La Presse Bisontine 261 - Mars 2024
Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besançon
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MARS2024
Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon
www.presse-bisontine.fr
N° 261
La maire de Besançon ne veut plus l’allumer Citadelle de Besançon : extinction des feux ! Mais un nouveau plan d’éclairage est à l’étude
l’événement en pages 6 et 7
(photo E. Chatelain - Ville de Besançon)
P. 18 À 21
ImmIgratIon P. 26-27 Montfaucon donne l’exemple Qui pour accueillir ici les jeunes migrants Aucune structure d’accueil
armée
350 militaires de plus Besançon, une des trois plus grandes garnisons de France
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2 Retour sur info - Besançon
La Presse Bisontine n°261 - Mars 2024
Laura Sivert, en bronze pour une première
Le futur commissariat de Planoise se situera rue des Flandres
L e ministre de l’Intérieur Gérald Dar manin, de passage à Besançon le 10 février dernier, a confirmé que Besançon devrait avoir dans quelques années un second commissariat de Police, dans le secteur de Planoise. La visite minis térielle s’est faite dans un contexte où la police locale avait mené une opération dite “Place nette” quelques jours auparavant, avec des saisies importantes de drogues
et permettra de moderniser des locaux de la Gare d’eau devenus trop exigus suite à l’augmentation importante des effectifs de police” se félicite l’élu. Besançon compte désormais quelque 400 policiers sous la responsable d’Yves Cellier, le directeur interdépartemental de la police du Doubs. Après cet effet d’annonce, reste à savoir où serait implanté ce nouveau commis sariat, sur un terrain que la maire de Besan çon Anne Vignot se disait prête à mettre à disposition de l’État. Selon la mairie, un terrain serait d’ores et déjà ciblé : “L’em placement retenu se situe entre la rue de Champagne et la rue des Flandres. La par celle n’est pas encore disponible, des tra vaux importants sont à réaliser sur cet embranchement” confie le cabinet de la maire. ■
et d’armes, dont un lance-roquettes. Cette annonce a de quoi satisfaire le député bisontin de la circonscription Laurent Croi zier. “C’était un de mes premiers engage ments de campagne et j’en avais parlé à Gérard Darmanin dès le début de mon mandat. C’est une très bonne nouvelle pour Besançon. Ce nouveau commissariat renforcera le plan d’actions de la police nationale sur l’ensemble de l’Ouest bisontin
La karatéka Laura Sivert avec sa médaille de bronze
C’est à cet emplacement,
décrochée aux championnats du monde de Budapest (photo Moudor Sene).
entre la route de Dole et Planoise que ce nouveau commissariat doit être construit.
Le nouveau François Boucher dévoilé U ne médaille de bronze qui a eu le goût de l’or. Mais aussi une victoire contre le sort. En
des championnats d’Europe qui se dérouleront du 8 au 12 mai à Zadar en Croatie. “L’objectif sera la finale et la médaille d’or” annonce la licen ciée de la Sauvegarde de Besançon. “Il faut que je continue sur ma lancée de 2023. Je travaille beaucoup avec mon entraîneur Fodé Ndao, sur la stratégie à adopter et l’analyse de mes adversaires pour bien m’adap ter.” S’adapter, la multiple cham pionne de France en a fait sa spé cialité. Sportive de haut niveau amateur, elle mène aussi une bril lante carrière de kiné. Avec un emploi du temps pas toujours sim ple à gérer. “Le karaté demande beaucoup d’investissement” ter mine Laura. “Nous avons besoin de sponsors pour financer nos par ticipations aux compétitions.” Entre la course aux sponsors et la quête de médailles d’or, Laura Sivert aura encore de multiples objectifs à atteindre cette saison. ■
octobre dernier à Budapest, Laura Sivert, 26 ans, a décroché sa pre mière médaille individuelle de karaté à l’occasion des championnats du monde. “Je ne me suis pas battue que pour moi” se souvient Laura plus de 3 mois après l’événement. “Mais aussi pour ma famille et surtout pour mon frère qui avait été victime d’un accident de la route.” Battue en demi-finale contre la future cham pionne du monde, elle a su se remo biliser deux jours après pour aller chercher une médaille au terme d’un combat stratégiquement parfaite ment exécuté. Plus globalement 2023 fut, pour Laura Sivert, une bonne année. Cinquième aux cham pionnats d’Europe, elle a progressé. En ce début d’année 2024, la Bison tine membre de l’équipe de France est déjà tournée vers la préparation
1 15 000 euros au marteau, 148 810 euros avec les frais. C’est le prix que la Ville de Besançon, avec l’appui de ses partenaires, a déboursé pour exercer son droit de préemption et se rendre pro priétaire de ce tableau de Fran çois Boucher intitulé “Le mérite de tout pays”, lors d’une vente à Drouot en fin d’année der nière. Peint entre 1742 et 1745, le tableau a été dévoilé en avant-première début février au musée des beaux-arts de Besançon, avant que le public puisse le découvrir dans quelques mois, suite à une petite période de restauration. Cette huile sur toile, chinoiserie qui représente une femme et Éditorial Isolés
deux enfants agaçant un chat avec des bâtons, vient com pléter la collection bisontine des œuvres de ce peintre. Le musée conserve notamment depuis deux siècles dix cartons de ces chinoiseries réalisées par François Boucher réalisés en 1742 pour la manufacture de Beauvais et qui avait donné lieu en 2019 à la remarquée exposition “La Chine rêvée de François Boucher”. “L’acqui sition de ce dernier tableau permettra de développer consi dérablement l’accrochage des chinoiseries de François Bou cher et de consacrer un réel espace consacré à ses chefs d’œuvre dans la salle vouée au XVIII ème siècle français” se
Le tableau de François Boucher a été dévoilé début février, il sera exposé à partir de septembre après une phase de restauration.
