La Presse Bisontine 267 - Septembre 2024

22 Le dossier

La Presse Bisontine n°267 -Septembre 2024

l Valdahon et alentours Les 4, 5 et 6 septembre Une libération rapide et sans gros combats Le secteur Pontarlier-Valdahon a été libéré en trois jours un peu avant Besançon, entre le 3 et le 6 septembre par la 3 ème division d’infanterie algérienne de l’Armée française. Si les combats n’ont pas fait rage comme ailleurs, des accrochages ont tout de même eu lieu, notamment à Étalans.

Valdahon a été libérée le 6 septembre. Ici, la photo a été prise le jour de la Libération devant l’ancienne station totale,

aujourd’hui à côté du Crédit Agricole.

La ville a été libérée par la 3 ème division d’infanterie algérienne de l’armée française. La photo a été prise devant l’ancien magasin Paulet, à côté de la mairie.

À Valdahon, la date qui a marqué les esprits et est encore aujourd’hui largement

tus sans jugement ni interroga tion. Une poignée de jours plus tard, la 3 ème division d’infanterie algérienne de l’Armée française libérait le secteur de Pontarlier au centre-bourg en passant par Nods, Étalans, Loray. Le tout en trois jours. “Il n’y a pas vraiment eu de gros combats, remet Cédric Gaulard, président de l’associa tion Mémoires de nos pères. Les troupes françaises ont encerclé Valdahon le 5. Les troupes alle mandes, stationnées au camp, ont évacué sans résistance. Le 26 août, les Ukrainiens avaient déserté le camp, une partie des troupes allemandes était amoin drie. Et le reste s’est replié en Alsace.” Auparavant, Nods a été libérée le 4 et 5 septembre, Loray le 5 septembre. Étalans a connu les combats les plus violents sur trois jours, les 4, 5 et 6 septembre. Au carrefour d’Étalans, quatre chars allemands se tenaient en

commémorée, n’est pas le 6 sep tembre, date de la libération mais bien le 27 août 1944. Ce funeste jour, 8 civils ont été abat

embuscade et ont réussi à détruire un blindé français. “Les chars allemands ont réussi à tenir en échec l’armée française” , reprend Cédric Gaulard. De nombreux civils et résistants ont été tués ainsi que quatre soldats. Une stèle érigée au rond point de la Croix de Pierre leur rend hommage. Si la Ville de Valdahon n’a pas prévu de festivités particulières pour célébrer les 80 ans de la libération, ce n’est pas le cas d’autres communes comme Ornans, Chamesol, le Pays de Clerval… Toutes ont en commun d’avoir fait appel à l'association Alsace 45 présidée elle aussi par Cédric Gaulard. Sa spécialité est la reconstitution d’un hôpital militaire. “Il faut rechercher quelles unités médicales étaient présentes dans ces communes,

dénicher leur histoire pour ensuite pouvoir coller à la réalité et reproduire les tenues et le maté riel adéquats” , explique Cédric Gaulard. Enfin, l’association se déplacera à Châtel-sur-Moselle sur invi

tation du 13 ème régiment de génie de Valdahon. Ce dernier a, en effet, libéré cette zone il y a 80 ans. Dans le cadre de la fête de la libération, les militaires refont la traversée de la Moselle. n L.P.

L’association Alsace 45 réalise des reconstitutions d’hôpitaux militaires, elle est présente aux commémorations des 80 ans de la Libération dans plusieurs communes du Doubs.

l Histoire Trois jours avant Besançon 5 septembre 1944, Pontarlier libéré Fruit de l’action conjointe des forces alliées de la 3ème Division d’infanterie Algérienne et des F.F.I., la libération de Pontarlier procède d’une habile manœuvre d’encerclement qui vient à bout des dernières poches de résistance allemandes dans la matinée du 5 septembre 1944. Récit d’une journée effectué à partir des notes de l’historien pontissalien Daniel Lonchampt.

