La Presse Bisontine 264 - Juin 2024

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besançon

Elle nous pompe l’air !

n’est pas à sa place dans la poubelle jaune 1 déchet sur 4

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JUIN2024

Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon

www.presse-bisontine.fr

MENDICITÉ AGRESSIVE, ACCESSIBILITÉ, PROPRETÉ… Le centre-ville est-il devenu infréquentable ?

Les réponses de l’équipe Vignot

P. 13 Après la rue Gambetta, la rue Proudhon L’exaspération gagne les commerçants

P. 18À22

Logement social Ils ne veulent pas de la réforme !

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2 Retour sur info - Besançon

La Presse Bisontine n°264 - Juin 2024

Le bureau de Poste Demangel devrait disparaître

Dur dur pour le commerce de centre-ville

C’ est pour éviter cette issue fatale que les syndicats se sont mobilisés devant le bureau de Poste de la rue Demangel le 21 mai dernier, et fait signer une pétition aux usagers présents. Ce bureau de Poste devrait fermer ses portes en novembre. Ni les salariés, ni le propriétaire du bâtiment n’ont été mis au courant. “Nous l’avons appris par hasard tonne Samia Yazid, déléguée syndicale C.G.T. La maire de Besançon nous a confirmé, elle, qu’elle avait reçu un courrier de la direction de La Poste l’informant de cette fermeture.” “Je n’ai eu aucun courrier officiel de La Poste m’informant de leur souhait de résilier le bail” ajoute Jean-Paul Renoud-Grappin, le propriétaire de la tour Demangel située à côté de son étude de commis saire-priseur. Une décision d’autant plus surprenante que La Poste avait investi près de 200 000 euros pour rénover ce bureau il y a deux ans. “Et que depuis mars dernier, on reçoit les candidats pour l’examen du Code de la route, une de nos nouvelles missions” ajouteM me Yazid. Cette réorganisation est d’autant plus incompréhensible selon les syndicats qu’un des bureaux les plus proches, avenue Clemenceau, ne devrait plus être ouvert qu’aux professionnels d’ici quelque temps. “Ce bureau à Demangel, les riverains y tiennent plaide M. Renoud

(photo Ville de Besançon)

L’Air de rien, undes commerces

emblématiques du centre-ville baissera le rideau cet été (photo D.R.).

Samia Yazid, représentante C.G.T. F.A.P.T. et ses collègues ont fait signer une pétition aux usagers du bureau le 21 mai.

Grappin. D’autant que c’est un des seuls de la ville où on peut se garer !” Les syndicats dénoncent une nouvelle fois le lent délitement du service public postal. “On ne lâchera pas ce combat !” insiste Samia Yazid. n

L es initiatives pour soutenir le commerce de centre-ville se multiplient comme cette pre mière opération baptisée “Bonjour” initiée par l’Union des commerçants de Besançon (U.C.B.) le 1er juin dans les rues commerçantes du centre. Ces efforts soutenus par les pouvoirs publics ne suffisent pas à cacher une situation complexe. Der nier épisode en date : la fermeture annoncée d’un des commerces pourtant les plus dynamiques de la Boucle : la boutique L’Air de rien. L’enseigne se targuait pourtant il y a quelques mois seulement d’avoir décroché le titre de “Meilleur com merce indépendant de Bourgogne Franche-Comté”. Mais son patron Pascal Arnoud doit se résoudre à baisser le rideau, après s’être long temps battu pour que les élus locaux encouragent et facilitent l’accès au centre-ville. À Battant, c’est la question des

bornes qui continue alimenter le débat. Certains commerçants décla raient du quartier lors d’une réunion publique organisée par la liste Besan çon Maintenant le 15 mai accuser “une baisse de chiffre d’affaires de 60 %” commente l’un d’eux. Rue de Vesoul enfin, avec les tra vaux qui s’éternisent suite à l’ef fondrement de la chaussée fin février, les commerçants dont l’ac tivité a elle aussi fondu de plus de 50 % pour certains, attendent aujourd’hui un soutien des collec tivités locales. “Besançon a su aider les commerçants au moment des travaux du tram et du Covid, il est nécessaire d’enclencher un dispositif d’aide pour ces commerçants de la rue de Vesoul” a plaidé Laurent Croizier, le député du Doubs lors du dernier conseil municipal. Cette question devait être débattue ce 23 mai au sein de Grand Besançon Métropole. n Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Rédaction : Frédéric Cartaud, Thomas Comte, Jean-François Hauser, Laurine Personeni. Ont collaboré à ce numéro : Alexandre Arbey, Sarah George, Rémy Girardet. Directeur artistique : Olivier Chevalier. Conception pubs : Éloïse Perrot. équipe commerciale : Virginie Girardot, Anthony Gloriod. est éditée par la société “Publipresse Médias” S.I.R.E.N. : 424 896 645 Rédaction et publicité : 03 81 67 90 80 E-mail : redaction@publipresse.fr Crédits photos : La Presse Bisontine, Archi + Tech, Camille Arnaud, Jerry Bellamy, Antoine Charlier, Yves Petit, Arthur Pupecki, Théâtre Alcyon. Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N. : 1623-7641 Dépôt légal : Juin 2024 Commission paritaire : 0225 D 80130

Les Livres déménagent dans la Boucle

C’ était prévisible : la végétalisation de la place de la Révolution ne permettra plus au grand chapiteau des Livres dans la Boucle de se déployer cet automne. Mais comme les libraires, et le public, semblent attachés à ce grand chapiteau qui fait la marque de la mani festation, la grande librairie sera désormais décentralisée sous les arbres de Chamars. S’il est moins central que la place de la Révolution, cet emplacement n’est pas non plus déconnecté totalement des autres lieux de rencontre habituels du festival que sont le Scènacle, la Cité des arts, la Maison Victor-Hugo ou même le Méga rama. “Il est par ailleurs bien desservi par les transports en commun et offre des possibilités de stationnement à proximité

pour le public” justifient les services de G.B.M. qui organisent la manifestation. L’édition des Livres dans la Boucle 2024 sera parrainée par un auteur de best sellers, roi du thriller, Bernard Minier, qui a déjà vendu plus de 4,8 millions d’exem plaires de ses romans. Parmi les temps forts de cette prochaine édition, un hom mage à Françoise Sagan à l’occasion des 20 ans de sa disparition et des 70 ans de la sortie du livre qui l’a propulsée star de la littérature contemporaine, “Bonjour Tris tesse”. Les Livres dans le Boucle, l’an dernier, ce sont 33 250 visiteurs, un record, dont 16 % n’étaient jamais venus sur le festival, et 12 000 livres achetés sur place pour un chiffre d’affaires d’environ 180 000 euros

pour les libraires partenaires. La 9 ème édition des Livres dans la Boucle est programmée du 20 au 22 septembre prochains. n

Près de 12 000 livres se sont vendus lors de l’édition 2023 du festival.

