La Presse Bisontine 257 - Novembre 2023
12 Besançon
La Presse Bisontine n°257 - Novembre 2023
SANTÉ
La bipolarité Santé mentale, le grand sujet tabou Le 20 octobre dernier, une matinée d’information sur la santé mentale au travail a été organisée. Pour l’occasion, Gilles Lorimier, responsable d’Argos 2001 Franche-Comté, et Emmanuel Haffen, professeur de psychiatrie au C.H.U. de Besançon, ont rappelé l’intérêt, pour les pouvoirs publics, à mieux la prendre en considération.
L a psychose maniaco-dépressive, aujourd’hui appelée bipolarité, est une maladie mentale caractérisée par l’alternance, selon un rythme et une fréquence très variable, d’accès maniaques ou dépressifs volontiers mélancoliques, séparés par des intervalles asymptomatiques. Les travaux de l’Al lemand Emil Kraepelin, le fondateur de la psychiatrie scientifique moderne au XIX ème siècle, ont permis les premiers de mieux l’étudier. En France, la bipolarité n’a été prise en considération qu’il y a 20 ans seulement. “D’un point de vue médical, la bipolarité est un trouble de l’humeur” détaille Emmanuel Haffen, professeur de psy chiatrie au C.H.U. de Besançon, alors que le 20 octobre dernier, une matinée d’information sur la santé mentale au travail a été organisée à la C.C.I. par Argos 2001 Franche-Comté, association qui accompagne les malades et leurs proches. “C’est une maladie grave en fonction de l’impact qu’elle peut avoir sur les relations sociales. Elle est source de nombreux divorces ou séparations en raison des phases maniaques perturba trices qu’elle engendre chez ceux qui en sont atteints. Quand vous avez dix projets à la seconde, vous êtes forcément dur à suivre pour votre conjoint ou vos enfants. Ses conséquences sont variables en fonc
tion de l’insertion et de la qualité du réseau social et familial de la personne concernée. La première étape vers la gué rison est l’acceptation de la maladie. Accepter l’idée de souffrir d’une pathologie mentale, c’est compliqué. Par la suite, on peut développer des ressorts pour vivre le mieux possible avec. On n’en guérit pas, seulement une personne sur dix le fait. Mais on vit avec. L’espoir de stabi lisation est grand, mais l’espoir de gué rison est modéré concernant la bipola rité.” À l’occasion de cet événement, la santé mentale a été analysée dans son rapport avec le travail. “Nous voulons faire en sorte que, malgré des problématiques de santé mentale, les gens concernés aient
font peur.” Une analyse partagée par Emmanuel Haffen. “Les maladies psychiatriques ne sont pas assez prises en compte en France” conclut le professeur de psychiatrie bison tin. “Et la récente crise sanitaire n’a fait qu’aggraver la situation. Si on arrive à mieux les traiter, on améliorera la qualité de vie et l’insertion dans la société. Les pays anglo-saxons investissent plus que nous dans les maladies mentales. Chez nous, cela reste des maladies honteuses. En France, il y a une représentation trop négative de la maladie mentale. Par exem ple dans la presse, arrêtons de dire un schizophrène mais disons plutôt une per sonne qui souffre de schizophrénie. Arrê tons de réduire les gens à leur maladie.” Le message est passé. n A.A.
un accès à l’entreprise” rappelle Gilles Lorimier, fondateur et responsable de l’association. “C’estun sujet tabou. Les gens avouent leurs problèmes de lombalgie mais pas leur bipolarité ! Nous voulons rappeler que ce n’est pas parce qu’une personne souffre de bipo larité qu’elle ne peut pas travailler ! La bipolarité n’est pas assez considérée car les maladies mentales
“Chez nous, cela reste des maladies honteuses.”
Le responsable de l’association Argos 2001 Franche-Comté Gilles Lorimier fut l’un des animateurs de la journée d’information de la santé mentale au travail du 20 octobre dernier.
