La Presse Bisontine 271 - Décembre 2024 - Janvier 2025

10 Besançon

La Presse Bisontine n°271 - Décembre 2024 - Janvier 2025

EN BREF

TRIBUNAL JUDICIAIRE

Audience environnementale

Les atteintes à l’environnement dans le viseur de la justice Deux fois par an, le tribunal instruit une audience

Thomas Fersen Le chanteur Thomas Fersen sera en concert le 25 avril 2025 au Théâtre Ledoux à Besançon. Il sera entouré d’un trio de percussionnistes. Billetterie disponible sur https://www.lebruitqui pense.fr/billetterie et dans les points de vente officiels. Musique L’enregistrement par l’Orchestre Victor Hugo des Mélodies d’Adèle Hugo, la fille dont les partitions étaient restées cachées dans une malle pendant plus d’un siècle de Victor Hugo, est désormais disponible. Plus d’infos sur https://www.orchestrev ictorhugo.fr/ Bouloie Le Campus Bouloie Témis a été salué par le prix national d’architecture Équerre d’argent 2024. Ce prix a été décerné par les revues Le Moniteur et A.M.C., il distingue l’ambitieux projet de transformation en cours du campus bisontin. 80 millions y sont investis.

d’obligation, à l’époque, d’identification des espèces protégées. Pour l’avocat de la L.P.O. Maître Liard, “les deux acteurs se renvoient mutuellement la responsabilité, les deux n’ont pas pris le temps ni la mesure des espèces protégées, on intervient à l’aveugle, peu importe la préservation des espèces.” Il souligne également la volonté de l’en treprise de travailler avec les entreprises pour la pédagogie et la sensibilisation. Il demande 10 000 euros de préjudice moral car “tout le travail des bénévoles est sapé” et exige aussi des réparations écologiques par des nouvelles implantations. La com mission de protection des eaux demande également la réparation du préjudice éco logique, elle estime que la responsabilité du commanditaire des travaux est supé rieure à celle du prestataire, et demande 2500 euros de dommages et intérêts. Le procureur Lucas Maillard-Salin, référent du Pôle régional de l’environnement depuis septembre réfute la relaxe des prévenus. “On est sur une infraction de conséquence qui vise la dégradation du milieu. L’entre prise (qui commande les travaux) a les moyens humains et financiers de mettre en place certaines choses comme la demande de dérogation. L’absence totale de faits jus tificatifs demande que l’un et l’autre prévenus soient reconnus responsables.” Le procureur requiert 20 000 euros d’amende pour l’en treprise dans le domaine de l’énergie, 5000 euros pour la seconde assortis de 3 000 euros de sursis, la remise en état des terrains et la publication du jugement dans un journal. Maître Petitjean, conseil de l’entreprise d’élagage, tente de dédouaner son client

l’adjoint au maire de la commune concernée par une partie de l’élagage qui a sonné l’alarme. La commission de protection des eaux, la L.P.O., la F.N.E. et l’A.S.P.A.S. se sont portées parties civiles aux côtés de la commune. Tout l’enjeu qu’a essayé de déterminer le président du tribunal Guillaume de Lau riston est de savoir qui des deux entreprises aurait dû demander la dérogation. Le pres tataire ou le commanditaire? Car le fait d’avoir élagué haie, bosquets, et arbres sur 6 km de ligne électrique n’a pas été remis en cause. L’entreprise dans le domaine de l’énergie a une obligation de sécurité de la population qui la contraint à élaguer la végétation pour éviter qu’elle ne touche la ligne électrique, et ce même en période de nidification, ce qui est strictement interdit pour les agriculteurs notamment ou les receveurs de la P.A.C., comme l’a précisé le président du tribunal. Mais une autori sation administrative était nécessaire. L’en treprise d’élagage argue le non-classement de la zone concernée en Natura 2000 ou Z.N.I.E.F.F. Autre levier actionné, l’urgence face à un danger immédiat de risque d’arcs électriques, ce qui justifierait l’absence de dérogation. Pour Guillaume de Lauriston, la notion d’urgence n’est pas caractérisée. Le commanditaire, lui, avance l’absence

environnementale. Vendredi 29 novembre, sur trois affaires présentées, deux ont été sources de longs débats, notamment celle de maltraitance animale sur des poneys. Récit.

C e jour-là, les bancs de la salle d’au dience correctionnelle sont particu lièrement remplis. La première affaire concerne la destruction ou l’altération d’habitat d’espèces protégées À la barre sont appelées deux sociétés, l’une prestataire en élagage de la seconde, une importante entreprise dans le domaine de

l’énergie. Il leur est reproché sans aucune dérogation administrative d’avoir en 2019 altéré ou détruit l’habitat d’espèces proté gées, telles la mésange bleue, la mésange charbonnière, la pie-grièche ou encore le milan royal dont deux spécimens avaient pu être observés par les agents de l’O.F.B. (Office français de la biodiversité). C’est

Des milans royaux ont été vus sur le lieu d’élagage, qui a été fait sans

dérogation (photo Noël Jeannot).