Éditorial Europe

rope que la France doit la pérennité de son plan de relance suite à la crise sani taire. Le programme Erasmus+ pour les étudiants, la carte européenne d’assurance maladie, le règlement sur la protection des données, la suppression des frais d’iti nérance pour les portables sont des exem ples de décisions prises par les députés européens ces dernières années. Les textes votés par les parlementaires européens concernent aussi des sujets tels que le climat, l’emploi, l’alimentation, la sécurité, les migrations, les droits des consomma teurs, etc. L’Europe a évidemment ses défauts, ses incohérences et ses impuis sances. Ce serait néanmoins une erreur de jugement que de réduire ce scrutin à un règlement de comptes électoral français. Et sans doute que dans un monde de plus en plus instable et interconnecté, l’Union européenne fait face à des défis qu’aucun pays de l’U.E. ne pourra relever seul, la France pas plus qu’un autre. ■ Par le directeur de la rédaction Jean-François Hauser

sein que les questions de relations inter nationales se règlent entre pays souve rains, l’Europe n’étant pas - encore - com pétente en matière de défense. Pire encore que le R.N., L.F.I. joue sur les dissensions internes et les relents anti-sionistes pour rameuter, espère le parti mélenchoniste, une jeunesse qu’il désespère de voir aller voter. Quel cynisme… Les élections euro péennes méritent pourtant autre chose que d’être confisquées nationalement. À force de discours caricaturaux ou de pro pagande orientée, il n’est donc pas éton nant que l’europhobie grignote peu à peu dans l’opinion. Le délitement du sentiment européen au profit d’un nationalisme exa cerbé, on l’a vu dans l’histoire, peut mener aux pires dérives. La paix est pourtant l’acquis le plus précieux de l’Union euro péenne depuis plus de 70 ans. Il n’est pas le seul. L’Europe a sans doute sauvé la France et les autres pays membres pen dant la crise du Covid. C’est aussi à l’Eu

D ans quelques jours, les citoyens français comme tous ceux de l’Union européenne seront appelés aux urnes. Le scrutin des Euro péennes sera pour les Français la première échéance électorale depuis la Présidentielle de 2022. Le 9 juin pourtant, il ne faudra pas se tromper d’élection. Beaucoup vou draient faire croire aux Français que ce scrutin européen qui permettra ici d’élire les 81 députés français qui siégeront au Parlement européen de Strasbourg peut et doit se transformer en référendum pour ou anti-Macron. C’est le cas de certains partis extrémistes qui affichent sans ambages cette stratégie, à l’évidence payante, mais particulièrement dénaturée et malhonnête. D’autres listes ont fait de ce scrutin une tribune de propagande pro palestinienne, oubliant sans doute à des

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4 L’interview du mois

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POLITIQUE

Le sénateur Longeot

“On ne me fera jamais dire ce que je ne pense pas” Il se pose en défenseur des territoires. Le sénateur Jean-François Longeot qui vient de rejoin dre le parti Horizons d’Édouard Philippe explique son engagement et sa vision des territoires.

L a Presse Bisontine : Vous venez d’an noncer votre adhésion au parti Horizons créé par Édouard Philippe. Qu’est-ce qui vous y a poussé ? Jean-François Longeot : Je pense que ce choix est cohérent avec mon parcours politique. J’ai adhéré à l’U.M.P. à la “grande époque” de ce parti fondé par Jacques Chirac. Mais je n’ai jamais voulu adhérer aux Républicains ensuite, les orientations de ce parti ne corres pondaient plus à ce que je défends. J’avais quitté auparavant l’U.M.P. au moment où je me suis présenté aux sénatoriales en 2014, en candidat “libre”. Et en entrant au Sénat, j’ai rejoint le groupe Union du Centre car je trouvais dans ce groupe les conditions d’exercice idéales pour un mandat de parlementaire, avec une liberté de vote totale laissée par le président de groupe Hervé Marseille. On trouve d’ailleurs dans ce groupe Union du Centre des élus U.D.I., MoDem, Horizons, Parti radical, etc. Une sorte d’auberge espa gnole comme la décrit notre président de groupe, où on peut aborder les sujets en toute liberté. Ensuite, à partir de 2017 quand Emmanuel Macron a nommé Édouard Philippe en tant que Premier ministre, j’ai voté la plupart du temps les mesures que proposait ce Premier ministre, parfois même

un excellent président de groupe envers qui j’ai beaucoup de respect et d’estime. Hervé Marseille est un élu U.D.I. C’était sans doute par peur de la décevoir que j’ai attendu. C’est mon côté négatif sans doute ! En plus, j’avais dit que je n’adhérerais pas à Horizons tant qu’Édouard Philippe ne viendrait pas à Besançon. Il est venu le 5 avril, j’ai adhéré. L.P.B. : Une adhésion qui signe la fin de votre esprit d’indépendance ? J.-F.L. : Non, et Édouard Philippe le sait aussi. Si je ne suis pas d’accord avec lui sur un sujet, je le lui ferai savoir. À mon âge, je peux maintenant me permettre de dire non ! (rires). Et ce n’est pas parce que je suis adhérent à Horizons que je suis inféodé à ce parti. Aujourd’hui comme hier, on ne me fera jamais dire ce que je ne pense pas. Je n’ai jamais aimé recevoir des ordres d’un parti, quel qu’il soit. La richesse d’un parti politique vient justement du fait qu’il compte des gens venant d’horizons très différents. L.P.B. : Vous allez donc tout faire désormais pour préparer le terrain à Édouard Philippe en vue de la prochaine présidentielle ? J.-F.L. : En rejoignant Édouard Philippe, je choisis le camp de la droite libérale

contre l’avis de mon camp. J’ai trouvé en Édouard Philippe un type brillant, réfléchi, qui savait écouter, avec une manière simple et sincère de faire de la politique, comme je m’attache à le faire depuis que je suis élu. L.P.B. :Aucun opportunisme dans la démarche alors ? J.-F.L. : C’est très cohérent. Je suis un Chiraquien de toujours, j’ai soutenu “le meilleur d’entre nous” à l’époque des primaires, donc Alain Juppé. Sur ce point, j’ai pensé que François Fillon allait droit dans le mur et ça n’a pas loupé. Édouard Philippe se revendique

lui-même comme étant le fils spirituel d’Alain Juppé. Cette adhésion à Horizons est donc logique. L.P.B. : Alors pourquoi avoir attendu jusqu’ici pour rejoindre Horizons ? J.-F.L. : Je fais de la poli tique par rapport à l’humain, pour le côté affectif et sincère des relations. Si j’ai attendu avant de me décider, c’est sans doute parce que j’ai

