La Presse Bisontine 264 - Juin 2024
Le Grand Besançon 25
La Presse Bisontine n°264 - Juin 2024
TRAVAUX ROUTIERS Au niveau de Chouzelot et Vorges-les-Pins Coupe franche des arbres le long de la R.N. 83
Les automobilistes qui empruntent la R.N. 83, direction Quingey, ont pu s’en rendre compte. D’importants travaux d’abattage et d’élagage ont eu lieu il y a quelques semaines, pour sécuri ser les abords de la route nationale sur plus de 2 km. Une mesure inévitable selon la D.I.R.-Est.
“C’ est vrai que quand on connaît cette route, on se demande ce qui s’est passé. Mais on n’avait pas le choix.” Les élus des communes de Chouzelot et Vorges-les-Pins, pro priétaires d’une grosse partie des par celles concernées, ont dû s’en remettre aux demandes de sécurisation de la D.I.R.-Est. Plusieurs arbres menaçant de tomber sur la route. “On a eu pas mal d’échanges ces deux dernières années et il a été convenu qu’il y avait un risque sécuritaire” , indique Franck Esmieu, le responsable du district de Besançon à la D.I.R.-Est. Les maladies et les sécheresses à répé tition, associées aux nombreux épisodes venteux, expliqueraient ainsi le choix du “nettoyage” de ces parcelles boisées sur une bande de 20 mètres de part et d’autre de la chaussée. Une solution radicale mais justifiée selon la D.I.R.- Est, sur cet axe structurant qui est emprunté chaque jour par 11 000 véhi cules, dont 2 000 poids lourds. “On devait intervenir assez régulièrement
Toute la partie aval (côté gauche de la chaussée en direction de Quingey), qui concerne des propriétaires privés, a également représenté une forme de casse-tête. Avec une parcelle en indi vision d’une vingtaine d’hectares, par tagée en plusieurs lots. “Les proprié taires ont missionné une entreprise privée pour le faire.” La configuration des lieux, très pentue, avec un accès limité et un trafic dense, offrant peu de possibilités, et ne permettant pas vraiment, de même, d’envisager une exploitation forestière. Reste que certains s’interrogent sur les conséquences de cette coupe sévère, qui pourraient mener à des éboule ments et glissements de terrain (comme observés récemment sur la côte de Morre) et à de nouveaux points chauds en période de canicule, sur une route autrefois bien ombragée. Moins gênés par la végétation, certains automobi listes auraient aussi tendance à davan tage accélérer d’après de premières observations. n S.G.
depuis une dizaine d’années, avec même quelques petits accidents matériels par fois. Il fallait absolument éviter des événements plus dramatiques” , remarque le responsable du district bisontin, qui ajoute : “Cela a amélioré sensiblement la sécurité sur la R.N. 83.” La décision, qui incluait dans le tour de table les services de l’O.N.F. et de la Préfecture, a nourri plusieurs dis cussions en amont. Car outre l’incidence
sur l’environnement immédiat se posait la question du coût de ces travaux. Les com munes concernées réclamant un coup de pouce pour en suppor ter la charge. “On a cherché des subven tions, mais on nous a dit que ce n’était pas possible. Cela fait par tie des coûts de fonc tionnement, à charge des communes.”
“Cela a amélioré sensiblement la sécurité.”
La végétation dense et abondante a vraiment étéréduite.
l’évolution a plusieurs déclinai sons possibles. Le Darwinisme, mais également l’évolution des races montbéliardes et l’évolu tion de la religion mennonite qui évolue vers un statut plus moderne. n Propos recueillis par L.P. Zoom L’histoire de “Dieuet les éleveurs de montbéliardes” Mélanie est interne en médecine et Martin technicien de labora toire. Ensemble, ils visitent de nombreuses fermes pour une étude sur la maladie du “pou mon fermier”, qui sévit parmi les éleveurs de Franche-Comté. Leurs personnalités sont diffé rentes : elle est croyante, issue d’une famille d’agriculteurs men nonites, lui est athée, citadin, et fervent défenseur des acquis de la science. Lors des trajets, ils échangent sur leur concep tion du monde. Tout semble les opposer, mais finalement ils apprennent à s’apprécier et s’accommodent de leurs diffé rences qui les font évoluer… n Livre disponible dans toutes les librairies. L’auteur est présent en dédicace le samedi 1 er juin aux Sandales d’Empédocle.
RURALITÉ Un spécialiste sort un livre “La maladie du poumon fermier est plus importante dans le Doubs” Chercheur en microbiologie et spécialiste de la maladie du poumon fermier, Gabriel Redoux publie un roman qui se nourrit de ses connaissances scientifiques. Son livre Darwin, “Dieu et les éleveurs de montbéliardes” s’inspire de situations réelles observées dans des fermes du département.
