder cette année dans le Doubs. Avec une actualité chaude parmi d’autres, la lutte contre la criminalité liée aux trafics de stupéfiants.
L a violence liée aux trafics de stupéfiants s’amplifie, et gan grène jusqu’au centre-ville de Besançon. Comment réagis sez-vous ? Rémi Bastille : Ce qui s’est passé à Besançon avec des tirs à la kalachnikov est un fait aussi exceptionnel qu’intolérable. Ce sujet des tirs n’est pas complè tement nouveau, hélas, et c’est un sujet national qui justifie que le ministre de l’Intérieur et le garde des Sceaux en aient fait leur priorité numéro 1 de l’année. La montée en puissance des réseaux criminels liés au trafic de stupéfiants nécessite ici dans le Doubs comme ailleurs un tra vail en profondeur, c’est ce que nous avons engagé ici depuis plu sieurs années. De gros efforts ont été employés à Planoise notam ment pour reprendre en main la situation et éradiquer de nom breux points de deal. Il en reste quelques-uns, trois ou quatre, mais bien sûr que l’objectif est de les éliminer tous. Tout en sachant que les modes de trafics ont beaucoup évolué et nécessi tent des moyens d’enquête diffé rents. À Planoise par exemple, il faut aussi voir le positif, cette lutte sans relâche contre ce fléau a permis une forme d’apaisement depuis quelques mois. Les forces de l’ordre et la police ne relâchent pas leurs efforts contre un trafic qui est bien réel. L’an dernier dans notre département, le nom bre de mis en cause pour trafic a augmenté de 40 % par rapport à l’année précédente. Les opérations dites “place nette” sont elles vraiment efficaces ? R.B. : Elles sont efficaces quand elles sont adossées à des procé
dures judiciaires. Il ne faut donc pas les faire n’importe quand, mais uniquement quand le travail des enquêteurs les rend perti nentes. Il y en a déjà eu deux à Planoise, une dans le secteur de Montbéliard, une à Battant qui nous a aussi permis de contrôler les commerçants dans un quartier qui a exprimé ses attentes en matière de présence des forces de l’ordre. Nous allons continuer à conduire de telles opérations. Dans le Doubs, il n’y a pas de quartiers ou de secteurs à l’abandon. Où en est la F.A.R. (Force d’action répu blicaine) annoncée à grand renfort de communication il y a plus d’un an ? R.B. : Tout le monde aura remar qué qu’avec les différents chan gements de gouvernement, le por tage politique de cette opération
l’A.R.S., etc. L’annonce phare est évidemment la création d’un nou veau commissariat à Planoise. Les études ont été faites, l’aspect foncier réglé, il faut désormais que ce projet à 10 millions d’euros soit calé dans les prochains bud gets du ministère de l’Intérieur. La sécurité reste la préoccupation prin cipale des habitants. Quels sont les derniers chiffres de la criminalité à l’échelle du Doubs ? R.B. : En volume, on constate que les faits augmentent un peu chaque année. En 2024, on a enre gistré une augmentation de + 5,7 % des faits de délinquance. Si on entre dans le détail, on constate que les atteintes aux biens (cambriolages et vols) sont stables, voire en légère régression, et d’un niveau très en deçà de ce qu’il était il y a encore dix ans. En revanche, on déplore une aug mentation très forte des faits d’atteinte à l’intégrité physique dans la sphère familiale ou la sphère des relations proches. Quelle part est liée à la libération de la parole des victimes, à la tolérance plus faible de la société vis-à-vis de ces violences ou une réelle augmentation des faits ? C’est plus difficile de le savoir. R.B. : Les violences intrafamiliales ont augmenté de + 8,2 % en 2024, avec plus de 4 000 faits constatés à l’échelle du département. Les violences sexuelles, elles, ont bondi de + 37,9 %, avec plus de 800 faits constatés. Cela dit sans doute aussi à quel point la société a été aveugle jusqu’ici par rapport à ces violences dont la lutte est une priorité toujours plus affirmée. En chiffres, que représentent ces vio lences ?
