La Presse Bisontine 259 - Janvier 2024

20 Le dossier

La Presse Bisontine n°259 - Janvier 2024

l Montpellier 8 000 nouveaux habitants par an Les Montpelliérains voyagent gratis dès le 21 décembre Ces villes qui ont choisi la gratuité totale

L’entrée en vigueur de lamesure

donnera lieu à Montpellier à une grande fête de la gratuité le 21 décembre à19heures

L’entrée en vigueur de la gratuité totale pour les 500 000 habitants de la métropole est imminente. Montpellier renforce en parallèle son réseau de bus et de trams.

(photo Ville et Métropole de Montpellier).

L a gratuité tout le temps, sur tout le ter ritoire de la métropole, et pour tous ses habi tants, c’est le grand saut que la Métropole de Mont pellier (31 communes pour 500 000 habitants) s’apprête à faire ce 21 décembre. Une grande fête est organisée pour l’occasion. Michaël Delafosse, maire socia liste de Montpellier et président de la Métropole, met ainsi à exé cution une promesse électorale qu’il a faite avec sa liste aux der nières élections municipales de 2020. Cette gratuité s’est faite ici par étapes. Deux mois après les muni cipales de 2020, elle était effective le week-end, en soutien à l’at tractivité du centre-ville et des commerces de proximité. Un an plus tard, la gratuité pour les moins de 18 ans et les plus de 65 ans a complété le dispositif. Et donc le 21 décembre, “cette mesure devient universelle, pour tous les habitants, tout le temps, sur tout le territoire” se félicite M. Dela fosse. Cette mesure qui se veut avant tout sociale permettra,

des lignes de bus existantes, dont la première dès le début 2024, puis la mise en service d’une nou velle offre bus-tram à partir de fin2024. “70 bus électriques sont en cours d’acquisition, dans le cadre d'un marché estimé à 255 millions d’euros, et l’extension de la Ligne 1 de tramway jusqu’à la gare Montpellier-Sud de France est prévue pour le premier semes tre 2025, c’est un investissement de 50 millions d’euros” poursuit la Métropole. Pour sa 5ème ligne de tramway, Montpellier investit dans 22 rames pour 275 millions d’euros. Un marché attribué à C.A.F., le fournisseur du tram bisontin ! En prévision de l’entrée en vigueur de cette mesure-choc, Montpellier a créé en septembre dernier une police métropolitaine des transports, avec 42 agents en plus des 82 agents d’assis tance, de contrôle et sécurisation du réseau T.A.M. Avec la gratuité, Montpellier table sur une augmentation de la fré quentation de son réseau de plus de 20%. n J.-F.H.

selon les calculs de la Métropole, à une famille de 4 personnes de réaliser une économie de quelque 1 470 euros par an. L’autre objectif recherché à tra vers cette décision radicale, c’est la décongestion du trafic. Mont pellier est confrontée à une congestion automobile croissante avec 140 000 véhicules qui entrent et sortent chaque jour dans la ville. Et chaque année, 8 000 nouveaux habitants et 6 000 nouvelles immatriculations viennent grossir la métropole et la circulation. “Avec 57 % des déplacements inférieurs à 3 kilo mètres, dont 41 % sont réalisés en voiture, il était urgent de pro poser des alternatives” ajoute la Métropole. En parallèle de la gratuité et s’at tendant évidemment à une hausse sensible de la fréquenta tion, la Métropole montpelliéraine a engagé de nombreux investis sements pour adapter son offre de transport en commun. La mise en service d’une cinquième ligne de tramway est ainsi program mée pour le second semestre 2025. Ainsi qu’un renforcement

“C’est un juste retour des choses pour les habitants” Trois questions à… L’élue de Montpellier

L a Presse Bisontine : La gratuité totale va entrer en vigueur, mais uniquement pour les 500 000 habitants de la Métropole. Pourquoi ce choix ? Julie Frêche (vice-présidente en charge des transports) : Les Montpellié rains financent les politiques publiques par leurs impôts. Cette gratuité, c’est donc avant tout une grande politique de redis tribution et une mesure d’aug mentation du pouvoir d’achat des habitants. C’est en quelque sorte un juste retour des choses pour les habitants qui contri buent à la solidarité fiscale de cette grande métropole. L.P.B. : Concrètement, comment alors différencier un métropolitain d’un tou riste dans les transports en commun ?

