La Presse Bisontine 270 - Décembre 2024
Le portrait 35
La Presse Bisontine n°270 - Décembre 2024
FRANOIS
Métiers d’art
La gravure remise au goût du jour Le travail de Rémi Bultor ne passe pas inaperçu sur les réseaux sociaux, allant jusqu’à titiller l’intérêt du magazine Gala, il y a un an. Le jeune artisan, qui est installé depuis 2023 à son compte à Franois, a dernièrement participé au prix des métiers d’art du Doubs.
P assé par la prestigieuse école Boulle, à Paris, Rémi Bultor avoue être très vite tombé amoureux de la gravure. Au point de ne plus avoir à hésiter sur son orientation. “Cela a été comme une révélation. Il y avait plein de corps de métiers mais la gravure en modelé m’a tout de suite plu, avec son large éventail de possibilités.” Son souhait aujourd’hui est de redonner un coup de jeune à cet art, qu’on ne pense plus fait à la main. “Quand je
fais des démonstrations, on me dit sou vent : “Ça se fait encore, ça !” , ou alors, on est surpris par mon âge.” Installé à son compte depuis peu après avoir tra vaillé plus de 6 ans chez G.E.P. gravure et précision à Saint-Vit, il aimerait aussi donner plus largement accès à ce monde, souvent confidentiel et réservé au luxe, de la gravure faite main. Il devrait ouvrir prochainement une boutique en ligne sur son site Internet (www.rbltr gravure.com). “On est une centaine de graveurs en
Rémi Bultor a déjà travaillé pour de grandes maisons bijoutières et horlogères.
au feu et à la terre viendront compléter la série dans les prochains mois, avec un cadran en argent cette fois.” Depuis son atelier d’à peine 12 m 2 , ins tallé dans sa maison à Franois, Rémi Bultor s’attache aussi bien à répondre aux commandes des professionnels et grandes maisons, que mettre au point des pièces uniques pour les particuliers, les passionnés d’art ou collectionneurs. Du sabre personnalisé pour un militaire,
France. C’est un métier qui se perd mal heureusement et ça me fait mal au cœur” , avoue le jeune artisan. Certaines tech niques, en particulier, comme la glyp tique (gravure des pierres fines) sur laquelle il se perfectionne ces derniers temps, tendent également à disparaître. “On ne doit être pas plus d’une dizaine de professionnels à la maîtriser. Ça se compte sur les doigts de la main.” Ce qui explique aussi, selon lui, qu’on vienne régulièrement le solliciter. Ça, et la visibilité offerte par les réseaux sociaux. Le célèbre magazine people, Gala, est ainsi venu le chercher en octo bre 2023 pour lui consacrer un portrait dans l’un de ses numéros “spécial luxe”. C’est également comme cela qu’il a fait la connaissance de l’horloger Olivier Jonquet, installé à Tarascon, avec qui il a développé une collection de quatre montres uniques sur le thème des élé ments. “J’ai gravé à la main le cadran en laiton des deux premières montres, consacrées à l’air et l’eau. Celles dédiées
Rémi présentait un pendentif en opale bleu du Pérou (une pierre très fragile et rare), sculpté sous forme de sceau cylindrique. “J’y ai gravé un motif de scarabée. On peut ainsi se servir du bijou, le rouler sur la cire ou l’argile pour faire soi-même de petites œuvres.” Une double utilité et une minutie qui a bien failli séduire le jury. Mais le choix final, c’est plutôt porté sur une autre dimension puisque c’est le tailleur de pierre Olivier Cholley, basé à Valenti gney, qui a été désigné lauréat (il par ticipera au prix régional en décembre). Rémi Bultor a, lui, plutôt l’habitude de travailler de très petites pièces. Il fait naître à la pointe de ses échoppes des décors quasi invisibles à l’œil nu parfois. Une précision qui fait toute la beauté de son métier et une sensibilité artis tique qui ne peut se cacher que derrière le travail de la main. “Cela ne pourra jamais être remplacé par la machine” , conclut-il. n S.G.
à la pièce en bronze réa lisée pour le départ en retraite d’un notaire, en passant par divers bijoux (pendentifs, chevalières… ), son savoir-faire l’a déjà amené à bien des créa tions. L’une des dernières en date a été spécialement imaginée pour le prix des métiers d’art du Doubs, organisé en octobre par la Chambre de métiers.
Une récente
collection de quatre montres.
Exemple d’un hippocampe sculpté dans l’amétrine
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