Vous êtes arrivés il y a un an avec une première sortie au rond-point de l’Al liance à Étalans face aux agriculteurs en colère. Les choses se sont-elles apaisées pour l’agriculture locale ? R.B. : Le Doubs a la chance d’avoir une agriculture solide avec des filières porteuses, ce qui explique sans doute le peu de manifesta tions constatées. Les questions de simplification administrative touchent bien sûr les exploitants du Doubs aussi. Mais sur ce volet administratif, tout est en cours de traitement et la loi d’orientation agricole devrait être votée assez rapidement. De notre côté aussi, on continue à soutenir la Région pour le versement du F.E.A.D.E.R. Les prochains défis de notre agri culture, c’est notamment l’adap tation à l’évolution du climat, éga lement l’application de la loi Égalim. Sur ce point, on a lancé un travail de fond sur la fourniture de produits issus de l’agriculture locale dans les cantines des col lectivités locales. Il y a encore des marges de manœuvre. La question de l’épandage des boues dans le cadre de l’évolution du cahier des charges des A.O.P. fromagères sera également à traiter. Qu’en est-il du loup dans le massif jurassien ? R.B. : Le nouvel arrêté intermi nistériel est en cours de valida tion. Il permettra de sécuriser juridiquement les tirs de défense. Cela permettra aussi de conforter ce que nous avons mis en place concernant la protection des éle vages bovins, spécifiques à notre massif.
se conjuguent avec des secteurs comme l’automo bile qui souffrent et une horlogerie, notamment côté suisse, qui traverse une période très compliquée. Cela se ressent immé diatement sur les chiffres du chô mage. L’autre fac teur, c’est que des entreprises arri vent au bout des aides auxquelles elles ont droit depuis 2020 dans l’activité partielle de longue durée. Certaines aussi remboursent leur P.G.E. et présen tent des trésoreries
Fermons le chapitre sécurité avec le volet routier. Certains s’étonnent que le préfet du Doubs n’ait toujours pas ordonné la remise en service des radars qui quoi qu’on en dise participent à la baisse de l’insécurité routière. Qu’en est-il ? R.B. : Je suis dans la situation de tous les préfets de France : l’en tretien et la réparation des radars font l’objet d’un marché public et les détériorations de ces radars, on l’a vu encore récemment avec la colère agricole notamment, sont encore nombreuses. La remise en état des radars ne va sans doute pas aussi vite qu’on le souhaiterait mais une chose est sûre, ils seront remis en état et je n’ai aucune tolérance vis-à vis de ces faits-là. Quant aux chif fres de l’insécurité routière, ils ont été stables en 2024 avec 26 tués sur les routes du Doubs, comme l’année précédente. À ce niveau-là, on atteint une sorte de palier en dessous duquel il devient difficile d’agir. On est évi demment bien loin des 170 morts par an constatés sur nos routes dans les années soixante-dix. La prévention et les radars ont bien sûr montré leur efficacité. Vous avez fait de l’emploi et de l’activité économique une autre grande priorité de cette année 2025. Que peut faire l’État à l’échelle du Doubs pour lutter contre une conjoncture économique qui s’annonce compliquée ? R.B. : Le rôle de l’État en matière économique est d’accompagner le mieux possible les entreprises. On constate dans le Doubs que plusieurs facteurs conjoncturels
“Les violences sexuelles ont bondi de + 37,9 %.”
a été quelque peu chamboulé. Mais sur le fond, au ser vice du territoire, l’essentiel des actions contenues dans ce pro gramme F.A.R. sont conduites. Le travail de diagnos tic sur les enjeux de Planoise a été conduit et il a per mis de cibler les forces et les fai blesses de ce quar tier, de lancer des actions dans le cadre de la cité éducative (qui sera bientôt éten due à tous les quartiers priori taires de la ville), sur le plan de la santé avec
“Nous allons continuer à conduire des opérations place nette.”
