La Presse Bisontine 261 - Mars 2024

30 Économie

La Presse Bisontine n°261 - Mars 2024

TOURISME

Bourgogne-Franche-Comté Notre région a perdu une centaine d’hôtels en 5 ans

Dans le Grand Besançon, on compte encore 38 hôtels. Mais l’hôtellerie est de plus en plus challengée par d’autres formes d’hébergements. Elle doit s’adapter au changement.

Les hébergements dans le Grand Besançon

n 219 hébergements - 5 665 lits n 147 meublés - 524 lits n 27 chambres d’hôtes - 151 lits n 3 campings - 633 lits

n 38 hôtels - 4 205 lits n 2 gîtes de groupes - 29 lits n 2 hébergements collectifs - 123 lits

L e temps de l’hôtellerie familiale est-il révolu ? Sans doute pas, mais les modèles d’hébergements touristiques sont en pleine évo lution. Notre territoire du Grand Besan çon compte encore 38 hôtels. Il y a quelques décennies, chaque village avait au moins un hôtel sur son territoire. Si certains ont résisté, évolué et continué d’investir (l’Hôtel Victor Hugo, le Sau vage ou le Paris à Besançon par exem ple), d’autres ont périclité ou n’ont pas trouvé de successeurs et n’ont pas résisté à l’évolution de la demande. “Le parc hôtelier de Bourgogne-Franche-Comté a bien régressé entre 2018 et 2023, confirme Yann Bellet, le directeur adjoint de Bourgogne-Franche-Comté Tourisme. Nous comptons 99 hôtels en moins et 1 361 chambres en moins, soit respectivement - 11,1 % et - 5,6 % en à peine cinq ans. La B.F.C. est hélas la région française où la baisse en pour centage est la plus forte. En volume, on subit la quatrième plus forte baisse du nombre d’hôtels et la troisième plus forte baisse du nombre de chambres par rapport aux autres régions fran çaises.” Si le nombre d’hôtels décroît inexorablement, cela ne signifie pas que la région, et le Grand Besançon d’autant plus, n’est plus une terre d’ac cueil touristique. Tant s’en faut. Notre territoire ne compte pas moins de 219 hébergements touristiques, soit près de 5 665 lits. Dans cette catégorie, on trouve notamment les hébergements privés loués sur les plateformes type Airbnb. À l’échelle du département, leur nombre a presque doublé en l’espace de cinq ans : on en comptait 1 132 en

concurrence directe à l’hôtellerie tra ditionnelle. “On reçoit 80 à 100 porteurs de projets par an” ajoute Maryline Millot. La montée en gamme est également une tendance nette, que ce soit en hôtel lerie ou dans toutes les autres formes d’hébergements. 68 % des classements le sont sur une gamme 3 étoiles et plus. “Rien que l’an dernier, nous avons accompagné une quinzaine de porteurs de projets qui visaient les 5 étoiles. Les montées en gamme concernant les meu blés de tourisme et les hébergements de grande capacité, c’est 30 % des projets qu’on suit actuellement” complète Doubs Tourisme qui remarque en parallèle que les projets de nouvelles chambres d’hôtes repartent à la hausse. Les projets de nouveaux hôtels, eux, se font de plus en plus rares. Face à cette évolution, les élus des col lectivités territoriales cherchent à adap ter leurs actions. “Concernant les héber gements marchands, la politique régionale vise prioritairement à soutenir la modernisation et le développement de l’hôtellerie familiale située en milieu rural, confrontée aux enjeux de réin vestissement, de transition énergétique, et de renouvellement de produit pour répondre aux attentes des clientèles” observe Patrick Ayache, vice-président de la Région Bourgogne-Franche-Comté chargé du tourisme. Il annonce d’ailleurs que “des dispositifs d’aide en cours d’éla boration seront soumis au vote des élus régionaux lors d’une prochaine assem blée plénière au printemps” dans le cadre du Schéma Régional de Dévelop pement du Tourisme et des Loisirs 2023

2019, ils étaient 2 169 en 2023. “Les frontières sont de plus en plus floues entre les différents types d’hébergements constate Maryline Millot, responsable du service ingénierie à Doubs Tourisme, l’agence départementale de promotion du tourisme. Et les demandes évoluent. Si on constate une baisse du nombre d’hôtels à l’échelle du Doubs (N.D.L.R. - 13 % en cinq ans), d’autres formes d’hébergements montent en puissance comme les gîtes de groupe de grandes capacités qui correspondent à une vraie envie de se retrouver pour des groupes constitués et qui permettent de pallier la carence en hôtels.” Même constat pour les logements mis à dis position par les propriétaires sur les plateformes de location. “Certaines familles ou groupes d’amis ont tendance

Évolution de l'hôtellerie l Nombre d'hôtels - au 1 er janvier de chaque année - Source I.N.S.E.E. 2019 2020 2021 2022 2023 Évol 2019/2023 B.F.C. 879 862 842 811 791 - 10 % Doubs 128 125 122 118 111 - 13 % l Nombre de chambres - au 1 er janvier de chaque année - Source I.N.S.E.E. 2019 2020 2021 2022 2023 Évol 2019/2023 B.F.C. 24 264 24 137 23 748 23 043 23 050 - 5 % Doubs 3 783 3 754 3 651 3 667 3 567 - 6 % l Évolution des meublés touristiques genre Airbnb - Source AirDNA Nombre de logements disponibles au moins un fois à la location dans le mois 2019 2020 2021 2022 2023 Évol 2019/2023 B.F.C. 10 200 12 563 12 206 13 883 16 783 65 % Doubs 1 132 1 426 1 414 1 693 2 169 92 %

à préférer louer des logements entiers plutôt que de choisir la formule chambre d’hôtes ou hôtels” poursuit la spécia liste. Illustration de cette tendance à la hausse : Doubs Tou risme a classé l’an dernier près de 130 meublés de tourisme (créations ou renou vellements). À l’échelle du départe ment, ces meublés de tourisme représen tent aujourd’hui un parc de 1 233 loge ments, soit plus de 6 000 lits. Une

“Des dispositifs d’aide sont en cours d’élaboration.”