réjouit la direction du musée. “On n’avait pas de chinoiserie de Boucher de cette dimen sion, c’est une acquisition exceptionnelle” se réjouit Lau
rence Madeline, la directrice de l’institution muséale. Le public devra patienter jusqu’en septembre pour admirer cette toile. ■
total de la politique d’immigration d’une part, et d’accueil d’autre part de la France. Les bien-pensants, les bonnes consciences, les garants de la morale, tout ce petit monde de l’entre-soi qui continue à affir mer qu’il n’existe pas en France une ques tion à traiter sur l’immigration, estimant que l’évocation seule de ce sujet serait un marqueur d’extrême droite, se trompent lourdement et se rendent même complices de ce système inefficace qui conduit à laisser entrer en Europe et en France des personnes qui y seront mal accueillies. Accueillir aussi indignement, est-ce accueillir ? Les initiatives altruistes comme à Montfaucon en ce moment, aussi remar quables qu’elles soient, ne constituent pas non plus une solution à grande échelle. La France peut évidemment accueillir plus dignement les étrangers sur son sol. Encore faut-il que le pays se donne les moyens d’une politique à la fois ferme et digne. Les deux sont bien compatibles. ■ Par le directeur de la rédaction Jean-François Hauser
qui se renvoient la balle pour savoir qui saura mieux repousser le problème vers l’autre collectivité. Ainsi État, Départe ment du Doubs et Ville de Besançon se renvoient à la figure leur devoir d’huma nité et en attendant, ces paumés de la mondialisation, ce sont des familles qui leur ouvrent les bras. À Montfaucon depuis le mois dernier, un exemplaire élan de solidarité est à l’œuvre, piloté discrètement par son maire Pierre Contoz et relayé par des habitants généreux, pour accueillir ces jeunes Africains échoués là. Peut-être Besançon emboîtera-t-elle le pas à ses alliés écologistes, les maires de Strasbourg, Grenoble et Bordeaux qui viennent de lancer une action commune contre l’État pour demander le remboursement des sommes qu’elles ont engagé pour accueillir ces mineurs non accompagnés et leur évi ter de dormir à la rue. Il n’en reste pas moins que cet afflux massif de jeunes, mineurs ou non d’ailleurs, montre l’échec
Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Rédaction : Frédéric Cartaud, Thomas Comte, Jean-François Hauser, Laurine Personeni. Ont collaboré à ce numéro : Alexandre Arbey, Sarah George. Directeur artistique : Olivier Chevalier. Conception pubs : Éloïse Perrot. Équipe commerciale : Virginie Girardot, Anthony Gloriod. est éditée par la société “Publipresse Médias” S.I.R.E.N. : 424 896 645 Rédaction et publicité: 0381679080 E-mail: redaction@publipresse.fr Crédits photos : La Presse Bisontine, Atelier Jéol - M. Djaoui, E.B. K-clics, P. Chicaud, J.-C. Jacot tot, L.P.O. - P. Aghetti, R.M.N. Grand Palais musée d’Orsay S. Chan-Liat, S.C.H. Thomas, M. Sene. Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N.: 1623-7641 Dépôt légal : Février 2024 Commission paritaire : 0225 D 80130
O n les appelle pudiquement des mineurs isolés. Isolés de leur famille, isolés de leur pays, isolés de toute espèce de perspective pour leur avenir alors qu’ils démarrent leur vie. Ils ont fui la misère, l’Afrique subsaharienne, pour tenter une vie meil leure au nord. Ils ont transité par le Maghreb mais là-bas, on leur fait vite comprendre qu’on n’aime pas les Noirs. Ils arrivent alors en France, échoués dans des territoires parfaitement inconnus où ils se voient répondre, peut-être moins brutalement, qu’ici non plus, on n’aime pas les étrangers, ou en tout cas si on les aime ou accepte leur présence, on n’a aucune solution d’accueil à leur proposer, pas un toit, pas un abri. Ils arrivent dans un pays pourtant suréquipé en normes de toutes espèces, en organismes d’État
4 Les interviews du mois
La Presse Bisontine n°261 - Mars 2024
BESANÇON Croq’Soleils “Il n’y a pas de vision globale de l’aide alimentaire” À la tête de la structure de distribution alimentaire Croq’Soleils depuis trois ans, Gaston Pernin prédit une année compliquée. Il compte sur les bénévoles et sur l’État pour passer le cap.
ADMINISTRATION Le nouveau préfet du Doubs “Je suis dans un esprit d’écoute et de dialogue”
L a Presse Bisontine : Dites-nous en un peu plus sur vos origines haut-dou bistes ? Rémi Bastille : Ma famille étant installée dans le Haut-Jura, je suis né à Pon tarlier parce que c’était la maternité la plus proche de la maison ! J’ai grandi dans ce secteur du Haut-Jura, le suis donc un vrai Comtois mais je suis parti assez rapidement de chez moi. À 15 ans, je suis allé suivre un cursus scolaire aux États-Unis, avant de revenir en France et de poursuivre mes études à Dijon, puis Strasbourg à l’institut d’études politiques avant d’intégrer l’E.N.A. et de démarrer ma carrière professionnelle. L.P.B. : Vous avez démarré sur les chapeaux de roues avec ce rassemblement des agricul teurs le jour de notre installation. R.B. : C’est d’abord un immense honneur d’avoir été nommé préfet du Doubs. Mon travail, avec les agriculteurs comme avec toutes les autres forces vives de ce département, sera de com mencer par écouter. Je me garderais bien de donner des avis définitifs sur Bastille a été nommé à 40 ans préfet du Doubs. Premières impressions. l 2011: Administrateur civil affecté au ministère de l’Intérieur, chargé de mis sion l 2011: Sous-préfet, directeur de cabi net du préfet de la Savoir l 2012: Directeur de cabinet du préfet de la Corse-du-Sud. l 2014 : Chargé de mission dans les services du Premier ministre. l 2015 : Chef de cabinet adjoint du Premier ministre. l 2017 : Chef du service de gestion des personnels de la Police nationale. l 2017: Conseiller chargé des affaires régaliennes au cabinet de la ministre des outre-mer, puis diverses missions liées aux outre-mer. l 2020 : Secrétaire général du haut commissariat de la République en Nou velle-Calédonie. l 2022 : Préfet chargé d’une mission de service public relevant du gouver nement. l 2023 : Directeur adjoint du cabinet du ministre de l’Intérieur. l 29 janvier 2024 : Prise de fonction en tant que préfet du Doubs. Après un long passage au ministère de l’Intérieur et des missions outre-mer, notamment en Nouvelle-Calédonie, Rémi Son parcours l 2009 : Élève de l’E.N.A.
E lle accueille des bénéficiaires venus de Montrapon et des Clairs Soleils. Née en 1991, Croq’Soleils est une structure de distribution alimentaire qui aide chaque semaine 120 familles et 380 bénéficiaires. Comme toutes les autres associations, elle s’in quiète de la baisse de ses dotations. “L’année 2024 va être dure” prédit Gaston Pernin qui a repris l’association de la rue de Chalezeule il y a trois ans. “La Banque Alimentaire ramasse de moins en moins dans les magasins. Car les magasins vendent de plus en plus à date limite ou dépassée. Aujourd’hui, on ne reçoit plus rien à J - 1. Les grandes sur faces vont de plus en plus du côté de l’anti-déchet. C’est normal mais nous, ça nous enlève un approvisionnement important.”
De son côté, Croq’Soleils a de plus en plus de bénéficiaires, 50 % en plus depuis la crise sanitaire de 2020. “Avec l’infla tion, le coût de la vie, l’augmentation du prix des loyers, ils viennent désormais toutes les semaines. Au niveau de
Croq’Soleils, on fait ce qu’on peut mais c’est à l’État de prendre plus en compte certaines choses : il n’y a pas de vision glo bale de l’aide alimentaire au niveau de l’État et cela est regrettable. L’État doit comprendre que l’aide alimentaire, ce n’est pas que les Restos du cœur même s’ils sont importants. Il y a aussi des petites associations
Des équipes à renouveler pour durer.