fragiles, avec déjà des licencie ments dans certains secteurs. Raison pour laquelle nous avons mis en place une cellule de suivi de l’activité économique notam ment dans le Nord Franche Comté, et nous continuons à sou tenir les gros investissements productifs avec des dossiers d’im portance comme Sycrilor à Char quemont par exemple. Le dispo sitif France 2030 de soutien aux projets se poursuivra, en dépit du petit stand-by lié à l’attente de vote du budget en France. Sur le plan économique, la majorité des programmes de soutien seront renouvelés. Mais il va en effet falloir de l’engagement de tous les acteurs de l’économie.
L’interview du mois 7
chissement de Pontarlier à hauteur de 10 millions d’euros. Toutes les procédures sont lancées sur ce dossier et les travaux se concrétiseront dans les années à venir. Ils devraient permettre de gagner 15 minutes de temps de parcours. Il y a d’autres projets comme certains cré neaux de dépassements du côté de la Vrine. Ceux-ci devraient être calés dans le contrat de plan suivant, c’est-à-dire après 2027, et l’enjeu est que les études soient conduites avant. Que dites-vous aux collectivités qui craignent des coupes sombres dans les dotations de l’État ? R.B. : Rien n’est encore arrêté pour les collectivités locales tant que le budget de l’État n’est pas voté, et nous savons que nous aurons besoin collectivement de faire des efforts. Mais faire des efforts, ce n’est pas tout arrêter. La grande majorité des actions de l’État seront confirmées et l’essentiel des dotations continueront à être délivrées. En 2024, trois communes nouvelles issues du regroupement de plusieurs communes sont nées. Y en aura-t-il en 2025 ? R.B. : Il n’y en aura pas cette année, sim plement parce qu’en 2026 il y aura les élections municipales et l’échéance est trop proche. Pour les communes, et les collectivités locales au sens plus large, 2025 sera également l’année où on affi nera la territorialisation de la planifi cation écologique. C’est également un des enjeux importants de l’année. n Propos recueillis par J.-F.H.
Au volet infrastructures routières, le trafic des poids lourds sur la R.N. 83 sera-t-il régulé ? R.B. : Sur ce dossier, nous avons travaillé en toute transparence avec les associa tions impliquées et les élus. Une étude a été lancée, financée par l’État, pour objectiver la réalité du trafic et pour voir, sur le flux total, à quelle hauteur se situe le trafic des poids lourds qui shuntent l’autoroute. Désormais, nous réfléchissons aux meilleures solutions possibles et si on trouve les voies et les moyens pour faire baisser ce trafic sup plémentaire, on le fera. Les solutions seront proposées au cours de ce premier semestre. Et sur l’autre route nationale, la R.N. 57 dont le tronçon de Devecey vient d’être inauguré, la section Beure-Micropolis sera-t-elle enfin réa lisée ? Cette section est intégrée à l’actuel contrat de plan État-Région, les procé dures sont lancées et il n’y a aucune raison de penser que ça ne se fera pas. Je crois savoir que toutes les collectivités locales concernées se sont prononcées en faveur de ce chantier. Il ne faut pas perdre de vue que, même si par ailleurs des investissements significatifs sont mis sur le rail, sur le covoiturage aussi, les déplacements en Bourgogne Franche-Comté se font, à 95 % d’entre eux, en voiture. Et dans la partie haute de la R.N. 57 du côté du Haut-Doubs ? R.B. : Le même contrat de plan prévoit bien le financement des travaux de fran
Rémi Bastille, né à Pontarlier, a grandi dans le secteur de Mignovillard, à la frontière du Jura et du Haut-Doubs. Âgé de 41 ans, il est préfet du Doubs depuis un an.