“Il faut revenir à un septennat, mais non renouvelable.”

comme disait Georges Gruillot, c’est celui qui gagne. Laurent Wauquiez, pour l’instant, il est à 4 % dans les son dages… À l’inverse, on sent bien qu’il y a une dynamique qui monte du côté d’Édouard Philippe et que les autres stagnent. Avant l’élection, de toute manière il faudra qu’il n’y en ait qu’un ou qu’une à droite. Et je suis persuadé que si Édouard Philippe sentait qu’il était en difficulté, il aurait l’intelligence de se retirer au profit de celui ou celle qui serait mieux placé. L.P.B. : Vous pensez que les gens ont déjà la tête à la présidentielle ? J.-F.L. : Bien sûr que non mais c’est maintenant, à droite, que nous devons nous y mettre pour construire les choses. Nous avons 18 mois pour le faire. L.P.B. : Et pour ces toutes prochaines élections européennes, soutiendrez-vous la liste L.R. ou celle de la majorité présidentielle ? J.-F.L. : Toujours en cohérence avec le parti Horizons, et avec mon groupe au Sénat, je soutiens la liste de Valérie Hayer. Et si les résultats de ces élections sonnent comme un échec avec un R.N. à 33 %, une majorité présidentielle à 17 et des L.R. à 6,5, il va falloir se poser les bonnes questions pour la suite ! On pourra me reprocher de ne pas soutenir la liste L.R. de François-Xavier Bellamy, mais je me sens beaucoup proche de ce que défendent des gens comme Hervé Marseille et justement Édouard Phi lippe. L.P.B. : Après les Européennes et avant la pré sidentielle, il y a les municipales dans moins de deux ans. Comment vous positionnerez vous ? J.-F.L. : C’est la même réflexion : il faudra fédérer. Si les municipales ont été per-

et sociale. Il est clair que si la droite va à cette présidentielle en ordre dis persé, elle court à la catastrophe et cela ferait alors quinze ans que la droite est dans l’opposition. L.P.B. : Le problème et vous le savez parfai tement, c’est qu’Édouard Philippe ne sera pas le seul prétendant à droite ! J.-F.L. : Je pense qu’Édouard Philippe est le meilleur de tous les prétendants. C’est celui aussi qui a le plus de contacts avec le terrain, et avec les institutions. Celui aussi qui a le plus d’esprit d’ou verture et de discussion, celui qui je pense aussi a la réflexion la plus aboutie sur l’avenir de ce pays. L.P.B. : Sauf que d’autres que lui ont déjà déclaré leurs intentions, mais pas lui… J.-F.L. : Pour l’instant, il se prépare. Il faudra à un moment ou à un autre que les candidats se résolvent à se retirer s’ils ne sont pas en mesure de rassem bler. Si la droite part divisée, il est évi dent qu’on se retrouvera à nouveau avec un R.N. au second tour et peut être là contre L.F.I. Personne ne peut souhaiter ce scénario. Il faut prendre conscience qu’au-delà de nos différences entre les sensibilités de droite, on ne peut pas ajouter encore 5 ans aux 15 années qu’on aura passés dans l’oppo sition ! L.P.B. : Il est sans doute un peu tôt pour imaginer la stratégie ? J.-F.L. : Le paysage s’éclaircira au len demain des Européennes. Je pense qu’à ce moment-là, d’autres élus vien dront rejoindre Édouard Philippe, y compris ici à Besançon. On ne peut pas imaginer qu’un Xavier Bertrand qui termine quatrième d’une primaire à droite puisse terminer premier à une élection présidentielle ! Le bon candidat,

Le défenseur de la ruralité Nouvelles zones de Revitalisation Rurale : le Doubs pénalisé

les lacunes du classement actuel et fasse émerger deux nou veaux défauts : la diminution du nombre de communes classées et l’inclusion d’aires urbaines dans un zonage rural” plaide le sénateur du Doubs. Des secteurs autrefois intégrés, très ruraux, ne le sont plus. C’est le cas par exemple de l’ancien périmètre du secteur d’Amancey aujourd’hui fondu dans la grande communauté de communes Loue-Lison exclue du nouveau dispositif au prétexte que cette nouvelle intercommunalité est considérée comme riche. Même chose pour des communes du nord du département comme Arcey, autrefois incluses, et sans doute bientôt exclues. “Dans cette commune, des médecins se sont installés récemment, ils ont pu obtenir des aides fiscales. Le prochain qui voudra s’y installer n’en aura plus. Cette réforme pensée à Bercy par des gens qui ne posent pas les pieds sur le terrain n’est pas satisfaisante. Et je vais continuer à me battre pour la modifier avant son entrée en vigueur” tranche le sénateur Longeot qui s’est fendu de plusieurs interventions au Sénat et courriers aux ministères concernés pour défendre sa vision de la ruralité. Cette réforme est d’autant plus inco hérente qu’elle se base sur un maillage intercommunal, “alors qu’une maille communale aurait été beaucoup plus perti nente.” Il y a quelques semaines, la ministre Dominique Faure a écrit au sénateur Longeot pour tenter de le rassurer, affirmant “poursuivre nos travaux de finalisation du zonage.” n

