La Presse Bisontine 263 - Mai 2024

L’événement 7

La Presse Bisontine n°263 - Mai 2024

l Témoignage

17mai

“La transphobie n’est pas une opinion mais un délit” C’est en 2018 que Charlie a réalisé qu’il était un garçon. Il débute sa transition en 2021, l’année de son arrivée à Besan çon. Une ville où il a globalement été très bien accueilli, sauf dans le milieu médical où il a subi plusieurs réactions intolérables.

Cette année encore, les revendica tions seront légionà l’occasion de la Journée du17mai.

S’ extraire du genre qui lui avait été assigné à la nais sance. Charlie*, aujourd’hui 29 ans, a été un enfant trans sans en avoir forcément conscience. “J’estime que j’ai toujours été un garçon mais que je ne le savais pas” analyse celui qui milite à Nouvel Esprit aujourd’hui. “Jusqu’en 2018, je me sen tais en décalage mais je ne savais pas pourquoi. Et puis, au fil de mes ren contres, j'ai appris que la transidentité existait, et j'ai fini par comprendre que c’était ça : que j'étais un homme trans.” Un parcours qui lui est propre puisque, comme il tient à le rappeler, “il y a autant de parcours que de personnes trans.” Contrairement à l’idée trop sou

encore trop souvent psychiatrisée. On nous demande des attestations de psy chiatres pour accéder aux hormones, pour accéder aux opérations… Et on doit encore passer devant le tribunal pour changer de genre sur nos papiers.” Au niveau local, Charlie se réjouit du travail entrepris par le Collectif du 17 mai Besançon. “Aujourd’hui, les personnes trans connaissent le même type d'attaques que les homosexuel(le)s

dans les années 1980. Nous avons besoin du soutien du plus grand nombre pour y faire face. Les agressions sont monnaie courante, ainsi que la désinformation. Pourtant, la transphobie comme l’ho mophobie ne sont pas des opinions mais des délits punis par la loi” conclut Char lie. La journée du 17 mai servira, entre autres, à le rappeler. n A.A. * Le prénom a été modifié

a vécu la transphobie. Surtout médi cale : “De la part d’un chirurgien. Ou d’une endocrinologue qui ne connaissait comme solution que d’envoyer les per sonnes trans vers des hypnotiseurs ou des médiums. À Besançon, c’est difficile pour une personne trans de trouver un médecin qui l’accueille convenablement, sans la bombarder de questions intru sives et déplacées.” Depuis la loi de modernisation de la justice de 2016, les démarches de chan gement d’état civil ne nécessitent plus un recours obligatoire aux opérations de réassignation sexuelle. Charlie déplore les “bâtons dans les roues” qui subsistent pourtant dans les parcours de transition. “La transidentité est

vent véhiculée, la transidentité n’est pas forcément vécue dans la souffrance. Les difficultés viennent plutôt des autres : du rejet familial ou de la trans phobie de la société. Charlie commence sa transition à son arrivée à Besançon en 2021. “Pourmoi, faire cette transition, c’était enfin pren dre soin de moi” raconte-t-il. “Besançon

a incarné la reprise de ma liberté. J’ai repris le contrôle de ma vie en arrivant ici.” Pour tant, même dans la capitale comtoise, très majoritairement ouverte, militante et progressiste, Charlie

“J’ai subi la transphobie dans le milieu médical !”

Nouvel Esprit propose des groupes de parole pour les personnes trans non binaires et en questionnement à Besançon. Pour plus de renseignements, contactez Nouvel Esprit par mail à lespapillons@nouvelesprit.org

l Anniversaire La parole des victimes S.O.S. Homophobie, 30 ans d’engagement L’association S.O.S. Homophobie Besançon

Pour en savoir plus sur S.O.S. Homophobie :

https://www.sos homophobie.org/

Un sujet qui appelle à la plus grande vigilance. Laurence Nguyen le rappelle, l’an dernier, des participants au festival Love for All de Besançon ont été menacés à la sortie de l’événe ment. “S.O.S. Homophobie est habilitée à se porter partie civile” conclut-elle. Car 30 ans après la création de l’association, la haine continue de prospérer et la conquête de nouveaux droits est plus que jamais d’actualité. S.O.S. Homophobie suit de près les engagements du gouverne ment. Notamment son plan national (2023-2026), pour l’éga lité, contre la haine et les dis criminations anti-L.G.B.T. n

Homophobie depuis août dernier. “Cette journée donnera encore plus de visibilité à nos luttes. Surtout dans un contexte poli tique où une proposition de loi de sénateurs L.R. vise à interdire la transition de genre aux mineurs. Nous, nous défendons

participera à la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie. Laurence Nguyen salue l’engage ment de la Ville de Besançon sur la question.

S. O.S. Homophobie France a 30 ans. Née en 1994, l’association est toujours autant mobilisée contre la haine L.G.B.T. et pour l’égalité. Elle est devenue une des plus grandes associations L.G.B.T. françaises. Tous les ans, elle pro pose un rapport sur l’homopho bie, document de référence encore aujourd’hui, qui met en lumière la réalité de la haine

anti-L.G.B.T. À Besançon aussi, S.O.S. Homo phobie est là pour soutenir et recueillir la parole des victimes. Prévenir les L.G.B.T. phobies. Se faire mieux connaître aussi. Elle sera évidemment présente à l’occasion de la journée du 17mai. “Tout au long de l’année, nous proposons des interventions en milieu scolaire ou auprès des adultes” rappelle Laurence Nguyen, bénévole à S.O.S.

une société inclusive. En ce sens, nous saluons le tra vail de la Ville de Besançon, d’Anne Vignot et de son équipe qui sont engagées sur le sujet.”

L’association vigilante face auplandu gouvernement.

Une précédente manifestation de S.O.S. Homophobie à Besançon.

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