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à Besançon
2025 15fév
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8 L’ÉVÉNEMENT
Février 2025
R.N. 57, le poumon économique franco-suisse
6 km de route nationale mise à 2 X 2 voies viennent d’être inaugurés à l’entrée nord de Besançon, changeant la vie quotidienne de milliers d’usagers. Mais pour que cet axe stratégique qui relie la Franche-Comté à la Suisse soit totalement désengorgé, il reste encore à traiter deux gros points noirs : la traversée de la partie urbaine de Besançon, et le franchissement de la capitale
du Haut-Doubs. Le point sur un chantier sans fin.
l Routes
Section Miserey-Devecey L’entrée nord de Besançon enfin désengorgée Après la mise en service complète de la 2 X 2 voies
entre Devecey et l’autoroute, inaugurée fin janvier, c’est tout un secteur qui respire. Le chantier depuis sa phase de concep tion aura duré plus de trente ans.
E n retard d’une dizaine de minutes sur l’horaire convenu pour cette inauguration, la pré sidente de Région Marie-Guite Dufay taquine : “Sur un chantier de plus de trente ans, on peut bien prendre quelques minutes de retard!” Si badin soit le ton employé, cette petite remarque illustre bien qu’en matière d’infrastruc tures routières, c’est souvent en décennies que l’on doit raisonner. Ce 22 janvier, enfin, “avec soulagement et bonheur, pour reprendre l’expression de plusieurs riverains de ce secteur nord de Besançon” poursuit M me Dufay, les autorités ont enfin pu couper le ruban de cette section de 6 km mise à 2 X 2 voies, réalisée en deux phases. La pre mière (section sud), réalisée entre 2016 et 2020 entre l’A 36 et l’échangeur de la gare T.G.V. La seconde (section nord), qui a été mise en service fin novembre dernier, entre l’échangeur de la gare et celui de Devecey, dont les travaux ont été menés de 2019 à 2024. Au total, et si on y ajoute aussi les travaux préalables de construction de l’échangeur d’accès à la gare T.G.V. réalisé dès 2011, ces trois phases auront coûté au total 94,8 millions d’euros. Soit près de 16 millions d’euros du kilomètre. Ce chantier n’aura pas été un long fleuve tranquille. Comme le rappelait Hélène
Feuvrier, cheffe du projet R.N. 57 à la D.R.E.A.L. Bourgogne-Franche-Comté, “la première déclaration d’utilité publique remonte à 1992.” Mais il a fallu 22 ans pour voir les premiers coups de pelle avec en 2016 le début de la phase de tra vaux de la section sud. Entre-temps, deux recours judiciaires retarderont le chantier, aboutissant en 2004 à l’annu lation par le tribunal administratif de la D.U.P. Marcel Felt, le maire de Mise rey-Salines se souvient très bien de ce recours de l’association du hameau de Cayenne auquel sa commune s’était d’ail leurs associée. “Miserey s’était associée à ce recours car dans la première version du chantier, il était question d’un stop ou d’un feu rouge pour accéder à Miserey. Un scénario invraisemblable. La copie a été revue pour aboutir à un accès à Miserey beaucoup mieux adapté et sécu risé” se félicite aujourd’hui M. Felt. Les péripéties n’étaient pas terminées pour ce chantier avec une seconde D.U.P. obtenue en 2009 mais que l’association de Cayenne a à nouveau attaqué en jus tice, pour une nouvelle annulation par le tribunal en 2012. Annulation remise en cause par la Cour administrative d’appel de Nancy l’année suivante. Le chantier pouvait enfin démarrer après l’arrêté de dérogation “espèces protégées” prononcé en 2013, puis la fin des acqui
Élus locaux et représentants des services de l’État ont coupé le ruban le 22 janvier dernier.