Un nouveau zonage baptisé “France Ruralités Revitalisation” doit remplacer l’actuel dispositif Z.R.R. La mouture du gouvernement n’est pas du goût des élus du Doubs. Le sénateur Longeot est monté au créneau. E lles étaient 226, soit près de la moitié des communes du Doubs à être classée en Z.R.R., comme “Zones de revitalisation rurale”. Ces zones permettaient à certaines professions qui souhaitaient s’y installer (médecins, artisans, petits commerçants…) de bénéficier d’un dispositif incitatif de défiscalisation. Avec la nouvelle loi votée au Parlement, elles ne seront plus que 29 à obtenir le nouveau label rebaptisé F.R.R., comme France Ruralités Revitalisation. Et une trentaine, dites “rattrapables” qui seront peut-être réintégrées au nouveau dispositif. Cette nouvelle législation doit entrer en vigueur le 1 er juillet prochain. Elle n’est pas du tout du goût des élus exclus du dispositif. Pour Jean-François Longeot, le président de la commission de l’aménagement du territoire au Sénat, ce nou veau périmètre est une aberration. “Certes, la nécessité de réformer les Z.R.R. fait l’unanimité : le zonage actuel avait perdu de son efficacité et ne traçait pas de cap crédible pour la ruralité. Mais tel qu’il a été voulu par le gouvernement, il est aberrant. Nous déplorons que le zonage proposé aggrave

L’interview du mois 5

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Dans un quinquennat, on ne peut quasiment pas entamer de réforme. Il faut aussi redonner de la confiance aux citoyens et aux entrepre neurs notamment en arrêtant de légiférer, de créer des surnormes et des surréglementations. Il faut redonner à nos concitoyens de la confiance, et de la liberté. L.P.B. : La dernière réforme territoriale avec la loi N.O.T.R.E., l’instauration des cantons avec les binômes, est-elle une réussite ou un échec près de dix ans après sa mise enplace ? J.-F.L. : La loi N.O.T.R.E., je ne l’ai pas votée car je sentais bien qu’elle était totalement inadaptée et inapplicable. Comment voulez-vous que les gens s’y retrouvent ? Je suis partisan de faire des quatre départements de l’ex-Franche-Comté une seule collectivité avec les compétences mêlées de la région et des Départements. Nous avions d’ailleurs voté les conseillers territoriaux, mais le gouvernement Hollande avait tout remis en cause. Avant dans le Doubs, nous avions 35 cantons avec des compétences en matière d’agriculture, d’économie, de transports scolaires, etc. Aujourd’hui, le département compte 38 cantons et n’a quasiment plus de compétences ! Il y a un problème non ? Et avec ces grands cantons et ces super communautés de communes, on n’a fait qu’éloigner les citoyens de leurs élus. Je prends un seul exemple : la communauté de communes Loue-Lison : trois députés sont concernés par ce territoire selon les communes : Annie Genevard, Éric Alauzet et Laurent Croizier. En rebattant les cartes du territoire, on a tout fait, sauf de la cohésion. Il faut impérativement faire de l’aménagement non pas du territoire, mais des territoires, avec des règles adaptées à chacun d’eux. n Propos recueillis par J.-F.H.

dues en 2020 à Besançon, c’est juste parce qu’il n’y a pas eu d’union pour le second tour. Si Ludovic Fagaut et Éric Alauzet avaient eu l’in telligence de trouver des motifs de rapproche ments et de s’unir, Anne Vignot ne serait pas maire de cette ville aujourd’hui. Avoir plusieurs listes différentes au premier tour, ce n’est pas grave, mais l’essentiel est de savoir s’unir au second, sinon on va forcément tout droit à l’échec. Ce sera forcément la même chose en 2026. L.P.B. : Vous pourriez être ce candidat fédérateur ? J.-F.L. : J’ai un problème, c’est mon âge (N.D.L.R. le sénateur Longeot a 67 ans). Et, je pense être plus un élu rural qu’un urbain, plus un rat des champs qu’un rat des villes. Mais il faut parler de tout cela. À ce jour, il n’y a rien d’arrêté et rien d’exclu. L.P.B. : Être en capacité d’être maire, c’est une question d’âge ? J.-F.L. : Pour diriger une ville de 120 000 habitants et une agglomération de 200 000, il faut une vraie passion, un dynamisme à toute épreuve. Plus qu’avant je pense, les citoyens ont besoin de la présence de leurs élus auprès d’eux, tou jours. L.P.B. : Ce n’est pas ce qui vous caractérise la présence sur le terrain ? J.-F.L. : C’est en tout cas ce que j’essaie depuis toujours de faire. Il est vrai que j’accepterais tous les reproches, sauf deux : ne pas avoir été proche du terrain et des gens du territoire, et avoir été malhonnête intellectuellement ou financièrement.

premier, poursuivre par un troisième mandat de sénateur en est un ? J.-F.L. : Oui, j’espère bien poursuivre. La passion pour le terrain est intacte. J’aime ça et je ne sais rien faire d’autre. L.P.B. : Vous ferez également la campagne d’Édouard Philippe ? J.-F.L. : Bien sûr, je m’impliquerai et je me mets à sa disposition. Si un jour il me demande de travailler pour lui sur les questions d’aména gement des territoires par exemple, il est clair que je dis oui. L.P.B. : Un mot du climat délétère qui règne en France, un pays qu’on sent de moins en moins apaisé. J.-F.L. : Il faut bien reconnaître que depuis une trentaine d’années, des choses essentielles ont été laissées à l’abandon : l’hôpital, l’Éducation nationale, la police, la justice pour ne citer que ces grands domaines. Et aujourd’hui, on a en face des gens, l’extrême droite comme l’extrême gauche, qui surfent sur ces problèmes en essayant de faire croire aux gens qu’ils vont laver plus blanc que blanc. On a laissé ainsi la place aux opportunistes. Je pense qu’il faudra une fois pour toutes, au-delà des clivages, se rassembler d’ici la fin du mandat autour du président de la République au risque d’aller tout droit vers une catastrophe en 2027. L.P.B. : Le salut passe-t-il aussi par une réforme des institutions ? J.-F.L. : Je le crois fortement. Je pense qu’il faut réformer la Constitution et revenir au septennat. Mais à un septennat non renouvelable. Pour que, à partir du moment où il est élu, le président de la République ne pense pas à sa réélection, qu’il se retrousse les manches et qu’il bosse.

Jean-François Longeot, sénateur Horizons du Doubs.

L.P.B. : Si un mandat municipal n’est pas votre objectif

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Mendicité agressive :

ils disent stop !

