La Presse Bisontine 255 - Sepetmbre 2023
22 Le dossier l Paroles de commerçants
La Presse Bisontine n°255 - Septembre 2023
L’Air de rien - Ève Boutique
La désertification du centre-ville, l’inquiétude de commerçants
se limiter aux clients qui sont proches du centre-ville. On aime venir à Besançon mais il ne passe rien” , explique Aurélie. Les raisons de cette “désertification” ? Multifactorielles pour les deux indépen dants. En premier lieu, l’accès et le coût du parking. “C’est psychologique, on n’a pas envie de payer le parking quand on est chez nous. On ne demande pas la gra tuité, mais il fut un temps où il y avait deux heures de gratuité. Dans l’inconscient collectif, ça compte. Il y a des solutions simples, nous ne sommes pas là pour nuire. Mais il faut concilier les modes de transport. Plus vous mettez des contraintes au centre, plus vous donnez du confort aux zones” , déroulent Aurélie et Pascal. Qui précisent ne pas revendiquer le tout voiture au centre mais simplement faci liter l’accès au centre, pas forcément aux magasins. Dans cette optique, ils regrettent la déci sion d’installer des bornes à Battant, qui “enclave un quartier déjà excentré. On a peur de la décision qui va encore nous nuire car elle ne va jamais dans notre sens”, se désole Aurélie. C’est également là l’un des points de leur colère : Pascal, Aurélie et leurs confrères et consœurs
Ils sont tous les deux des indépendants, à la tête de commerces implantés depuis plusieurs années dans le centre-ville. Et au fil du temps qui passe, Pascal Arnoud de la boutique L’Air de rien et Aurélie d’Ève Boutique voient leurs inquiétudes grandir, notamment face à une “désertification” du centre.
S i Pascal Arnoud a repris la bou tique L’Air de rien en 2018, le commerce de décoration existe depuis la fin des années 1990. Aurélie, quant à elle, est la troisième génération qui gère la boutique de lingerie Ève Boutique. Ensemble, ils se font les porte-parole d’une dizaine de commer çants voisins sur la situation du centre ville. “On ne fait pas le procès des chaînes ou des franchises, souligne d’emblée Auré lie. Mais dans le commerce indépendant, il y a peut-être quelque chose de particulier, plus de proximité dans le centre. La ville est très agréable, très aimée des clients, elle a tout pour bien faire.” “Comme Auré lie, je suis amoureux du centre, j’aime Besançon” , renchérit Pascal Arnoud. Mais, mais…, les commerçants s’inquiè tent de la baisse de fréquentation. “Le centre-ville se désertifie au niveau du flux
des personnes. Et ce sont des faits, pas des ressentis, des avis, de l’émotionnel ou d’influence politique” , précise Pascal. “Entre l’hiver et la sortie des bureaux, on ne voit plus personne, ce sont des choses qu’on ne voyait pas avant, et on a 54 ans de métier” , illustre Aurélie.
Pour les deux commer çants, l’argument du taux de vacance, plus bas que la moyenne nationale, est politique. Et demandent à ne pas confondre le taux d’oc cupation des commerces avec l’attractivité de Besançon. “Les faits, ce sont la fréquentation. Plus on en a, plus on a de chances de bien tra vailler. Et on ne peut pas
“On a peur de la décision qui va encore nous nuire.”
ressentent un manque de considération de la part des élus. “Ils font croire qu’ils s’intéressent à nous mais il y a un manque de communication et d’échange. Après les réunions, il ne se passe rien. Les déci sions se prennent sans prendre en compte l’aspect commerce.” Et d’appeler de leurs vœux un travail collectif : “Quel consensus on met en commun pour pouvoir être force
de propositions pour faire la belle à des villes comme Vesoul, Dole, Pontarlier… ?” Si le mois de septembre déborde d’ani mations, les commerçants reviennent sur les deux mois d’été où il ne se passe pas grand-chose. “Que fait-on au centre ville pour innover sur un grand événe ment ? Comment surfer sur la marque Boosteur de bonheur ? Il faut valoriser
l Opposition municipale
Besançon
Le “plan Marshall” de l’ Lors du conseil municipal d’avant l’été, Ludovic Fagaut a atta qué la majorité sur la situation du commerce au centre-ville et a appelé à un “plan Marshall” pour le centre-ville. Explications.
S a phrase n’a pas manqué de faire réagir les élus lors du conseil municipal. L’expression, forte, très connue, marquant le contexte d’après-guerre et l’important programme de reconstruction qui y fait suite, a été sciemment lancée par Ludo vic Fagaut. “Oui, c’est une expression forte, assène l’élu avec son phrasé habi tuel. Je rencontre tous types de com merces. Certes, les terrasses sont très fréquentées. Mais certains commerces
comme ceux dans la décoration ou le textile sont dans le dur, en grande dif ficulté dans leur chiffre d’affaires. Et cela peut s’expliquer par des décisions de la municipalité.” Et de citer sans surprise les flux de mobilité pour accéder au centre, des disparitions “à longueur de semaine” de places de stationnement ainsi que son coût élevé. “Le plan Marshall a pour but de faciliter l’accès et la vie des com merces. Pour cela, il faut animer la ville
L’opposition municipale réclame plus d’animations au centre-ville (photo U.C.B.).
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