Rémi Bastille, né à Pontarlier, est arrivé le 29 janvier à la tête de la préfecture du Doubs. Il est ici aux côtés de la nouvelle secrétaire générale de la préfecture Nathalie Valleix.
des sujets que je ne maîtrise pas encore complètement. Concernant les agri culteurs, c’est pareil, il s’agissait d’abord de commencer par les écouter. Et il faut sur cette question que nous puis sions adapter les réponses de l’État aux réalités locales qui ne sont pas les mêmes ici dans le Doubs qu’ailleurs en France. L.P.B. : Quelles sont vos priorités en arrivant ici ? R.B. : La sécurité sans doute. C’est ce dossier que je mettrais en priorité. Les agglomérations de Besançon et de Montbéliard ont leurs problèmes spé cifiques sur ce point, mais je n’oublie pas non plus les territoires ruraux qui connaissent eux aussi de l’insécurité parfois. La sécurité est le cœur de la mission régalienne de l’État. Nous ne pourrons réussir aucune mission édu cative, l’autre priorité de l’État, si des dealers sont au pied des immeubles où nos gamins grandissent. Tout com mence donc par cette question de la sécurité. Concernant les trafics de drogue, nous organiserons d’autres opérations “place nette” sur notre ter ritoire et nous mènerons à bien j’espère rapidement la mise en place à Besançon de la Force d’action républicaine (F.A.R.) que le gouvernement avait annoncé. L.P.B. : Le départ un peu précipité de votre prédécesseur Jean-François Colombet vous a-t-il tout de même laissé le temps d’une transmission des dossiers ? R.B. : C’est la règle habituelle dans les services de l’État, mais oui, avec Jean François Colombet, on a passé en revue les principaux sujets qui occupent le département en ce moment : les ques tions industrielles, les enjeux agricoles, la sécurité, et il m’a donné quelques conseils précieux sur certains d’entre eux. Sachant que je souhaite que l’État soit dans ce département le meilleur accompagnateur possible pour aider
les acteurs de ce territoire à mener à bien leurs projets. Tout le monde m’a renvoyé le sentiment que Jean-François Colombet a été un très bon préfet, je m’emploierai donc à être dans sa conti nuité pour mener au mieux les dossiers qu’il avait engagés. n Propos recueillis par J.-F.H.
Retour Les adieux émus du préfet Colombet
C omme souvent, aucune note sur son pupitre. Et le préfet sortant n’avait pas forcément l’intention de faire un grand discours. Alors Jean François Colombet y est allé de son allo cution, spontanée. “Alors il nous faut porter le poids de la séparation…” a-t il commencé. “Je me sépare d’un métier qui m’a passionné, qui est passionnant.” Visiblement marqué par son passage dans le Doubs, il dit avoir découvert “un tissu économique qui m’a fasciné, une puissance de production, de développe ment, d’innovation… En tant que “gens du voyage” - (N.D.L.R. c’est son 17 ème déménagement) -, je n’avais jamais vu ça !” Il poursuit: “Je porte le poids de la séparation d’un territoire que je ne connaissais pas mais où je me suis senti tout de suite très bien. On tombe forcé ment amoureux de ce territoire… Telle ment, que je vais y revenir dans quelques mois…” a-t-il soufflé pour dire que cette dernière mission professionnelle un peu forcée à Paris n’était qu’une parenthèse Il avait réuni en préfecture le 25 janvier ceux qui l’ont côtoyé pendant deux ans et demi dans le Doubs. Son départ précipité aura étonné. Il part sur un discours chargé d’émotion.
Ému, Jean-François Colombet a dit au revoir au Doubs qu’il a servi pendant 30 mois.
dans sa fin de carrière. “Pour l’instant, je me sépare de ce territoire avec beaucoup de souffrance” a-t-il ajouté la voix un peu plus faible. En dressant le bilan de ses 30 mois à la tête des services de l’État dans le Doubs, le préfet Colombet estime qu’il a “toujours essayé d’être à la hauteur de la qualité des femmes et des hommes de ce territoire. Ce qui me permet de quitter cette maison la tête haute.” Et de repren dre à son compte une phrase d’Abraham Lincoln, le président des États-Unis auteur du 13 ème amendement qui a abrogé l’esclavage : “L’engagement, c’est ce qui transforme la promesse en réalité.”
“Chaque matin en me levant, poursuit le préfet sortant, je me demandais ce que je pourrais faire pour transformer les promesses en réalité.” Mais plutôt que des adieux, ce sont des au revoir qu’il a adressés à ceux qui sont venus le saluer ce soir-là. “Et où que je sois désormais, où que je me retrouve, je serai l’ambassadeur du Doubs et de la Franche-Comté, ainsi que de ces hommes et de ces femmes que je n’ou blierai jamais.” Sur le côté, sa compagne, comme certains membres des services préfectoraux, écra sent une larme… Il n’en dira pas plus sur les circonstances de son départ. n
Les interviews du mois 5
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Président de la Banque alimentaire Franche-Comté, Gilles Lelièvre s’efforce de développer les partenariats, notamment avec le monde agricole. Il cherche des solutions pour faire face à l’augmentation de la fréquentation de l’aide alimentaire. Banque alimentaire de Franche-Comté “Nous n’étions pas des acheteurs dans l’âme auparavant”
dénoncé leurs conventions avec nous. Il y a une baisse globale de la ramasse, moins de produits pour les associations notamment moins de légumes frais, de fruits, de viande, de lait. De notre côté, nous cherchons à développer du partenariat, notamment avec le monde agricole, pour voir comment faire jouer la solidarité, pour trouver toujours davantage de produits pour subvenir aux besoins des gens. Mais l’État, même s’il a promis une aide excep tionnelle aux Restos du cœur qui comme d’autres ne peuvent plus faire face à l’inflation, ne favorise pas plus l’un que l’autre. L.P.B. : La coordination locale entre les acteurs publics et privés de l’aide alimentaire est elle satisfaisante ? G.L. : Oui il y a une bonne coordination des associations à Besançon. Nous avons des réunions trimestrielles avec le C.C.A.S. qui coordonne l’action muni cipale et cherche des solutions aux problématiques qui se posent. n Propos recueillis par A.A.