Des commerçants, mais aussi des riverains, alertent la municipalité sur un problème qu’ils jugent de plus en plus préoccupant : la mendicité agressive. Ajoutée aux questions d’accessibilité ou encore de propreté, c’est un sentiment d’insécurité qui augmente. Quelle réponse la Ville apporte-t-elle pour apaiser le centre-ville ?

l Centre-ville Mendicité agressive Excédée, elle vend son appartement de la Grande rue La mendicité devenue agressive pourrit la vie de certains rive rains du centre-ville. Valérie a mis en vente son appartement après 17 ans de vie jusque-là paisible. Elle dénonce une dérive.

rente. “Avant, ils hurlaient de temps en temps, se battaient parfois, mais rien de méchant. La violence est désormais régulière. Récemment, un S.D.F. a mis un coup de pied dans la portière d’une voiture de la police municipale, elle ne s’est même pas arrêtée… Apparemment, ils n’interviennent que s’il y a des bagarres” ajoute Valérie désabusée. Les commerçants du centre-ville en sont à leur deuxième pétition sous l’ère Vignot. “Et il ne se passe rien.” Une petite délé gation de commerçants du bas de la Grande a bien été reçue par la maire de Besançon, mais “d’abord la maire est arrivée en retard à la réunion, et ensuite, elle n’a dit qu’elle ne ferait rien contre la mendicité agressive” note une personne concernée. Certains riverains excédés ont déjà tenté d’employer la méthode forte en jetant des seaux d’eau depuis leur fenêtre sur les S.D.F. agressifs, en vain. Pour qu’une pétition de riverains ou de commerçants puisse franchir la porte de la mairie et être soumise à l’examen des élus, il faudrait qu’elle recueille au moins 1 500 signatures. Une gageure. “Est-ce que notre maire est bien consciente de l’image que cette situation donne au centre-ville de Besan çon ? se demande encore Valérie qui a déjà accueilli les premières visites pour la vente de son logement. Peut-être faut il qu’il arrive un vrai drame pour qu’elle

“O n va quitter le centre ville… soupire Valérie*. Nous avons commencé les visites, dans moins de deux mois nous devrions avoir quitté notre appartement. Ça me donne envie de pleurer…” Pour elle, c’est un déchirement. Elle et sa famille auront vécu de très belles années dans cet appartement lumineux du bas de la Grande rue, au cœur du centre commerçant de Besançon. Mais depuis quelque temps, la situation devient infernale. “Nous sommes au 4 ème étage. Même fenêtres fermées, on se demande ce qui se passe : on entend hur

ler, s’insulter… Deux fois en sortant de chez moi, je me suis faite agresser par une dame visiblement toxicomane. J’ai porté plainte, il ne se passe rien.” Rési

gnée, elle s’apprête donc à quitter le centre-ville après y avoir passé 17 ans. Le phénomène de la men dicité n’est pas nouveau, il n’est pas non plus pro pre à Besançon. En revanche, la situation est montée d’un cran depuis quelque temps avec une violence devenue récur

En jetant des seaux d’eau depuis leur fenêtre…

réagisse ?” Cette situation de ras-le-bol est exacerbée au printemps et durant l’été avec les beaux jours. Car derrière cette mendicité, “il y a désormais une violence énorme qui est en train de gangrener le centre

ville” estime une autre riveraine, excédée elle aussi. Plus que la mendicité, c’est bien la violence et le sentiment d’insé curité que ces habitants du centre-ville dénoncent. n J.-F.H.

L’événement 7

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l Politique Benoît Cypriani, l’élu référent “Les arrêtés anti-mendicité ne servent à rien” L’adjoint bisontin en charge de la sécurité, de la lutte contre les incivilités, et de la tranquillité publique réfléchit à la création d’une brigade de médiateurs pour pacifier les points chauds du centre-ville notamment en soirée.

L a Presse Bisontine : Consta tez-vous aussi comme des riverains ou commerçants du centre-ville que la situation se dégrade ? Benoît Cypriani : Nous n’avons pas de données quantitatives sur cette question. La mendicité n’est pas un phénomène nou veau à Besançon. Le constat,

du narco-trafic y compris dans nos villes moyennes. En plus, beaucoup de personnes qu’on retrouve à la rue souffrent de problèmes psychiatriques. La Ville a donc à supporter des choses auxquelles elle et ses associations partenaires ne peu vent pas faire face seules. Les questions de santé, comme celle des minima sociaux relèvent de l’État. La Ville, et le Départe ment, ont bien sûr un rôle social mais qui n’est pas extensible. B.C. : Nous faisons tout notre possible sur le plan social. Nous avons agrandi l’accueil de jour, nous assurons les repas du midi et du soir, nous avons des loge ments d’urgence pour la nuit, nous avons des équipes mobiles qui sillonnent les rues et d’autres équipes associatives qui travail lent sur les addictions. Et tous les S.D.F. n’ont pas forcément envie de rester dans les accueils durant la journée. L.P.B. : Pour lutter contre ce phénomène de mendicité agressive, que faites vous alors ? B.C. : Nous avons commencé l’an dernier à réorganiser la police municipale, en créant trois équipes au lieu de deux, dont deux tournent l’après-midi. Nous avons augmenté les effectifs de la police municipale à 52 agents, en étendant leurs horaires d’été. L’idée est bien de rendre plus visibles nos policiers quand il y a plus de monde dans les rues. On a également créé un numéro d’appel direct de la police muni cipale. L.P.B. : C’est donc un constat d’im puissance que vous dressez ?

c’est que la pauvreté s’aggrave en France, les Restos du cœur ont servi ici à Besançon 28 % de repas en plus cette année. Une partie de cette pauvreté, on la retrouve hélas dans la rue. Ce qui est plus récent aussi, c’est qu’on assiste à une augmenta tion des phénomènes de toxico manie avec une vraie emprise

Benoît Cypriani, l’adjoint bisontin à la sécurité.

S.D.F., ou quelqu’un qui vit dans la rue, n’est pas solvable et que la plupart des amendes qu’on a dressées depuis septembre n’ont abouti à rien. La seule solution en cas de problème est d’appeler la police municipale. On sait que dans de nombreuses villes, les arrêtés municipaux fleuris sent au printemps. Mais ils n’ont aucun intérêt ! L.P.B. : Que ferez-vous de la pétition lancée par des commerçants du cen tre-ville ? B.C. : Elle a été signée par 26 commerçants, sur les 700 que compte la ville. Je ne nie pas

