La Presse Bisontine 265 - Juillet 2024
L’événement 7
La Presse Bisontine n°265 - Juillet 2024
l 2 ème circonscription Majorité Présidentielle Benoît Vuillemin, l’homme du président La deuxième circonscription compte cinq candidats au premier tour. Si Éric Fusis (R.N.) et Brigitte Vuitton (Lutte ouvrière) étaient déjà sur les rangs en 2022, Daniel Roy (L.R.) et Dominique Voynet (Nouveau Front Populaire) se présentent pour la première fois sur ce territoire. Le cinquième, Benoît Vuillemin a déjà été candidat en 2012, sans étiquette. Cette fois-ci, il prend le parti d’Emmanuel Macron.
Benoît Vuillemin
reçoit le soutient d’Éric Alauzet qui ne se représentait pas.
D ans les allées du supermarché, il serre les mains à tout va, sourire aux lèvres, très à l’aise. Tracts sous le bras, Benoît Vuillemin fait ici campagne pour les législatives pour la majorité présidentielle-Renaissance “de la droite républicaine à la gauche social-démo crate.” A ses côtés, Éric Alauzet, député sor tant qui s’est désisté à son profit, et sa sup pléante, Agnès Martin, conseillère municipale à Besançon. Et s’il explique la raison de s’engager pour faire barrage aux extrêmes (droite et gauche), l’un des axes principaux de sa campagne est de redonner du pouvoir d’achat. À 50 ans, le chef d’entreprise et maire de Saône depuis 2020, charismatique, partage quelques traits communs avec le président Macron. Dont sa connaissance du monde économique et de quelques huiles politiques, telles que le premier ministre Gabriel Attal, le sénateur Longeot, Édouard Philippe, Éli sabeth Borne. “Je vais être taxé de candidat
de l’économie, de la consommation. Mais j’assume, face à une extrême gauche décrois sante et une extrême droite incapable de gouverner” , assène Benoît Vuillemin, vigou reusement soutenu par Éric Alauzet qui renchérit : “Avec le programme du Nouveau front populaire, on court au chaos écono mique.” Pourtant, dans le même temps, Esther Duflo, prix Nobel d’économie, estimait que “le Nouveau Front populaire, joue le jeu du pragmatisme : il y a une liste précise de mesures échelonnées, un chiffrage des recettes et des dépenses, qui sont plus ou moins en phase (source radio France)” , et Matthieu Pigasse, banquier d’affaires et patron de presse, incitait à voter pour le programme du N.F.P. Reste que Benoît Vuillemin, arguant être le candidat de la proximité (notamment face à Dominique Voynet dont il dénonce le parachutage) avance quelques propositions concrètes comme instaurer une T.V.A. sur les ventes Internet qui permettrait de baisser
la même taxe sur les produits de première nécessité. Il milite pour un plan prospectif de la consommation. Par ailleurs, il souhaite défendre le statut de maire. “Je pense que les élus nationaux ne sont plus écoutés, les maires ont encore cette capacité, la confiance de la population. Les maires ont une très bonne parole à porter au niveau de l’État. Il faut des députés issus des territoires.” Benoît Vuillemin souhaite aussi une tran sition écologique raisonnée, sereine, apporter en cas d’élection, son concours pour de grands projets structurants sur le territoire, notam ment sur la mobilité (soit le projet de contour nement de Besançon). Celui qui a fait aboutir le projet d’une gendarmerie à Saône vise également la sécurité des citoyens. Mais s’il est résolu à combattre, l’homme du pré sident sait que sa position est compliquée. n L.P.
Réaction Après 12 ans de mandat “Je n’avais plus de jus pour continuer” Le député sortant Éric Alauzet n’a pas eu l’énergie de repartir au combat après des dernières années parti culièrement éprouvantes selon lui. Il s’en explique. La Presse Bisontine : Vous avez renoncé à repartir en campagne pour ces législatives. Un mélange d’amertume et de soulagement ? Éric Alauzet : Je n’ai aucune amertume. En repartant en 2022, je m’étais dit que c’était la dernière fois. Une fois la dissolution passée, après l’engouement d’une nouvelle perspective de campagne, et après avoir pris un peu de recul, je n’ai pas eu l’énergie nécessaire pour repartir à la bataille. Les deux années qu’on vient de vivre ont été particulièrement difficiles à l’Assemblée nationale avec une inquiétante dégradation du débat dans notre société. Pour moi qui aime le débat, la confrontation d’idées, l’argumentation, la nuance, voir la vio lence et la volonté d’en découdre de certains éléments d’extrême gauche et d’extrême droite m’a découragé. Je n’avais plus de jus pour continuer. Mais je n’ai aucune amertume par rapport à ma décision. L.P.B. : De l’amertume peut-être alors par rapport au manque de recon naissance concernant votre travail durant 12 ans à l’Assemblée ? É.A. : Je crois avoir fait la preuve de mes engagements politiques depuis 35 ans, je n’ai plus rien à prouver sur ce plan. Et je sais aussi qu’il ne faut pas attendre de reconnaissance de quiconque, cela fait longtemps que j’ai intégré cela, dans une société qui tire sur tous ceux qui prennent des responsabi lités. L.P.B. : Vous avez tout de même soutenu Benoît Vuillemin pour la campagne. Et que ferez-vous après ? É.A. : Oui, parce que dans ce contexte de démagogie permanente, entendre les deux campas extrémistes promettent tout et n’importe quoi, ça ne peut pas durer. L’extrême droite est évidemment à rejeter car elle stigmatise une partie de la
l 2 ème circonscription Le retour de l’ancienne ministre Dominique Voynet, come-back
Dominique Voynet entend apporter tout son poids politique, héritée d’une longue expérience, au Nouveau Front populaire pour obtenir un siège à l’Assemblée nationale.