L a Presse Bisontine : Quelle est la situation de l’aide alimentaire en Franche-Comté en ce début d’année 2024 ? Gilles Lelièvre : Le recours à l’aide ali mentaire (via le C.C.A.S., les épiceries sociales) est en augmentation globale au niveau de la Franche-Comté. L’in flation a impacté la fréquentation de l’aide alimentaire: il y a 9 % de plus de bénéficiaires et 20 % de plus de pas sages. La ramasse se tasse et l’écart se creuse entre l’offre et la demande. On achète des produits via des entre prises d’insertion comme “Les Paniers de la mer” et “Les Jardins de la Médi terranée” et on développe nos actions sur le plan local auprès des agriculteurs. Cela est nouveau car nous n’étions pas des acheteurs dans l’âme auparavant. L.P.B.: Comment réagissez-vous quand des structures de distribution alimentaire comme
Croq’Soleils ont le sentiment de perdre des fournisseurs au profit des Restos du cœur ? G.L. : Il y a une diminution des quan tités, par exemple de la part de la pla teforme Intermarché de Rochefort sur-Nenon, qui va essentiellement aux Restos du cœur, mais il n’y a pas d’abandon. Les magasins n’ont pas
Gaston Pernin et Élisabeth Lhéritier, présidente de Montrapon Distribution Alimentaire.
À la Banque Alimentaire Franche-Comté, Gilles Lelièvre peut compter sur une équipe
Pour le moment, Gaston Pernin le prési dent, Denis Seigneurin le vice-président, leur bureau et leur conseil d’administra tion font tourner l’association. Mais ils ont besoin de sang neuf pour poursuivre au mieux leurs actions. n A.A.
comme la nôtre.” Pour durer, Croq’Soleils a donc besoin de mobiliser mais aussi de s’étoffer. L’asso ciation recherche des bénévoles pour renouveler ses équipes. “Aujourd’hui, nous sommes une vingtaine” poursuit Gaston Pernin. “Nous avons besoin de bénévoles qui ont des compétences en tré sorerie, au niveau administratif. Pas seu lement pour faire de la manutention. Plus globalement, nous manquons aussi de responsables au sein de l’association.”
de bénévoles organisés et motivés.
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6 L’ÉVÉNEMENT
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L’ÉCLAIRAGE DE LA CITADELLE EN MODE PAUSE
De nombreuses critiques se sont élevées contre Anne Vignot qui a décidé de ne plus éclairer le site le plus emblématique de la ville. Mais la mairie prépare un nouveau plan d’éclairage compatible avec les contraintes du site. Détails (photo d’introductiàon E. Chatelain - Ville de Besançon).
l Patrimoine Un rapport attendu en juin Vers un nouveau plan d’éclairage pour la Citadelle
Pollution lumineuse, consommation énergétique, protection de la biodiversité… Autant d’arguments selon la Ville de Besançon pour ne plus éclairer la Citadelle. Un nouveau plan est en préparation.
La municipalité d’Anne Vignot a décidé de changer totalement de cap par rapport à la politique d’éclairage de ses bâtiments publics. Les amoureux du patrimoine se désespèrent de voir à nouveau les murs d’enceinte de la Citadelle briller de mille feux. Cette époque est, pour l’instant, révolue. “Plusieurs raisons nous ont pous sés à décider de ne plus éclairer la Cita delle comme avant, explique Anne Vignot. La présence d’avifaune sur les remparts, comme les hiboux grands-ducs ou les chauves-souris. La question plus globale de la pollution lumineuse, et la consom mation énergétique de nos bâtiments. On est tous contents de voir la Citadelle éclairée, mais il faudra à l’avenir rendre compatibles tous ces enjeux.” Alors pour résoudre cette équation, la Ville de Besançon a missionné un cabinet d’études spécialisé, suite à un appel d’of fres, afin qu’il étudie la compatibilité d’un nouvel éclairage avec les enjeux actuels. C’est le cabinet Atelier Jéol, basé à Lyon, qui planche actuellement sur le sujet. “Notre objectif est de proposer un dispositif qui fasse au moins aussi bien qu’avant et mieux sur les plans écologique et éco nomique. Les Leds offrent des possibilités de réglages très fins et différenciés pour
C’ était l’époque où E.D.F. sub ventionnait, voire finançait toutes les villes qui souhai taient mettre en valeur leur patrimoine bâti par de l’éclairage noc
turne. Comme bien d’autres villes fran çaises, Besançon a bénéficié des largesses de l’électricien et pu mettre en valeur pendant des années son joyau patrimo nial, la Citadelle. Mais ça, c’était avant…
Les actuels systèmes d’éclairage, énergivores, seront déposés (photo P. Chicaud).
sera proposé aux élus. Une fois validées les propositions de l’Atelier Jéol, la Ville engagera des tra vaux de remplacement de l’éclairage de la Citadelle à partir de la rentrée, pour une fin de chantier prévue en fin d’année 2025. “Nous conduirons ce chantier sans doute par phases” ajoute la mairie qui travaille sur ce dossier en lien avec la D.R.A.C., le réseau des sites Vauban, l’architecte des bâtiments de France et les associations environnementales dans le cadre d’une commission spéciale dédiée au sujet. n J.-F.H.
s’adapter au mieux au site” indique Guil laume Jéol qui dirige l’Atelier. Pour cette étude, Besançon débourse 50 000 euros. “Nous présenterons les résultats de cette étude en juin” confie Anne Vignot. Selon Guillaume Jéol, les technologies d’au jourd’hui permettront de “continuer à éclairer la Citadelle qui est un phare pour Besançon et toute une région, tout en respectant les contraintes liées à ce site, et également sa biodiversité.” En résumé, un nouvel éclairage, dans le res pect de la nuit et des cycles du vivant promet le cabinet d’études. Avec le rendu de cette étude, un chiffrage des travaux
L’Atelier Jéol a de nombreuses références internationales. Il a réalisé récemment l’éclairage du Fort du Télégraphe à Valloire (Savoie). (photo Atelier Jéol - Michel Djaoui)
L’événement 7
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l Commentaire La sénatrice Annick Jacquemet “La lumière artificielle contribue au déclin de la biodiversité” La sénatrice du Doubs Annick Jacquemet a été la rapporteure d’une note scientifique du Sénat dédiée à la pollution lumineuse.
L a Presse Bisontine : La pollution lumineuse est devenue un vrai sujet de société ? Annick Jacquemet : Oui, dont on ne parlait pas du tout il y a encore quelques années mais qui est arrivé sur le devant de la scène par le biais économique, avec la hausse des coûts de l’énergie qui ont amené les communes à réfléchir sur la pertinence de leur éclairage public. Mais la pollution lumineuse est un vrai sujet à part entière : aux États-Unis, 80 % des habitants ne peuvent plus voir la voie lactée, c’est 60 % en Europe. Et paradoxalement, cette pollution lumi neuse est un phénomène massif et en pleine extension au niveau mondial, notamment en raison du développement des Leds.
