La Presse Bisontine 259 - Janvier 2024

La Presse Bisontine n°259 - Janvier 2024 LE DOSSIER 18 transports en commun gratuits :

c’est possible !

l Transport Vers un nouveau débat ? Besançon ne roule pas - encore - pour la gratuité La question de la gratuité est très minoritaire pour l’instant au sein de la gouvernance de Grand Besançon Métropole, la collectivité en charge des transports publics. Mais ça pourrait évoluer… C’est une décision forte qu’ont déjà pris une quarantaine de villes et agglomérations en France : la gratuité totale de leur réseau de transport en commun. La Métropole de Montpellier y passe à son tour dans quelques jours. À Besançon, le choix a déjà plusieurs fois été écarté dans les débats, pour cause de divergence politique y compris au sein de la majorité. Et si ce sujet revenait à l’ordre du jour ? Éclairages.

B esançon n’est pas mûre. Et même si ici la majorité est verte, colorée de rouge, la ville hésite encore à aborder sérieusement le sujet. Les élus dans leur grande majo rité, à l’exception des communistes (voir plus loin) refusent pour l’instant de sauter le pas de la gratuité en matière de transports en commun. Le prix du ticket unitaire de bus et de tramway - 1,40 euro - n’a certes pas bougé depuis 2015 sur le réseau Ginko, les trajets restent bien payants, et le resteront encore plusieurs années à en croire Marie Zéhaf, l’élue en charge de cette question à Grand Besançon Métro pole. “Nous n’en sommes pas encore là dans la réflexion, confirme-t-elle. Nous regardons bien sûr ce qui se passe actuel lement en France et en Europe, mais cette réflexion est encore prématurée ici.” Rien

en effet ne laisse entrevoir une ouverture rapide sur ce sujet, alors que G.B.M. est sur le point de renouveler la délégation de service publique qui liera la collectivité à un prestataire pour les sept prochaines années. Marie Zéhaf laisse pourtant une porte entrouverte : “Peut-être que la ques tion de la gratuité sera posée aux can didats à cette future D.S.P.” Le contrat qui lie G.B.M. à l’actuel délégataire, Kéolis Mobilités, sera renouvelé à partir de la fin 2024 pour une nouvelle durée de 7 ans. Marie Zéhaf comme les élus bisontins a bien conscience que ce sujet de la gra tuité “est très sensible en ce moment et que c’est évidemment une mesure qui fait monter les gens dans les transports, des automobilistes, mais aussi des gens qui avant allaient à pied ou à vélo” nuance t-elle, tout en appelant de ses vœux “un

débat qu’il faudra qu’on ait à nouveau au sein de G.B.M.” Jusqu’à maintenant, le rapport de force est clair : l’opposition de droite ne veut pas entendre parler de la question, au motif que le Versement Mobilités (l’impôt

Les recettes liées aux tickets et abonnements sont de l’ordre de 12 millions d’euros par an (photo J. Varlet).

payé par les entreprises de 11 salariés et plus et qui finance en grande partie le réseau de trans ports) est déjà suffisam ment élevé, et même au sein de la majorité, deux des principales compo santes (socialistes et Verts) rejettent encore cette idée. Le budget transport de l’agglomération bisontine se situe entre 65 et 70 millions d’euros par

27,26 millions de voyages

an. Sur cette somme, le fameux Verse ment Mobilités en couvre un peu plus de la moitié (35 millions). La vente de tickets et d’abonnements ne représente “que” 12 millions d’euros. Le reste des recettes provient des subventions de la Région qui paie notamment le transport des scolaires et surtout de la subvention d’équilibre que verse chaque année G.B.M., de l’ordre de 20 millions d’euros. “Choisir la gratuité, c’est se priver de 12 millions d’euros de recettes chaque année. Ça doit se réfléchir dans un débat serein” invite Marie Zéhaf. 12 millions,

soit à peine 3,3 % du budget actuel de G.B.M. (367 millions). Concernant la fréquentation du réseau bisontin, depuis cette année, Ginko a d’ailleurs fait mieux que retrouver son niveau d’avant-Covid. Les derniers chif fres font état de 27,26 millions de voyages par an sur la totalité du réseau, le tram transportant à lui seul 35 000 voyageurs par jour. G.B.M. investit actuellement 20 millions d’euros pour acquérir 5 nou velles rames de tramway pour soulager le réseau en heures de pointe. n J.-F.H.

par an sur la totalité du réseau.

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