2028 voté lors de la dernière séance plénière de la Région mi-décembre. “Ce schéma régional incarne l’ambition tou ristique de la région et son engagement vers un tourisme responsable. Fil rouge du schéma, ce nouvel engagement entend développer un tourisme supportable à long terme sur le plan écologique, viable sur le plan économique et équitable sur le plan éthique et social. Les héberge ments touristiques sont particulièrement ciblés par ce schéma” ajoute l’élu régio nal. n J.-F.H.

EN BREF

Diderot Le collège Diderot de Besançon organise, comme chaque année, son forum des métiers à destination des élèves de 4ème et de 3ème. Rendez-vous le vendredi 8 mars toute la matinée en salle polyvalente. Plus de renseignements au 06 14 14 11 76. Emploi Anne Vignot, présidente de Grand Besançon Métropole et Anne Barralis, directrice de l’Urssaf Franche-Comté ont signé une convention de partenariat afin de collaborer sur un projet expérimental de cartographie interactive des emplois sur le territoire. À travers ce nouveau partenariat, l’Urssaf Franche-Comté s’engage à mettre à disposition de la communauté urbaine du Grand Besançon des données chiffrées sur l’emploi - agrégées et anonymisées - par zone d’activité économique. Objectif: mieux appréhender les mutations du territoire pour mieux orienter le programme de développement économique. Franois Le Théâtre saint-Joseph de Franois présente son nouveau spectacle “Une histoire à dormir debout”. Clémentine et Jacques ont invité Carine, la sœur de Clémentine, et son nouvel ami, François, qui est hypnotiseur. Celui-ci séduit tout le monde par ses méthodes, notamment en calmant Simone, la terrible mère de Jacques. Mais l’irruption de Jessica, pourchassée par Francky, perturbe rapidement cette belle harmonie! Les 24 et 25 février, les 2, 3, 9, 10, 15, 16, 17, 203 et 24 mars à Franois. Plus d’infos au 0782059242.

INTERVIEW L’ambassadeur Airbnb du Doubs “Le phénomène Airbnb a pris une proportion phénoménale” Professionnel du tourisme installé dans le Nord Franche-Comté, Paul Lamzouri est l’ambassadeur de la plateforme Airbnb pour le Doubs. Plus de 3 000 logements seraient concernés dans notre département.

Paul Lamzouri est l’ambassa deur de la communauté Airbnb pour le Doubs et le Territoire de-Belfort.

L a Presse Bisontine : Que repré sente le phénomène Airbnb dans notre département ? Paul Lamzouri : Plus largement qu’Airbnb qui est devenu un nom presque générique, on parle d’O.T.A., comme Online travel agencies, pour désigner toutes les plateformes de réser vation en ligne. Ce phénomène a pris une proportion phéno ménale, notamment depuis le Covid. On estime le nombre de logements dans le Doubs concernés par les réservations en ligne entre 3 000 et 4 000. Ce chiffre a quasiment doublé en cinq ans.

P.L. : Notre département est à couper en deux. Il y a les prin cipales villes comme Besançon et Montbéliard-Belfort où le tourisme d’affaire via les pla teformes est très développé et représente aujourd’hui les deux tiers de la clientèle Airbnb. Et il y a le Haut-Doubs, où on dis tingue le tourisme classique, avec également de plus en plus de logements Airbnb. Et, en plein développement, les loge ments Airbnb loués à la semaine ou au mois par des travailleurs frontaliers qui arri vent sur le territoire et qui prennent cette solution en attendant de trouver un loge ment plus stable ou pendant leur période d’essai.

L.P.B. : Les plateformes type Airbnb ne concernent d’ailleurs pas que les meublés ? Les hôtels et les chambres d’hôtes ont intérêt également à y être présents ? P.L. : Ils se doivent d’y être aussi. Plus personne aujourd’hui ne peut se passer de la visibilité d’une plateforme. Il y a quelques années, ces plate formes étaient perçues comme des “moutons noirs” par les pro fessionnels du tourisme. Main tenant, tout le monde se rend compte, y compris les collecti vités et les offices de tourisme, qu’on ne peut pas faire sans elles. Les collectivités récupè rent une part de taxe de séjour non négligeable. L’an dernier,

Airbnb a dû reverser environ 300 000 euros de taxes de séjour à l’échelle du Doubs. Les pla teformes constituent l’avenir de la location meublée. Le Doubs est d’ailleurs ressorti dans la plateforme Airbnb l’été dernier et l’été précédent comme une destination phare pour Airbnb, grâce aux atouts de ce département qui sont de plus en plus visibles à travers les plateformes.

devrait se poursuivre ? P.L. : Je pense qu’on est proche du niveau maximal. Désormais, il s’agit pour les meublés de se différencier, par d’autres atouts : une conciergerie, la décoration, le nouveau de confort du loge ment, etc. Un studio tout blanc sans aucune décoration, aujourd’hui, sur Airbnb, ça ne marche plus. La montée en gamme progressive concerne donc aussi les logements sur les plateformes. n Propos rcueillis par J.-F.H.

L.P.B. : Cela concerne tout le terri toire ?

L.P.B. : Cet essor des plateformes

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