Annick Jacquemet a été la rapporteure d’un rapport sénatorial sur le sujet.
nationale sur cette question ! A.J. : Il y en a plusieurs, qui ont commencé avec les lois Grenelle 1 et 2 sur l’envi ronnement, mais les décrets paraissent beaucoup trop lentement. Des mesures sont désormais appliquées : par exemple, tout dispositif qui éclairait en direction du ciel est désormais interdit, les globes ne sont plus autorisés, mais il reste beaucoup à faire. Pour les collectivités, notre rapport suggère de changer de
est particulièrement néfaste à certaines phases de l’existence (période de ponte et de nidification pour les oiseaux…) et peut entraîner des déclins de population importants. Longtemps sous-estimée, la lumière artificielle est désormais considérée par les spécialistes comme une pression majeure qui contribue au déclin de la biodiversité.
pour faire des propositions pragmatiques sur l’éclairage public. L.P.B. : Quelles sont les conséquences principales de l’excès de lumière ? A.J. : Les lumières, bleues notamment, sont très novices aux insectes. Pour, les humains, elles ont des incidences sur le sommeil, l’hypertension, le diabète… Tout cela est très documenté. Pour la faune, la lumière artificielle nocturne
éclairer la Citadelle de Besançon ? A.J. : On peut considérer que c’est dom mage que ce monument ne soit pas mis en valeur, l’hiver notamment quand il fait nuit à 17 heures. Mais il faut sans doute désormais le faire en respectant toutes ces nouvelles contraintes, avec une moindre intensité, et en respectant les cycles de la biodiversité surtout à la tombée du jour. n Propos rcueillis par J.-F.H.
paradigme en passant d’un éclairage systéma tique à une adaptation fine selon le contexte en concevant l’éclairage à partir des besoins réels des usagers. Après ce rapport, on va conti nuer à travailler avec les associations d’élus
“Les lumières ont aussi des incidences sur les humains.”
L.P.B. : Anne Vignot a-t-elle raison de ne plus
L.P.B. : Mais il n’y a toujours pas de réglementation
l Faune
L’impact de l’éclairage Hiboux, chauves-souris et insectes, les hôtes des remparts L a présence la plus remarquée ces der nières années sur les murs de la Citadelle, chauves-souris, “très sensibles à l’éclairage nocturne, notam ment les chauves-souris rhino lophes” , ainsi que les insectes “qui vont être profondément perturbés en fonction des lon gueurs d’onde émises par la lumière.” On ne voit plus par exemple de vers luisants en agglomération. oiseaux qui s’orientent aussi grâce aux étoiles, forcément moins visibles dans un envi ronnement éclairé en perma nence. Les murs de la Citadelle abritent une faune variée. C’est aussi pour cette raison que la maire de Besan çon a souhaité mettre l’éclairage en mode pause.
La lumière peut aussi être un allié des oiseaux de proie. Ainsi le faucon pèlerin se délecte d’une Citadelle éclairée la nuit car la lumière attire les oiseaux migra teurs de passage par Besançon. Des proies toutes trouvées pour ce chasseur nocturne. La L.P.O. de Bourgogne Franche-Comté est associée à la démarche entreprise par la Ville pour repenser l’éclairage du site. n J.-F.H.
pas de nuisance particulière” poursuit le spécialiste. Ce redou table oiseau de proie profite de ce promontoire pour chasser la nuit les espèces dont il se délecte, et notamment les rats et les surmulots de la ville, voire les hérissons… Si l’éclairage ne semble pas nuire aux deux hiboux de la Citadelle, il est bien plus nocif à d’autres espèces dites “luci fuges” (qui fuient la lumière). C’est le cas notamment des
c’est celle du hibou grand-duc dont un couple niche dans les anfractuosités de la muraille depuis 5 ans. Ce grand rapace nocturne est pourtant venu “en toute connaissance de cause” souligne Marc Giroud, chargé de mission à la L.P.O. (Ligue de protection des oiseaux) à Besan çon. “L’éclairage ne lui apporte
Les oiseaux migrateurs sont également perturbés par l’éclai rage nocturne. “Ils sont attirés par la lumière mais se retrou vent dans un habitat peu propice à leur vie, avec moins de nour riture, et sont ainsi soumis à des prédateurs tels que les chats” poursuit M. Giroud. Ces mêmes
Les remparts de la Citadelle abritent depuis deux ans un couple de hiboux grands-ducs (photo L.P.O. - P. Aghetti).
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La Presse Bisontine n°261 - Mars 2024
VIE DE QUARTIER Pas de débit suffisant Ça rame à Velotte sans fibre A.D.S.L. en bout de ligne, 4G instable et de mauvaise qualité, télétravail impossible… Plusieurs habitants de Velotte et des Vallières sont excédés du retard pris dans le déploiement de la fibre et multiplient les actions pour être raccordés d’ici la fin de l’année.
A près la distribution symbolique d’oranges au conseil municipal de Besançon fin janvier, le col lectif d’habitants (qui s’est bap tisé V.V.F. pour Velotte Vallières Fibre 2024) entend remettre le couvert. Cette fois, dans la boutique d’Orange du cen tre-ville, le 9 mars. Bien décidé à ne pas relâcher la pression sur le four nisseur Internet. “Ce n’est pas normal. On ne peut pas se connecter parfois, à certains moments de la journée, pen dant les vacances ou les week-ends, ou ne serait-ce qu’ouvrir une pièce jointe” , se désole André Gudefin, un membre du collectif. “S’il y a deux utilisateurs au sein de la même maison, cela devient vite très compliqué.” Situés en bout de ligne A.D.S.L., les deux quartiers ne disposent que d’un débit Internet très faible. Un problème qui devient de plus en plus prégnant avec le développement du télétravail et des démarches administratives en ligne, “sans parler des devoirs et des cours qui passent aussi de plus en plus par Internet” , souligne André Gudefin.
drait pas, c’est qu’Orange oublie qu’il a des clients ! Ils ont fait rapidement les raccordements qui étaient les plus simples et aujourd’hui, ils peinent à faire les plus compliqués.” Sachant que plusieurs bâtiments collectifs et entreprises du quartier ont, eux, bel et bien bénéficié de l’installation de la fibre. Le fait d’avoir recours à des sous-traitants en cascade n’aiderait pas également. Le cas de Velotte et Vallières n’est bien sûr pas isolé. La Ville de Besançon et certaines communes du Grand Besan çon faisant partie des territoires les moins bien lotis, avec tout autant de questions posées notamment sur le secteur sauvegardé de la Boucle. Sui vant un récent accord pris avec l’opé rateur, l’agglomération bisontine aurait toutefois été ciblée pour bénéficier d’un rattrapage prioritaire du déploiement de la fibre. Orange a signé ainsi un nouveau contrat, l’engageant à installer 30 000 prises sur le territoire bisontin avant la fin 2025. Il sous-traitera le déploiement à l’entreprise N.G.E.