secteur, “beaucoup moins de circulation d’évitement dans nos communes depuis que la 2 X 2 voies est en service. Cela permet une circulation beaucoup plus apaisée dans les quartiers résidentiels.” Au final, tout le monde s’est réjoui de la finalisation de ce dossier. Sauf peut-être la grande absente de cette cérémonie d’inauguration : la présidente de G.B.M. Anne Vignot. n J.-F.H.
tion nord en novembre, “c’est un gain de temps de 15 minutes aux heures de pointe du matin et du soir pour les usagers, soit 30 minutes par jour” ajoute Hélène Feu vrier. Au-delà du temps de parcours sen siblement amélioré, c’est aussi pour les transports en commun une plus grande ponctualité, 4 km de voies cyclables en site propre aménagés en parallèle entre Devecey et Miserey-Salines et, comme l’ont souligné les maires des villages du
sitions foncières et le déboisement effec tué en 2014. Sur la facture globale de près de 95 mil lions d’euros, l’État en a payé 70 millions, 24 millions ont été assurés par la Région, et 1 million restant par Grand Besançon Métropole qui avait délié sa bourse sur la phase 1. L’entrée nord de l’agglomération bisontine voit passer près de 30 000 véhicules par jour. Depuis la mise en service de la sec
L’événement 9
Février 2025
L’aménagement d’une 2 X 2 voies, c’est souvent l’occasion d’améliorer d’autres aspects d’un bassin de vie. Ressources en eau, cadre de vie, mobilités douces… C’est cela aussi la R.N. 57. l Aménagements 4 km de voie verte Une route, mais pas que…
Hélène Feuvrier, cheffe de projets R.N. 57 pour l’agglomération de Besançon.
Ci-dessous, vue du chantier avant le démarrage de la phase 2 en 2012, pendant les travaux en 2023, et après la mise en service fin 2024 (photos D.R.E.A.L.).
9 5 millions d’euros pour gagner une demi-heure de trajet par jour. Les anti-bagnole pourront trouver la facture salée. Mais plus que deux rubans de bitume et quelques ouvrages d’art, l’amé nagement de cette entrée nord de Besançon s’accompagne de bien d’autres équipements. Ce chantier, c’est désormais le cas de tous les grands aménage ments routier, a été celui de l’éco nomie circulaire. “La totalité des 300000 m 3 de déblais extraits du chantier a été réutilisée sur place. Une partie des matériaux a été recyclée pour fabriquer les enrobés. Les matériaux de moin dre qualité ont servi à fabriquer les merlons acoustiques” illustre Hélène Feuvrier, la cheffe de pro jet R.N. 57 à la D.R.E.A.L. Bour gogne-Franche-Comté. La terre végétale, elle, a été replacée pour former les nouveaux talus sur lesquels la végétation a repris ses droits. Côté faune sauvage, trois mares pour les amphibiens ont été amé nagées. Plusieurs mois après les travaux, les concepteurs du chan tier ont constaté que ces mares “sont largement peuplées d’espèces emblématiques comme les gre
nouilles rousses, les grenouilles agiles, les tritons alpestres, les tritons palmés, les crapauds com muns et autres salamandres tachetées.” Sur les bas-côtés de la 2 X 2 voies, plusieurs bassins ont été créés pour traiter ces eaux usées par décantation et filtration. “Ils peu vent aussi permettre de stocker une pollution accidentelle.” Plu sieurs passages à faune ont éga lement été aménagés sous la R.N. 57 pour renforcer “la diversité génétique des populations.” En matière de compensation éco logique, la D.R.E.A.L. s’est aussi engagée à financer l’entretien et le suivi écologique de près de 20
Une voie verte en site propre de 4 km reliant Devecey à Miserey-Salines a été aménagée par l’État en parallèle du chantier route (photo D.R.E.A.L.).