B.C. : Depuis septembre der nier, il y a eu 35 interventions sur appels de commerçants. Les policiers municipaux viennent pour calmer le jeu quand ça chauffe un peu. Il y a eu 13 interventions pour vol à l’éta lage, 5 verbali

vous travaillez à un nouveau disposi tif ? B.C. : Oui. Nous sommes en train de réfléchir à la mise en place de médiateurs qui seraient là pour pacifier les choses en cas de problème. Un peu dans l’es prit des anciens correspondants de nuits, mais avec un cadrage plus efficace. L’autre réflexion engagée est celle d’une structure de lutte contre les addictions. L.P.B. : L’opposition vous reproche d’avoir la main leste pour verbaliser les voitures stationnées autour du Plais des sports un soir de match et d’être tolérant vis-à-vis de la mendicité agres sive… B.C. : Pour les amendes autour du Palais des sports, on sait que des flyers de prévention ne ser viraient à rien. Cette opération était là pour montrer que le sta tionnement anarchique est for cément gênant. Pour le reste, on sait que ça ne sert à rien de verbaliser la mendicité agres sive. Ce n’est pas une question de laxisme ou d’immobilisme. Verbaliser un mendiant, agressif ou pas, est en plus contraire à la convention européenne des Droits de l’Homme. Je ne me vois pas aller à l’encontre de ces règles. n Propos recueillis par J.-F.H.

Les commerçants s’impatientent Nous avions rencontré le mois dernier les commerçants situés dans le secteur du 75, Grande rue, irrités par la montée de la mendicité agressive et des alter cations entre gens de la rue. Insultes, crachats, menaces, odeur d’urine… “On va bientôt passer plus de temps à résou dre les problèmes générés par les per sonnes alcoolisées, droguées ou atteintes de troubles psychologiques, qu’à gérer nos magasins” commentait Tom Fouilloux, le gérant du magasin Carrefour Market. Avec certains de ses collègues, ils ont lancé une pétition. La situation ne semble pas s’être apaisée depuis. Leur pétition signée par une qua rantaine de collègues n’a pas trouvé l’écho escompté. “Il y a encore eu une altercation avec un jeune homme devant le magasin, poursuit le gérant de la supé rette. Il a à nouveau insulté un de nos salariés en disant qu’il était dans ses droits. On demande tous les jours aux personnes de ne pas squatter devant le magasin.” Les commerçants craignent l’arrivée des beaux jours et avec elle, la présence plus longue des sans-abri devant leurs échoppes. n

“L’idée est bien de rendre plus visibles nos policiers.”

sations pour chiens non tenus en laisse, 7 verbalisations pour consommation d’alcool sur la voie publique et 10 pour ivresse manifeste. Oui, je reconnais qu’il y a de la mendicité agressive à Besançon, souvent à cause d’in teractions entre alcool et pro blèmes psychiatriques. L.P.B. : Êtes-vous prêt à reprendre un arrêté municipal pour stopper ces phé nomènes de rue ? B.C. : Non. Ce genre d’arrêté qu’avait pris Jean-Louis Fous seret il y a quelques années n’a pas fait la preuve de son intérêt. D’abord parce qu’on ne peut pas contraindre quelqu’un de bouger s’il ne le souhaite pas. Ensuite parce que par définition, un

que les per sonnes qui l’ont signée sont par fois impactées par ces pro blèmes, mais je ne sais pas ce que pensent tous ceux qui n’ont pas signé cette pétition. La question peut se poser plus souvent autour des débits de bois sons.

“Verbaliser un mendiant est contraire à la convention des Droits de l’Homme.”

Les personnes qui squattent le parvis de l’église de la Madeleine ont aussi le don d’irriter certains riverains.

L.P.B. : Sur ce point,

L.P.B. : Avec quels résultats ?

8 L’événement

La Presse Bisontine n°264 - Juin 2024

l Battant

l Rétrospective Été 2018 La tumultueuse histoire de l’arrêté anti-mendicité L’affaire avait fait grand bruit à l’été 2018. Le maire de Besançon Jean-Louis Fousseret avait pris un arrêté municipal anti-mendicité qui avait fait bondir les associations.

Anne Vignot assure y travailler

L es bornes, il en a évidemment été lar gement question lors de cette réunion publique organisée le 15 mai rue de la Madeleine, dans un bar La Bodega bondé - la Ville avait refusé à l’opposition le prêt d’une salle municipale. Dans ce quartier largement à gauche (Anne Vignot avait rassemblé 558 voix aux municipales de 2020 contre 190 pour M. Fagaut), le leader de l’opposition bisontine s’est confronté à certains riverains qui soutenaient l’existence des bornes, mais a surtout entendu d’autres usagers, les commerçants du quartier, qui subissent depuis un moins et demi une chute notable de leur activité. Et des habi tants qui estiment “qu’au lieu de mettre des bornes que la mairie justifie par la tran quillité publique, ils auraient mieux fait de verbaliser ceux qui roulaient trop vite, ce qui n’a jamais été fait.” “Avec ces bornes, La Ville veut faire de Battant un quartier apaisé. La mise en place des bornes est toujours un sujet chaud de débat, autant que la mendicité ou l’alcoolisation agressive de certains individus. Le quartier, ses bornes et ses personnes alcoolisées

N ous sommes au début de l’été 2018. Par arrêté municipal, le maire de Besançon avait décidé d’interdire la men dicité dans le centre-ville. Sanc tion pour le contrevenant : une amende de 38 euros. Contesté par des associations, attaqué par des citoyens, cet arrêté avait été traîné devant le tribunal administratif de Besançon qui dans une décision du 28 août, avait pourtant donné raison au maire de Besançon et rejeté la demande des requérants. Pour calmer les esprits, après une grande manifestation d’as sociations dénonçant “un texte anti-S.D.F.” , la mairie avait retravaillé le contenu de son arrêté, retirant le terme “men dicité” du texte. Que stipulait cet arrêté ? “L’oc cupation de manière prolongée en station debout, assise ou allongée des voies publiques par des individus seuls ou des regroupements de personnes, que cette occupation soit accom pagnée ou non de sollicitations

à l’égard des passants, lorsqu’elle est de nature à entraver la libre circulation des personnes, à por ter atteinte à la tranquillité publique, notamment lorsqu’elle s’accompagne de nuisances sonores, ou à la salubrité publiques, est interdite.” Avec ou sans le terme de “men dicité”, la finalité de l’arrêté voulu par la mairie de l’époque était strictement la même : éloi gner S.D.F. et mendiants du cen

Le 15 mai, Ludovic Fagaut (de dos) et ses collègues de l’opposition échangeaient avec 90 riverains lors d’une réunion publique à Battant.