La 4G peut constituer une alternative, mais est tout aussi peu fiable selon ces habitants.Le fait que la situation dure les pousse aujourd’hui à réagir. Six ans après la convention signée entre Orange et la Ville, ils attendent toujours la fibre comme d’autres Bison tins. “On a découvert qu’Orange a été condamné à verser une amende 26 mil
lions d’euros à l’État pour ne pas avoir res pecté ses échéances et qu’il a cessé tout déploiement sur Grand Besançon Métropole fin 2022 (arrivé à la fin de son contrat). Résultat : 2023 a été une année blanche et il a fallu lui imposer de se remettre en route” , explique indi gné André Gudefin. Pour cet habitant, il semble y avoir une réelle mauvaise volonté de la part du fournis seur. “Ce qu’on ne vou
30 000 prises à tirer sur le territoire bisontin d’ici fin 2025.
“La fibre pourra passer ici en aérien”, précise André Gudefin devant l’un des poteaux.
Orange n’a pas donné pour l’heure d’échéancier ou de visibilité sur le pha sage des opérations. Un prochain comité de pilotage entre l’opérateur, la préfecture et Grand Besançon Métro pole est prévu à la mi-mars. n S.G.
Le collectif V.V.F., lui, ne veut pas atten dre si longtemps. “On fera tout pour que la fibre soit en place d’ici la fin d’année. Pour nous, en plus, cela pas sera en aérien. Donc avec moins de dif ficultés de mise en œuvre, en principe, sauf en cas de changement de poteaux.”
ENVIRONNEMENT Quartier Bregille “Que les tulipes ne soient plus détruites”
Depuis le 7 février, Jérôme Pillot et Sébastien Fraccalaglio ne décolèrent pas à la vue de la zone de tulipes sauvages protégées qui a été détruite sur le terrain à côté de leur maison. La seule et unique station de tulipes sauvages (Tulipa sylvestris) répertoriée à Besançon.
U n acte de malveillance ou de négligence ? La question n’est pas encore tranchée mais le mal est déjà fait. Le 7 février dernier, deux pelleteuses, venues soi disant pour une étude de sol dans le cadre d’une future construction d’immeuble, ont tracé un chemin et détruit une bonne partie d’une zone de tulipes sauvages, protégées au niveau national depuis 1982 et présentes à cet endroit du che min des Ragots. Au plus grand désarroi de Jérôme et de Sébas tien qui habitent à côté de la zone concernée, située juste en face… de la Maison de la biodi
versité. “Quand je suis rentré et que j’ai constaté la situation, j’ai demandé aux ouvriers s’ils étaient au courant qu’ils creu saient à un endroit où il y avait des tulipes sauvages protégées et s’ils avaient une autorisation” rappelle Sébastien Fraccalaglio. “Ils se sont arrêtés tout de suite et sont partis. Mais en trois quarts d’heure, ils ont eu le temps de faire des dégâts. Si je n’étais pas intervenu ce matin-là, ils auraient tout détruit.” Forcément la situation n’allait pas en rester là. Ils ont dans la foulée averti la D.R.E.A.L., l’O.F.B. (Office Français de la Biodiversité) et la Mairie de
Besançon. L’O.F.B. et la Mairie ont très vite réagi. Dès le dimanche 11 février, Anne Vignot, qui avait été mis en copie, a personnellement répondu à leur mail trois heures après en ces termes : “J’ai appris en effet ces dégâts inadmissibles et ai demandé que l’on signifie à cette entreprise d’arrêter immédiate ment.” La Mairie et la D.R.E.A.L. étaient informées depuis mars 2022 de l’existence de cette station de tulipes sauvages pro tégées nationalement, d’où ces indications dans le courrier d’Anne Vignot : “Après vérifica tion en lien avec le Conservatoire
Jérôme Pillot regrette la situation, estimant que les pelleteuses auraient pu passer ailleurs.
botanique national de Franche Comté et la Direction régionale de l’Environnement, de l’Amé nagement et du Logement de Bourgogne-Franche-Comté, il s’avère que cette station n’était pas référencée. Cette parcelle fera donc l’objet d’une attention par ticulière des services d’urbanisme de la Ville et un courrier à des tination du propriétaire du ter rain a été envoyé par le service espèces protégées de la D.R.E.A.L.” La D.R.E.A.L. indique que la personne à l’origine des travaux a bien sollicité les autorisations nécessaires, qu’un périmètre de
sauvegarde a été identifié mais qu’un débordement du périmètre de sauvegarde a été constaté. Autrement dit que les bulldozers avaient le feu vert pour inter venir mais pas à cet endroit. La D.R.E.A.L. évoque donc une erreur matérielle, dit évaluer la situation et les solutions pouvant être mises en place pour com penser cette erreur matérielle. Un état des lieux est en cours pour mesurer l’écart entre la superficie qui devait être pré servée et celle touchée par les travaux. Pas de quoi atténuer l’agacement du voisinage. Et Jérôme Pillot d’ajouter, résigné :
“Ils pouvaient passer partout ail leurs pour faire ce chemin. Nous savons bien qu’il y aura un immeuble à terme à cet endroit. Mais nous pensons qu’il y a moyen de faire des constructions tout en respectant la nature. J’ai merais avoir la cartographie de la tâche de tulipes référencée et que les tulipes ne soient plus détruites à l’avenir.” Une habi tation à côté oui, mais en plein milieu de la station de tulipes sauvages, non. Les habitants du quartier espèrent, qu’a minima, le terrain sera remis en état afin de protéger la biodiversité et cette spécificité à Besançon. n
Deux pelleteuses ont détruit une bonne partie d’une zone de tulipes sauvages au chemin des Ragots.
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URBANISME
Rue de Champagne “Il ne faut pas détruire mais réhabiliter” Début février, les membres de la Confédération nationale du logement (C.N.L.) ont fait entendre
leur opposition aux démolitions d’immeubles 2 à 8 rue de Champagne dans le cadre des plans de rénovation urbaine. Depuis la situation a encore évolué. Le point avec Michel Boutonnet membre de la C.N.L.