“Ce fut le solide accrocheur Franzini, l’homme planeur des hautes altitudes, qui se chargea d’aller hisser la girouette au sommet de la porte Saint

L’ épisode pontissalien s’inscrit dans un vaste mouvement engagé à partir du 15 août 1944 quand les troupes amé ricaines et l’armée B du général De Lattre de Tassigny débarquent en Pro vence. Entrée la première à Toulon, la 3 ème D.I.A. a pour mission de traverser au plus vite les Alpes et le Jura pour couper la retraite des régiments alle mands bousculés par le 6ème Corps d’Armée américain qui remonte par la vallée du Rhône. L’objectif des libérateurs est de parvenir à la Trouée de Belfort où Hitler a donné l’ordre à ses hommes de se replier. Après avoir libéré Chambéry et Oyon nax, la 3 ème D.I.A. arrive à Saint-Claude le 3 septembre puis se divise en deux groupements, l’un partant sur Morez Champagnole, l’autre sur Mouthe et Pontarlier. Quelques jours avant la Libération, la capitale du Haut-Doubs baigne dans une atmosphère particulière. Toutes les communications sont coupées, la population vit dans la crainte des exac tions des “Vlassov”, ces soldats cosaques à la solde des Allemands qui composent

Le régiment arrive à Oye-et-Pallet où le lieutenant-colonel Coutard installe sur P.C. Les F.F.I. l’informent que l’oc cupant a concentré une partie de ses forces à l’entrée de la Cluse en négli geant de protéger le secteur ouest de Pontarlier vers la gare. À partir de ces informations, le colonel de Linarès éla bore son plan d’attaque basé sur un mouvement d’encerclement engagé avec le soutien des F.F.I. Il reçoit dans la journée le renfort des troupes arrivant de Champagnole qui participeront à l’opération en coupant les axes de com munication en direction de Besançon. La manœuvre d’encerclement se met en place dans la nuit du 4 septembre. La 7 ème compagnie occupe les villages au nord de la ville. La 2 ème compagnie s’installe à Doubs où le commandant Valentin installe son P.C. L’assaut débute à 7 heures. Un double mouvement de troupes venues de la Chapelle et de la rue des Granges se déploie pour investir la gare. Les soldats du 3 ème R.T.A., aidés par les résistants poursuivent le combat en direction du centre-ville faisant tomber une à une les poches de résistances allemandes.

l’essentiel des troupes d’occupation, soit environ 1 500 hommes, concentrées alors sur Pontarlier et Mouthe. Le 27 août justement un bataillon d’Ukrainiens composé de 450 hommes retourne sa veste et rejoint les troupes alliées à Valdahon. Du côté de la Résis tance, on compte environ 200 F.F.I. sous les ordres du colonel Lagarde, secondé par le Pontissalien Jules Pagnier alias le capitaine Marion. Le 30 août, les F.F.I. interceptent à la Vrine un véhicule allemand avec de précieux renseignements sur le posi

tionnement des sol dats allemands sur la montagne juras sienne. Dans le Haut Doubs, les combats débutent le 4 septem bre à Mouthe qui sera libéré en fin de journée par les sol dats du 3 ème Régi ment de Tirailleurs Algériens aux ordres du Colonel de Lina rès. Cap sur Pontar lier.

Un plan d’attaque

Pierre.” Tout un symbole.

basé sur un mouvement d’encerclement.

Du côté de Doubs, la compagnie du commandant Valentin attaque par l’est, investissant la rue de Morteau, le pont des Chèvres, les casernes Mar guet. À 9 heures, le centre-ville est libéré. À 9 h 30, le colonel de Linarès installe son P.C. à la sous-préfecture. Les combats se poursuivent au Lar mont où les F.F.I. et la 10 ème compagnie

menacent d’être débordés mais les Alle mands subissent de lourdes pertes. Pontarlier est totalement libéré à 13 heures. Acclamé par la foule pon tissalienne, le 3 ème R.T.A. poursuit sa marche victorieuse en direction de Morteau, Maîche, avant d’être contraint de s’arrêter vers Pont-de-Roide, stoppé par une grave crise logistique. n F.C.

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