L e tracé actuel de la R.N. 57 reprend sans doute celui d’une bien plus ancienne voie de communication, “sans doute une voie romaine qui passait dans ce secteur” notent les spécialistes de la D.R.E.A.L. Avant le démarrage du chantier de mise à 2 X 2 voies, des fouilles archéologiques avaient été menées à hauteur du hameau de Cayenne, rue Léon-Baud. Les archéologues de la D.R.A.C. avaient pu ainsi mettre à jour une structure datée de la fin de l’âge du Fer (- 800 à - 100 avant J.-C.), une fosse dont le fond a livré des planches en bois brûlées. mais l’occupation principale de ce site, circonscrite entre plusieurs murs, se rapporte à l’Antiquité. “Les structures maçonnées correspondent aux vestiges d’un sanctuaire gallo-romain constitué d’un fanum (espace sacré du sanctuaire)” note la D.R.E.A.L. Ce fanum carré (13 x 13 m) a été découvert fin 2018 sous 20 cm de terre végé tale. Sur ce même site, les archéologues ont également trouvé des fragments de céramiques antiques, d’importants charbons de bois et des ossements de tailles réduites brûlés. “Ces éléments permettent de supposer la présence d’une fosse-bûcher. Ce type de structure se rapporte à la pratique de la crémation des défunts.” Plusieurs monnaies et une fibule datées du Haut-Empire avaient éga lement été trouvées sur le site. n Un sanctuaire gallo-romain au bord de la R.N. 57
Près de 300 000m 3 de déblais ont été extraits du chantier. À certains endroits, la R.N. 57 est 10 mètres plus bas que le terrain naturel (photo D.R.E.A.L.).
hectares de zones boisées et de prai rie pour une durée de 25 ans. Enfin, ce chantier a permis d’aména ger, financée par l’État et la Région dans le budget glo bal, 4 km de voie douce en site pro pre pour les cyclistes et les pro meneurs du sec teur. n J.-F.H.
Trois mares pour les amphibiens ont été aménagées.
10 L’événement
Février 2025
l Besançon et Haut-Doubs 1 ers travaux à Pontarlier R.N. 57, et la suite ? L’ouverture du chantier au nord de Besançon ne signe pas la fin des travaux sur la R.N. 57. Les deux gros morceaux restants concernant la traversée de Besançon et le secteur de Pontarlier. Besançon, la section Beure-Micropolis
3 ,7 km seulement, et un budget encore plus lourd que la partie nord fraîchement inaugurée. Les 3,7 km de mise à 2 X 2 voies entre les tours de l’Amitié à Besançon et Beure, via Micro polis, coûteront 130 millions d’euros. Derrière ce chiffre exor bitant qui fait bondir certaines associations écologistes, l’amé nagement routier n’est qu’une partie de ce chantier. “Ce qui explique le coût supérieur de ce chantier, ce n’est pas tant l’aspect routier que tous les aménage ments qui y sont associés note Hélène Feuvrier, la cheffe de projet R.N. 57 à la D.R.E.A.L. Autour de cette future route, il y aura de nombreuses pistes cyclables, plusieurs ouvrages qui franchiront la 2 X 2 voies,
entre le diffuseur de Planoise et Beure. La première période de travaux ne concernera donc pas la mise à 2 X 2 voies de la section Beure Micropolis mais essentiellement le traitement de l’accès à Micro polis. Cette première partie de chantier, après la réalisation des dernières études en cours, devrait démarrer en 2026. Les acquisitions foncières ainsi que les études techniques détaillées et les autorisations administra tives sont en cours et se pour suivront pendant toute l’année 2025. “Les travaux sur la R.N. 57 commenceront dès lors que les nouveaux accès au parc des expositions seront dans leur configuration définitive” note la D.R.E.A.L. n J.-F.H.
notamment pour les transports en commun et les modes doux en provenance de Planoise, une passerelle d’accès à Micropolis, ainsi que toute la requalification de l’entrée de Micropolis. Ce bud get comprend également d’énormes projets paysagers.”
