La Presse Bisontine 266 - Août 2024
Le dossier 21
ÉDITION SPÉCIALE ÉTÉ - Août 2024
l Amancey
Savoir-faire locaux
Le bon goût d’Aromacomtois Aromacomtois, situé au cœur d’Amancey, distille les aiguilles de résineux des Montagnes du Jura pour produire des huiles essentielles. Grégory Haye, l’un des fondateurs, est guidé par la volonté de mettre en avant le territoire à travers ses produits. Savoureux et de bon goût.
A u cœur d’Aromacomtois se nichent le sapin et l’épicéa. De leurs aiguilles se déploient les branches de l’entreprise située à Amancey. Ici, les résineux sont utilisés dans toutes leurs essences grâce aux mains expertes de Grégory Haye. L’ancien ingénieur a fondé Aro macomtois en 2017 associé à Olivier Tissot, pharmacien, et Pierre Gavignon, chef d’entreprise spécialisé dans la fabrication d’autoclaves. Dans l’ancien local de la Poste, les aiguilles des résineux des montagnes du Jura se transforment en huiles essentielles ou hydrolats. Dans un rayon de 20 kilomètres, Grégory Haye et Aurélien Dalloz collectent les branches de sapins ou d’épicéas dans les forêts gérées par l’O.N.F. ou des exploitants privés. Si auparavant, la récolte se faisait après le travail des bûcherons, dernièrement, les deux hommes récoltent uniquement sur les
sionnel responsable d’entreprise agri cole en plantes aromatiques et médi cinales, Grégory se lance dans l’aven ture des huiles essentielles autour des résineux, inspiré par un stage effectué dans les Vosges. Trente tonnes sont récoltées chaque année, pour environ 70 à 80 litres d’huile par an. Les aiguilles sont ensuite broyées puis distillées par extraction à entraînement à vapeur d’eau. Du processus sortent de l’huile essentielle et de l’hydrolat, lui aussi valorisé. “L’huile essentielle de résineux a deux propriétés: elle permet de déconges tionner les voies respiratoires et toute la sphère O.R.L. Elle peut aussi être utilisée comme antalgique pour calmer des douleurs articulatoires, des tendi nites. Elle peut être tonifiante pour le bas du dos et permet aussi un rééqui librage nerveux” , explique Grégory Haye. Si les huiles de massage, notamment celles de préparation et de récupération de l’effort rencontrent un beau succès, en partie grâce à la sportive Manon Bohard, sponsorisée par Aromacomtois, l’huile essentielle de résineux est de plus en plus utilisée comme arôme ali mentaire. Que l’on peut retrouver sur quelques tables étoilées. Dans cette même veine, Grégory Haye propose dans sa boutique des bières aromatisées au sapin ou à l’épicéa, brassée par les Deux Fûts. Sirops de sapins et confi serie complètent la gamme alimentaire, qui sera bientôt enrichie d’un apéritif. “On travaille sur une recette pour un apéritif, on veut quelque chose d’ori
arbres déracinés à cause des intem péries. Ils ramassent à la main les branches et les transportent à dos d’homme jusqu’à leur véhicule garé en bordure de forêt. “C’est un souhait de ne pas être motorisé. C’est une activité respectueuse de la nature, c’est une autre manière de valoriser la forêt” , reprend le fondateur d’Aromacomtois. Ce dernier, formé en tant qu’ingénieur en optique électronique, ayant exercé
Grégory Haye a créé la marque Aromacomtois autour des résineux locaux qu'il décline même jusqu’aux coffrets de produits faits dans des boîtes aux sangles d’épicéa.
dans l’encadrement dans l’industrie, a changé de voie profes sionnelle. “Je voulais travailler pour un autre monde que celui inféodé à la finance.” Sportif, ultra-trailer, il souhaitait aussi travailler dehors. Après un an de forma tion au lycée agricole de Montmorot et l’obten tion d’un brevet profes
Récolte des branches à la main sans motorisation.