et parachutage Incontestablement, l’annonce de sa candidature pour le Nouveau Front populaire (suppléée par Anthony Poulin, adjoint d’Anne Vignot) dans la seconde circonscription a suscité bien des remous.
D ominique Voynet, ex retraitée de la vie poli tique, peut se targuer, à l’inverse de ses adver saires, d’avoir embrassé de nom breux mandats nationaux : dépu tée du Jura, députée européenne, sénatrice, maire, conseillère régio nale et bien sûr ministre. Elle compte sur sa longue expérience pour que les urnes penchent en sa faveur. “On a cherché à allier de la jeunesse à de l’expérience. J’ai bien conscience que si on se rate cette fois-ci, on ne pourra plus faire barrage à l’extrême droite. On (le N.F.P., N.D.L.R.) a cherché des députés expérimen tés et enracinés dans le réel, des gens qui ont une approche de la complexité des décisions, et ne pas se contenter de mesures, de symboles. Je pense que j’ai ce pro fil-là. Je me suis présentée à la
demande des forces de gauche. Cette mission qui m’est confiée, je la vois comme une tâche et un service à rendre qui vise à empê cher l’accès au pouvoir à l’extrême droite.” Immédiatement, des voix mécon tentes se sont élevées contre un parachutage “venu de Paris ou de Dole.” Qui n’en est pas un pour certains membres d’E.E.L.V. Pourquoi par ailleurs ne s’est elle pas présentée dans le Jura, comme lors de son dernier man dat de députée? “Nous avions un bon candidat en 2022 à Dole, qui souhaitait repartir. J’ai répondu aux militants du Doubs après avoir bien réfléchi. J’ai commencé à militer à Besançon, j’y ai été candidate aux munici pales, j’ai porté la lutte contre le grand canal pendant des années jusqu’à la victoire finale… Je
elle botte en touche non sans déverser quelques piques à ses adversaires. “La mission d’un député est de faire la loi et de contrôler le gouvernement. Et non de s’immiscer sur les projets locaux. On peut donner son avis, cette mission de service, tous les députés l’assument. Dans la cam pagne, on va entendre des pro messes démagogiques, une cer taine tentation d’annoncer des travaux pharaoniques sur les quels ils n’ont aucune prise, car ceux qui décident sont la Région, l’État, etc. Les Français attendent du sérieux, est-ce qu’ils entendent encore les promesses démago giques ?” Dans tous les cas, parachutage ou pas, une question se pose: Dominique Voynet va-t-elle sur voler l’élection ou se crasher au sol ? n L.P.
pense bien connaître cette cir conscription” , rétorque l’ancienne ministre. Redonner foi en l’avenir, restau rer la confiance dans l’action publique, mettre en œuvre une écologie non pas punitive mais raisonnée, empêcher un “député brun de plus” d’accéder à l’As semblée nationale… telles sont ses axes de campagne. “Le contrat de législature que l’on a adopté ensemble, il est plus concret, plus responsable, plus acceptable et moins clivant que les 600 mesures de la N.U.P.E.S., éditées en 2022 lors des dernières élections. Ce document fait consensus, souligne Dominique Voynet. Remettre un peu d’humain et de sens fait partie de mes missions.” Quant à savoir sur quels projets locaux, la possible future députée pourrait apporter son soutien,
population, c’est un parti dangereux. Du côté de l’extrême gauche, c’est du point de vue économique et budgétaire qu’elle est très dangereuse en promettant qu’elle dis tribuera de l’argent à tout le monde, en méprisant le travail, l’effort, le mérite. L.P.B. : La colère des électeurs n’est pas légitime ? É.A. : Je ne dis pas cela, mais c’est aussi un raccourci de tout mettre sur le dos des diri geants actuels et passés. On traverse dans le monde de multiples crises, il est devenu de plus en plus difficile de régler les pro blèmes car on est de plus en plus interdé pendant avec le reste du monde, avec des citoyens de plus en plus exigeants et au final, ça fait des étincelles. Il faut impé rativement retrouver le sens du débat. n Propos recueillis par J.-F.H.
“Il faut impérativement retrouver le sens du débat.”
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