LOISIRS
Pour les 4-8 ans
“Meuh”, le nouveau compagnon lecture des tout-petits Les petits Francs-Comtois ont désormais aussi leur magazine. Quatre illustratrices bisontines ont décidé d’investir la presse jeunesse, en lançant un titre indépendant et local, baptisé “Meuh”.
L e nom tombait sous le sens. Comme une évi dence. “Nous n’avons pas eu besoin d’y réfléchir long temps” , avoue Salomé Morilleau, l’une des créatrices du magazine. Qui de mieux désigner que les vaches comtoises pour représen ter la région ? “Dès le départ, nous avons voulu mettre l’accent sur la Franche-Comté. On voulait lancer quelque chose de local : un magazine non seulement écrit et illustré en région, mais qui participe aussi à promouvoir les richesses du territoire.” Comme tout support jeunesse, il propose ainsi des histoires, des jeux et des activités aux enfants. Le tout dans un univers familier, avec des personnages que vivent à côté de chez soi (ani maux, végétaux, bûcheron…) et qui font le lien avec les saisons. Ce premier numéro, sorti le 14 octobre, invite sans grande surprise à partir en forêt et prend des couleurs très automnales. Champignons et univers sylves tre sont mis à l’honneur. “Ona
elle, derrière le magazine, se trouvent Margaux Grappe, Marion Goux et Jenny Guil laume. Toutes issues du milieu de l’édition jeunesse. “Nous avons lancé une campagne de finan cement en septembre, afin d’im primer les 300 exemplaires qui marquent le début de l’aventure, avec des pré-ventes. Cela a bien marché et nous avons même dépassé les objectifs.” Ce coup de pouce a permis de commencer la vente directe du magazine, au prix de 10 euros. Il est aujourd’hui disponible via une boutique en ligne (https://magazine-meuh.sumups tore.com/), ainsi que dans diffé rents points de vente à Besançon et Vesoul, dont la librairie l’In terstice (où a lieu le lancement officiel le 28 octobre). Reste désormais à le faire connaî tre à la tranche d’âge intéressée des 4-8 ans et à leurs parents. Les quatre illustratrices seront notamment présentes la semaine du 25 novembre au 3 décembre au marché de Noël de Besançon,
aussi glissé des clins d’œil à Hal loween, en intégrant quelques personnages et une recette de brownie fantôme, notamment.” Dans sa rubrique, “La boîte à Meuuuuuh”, le magazine fait également des suggestions de balade en forêt de Chailluz, en forêt de Chaux, dans le massif de la Serre… “Cette page, placée à la fin, propose diverses recom mandations autour de livres, de comptines ou de jeux, comme ici le puzzle des empreintes de la forêt de la marque jurassienne
Marion Goux et Salomé Morilleau font partiedes chevilles ouvrières du magazine.
Elles ont prévu quatre uméros ar an.
Janod.” Bref, tout est fait pour décou vrir un peu plus la région. Et l’équipe a déjà plein d’autres thèmes et idées de collaboration en tête (lynx, Cita delle…). “Onaime rait en faire un tri mestriel” , indique Salomé Morilleau. Aux manettes avec
ainsi qu’à la boutique éphémère de Noël du 52, Battant. Pour l’instant réunies au sein d’un collectif informel, elles vont se constituer en association d’ici la fin d’année pour assurer la dif fusion du magazine “Meuh”. Elles espèrent bien sûr péren niser l’aventure et réussir plus
tard aussi à le faire imprimer en Franche-Comté, seul point qui l’empêche pour l’instant d’être 100 % local, en raison des coûts. Dans une volonté de partage, elles prévoient également d’in tégrer des “invités” comtois à chaque numéro, comme l’auteur
et illustrateur Benoît Perroud sur ce premier magazine. Et pourquoi pas de développer des ateliers dans les écoles, mais aussi pour le jeune public en trouvant par la suite un local. La prochaine publication se fera en principe en mars. n S.G.
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