municipal, la maire de Besançon a assuré se pencher sérieusement sur cette question qui empoisonne le centre-ville. “On a en effet une montée de l’alcoolisation dans notre ville, liée à la dégradation de l’état de santé mentale qu’on constate depuis le Covid. Cela nécessite un travail collectif, nous sommes en train de travailler avec d’autres villes de France pour trouver des solutions à ce phénomène qui ne cesse de croître” reconnaît-elle. En attendant, le parvis de l’église de la Madeleine résonne tous les jours des voci férations de ces personnes alcoolisées. Si l’insécurité ne règne pas à Battant, c’est le sentiment d’insécurité qui irrite une partie des riverains. n J.-F.H.

on se croit en prison dans notre propre quar tier !” estime cet habitant. Tandis qu’une riveraine sans voiture, et donc sans badge d’ouverture des bornes, est obligée de se rendre à pied jusque devant la borne pour récupérer ses courses que lui livre son fils !

tre-ville. Depuis cette décision municipale dont l’application pre nait fin officielle ment le 31 décem bre 2018, aucune mesure n’a jamais été reprise pour empêcher la men dicité agressive, ni par Jean-Louis Fousseret jusqu’en 2020, ni par Anne Vignot depuis qu’elle est élue. n J.-F.H.

Aucune autre mesure n’a jamais été prise depuis.

“Trouver des solutions à ce phénomène qui ne cesse de croître.”

La mendicité agressive a également occupé les échanges - parfois houleux. “On a maintenant affaire à des personnes venues de Paris, des visages qu’on ne connaissait pas. Qu’at tend la mairie pour agir contre cette alcoolisation excessive ?” Lors du dernier conseil

l Justice

Le 16mai À Amiens, l’arrêté anti-mendicité retoqué

Plusieurs arrêtés anti-mendicité ont été pris par plusieurs villes françaises ces dernières années. Comme à Amiens le 16 mai dernier, ils ont souvent été retoqués par la justice. Brigitte Fouré, la maire d’Amiens, a réagi.

S on exécution immédiate portait selon le tribunal administratif d’Amiens une atteinte grave et immédiate à la liberté d’aller et venir. La juridiction picarde, saisie en référé par la Ligue des Droits de l’homme et les associations amiénoises Maraudes citoyennes et Solam Solidarité, a soulevé des doutes sur sa légalité. Le 16 mai dernier, il a suspendu, avec application immédiate, l’arrêté anti-men dicité signé à titre expérimental et pris le 25 avril dernier. “Avec mon équipe muni cipale, nous avons pris un arrêté municipal qui se justifiait à la suite des plaintes récur rentes des commerçants et par les inter ventions multiples des forces de l’ordre pour faire cesser les troubles à l’ordre public de la part de certains sans domicile fixe” a réagi dans un communiqué la maire U.D.I. d’Amiens Brigitte Fouré le 16 mai dernier. “Il visait à interdire l’exercice de la mendicité agressive dans plusieurs rues d’Amiens du

1 er mai au 31 août du mardi au samedi de 8 heures à 20 heures. Cette décision qui était attendue par de nombreux commer çants, riverains et clients du centre-ville, vient d’être suspendue par le tribunal admi nistratif. Je prends acte de cette décision. Nous continuerons à travailler avec les commerçants et les habitants pour trouver les solutions les plus adaptées au renfor cement de la tranquillité publique et à l’at tractivité du centre-ville afin que celui-ci reste un pôle économique majeur.”

En parallèle, la municipa lité dit poursuivre la mise en place d’actions d’un plan pour le pouvoir d’achat (installation de casiers solidaires, frigos partagés, chalets de la soli darité) à destination des sans domicile fixe et des Amiénois les plus en dif ficulté. n A.A.

“Je prends acte de cette décision.”

ÀAmiens comme à Besançon, la problématique est la même. au centre-ville (photo D.R.).

10 Besançon

La Presse Bisontine n°264 - Juin 2024

CITOYENNETÉ

Élections européennes

“On a vu pas mal de jeunes s’inscrire pour les élections” À l’approche du scrutin européen, qui se tient le 9 juin à Besançon, l’équipe municipale en est aux derniers préparatifs. La commission de contrôle des listes électorales s’est réunie mi-mai pour le faire le point notamment sur le nombre d’électeurs inscrits.

Élise Aebischer, adjointe

déléguée a ux relations aux usagers, ressources humaines, égalité femmes hommes.

L a a phase préparatoire arrive à son terme. Les citoyens européens rési dant à Besançon avaient jusqu’au1 er mai pour rejoindre les listes électorales en ligne, et

d’argent.” Les deux assesseurs bénévoles, au minimum par bureau de vote, seront aidés dans leur tâche par un président et un secrétaire. Ces élections euro péennes mobilisent près de 600 personnes dans la plus grande commune du Doubs. Cette année, les listes électorales comptent de près de 67 000 élec teurs, Bisontins et Européens vivant dans la capitale comtoise. “Il faut distinguer la liste prin cipale, composé exclusivement de citoyens français, de la liste complémentaire que peuvent inté grer des citoyens européens rési dant en France” , précise Pierre Gainet. À côté des 1 300 inscriptions enregistrées par les services de la municipalité depuis le 9 mai, on ne dénombre pas moins de 2 600 radiations des listes élec torales. “Ce sont des personnes décédées, qui ont déménagé ou qui n’ont pas été autorisées à s’inscrire à cause d’une décision de justice. Il y a trois inscriptions qui ont été rejetées par l’I.N.S.E.E. en raison de condam

bureaux de vote ont fait le bilan de ces inscriptions. La commis sion de contrôle des listes élec torales, qui se réunit avant chaque échéance électorale, a pu dresser un constat positif le 16 mai. “Lors de la dernière semaine dédiée aux inscriptions, nous avons reçu 800 demandes. Sans surprise, ce nombre est infé rieur à ce que l’on remarque lors de la présidentielle : en 2022, par exemple, on a enregistré 1 500 inscriptions la dernière semaine avant l’élection. Mais, ces der nières semaines, on a quand même vu pas mal de jeunes s’ins crire dans nos bureaux” , s’en thousiasme Pierre Gainet, chef du service Formalités Élections à la Ville de Besançon. Des jeunes, il y en aura aussi à la manœuvre dans les 68 bureaux de vote bisontins, comme l’explique l’ancien conseil ler technique au cabinet du maire de Besançon : “Un étudiant sera présent dans chaque bureau pour observer le travail des asses seurs. C’est un job d’été avec lequel il pourra gagner un peu

