La Presse Bisontine 268 - Octobre 2024

L’événement 7

La Presse Bisontine n°268 - Octobre 2024

l Commerce

Depuis plus de 70 ans

“Le secteur de la bijouterie-joaillerie est tiré par les jeunes” À l’occasion de l’inauguration de son musée à Besançon, la célèbre enseigne de bijouterie-joaillerie revient sur son histoire et partage ses projets de développement. Tour d’hori zon avec André Ségura, président-directeur général de Maty. Zoom

vente à distance, le e-commerce ou les bijoux de seconde main A.S. : À sa création, Maty était la pre mière entreprise française de vente directe d’horlogerie. Puis, elle s’est lan cée dans la vente de montres et de bijoux par correspondance en 1961. Ce qui a très vite eu du succès. En com plément, elle a créé en 1978 l’entreprise S.F.M. de fabrication de bijoux. Puis est arrivé le web. Maty, qui a souvent été pionnière dans le milieu, a lancé en 2000 le premier site français dédié au e-commerce de bijoux, et en 2018, la première marketplace de bijoux. En voyant l’émergence de la seconde main, elle a ensuite décidé en 2021 de le proposer sur son site, après l’avoir déjà implantée dans un quart de son réseau. Il y a eu, enfin, cette année le rachat de Crésus - entreprise spécialisée dans l’achat et la vente de montres de luxe d’occasion - (lire par ailleurs), qui nous fait revenir à nos premières amours et notre A.D.N. horloger. Le groupe, qui emploie aujourd’hui quelque 500 salariés, réalise environ 100 millions d’euros de chiffre d’affaires. Il possède 50 millions d’euros de capi taux propres, pour un endettement très faible et donc une santé saine. L.P.B. : Quel est le positionnement de Maty aujourd’hui ? A.S. : Maty compte 1 million de clients actifs, avec une moyenne d’âge de 46

L a Presse Bisontine : Les bijoux Maty ont marqué des générations et on note, encore aujourd’hui, un vrai atta chement à la marque née à Besançon. Comment expliquez-vous cela ? André Ségura : Maty est une entreprise indépendante, familiale et française. La famille du fondateur, Gérard Man tion, est propriétaire à 100 % de la hol ding Gemafi - qui regroupe Maty, S.F.M. (Société française de manufacture) et E.B.S. - et a toujours eu à cœur de pour suivre son œuvre et cette proximité. On est aujourd’hui un des rares groupes de cette taille qui soit encore français, à l’inverse de nos concurrents. L.P.B. : Et l’histoire dure depuis 1951… Avec un rôle précurseur joué notamment dans la

Bientôt un corner pour les montres de luxe à Besançon ? S i elle veut évidemment rester posi tionnée sur le bijou, l’enseigne Maty a également des vues sur le marché de la montre. Une volonté appuyée, cet été, par le rachat de Crésus (spécialiste de la montre de luxe de seconde main qui était placé en redres sement judiciaire). La marque bisontine a repris deux des cinq magasins de Crésus (et transféré un troisième sur Paris), ainsi que son site de vente en ligne et son atelier horloger. “Nous étions déjà en partenariat avec eux depuis 2021” , précise André Ségura, P.D.G. de Maty. “Ils disposaient de “cor ners” dans six de nos magasins.” Des points de vente intégrés de montres de luxe d’occasion que la marque bisontine aimerait davantage déployer dans ses boutiques à l’avenir, avec de nouvelles ouvertures envisagées comme à Tours ou Dijon. Besançon pourrait aussi être concernée. André Ségura prévient tou tefois : “Crésus va garder son identité, nous voulons développer la marque avec son A.D.N.” Maty y trouvera, elle, l’occasion de renouer avec sa culture horlogère. Une montée en gamme assu mée, qui ne dénoterait finalement pas tant avec le positionnement populaire de la marque, qui s’attache “à rendre le précieux accessible” , comme le rap pelle son P.D.G. n

bien eu quelques fer metures, mais cela relève de la vie nor male d’un réseau. Après nous être cherchés pendant quelques années, on avance à nouveau avec notamment le relooking de nos bou tiques et de leurs façades.

ans. Les ventes se font via plusieurs canaux : par correspondance (avec 1,5 million de catalogues distribués), sur le web et en marketplace, dans des magasins propres et affiliés ou auprès de bijoutiers indépendants. On gère également le rachat de bijoux, le service après-vente et l’avant-vente (person nalisation, mise à taille, gravure…). 50 % du chiffre d’affaires est réalisé en magasin, 40 % sur le web et 10 % par catalogue et téléphone. L’enseigne a de nombreux atouts : une bonne connaissance client, un solide savoir faire et une logistique adaptée. Le web est également en progression avec près de 14 millions de visiteurs en 2023. Tout comme notre présence sur Ins tagram avec 60 000 abonnés. Ce n’est pas encore au niveau de l’audience du site, mais nous y travaillons. L.P.B. : Quid de la politique concernant les magasins, marquée un temps par des ferme tures ? A.S. : On veut continuer à développer notre parc. L’objectif est d’arriver à une soixantaine de magasins (aux deux tiers intégrés et un tiers affiliés). Maty en compte 40 à l’heure actuelle. Il y a

“L’objectif est d’arriver à une soixantaine de magasins.”

L.P.B. : Comment se porte le secteur de la bijouterie-joaillerie ? A.S. : Assez stable d’année en année, le secteur est tiré par les jeunes qui mon trent une appétence plus forte, surtout sur la fantaisie et le contemporain. Il pesait 5,6 milliards en 2019, avec une répartition de 65 % pour les bijoux et 35 % pour les montres. La moitié du chiffre est réalisée par le luxe. On a vu le nombre de points de vente indé pendants fortement diminuer ces der nières années, passant de 14 000 en 1977 à 2 000 en 2020, tandis que les groupes multi-enseignes et les chaînes succursalistes se sont développés. n Propos recueillis par S.G.

André Ségura a été nommé à la direction de Maty fin 2020.

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