D ans le cadre du Nouveau pro gramme national de renouvel lement urbain (N.P.N.R.U.) de Planoise. les études menées ont abouti à un souhait de déconstruction d’un volume important de logements sociaux dans le quartier. Parmi eux, les numéros 2 à 8 de la rue de Cham pagne sont programmés à être démolis d’ici le deuxième semestre 2024. Aucune reconstruction n’est prévue sur ce site. Il y était prévu une “ferme urbaine” mais l’emplacement de la rue de Cham pagne, à proximité de la rocade de Micropolis et de la rue de Dole, ainsi que la pollution des sols, ont conduit à abandonner ce projet. Cet immeuble de 180 logements fera donc place à… “rien.” Une décision qui est loin de faire l’unanimité. “Il y a, en pleine crise climatique et crise du loge ment, 1 600 projets de démolitions de logements H.L.M. à Besançon dont 1 200 à Planoise” regrette Michel Bou tonnet militant à l’union locale de la Confédération nationale du logement (C.N.L.). L’Union Locale C.N.L. de Besançon a adhéré, avec des dizaines d’autres col lectifs d’habitants et de professionnels (architectes et urbanistes) de toute la France, au collectif “Stop aux démoli tions A.N.R.U.” créé en novembre 2023 au niveau national. Ce dernier exige un moratoire immédiat sur la démo lition des logements sociaux. À Planoise, une enveloppe de 183 mil lions d’euros est prévue dans le cadre des plans de rénovation urbaine (A.N.R.U.) pour détruire ces apparte ments de Champagne mais aussi d’au tres ensembles du quartier, le Tripode de la rue de Cologne ou des immeubles de la rue de Savoie, de la rue de Bruxelles et de la rue de Flandres, qui s’ajouteront à ceux du secteur Picasso Van Gogh et de la rue de Luxembourg déjà démolis. Le N.P.N.R.U. prévoit aussi la réhabilitation de plusieurs centaines de logements. “Nous contes tons la partie “démolitions” de ce plan
et disons qu’il ne faut pas détruire mais réhabiliter, isoler, redonner du confort.” Un argument étayé avec des chiffres à la clé. “En moyenne, la réhabilitation d’un appartement coûte 45 000 euros, la reconstruction 125 000 euros, sans compter la démolition ni les pertes d’exploitation.” Au-delà des chiffres, ce sont des vies qui sont déracinées, car avec ces décons tructions des gens qui ne l’avaient pas prévu sont obligés de déménager. “Nous avons un couple de 90 et 88 ans qui est parti en novembre 2023 après 53 ans passés dans l’immeuble. Une femme de 98 ans est décédée en début d’année après avoir dû quitter, 6 mois plus tôt, son appartement où elle avait passé 50 ans et y vivait en toute autonomie. Elle ne voulait pas quitter son appartement.” Des situations provoquées par le bail leur social, qui, selon Michel Boutonnet, n’entretient plus les immeubles pour pousser les derniers occupants à partir. “Le bailleur social ne fait plus son job ! Fin mai, il y a eu un incendie, il y a des squatteurs, de la drogue, du proxé nétisme…” Le 7 février dernier, Michel Boutonnet et plusieurs membres du collectif sont montés à Paris, dans le cadre d’un ras semblement national à l’appel du col
Début février, la C.N.L. de Michel Boutonnet organisait une conférence de presse devant l’immeuble.
mesures qui préserveraient enfin la sûreté et la tranquillité des locataires de la rue de Champagne. Il y a du mépris des locataires de la part de Loge.G.B.M. Et pourtant les architectes et les urbanistes le disent. Un immeuble, ce n’est pas que de la pierre, du béton et de la ferraille, ce sont aussi des vies !” Réhabiliter et non pas démolir, ils le répéteront à l’infini. n A.A.
au tribunal avec une dizaine de loca taires et militants de la C.N.L., au len demain de cette décision. “Le report a été accordé à Loge.G.B.M. par la juge au 12 mars. Pendant ce temps, les loca taires attendent toujours une sécuri sation de leur immeuble. Aucun repré sentant de Loge.G.B.M. n’était là. La C.N.L. dénonce cette attitude de Loge.G.B.M. qui retarde la mise en œuvre, sur injonction de la justice, de
pour dire quelle réponse pouvait être faite à la revendication du collectif. Localement à Besançon, l’association avait assigné, le 6 décembre dernier, le bailleur Loge.G.B.M. devant le tri bunal pour que soient redonnées des conditions de vie dignes aux habitants de la rue de Champagne. Une action avortée. “Loge.G.B.M. a demandé pour la deuxième fois le report de l’audience” regrettait Michel Boutonnet, présent
lectif “Stop démolitions A.N.R.U.” devant les locaux de l’A.N.R.U. à Pantin, pour contester les décisions de destruc tion devant le tribunal. La directrice générale de l’A.N.R.U. a reçu une délégation du collectif national dans laquelle figurait une habitante de la rue de Cham pagne. Elle a entendu la revendication du col lectif “Moratoire immé diat sur toutes les démolitions !” et s’est engagée à le recevoir à nouveau début mars
“Du mépris de la part de Loge.G.B.M.”
Le collectif souhate une réhabilitation, pas la démolition.
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ENVIRONNEMENT Inventaire Préserver les arbres pour “rendre la ville plus respirable”
“La présence d’arbres contribue à l‘équilibre en milieu urbain”, rappelle Fabienne Brauchli, ici à Chamars.
Comme d’autres villes avant elle, Besançon s’est lancée dans l’inventaire de son patrimoine arboré. Elle fait aujourd’hui appel aux habitants pour recenser les arbres remarquables présents sur le domaine privé.
blématiques d’îlots de chaleur et de végétalisation, à travers diverses actions.” La Ville de Besançon, qui s’est engagée dans un plan “arbres” avec le souci de mieux les préserver, a notamment pris le parti d’en planter 1 000 nouveaux chaque année, pour compenser les abat tages sanitaires et les épisodes de séche resse successifs. “Ils ont une fonction essentielle vis-à-vis de la biodiversité et de la qualité de l’air, et ils jouent aussi un rôle dans la régulation des températures par leur ombrage et l’éva poration d’eau. Ce qui permet de rendre la ville plus respirable” , explique Fabienne Brauchli.Bien sûr, comme il ne s’agit ici encore que de jeunes arbres, il faudra un peu de patience avant d’en mesurer tous les bienfaits. D’où l’intérêt de “protéger aussi des arbres plus matures” , selon l’adjointe, qui invite donc les habitants à participer à un inventaire, à la fois sur le domaine public et privé. “Certains arbres ne sont pas forcément visibles de la rue. Ils présentent pourtant le même intérêt. Situés chez des particuliers, ils n’ap portent pas que des bienfaits à la maison en question, mais souvent à tout un voisinage ou quartier proche.” À travers cette démarche participative, la Ville espère aussi sensibiliser le plus
L imoges, Paris, Antibes, Saint Nazaire… De plus en plus de col lectivités décident de protéger leurs arbres en les répertoriant ou les inscrivant au patrimoine com munal. Une démarche qui aurait étonné il y a encore quelques années, mais qui fait plus que jamais sens pour la majo rité écologiste bisontine. “Les villes
réfléchissent aujourd’hui davantage à l’importance du végétal, suite à la prise de conscience généralisée du réchauf fement climatique, et c’est une bonne chose” , remarque Fabienne Brauchli, adjointe en charge de la transition éco logique, des espaces verts et de la bio diversité. “On s’attache pour notre part, depuis le début du mandat, à ces pro
quable” sont ses dimensions exception nelles, son âge, son essence, son aspect hors du commun ou même son histoire. “Il peut être tout simplement lié au patrimoine bisontin” , signale l’adjointe, comme les platanes de la promenade Chamars ou le Catalpa de la rue Antide Janvier. Bon nombre d’autres “spéci mens”, connus ou moins connus des habitants, peuvent également rejoindre la liste comme le ginkgo biloba de Micaud, le cèdre du parc de la Maison de la famille, le magnolia de la rue Gambetta ou le platane du parking Cusenier. Toutes les propositions seront ainsi étudiées, puis ajoutées à celles des services de la Ville. Une carte des arbres recensés sera ensuite établie et mise à jour régulièrement. On comp terait au total près de 19 000 arbres à Besançon, hors forêts et boisements urbains. n S.G.