jusqu’au 3 mai en mairie, faute de quoi ils n’auraient pas pu déposer leur bulletin dans l’urne lors du scrutin européen fixé le 9 juin. Les membres de la muni cipalité et les responsables des

nations judiciaires” , note Élise Aebischer, adjointe à la maire de Besançon en charge des rela tions aux usagers. Celle-ci signale toutefois que “les personnes qui ont déménagé moins de deux mois avant le scrutin ne sont pas radiées pour leur permettre de voter lors de ces élections.” Les élections européennes ont néces sité un travail important de la part des équipes municipales, assure Franck Desgeorges, direc teur de la relation avec les usa gers: “En amont de ces élections, il y a eu tout d’abord le redécou page des bureaux de vote, à la fin de l’année 2023. Néanmoins, nous sommes vraiment concen trés sur les européennes depuis le mois de mars, avec l’installa

tion de 600 panneaux sur 50 sites dans Besançon, notamment.” La réunion de contrôle des listes électorales ne marque pas la fin des inscriptions : ceux ayant obtenu la nationalité française avant le 8 juin et les jeunes adultes majeurs et recensés, qui ont soufflé leurs 18 bougies à cette date, peuvent aller voter le jour du scrutin. Ils pourront, comme tous les autres électeurs, soit se rendre dans leur bureau de vote attitré, soit pratiquer le vote par procuration en remplis sant un formulaire en ligne, sur le site Maprocuration, ou en se rendant directement à la gen darmerie, police ou au tribunal judiciaire le plus proche. n R.G.

Franck Desgeorges, directeur de la relation avec les usagers et adjoint au D.G.A.S. en chargedes services à la population à la mairie de Besançon.

année avec le budget participatif, on reproposera l’année prochaine, on pourra même faire morceau par mor ceau” , conclut le Bregillot. Cet espace de rencontre et de nature fait partie des 24 projets retenus par la mairie dans le cadre des ateliers citoyens et soumis au vote des Bisontins jusqu’au 5 juin (voir ci-contre). Deux après-midi d’échange autour des projets sont prévus le 25 mai et le 1 er juin. n L.P. 250 000 euros de budget participatif Dans le cadre du budget participatif, les Bisontins sont appelés à voter pour leurs trois projets préférés jusqu’au 5 juin. 24 projets proposés par une cen taine d’habitants sont éligibles. Les lau réats sont annoncés le 22 juin. “Les projets qui obtiennent le plus de votes seront réalisés par la Ville. Les votes numériques et papiers seront addition nés. La Ville réalisera les projets qui obtiendront le plus de votes jusqu’à atteindre le budget de 250 000 euros. Si un des projets les plus votés n’entre pas dans le budget restant, c’est le projet suivant et au coût adéquat qui sera réalisé. La condition est de béné ficier d'au moins 8 % des votes. S’il reste de l’argent non utilisé, celui-ci sera reporté sur l’enveloppe du budget participatif de la saison suivante” , explique la mairie. n

BREGILLE

Budget participatif

Bientôt un espace de rencontre et de nature vers la maison de quartier ? Un collectif d’habitants de Bregille a déposé un projet dans le cadre des ateliers citoyens du budget participatif. Chiffré à 80 000 euros, il vise à créer un espace de rencontre et de nature vers la maison de quartier.

Bruno Hypolite, membre du collectif d’habitants

Et des habitants des Vareilles, Clairs Soleils et Boissy d’Anglas y viennent aussi ce qui induit de la mixité, c’est bien” , reprend Bruno Hypolite. Seuls deux bancs bruts entourent les terrains de sport qui s’ouvrent pourtant sur un beau panorama offrant une vue impre nable sur la Citadelle. “En sortant de la maison de quartier, il n’y a pas un endroit où se poser. Il y a des buis en fin de vie mais sinon l’espace n’est pas ombragé, d’où cette volonté de faire vivre la rencontre en aménageant cet espace, le rendre accessible aux per sonnes âgées, à mobilité réduite, aux poussettes, etc.” , énumère le Bregillot. La végétalisation du lieu s’accompagne d’une volonté d’éveil des enfants à la nature et à la culture en plantant des arbres fruitiers, en fabriquant des nichoirs à oiseaux. L’idéal du collectif est de pouvoir mettre en place un éco système de culture, au sens agricole et artistique du terme. Car le projet vise également la création d’une espla de Bregille qui a initié ce projet, espère beaucoup de ce projet d’espace de rencontre et de nature vers la maison de quartier.

nade et d’un théâtre de verdure pour que les activités proposées par la mai son de quartier mais également par d’autres associations, comme la chorale ou le théâtre d’improvisation puissent y trouver un lieu d’expression devant un public. “La maison de quartier a besoin d’être renforcée dans son dyna misme. Cet espace peut vivre autour des questions écologiques et sociales” , poursuit Bruno Hypolite.

N ouveau Bregillot avec sa famille depuis le mois d’août, Bruno Hypolite a vu se créer un groupe de “papote” entre parents et enfants au sein de la maison de quartier dès la rentrée de septembre. Si la cour Après-midis d’échange autour des 24 pro jets le samedi 25 mai place du 8 septembre et le1 er juin place de la Révolution. Pour voter : en ligne sur atelierscitoyens.besancon.fr ou par bulletin papier à déposer en mairie, dans une mai son de quartier, une bibliothèque ou média thèque de la Ville ou par voie postale, des tiné au service de la démocratie participative de la mairie.

d’école bétonnée de Bregille a été le point de départ des discussions, très vite, le groupe a élargi son horizon. “On s’est demandé ce qu’on pouvait faire ensemble pour s’entraider et amé liorer la vie du quartier, explique Bruno Hypolite. La maison de quartier propose essentiellement des activités pour les seniors.” Or, le quartier a tendance à se rajeunir avec de nombreuses familles. L’idée d’un espace de rencontres inter générationnelles a germé, étroitement liée à une fibre écologiste. Les terrains de sport, situés juste à côté de la maison de quartier, sont très occupés. “Mais il n’y a pas forcément d’espace pour les enfants, seulement pour les sportifs.

Ce projet a été estimé par les services de la Ville à 80 000 euros car il faut prévoir des tra vaux de terrassement, de végétalisation, l’ap port d’une fontaine à eau et de mobiliers urbains naturels et ludiques entre autres. “Ce projet est dans la logique de la trame verte. Et s’il ne se concrétise pas cette

“Lamaison de quartier a besoin d’être renforcée.”

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