par une association. Les coffrets de produits sont des boîtes de mont d’or en épicéa du Jura fabriquées par un sanglier de Vaux-et-Chantegrue. Jusqu’à il y a peu, Aromacomtois était la seule entreprise en France à produire des huiles essentielles de résineux locaux. La deuxième société de ce type est installée à Albertville. Grégory Haye a livré ses recettes qu'il a créées ainsi que la fabrication de son alambic auto-conçu. “On n’a rien à cacher, au contraire, on est dans le partage” , sou ligne celui-ci. Dans cette optique, des visites, gratuites, de l’entreprise à Amancey, sont organisées régulière ment. n L.P. Y aller : Aromacomtois 3, place de la Mairie 25330 Amancey Tél.: 09 62 55 59 25 E-mail : contact@aromacomtois.fr www.aromacomtois.fr
ginal” , précise le fondateur d’Aroma comtois. Des savons solides sont également ven dus, fabriqués par la savonnerie La Guillounette de Mouthier-Hautepierre. Les bonbons sont fabriqués à Gérard mer quand les gommes sont produites entre Montbéliard et Mulhouse. “Tous les produits que l’on ne fait pas nous mêmes sont fabriqués à façon pour nous” , explique Grégory Haye. Les boîtes de confiseries racontent elles aussi toutes les valeurs d’Aromacom tois. Ornées de dessins de Denis Bau quier, réalisés sur mesure incluant les symboles de la Franche-Comté, les boîtes sont fabriquées par une société familiale en Eure-et-Loir, historique ment dédiée à la fabrication de boîtes de cirage et qui s’est diversifiée. “C’était compliqué de trouver des boîtes de bon bons qui ne sont pas fabriquées en Chine” , avoue Grégory Haye qui n’a pas pour autant lâché l’affaire. Ici, tout provient du local, du régional et d’un peu plus loin, en tout cas tout est issu de France. Les meubles du magasin sont faits de palettes recyclées, montés
L’alambic a été conçu par Grégory Haye. Il permet de distiller jusqu’à 500 kg
d’aiguilles à chaque fois.
l Landresse
Plantes aromatiques et médicinales
L’Atelier sauvage, herboristerie familiale pleine de douceur À Landresse, l’Atelier sauvage, herboristerie et distillerie, cultive sur un hectare des plantes aromatiques et médicinales ainsi que de l’absinthe. Lysianne Perrier et Fabien Cucherousset les transforment, d’une part en boissons alcoolisées, et d'autre part en tisanes, cosmétiques et, chose plus rare, en complément alimentaire.
Lysiane Perrier s’occupe de l’herboristerie quand Fabien Cucherousset s'attelle à la distillation, notamment d’absinthe (photo Anne Chopard Lallier).
T ous les jeudis de juillet et août, l’Atelier sauvage s’ouvre au public. La qua rantaine d’espèces de plantes que cultive l’herboristerie-dis tillerie se découvre, sous les mots de Lysiane Perrier. C’est elle qui a créé en 2021 l’Atelier sauvage, rapidement rejointe un an plus tard par son conjoint Fabien Cucherousset. Ce dernier s’oc cupe de la partie distillation de plantes pour boissons alcoolisées - gin, liqueur, absinthe blanche - quand Lysiane gère l’herbo risterie et la fabrication de tisanes, cosmétiques et huiles essentielles. Les deux ont effec tué une reconversion, Lysiane
s’est formée pendant trois ans à l’école lyonnaise des plantes médicinales et aromatiques. Contrairement à d’autres pro ducteurs de plantes aromatiques et médicinales, la jeune femme ne produit pas d’hydrolat ni d’huile essentielle. L’Atelier Sau vage réalise 6 tisanes (plus des
pléments alimentaires sont faits à partir de la plante entière, de la racine aux fleurs, avec une macération dans l’alcool. C’est vendu en compte-gouttes. Par exemple, la racine de valériane a des propriétés anti-dépresseurs et anxiolytiques. Bien sûr, il faut toujours l’avis du médecin” , éclaire Lysiane. Actuellement en conversion en agriculture biologique, Lysiane et Fabien s’auto-astreignent à suivre le cahier des charges très restrictif du Syndicat Simples, regroupant des producteurs de plantes aromatiques et médici nales dans toute la France. “Nous avons toujours été très
lement, à la suite de fortes demandes pour des boissons non alcoolisées, le couple travaille sur un produit à base de roses. Tout en douceur, l’Atelier sau vage distille savamment du bien être. n L.P.
Le séchage avant transformation se fait également sur place. Le couple est toujours en créa tion, dans la recherche et déve loppement. Avant de lancer l’en treprise, il lui aura fallu trois ans d’essais, notamment dans l’élaboration des recettes. Actuel
liés à la nature, poursuit Lysiane. Les plantes sont adap tées à notre sol à 700 mètres d’al titude. Le but n’est pas de forcer la plante. Tous les ans, nous fai sons de nouveaux essais pour voir si la plante s’adapte.” La quarantaine d’espèces que cultive l’Atelier sauvage provient de leur bouture et de leurs graines. La matière première est constituée de leurs récoltes et de cueillette sauvage effectuée dans la forêt qui leur appartient.
saisonnières), des baumes pour le corps comme le baume au souci, à la consoude, à la pâquerette. Plus rare, Lysiane fabrique 9 com pléments alimen taires. “Les com
Respect de la nature et de la plante.
Y aller : L’Atelier sauvage Sur la côte - 25530 Landresse Tél. : 06 32 84 91 26 - contact@latelier-sauvage.fr latelier-sauvage.fr
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