Gabriel Redoux travaille depuis plus de 30 ans sur la mala die du poumon de fermier. Aujourd’hui à la retraite, il utilise ses connaissances scientifiques pour nourrir ses romans.
L a Presse Bisontine : Vous êtes ingénieur chercheur en micro biologie au C.H.U., désormais en retraite. Vous avez à votre actif près de 200 publications scien tifiques. Pourquoi écrire un roman aujourd’hui ? Gabriel Reboux : J’avais envie de quitter l’écriture scientifique qui est très contraignante. C’est une fiction basée sur mon expérience. Après avoir parcouru toutes ses fermes, j’avais un sentiment de gâchis car j’avais beaucoup de matières, sur des connaissances très locales. Les particularités d’élevage dans chaque ferme ne sont pas forcément connues par les agriculteurs. Le livre montre aussi différentes structures d’éle vage agricoles. L.P.B. : Pendant près de 30 ans, vous avez consacré vos recherches sur le poumon fermier. Concrètement, qu’est ce que cette maladie ? G.R. : C’est une maladie liée à l’utilisation du fourrage, elle est
5 ans, si l’agriculteur est à la retraite et s’éloigne de la ferme, une amélioration de sa santé respiratoire. L.P.B. : Quelles mesures peuvent mettre en place les agriculteurs pour éviter et/ou lutter contre la maladie ? G.R. : Il faut sécher le foin de façon importante mais pas non plus de manière super intense. L’agriculteur se protège mieux avec le masque. Quant à moi, je préconise le port d’un heaume à ventilation. Car il faut 4 heures pour que la moisissure redes cende d’un mètre. Entre deux traites, les micro-organismes ont à peine le temps de redes cendre au sol. Mais l’équipement coûte un peu cher. L.P.B. : Le monde agricole est-il sen sibilisé à cette maladie ? G.R. : La maladie est en recul depuis 25 ans. En 2000, on trai tait 8 cas par an au CHU. Aujourd’hui, on est plutôt sur 4
cas par an.
G.R. : De la fièvre tous les jours. Quelques heures après la mani pulation des foins, de la fièvre apparaît, autour de 38,5 °C, elle diminue puis réaugmente. Elle provoque un emphysème (le pou mon détruit se distend, aug mente de volume ce qui com prime la cage thoracique et les muscles respiratoires, empê chant l'expiration totale de l'air, N.D.L.R.), le poumon est de moins en moins efficace. La forte dyspnée et la fièvre récurrente sont donc les symptômes de la maladie qui se déclenchent géné ralement autour de 50-60 ans à force d’exposition à la moisis sure. L.P.B. : Comment évolue la maladie ? G.R. : Elle est peu mortelle, 1 % des décès est directement lié à la maladie mais elle enclenche une perte de chance de vie. On a la maladie à vie mais un retour est possible. On a constaté, dans un laps de temps équivalent à
plus importante dans le Doubs que dans d’autres régions d’éle vage. Au Canada, par exemple, elle a reculé avec l’utilisation de l’ensilage. Pour la production de comté, si le foin n’est pas sec, il amène une aérosolisation de moisissures. Celles-ci ne jouent pas sur la qualité du lait ni sur l’appétence des animaux mais
L.P.B. : Votre roman a-t-il pour objectif, entre autres, de faire évoluer les men talités ? G.R. : Oui, il y a une certaine vertu pédagogique. Car il reste une forte culpabilité chez les agri culteurs malades, liée à des superstitions et à l’idée que, s’ils sont tombés malades, ils ont mal fait leur travail. Et puis, peu à peu, l’étude de cette pneumopa thie a suscité un désintérêt crois sant avec seulement six études publiées en 2021 contre 40 à 50 études entre 1970 et 1990. L.P.B. : Insolite et surprenant de mélanger Darwin, Dieu et les montbéliardes. Pourquoi ? G.R. : Ce livre va au-delà du monde agricole, j’ai beaucoup travaillé sur Darwin et essayer de le rendre accessible. Aujourd’hui, son dénigrement réaugmente. Le titre met en avant l’aspect évolution. Mais
peuvent être dan gereuses pour le poumon du fer mier. Il y a aussi un certain nom bre de légendes autour du pou mon fermier. Par exemple, des foins qui n’émettent pas de poussière peuvent être aussi dangereux. L.P.B. : Quels sont les symptômes de la maladie pour l’agri culteur ?
“On traite encore environ45 cas par an.”
Made with FlippingBook Digital Publishing Software