grand nombre, en évitant les coupes trop sévères ou les abattages précipités de propriétaires privés. Comme cela avait failli être le cas pour un cèdre vieux de 200 ans, situé en bas de la rue de Vesoul, en 2021. Les discussions entamées par les riverains avec l’en treprise de marbrerie Boucon, qui por tait un projet immobilier à cet endroit, avaient finalement permis de le main tenir.La Ville encourage d’ailleurs à conserver les arbres existants dans son plan local d’urbanisme (P.L.U.) et dit intégrer, dorénavant, dès le départ la question végétale dans les projets d’urbanisme. “Cela ne vient plus s’agré ger après coup.” Lancé il y a un peu plus d’un mois, l’in ventaire a déjà reçu une soixantaine de contributions. Ceux qui souhaitent participer doivent se rendre sur ate lierscitoyens.besancon.fr. Les critères retenus pour qualifier l’arbre de “remar
Entouré d’habitats, l’immense
séquoia de la rue du Tunnel fait partie des exemples types.
EN BREF
MALCOMBE
Base d’accueil des Jeux Paralympiques La relève de l’haltérophilie bisontine est en marche La Française de Besançon, qui dispute en ce
Accouchements L’Odon AssistTM est un dispositif d’accouchement innovant permettant d’apporter une aide lors des efforts de poussées maternels. Il est en cours de développement au C.H.U. de Besançon. Les premiers résultats sont “enthousiasmants” selon la direction du C.H.U. L’objectif est de venir placer un anneau gonflable autour de la tête du bébé en prenant appui sur les os du crâne et les parois maternelles. Une fois gonflé, l’anneau reste en place et le médecin peut faire progresser la tête du bébé dans le bassin maternel grâce à deux poignées situées aux extrémités du manchon en plastique. Au C.H.U. de Besançon, 104 femmes ont déjà été accouchées avec le dispositif Odon AssistTM, avec un taux de succès proche de 90 % et aucune césarienne n’a été réalisée. Crèches La municipalité de Devecey a souhaité enrichir l’offre Petite Enfance en finançant un service d’accompagnement à la parentalité. “1-2-3 soleil” est un lieu d’accueil pour les enfants de moins de 6 ans et leurs parents. Il s’agit d’un service gratuit pour les familles, géré par l’Antenne Petite Enfance de Franche Comté. Plus d’infos au 03 81 53 36 78.
moment le championnat de France des clubs de N2 et rêve de retrouver le plus haut niveau national, prépare l’avenir et forme y compris les plus jeunes.
N e vous y trompez pas. Il ne suffit pas d’être cos taud ou d’avoir de gros muscles pour être un bon haltérophile. Kiara, Maël et Harys, à l’entraînement ce jour-là au milieu de leurs aînés, le prouvaient bien. Capables “d’envoyer du lourd” malgré leurs petits gabarits. Âgés de 9 à 11 ans, ces jeunes athlètes viennent s’entraîner chaque mercredi après-midi dans la salle du club, à la Malcombe, sous la houlette d’un coach. “On est là pour les encadrer et pour qu’ils prennent du plaisir. Le but n’est pas forcément de leur faire faire de la compétition ou de les voir performer, mais plu tôt de les initier à la pratique” , explique Jean-Christophe Hackel, de la Française de Besançon. Labellisé école d’haltérophilie, le club motive ainsi les plus jeunes à faire du sport. Une dizaine d’enfants sont suivis ici. Une convention signée avec l’association Bouge + amène
également des élèves des écoles voisines de Planoise à pratiquer ce sport, tous les jeudis et mar dis soir, dans le cadre des acti vités périscolaires. “L’haltérophilie peut se prati quer dès 8-10 ans, en fonction des gabarits. C’est une bonne école posturale, qui apprend à bien positionner son dos” , pré cise Jean-Christophe Hackel. L’entraînement, qui prend la forme d’exercices ludiques, s’adapte aux capacités de cha cun avec différents poids sou levés. Ils commençaient ce jour là avec l’équivalent de 5 à 6 kg - “ce qui reste moins que leur
Il ne faut pas se fier à leurs petits gabarits.
9 mars dans les Hauts-de France, après un résultat déce vant obtenu à domicile début février. Un indispensable pour pouvoir monter en N1, puis viser le Top 9 des meilleurs clubs français. Elle semble donc pouvoir comp ter aussi sur une relève, avec de nombreux jeunes prêts à endosser le maillot. Sachant que parmi eux, figurent notam ment les enfants de David Matam et d’Agnès Chiquet, deux figures emblématiques de ce sport et du club. n S.G.
niveau d’équipement (trois espaces dédiés à la Malcombe, incluant plateaux d’haltérophi lie, zone de musculation, espace cardio), qui servira d’ailleurs de base d’accueil, cet été, pour les Jeux Paralympiques. La Française de Besançon a été longtemps au meilleur niveau français, avec la parti cipation de plusieurs de ses athlètes aux grandes compéti tions internationales. Elle espère aujourd’hui renouer avec ce passé, en se rattrapant sur la dernière journée du cham pionnat des clubs de N2, ce
ans, est allée de son côté jusqu’à 22 kg à l’arraché et 21,6 kg à l’épaulé-jeté. Tous disent y avoir pris goût et ont souvent déjà un parent dans la discipline, comme Maël. “Mon père en fait. Du coup, j’ai voulu essayer et j’ai aimé.” Ce n’est, bien sûr, pas le premier sport auquel on pense. Ce qui fait que ses amis du collège lui posent pas mal de questions. “Ils sont souvent surpris” , recon naît-il. Mais la notoriété du club bisontin participe aussi à cette démocratisation de la pra tique. Tout comme son bon
sac d’école” , ironise le coach -, et arri vent à soulever assez facilement davantage. Harys, 9 ans, avoue ainsi être déjà monté jusqu’à 15 kg. Kiara, qui s’est lan cée récemment dans de premières compétitions à 11
Une discipline accessible dès 8-10 ans
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