CHAUDANNE

Autorisée depuis 20 ans La chasse à l’arc a aussi ses adeptes à Besançon

Victorine Kauffmann fait partie de celles qui préfèrent chasser à l’arc. Une pratique qui montre d’autant plus d’intérêt en milieu urbain, selon elle, qu’on se trouve parfois proche des habitations. Certains secteurs n’autorisent d’ailleurs que cet usage, notamment sur Chaudanne.

Q u’une femme chasse, et de surcroît à l’arc peut sembler étonnant. Ce n’est pourtant pas si rare à en croire les connaisseurs. C’est même de plus en plus fréquent. La pratique attire nombre d’ama teurs ces dernières années, aidée par la présence au niveau local de l’association des chasseurs à l’arc de Franche-Comté (A.C.A.F.C.), qui fait passer non seulement la formation régle mentaire mais propose aussi de la compléter. “Depuis qu’elle a été autorisée en 1995 en France, la chasse à l’arc s’est beaucoup démocratisée” , confirme Victorine. “Le fait que ce soit très répandu aux États Unis et l’appétence des jeunes pour cette culture amène à la faire encore plus rayonner.” Si elle atti rait autrefois surtout des anciens chasseurs au fusil, elle touche essentiellement aujourd’hui la jeune génération en première intention. Des jeunes plus en phase avec cette philosophie de chasse à l’approche et à l’affût.

“Ce qu’on aime, c’est ce contact avec l’animal et la nature. On monte dans les arbres, on attend, on observe. On connaît chaque individu et on suit les traces plu sieurs semaines avant. Rien n’est fait au hasard. Cela nécessite tout un travail de repérage” , explique la jeune femme. Cette Bisontine s’y est mise il y a deux ans, dans le sillage de son compagnon archer, Aloïs. Peu sen

ou sangliers, avec les gens qu’elle croise ou sur les réseaux sociaux. Le couple alimente régulièrement de photos son compte Instagram. Membres de l’association com munale de chasse agréée de Besançon (A.C.C.A.), ils évoluent sur différents secteurs comme la Chapelle des Buis ou Chaudanne, où seule la chasse à l’arc est auto risée par endroits. Plus silen cieuse, elle permet d’intervenir en très courte portée. Ce qui est idéal en zone péri-urbaine. Ils leur arrivent aussi d’être chargés de la régulation des ragondins, classés parmi les espèces enva hissantes susceptibles d’occa sionner des dégâts (E.S.O.D.). Si leur présence surprend parfois les résidents, ils sont générale ment bien accueillis. “C’est plus facile de parler de chasse quand on est archer” , reconnaissent-ils, “notamment sur les grandes ques tions du bien-être animal, de la vie sauvage ou de la régulation.” Et si on a souvent cette impres sion d’une chasse plus respec tueuse, ce n’est un hasard, selon

Avec leur arc, Victorine et Aloïs apprécient

particulièrement le contact avec la nature et la faune sauvage.

sible au départ au milieu de la chasse, rien ne l’y prédestinait vraiment. “J’ai passé mon per mis pour démystifier l’image que j’en avais.” Depuis, elle partage avec enthou siasme ses ren contres avec les troupeaux de chamois et autres che vreuils, biches

Adaptée en zone urbaine et résidentielle.

régulièrement au club de tir à l’arc de Marchaux pour s’exercer sur des cibles 3D ou des formes animales en mousse. “C’est très technique. Chaque archer tire dif féremment et personnalise ses flèches. Ce qui nécessite de tester et développer ses connaissances” , ajoute la jeune femme, qui utilise surtout un arc à poulies, plus facile à manier. n S.G.

sachant qu’on n’a qu’un essai. On doit se rapprocher le plus près possible. C’est beaucoup plus exi geant que la carabine ou le fusil et ce qu’on veut éviter, c’est de blesser l’animal” , indique Victo rine. Elle a elle-même tenu à longue ment s’exercer avant de se lancer. “Au début, je tirais 500 flèches par semaine pour m’entraîner.” Le couple continue de se rendre

eux. “Il ne nous viendrait jamais à l’esprit de tirer sur un petit ou sa maman. On prélève principale ment des animaux blessés” , pré cise Aloïs. “La pratique rejoint, sur bien des points, celle des pho tographes animaliers.” Le relevé des pièges photographiques fait d’ailleurs partie des moments qu’ils attendent. “L’état d’esprit n’est pas forcément de tuer,

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