J.F. : Les habitants de la Métro pole disposeront d’un pass gra tuité sur leur smartphone, ou sur un support physique, d’une validité d’un an, renouvelable à la date anniversaire. Ce pass s’obtient avec photo et justificatif de domicile. Les non métropoli tains, eux, devront s’acquitter

d’un titre de transport. Nous avons la chance d’avoir également beaucoup de tou ristes qui eux, continueront à payer leur titre de transport et à contribuer ainsi aux recettes du réseau.

“Nous y consacrons

30 à 35 millions d’euros.”

Julie Frêche est la vice présidente de Montpellier Méditerranée Métropole, déléguée au transport et aux

mobilités actives (photo H. Rubio - Métropole Montpellier).

l Joigny

Yonne La seule collectivité “gratuite” de Bourgogne-Franche-Comté En créant son réseau de transports en commun,

L à encore, c’est une pro messe électorale qui a été peut-être décisive dans le choix de l’équipe qui est aux manettes à Joigny, au nord du département de l’Yonne. Élu en 2008 dans l’équipe majoritaire et maire de cette commune de 9 000 habi tants depuis 2020, Nicolas Soret a suivi de près la mise en place de cette mesure. Bien sûr, rien de comparable à une commu nauté urbaine comme Dun kerque ou Besançon, encore moins à une métropole comme Montpellier, mais les élus juvi niens ont ici aussi fait de la gra tuité des transports un mar queur de leur politique sociale. Le transport public à Joigny a démarré en 2010 avec la mise en place de la P’tite navette. Après quelques mois, le bus de

d’origine) effectue aujourd’hui 130 000 trajets par an, le réseau fonctionnant 6 jours sur 7. Le coût de ce service : 165 000 euros par an et aujourd’hui, “personne n’imaginerait qu’on remette en cause ce service public. On nous demande au contraire qu’il soit densifié” ajoute le premier magistrat. L’autre objectif de ce réseau gratuitement accessible, c’était aussi de tenter de minimiser l’impact des voitures dans le centre-ville de Joigny, une ville bien connue des Parisiens pour être un important point de congestion sur la route des vacances, la ville étant bâtie à cheval sur les deux rives de l’Yonne, reliées entre elles par un seul et unique pont. Les auto rités juviniennes confirment avoir constaté que “l’autosolisme

18 places a dû être remplacé par un véhicule d’une soixan taine de sièges. “L’enjeu était assez simple : si nous voulions que ce réseau soit un succès, la gratuité était un bon moyen. Ensuite, nous ne souhaitions pas qu’il y ait de transactions en liquide à faire dans les bus car notre système devait être

a clairement baissé dans la ville.” En parallèle du réseau de bus, Joigny essaie également de rat traper son retard en matière de pistes cyclables pour offrir une offre complémentaire aux habitants. Joigny propose aussi aux habitants de ce bassin d’em ploi de 21 000 habitants une solu tion de mobilité voiture à bas prix, ou le prêt d’un deux-roues pour les demandeurs d’emploi, ainsi qu’un système de transport à la demande pour les seniors. La gratuité des transports fait l’unanimité. À quelques excep tions près peut-être : certaines personnes aimant visiblement leur tranquillité souhaite raient que la P’tite navette devienne payante ! La rançon du succès. n J.-F.H.

la petite ville de l’Yonne a directement choisi l’option de la gratuité. Elle reste la seule de la région pour l’instant.

très ponctuel, pour coller aux arrivées et aux départs des trains de ou vers Paris toutes les heures” résume Nicolas Soret, le maire de Joi gny. La P’tite navette (qui a gardé son nom

“L’autosolisme a clairement baissé dans la ville.”

La P’tite navette de Joigny est gratuite pour tous et tous les jours.

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