Le chantier de la R.N. 57 entre les boulevards bison tins et Beure se divisera en deux tranches. Une pre mière phase de tra vaux entre le dif fuseur de l’Amitié et celui de Planoise inscrite au volet mobilité 2023-2027 du contrat de plan État-Région, puis une seconde phase
Cette première
partie evrait
démarrer en 2026.
Dans la prochaine opération, c’est le secteur de Micropolis qui sera traité en premier.
Pontarlier et le Haut-Doubs, le Département bientôt à la manœuvre
A vant le démarrage du dernier chantier bisontin de la R.N. 57 autour de Besançon, c’est la partie pontissalienne qui fera l’objet de la prochaine actualité avec les travaux de franchissement de Pontarlier qui, avance le préfet du Doubs, “permettront là aussi aux usa gers de gagner 15 minutes aux heures de pointe.” Parce que ce chantier a une forte imprégnation locale, c’est le Département du Doubs qui a pris la maîtrise d’ouvrage de cette portion haut-doubienne des travaux. “Dans le cadre de la négociation du Contrat de plan État-Région 2023-2027 (volet mobilités), l’État, la Région et le Département ont acté un transfert de maîtrise d’ouvrage au Conseil départemental afin de sécuriser le plan de finance ment de l’opération et donc sa prise en considération au titre de ce C.P.E.R. De plus, la nature même de l’opération et la néces saire coordination des travaux sur le Haut-Doubs pour optimi ser la gestion du trafic durant la phase travaux, ont conduit à ce prochain transfert de maîtrise d’ouvrage” justifie Florence Rogeboz, vice-présidente du Département en charge des infrastructures routières. La participation financière forfai taire du Département est de 2,3 millions d’euros pour cette opération d’aménagement de la R.N. 57 au sud de Pontarlier. Ce projet d’aménagement de la R.N. 57 au sud de Pontarlier,
gre également le développement des modes actifs avec la création sur le linéaire du projet de voies dédiées à la circulation des cycles et des piétons. Depuis la fin de l’année 2024, des travaux préparatoires consistant à la démolition des cinq bâtiments déjà acquis dans le cadre du projet ont d’ores et déjà commencé aux Rosiers et se poursuivront au cours de ce début d’année 2025. “Ces tra vaux se feront sans gêne à la cir culation” promet la D.R.E.A.L. Les travaux proprement dits sur la R.N. 57 pourront débuter après que les études techniques préalables et nécessaires à la passation des marchés de tra vaux seront terminées, après que les réseaux souterrains auront été déplacés et adaptés par les concessionnaires et une fois que les opérations foncières auront été menées à leur terme. n
déclaré d’utilité publique en juil let 2022, avait fait l’objet d’un accord décisif en 2024 entre l’État, la Région Bourgogne Franche-Comté, le Département du Doubs et la Communauté de Communes du Grand Pontarlier pour le financement de cette opération qui mobilise plus de 21 millions d’euros. “Le principe de l’opération est d’augmenter la capacité de la R.N. 57 par des aménagements sur l’infrastruc ture existante et donc de répondre à la congestion récurrente consta tée sur la R.N. 57 à l’entrée sud de Pontarlier. Ainsi, une deuxième voie de circulation sera créée entre le lieu-dit Les Rosiers, sur la commune de La Cluse-et Mijoux et le collège Malraux” résument les services de l’État. Les carrefours de la R.N. 57 seront également améliorés depuis l’échangeur R.D. 437 R.N. 57 jusqu’au giratoire de la Gare à Pontarlier. Le projet intè
Le trafic sur les routes nationales dans le Doubs et le Jura
C’est sur la R.N. 57, et en particulier aux abords de Besançon, que le trafic est le plus dense sur l’ensemble des routes nationales traversant le Doubs et la Jura.
Les opérations de démolition ont démarré au lieu-dit les Rosiers à l’entrée de Pontarlier.
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