La Presse Bisontine 254 - Août 2023

14 Le Grand Besançon

ÉDITION SPÉCIALE ÉTÉ - Août 2023

TORPES

Écologie urbaine

Une compostière géante inaugurée sur une exploitation agricole L’installation, qui pourra traiter à terme jusqu’à 2 tonnes de biodéchets alimentaires par jour provenant de Besançon et des alentours, est une première du genre sur l’agglomération. Gérée par la société coopérative Trivial Compost, elle permettra d’alimenter en compost la ferme Vaccaires Saint-Jean.

L es surfaces fraîchement bétonnées sous un han gar, au cœur de cette exploitation agricole de Torpes, attendaient encore, début juillet, de se rem plir. Comptant sur d’ultimes aménagements (dont la pose

d’une clôture pour en empêcher l’accès), avant d’accueillir les premiers apports en biodéchets. Mais l’équipe de Trivial Com post, sur place, avait le sourire et se voulait confiante. “Les tra vaux ont pris un peu de retard, mais le site sera opérationnel

dans le courant de l’été.” Ce projet, la S.C.O.P. le mûrit depuis quelque temps : sa col lecte de biodéchets alimentaires à vélo, menée depuis 3 ans sur le centre-ville bisontin auprès des professionnels, gagnant peu à peu en ampleur. “On s’est vite aperçu qu’il y avait de la demande” , remarque Romain Pannetier, l’un des membres de Trivial Compost, “ et les volumes collectés, qui avoisinent aujourd’hui 1 tonne par semaine, devenaient importants et diffi ciles à manutentionner à la main.” L’équipe souhaitait ainsi changer d’échelle. “Cela faisait longtemps qu’on y pensait. La pause du Covid nous a donnés du temps pour concrétiser ce projet réaliser une étude de faisabilité avec le soutien la Région et de l’A.D.E.M.E.” Restait à trouver où installer cette plateforme de compostage de grande dimen sion. “On a noué un partenariat avec la ferme Vaccaires Saint

Jean à Torpes, qui se convertit au bio et veut développer les apports en fertilisant organique. Le compost produit sur place sera mis gracieusement à dis position de l’agriculteur, qui le valorisera directement sur ses terres” , indique Romain Panne tier. La localisation de cette exploitation de 250 hectares, à deux pas de Besançon et sans voisinage direct, constituait un autre atout dans la gestion et la valorisation locale de ces déchets orga niques.

Ce nouvel équipement à Torpes est une première dans le Grand Besançon.

Pour la S.C.O.P., il ne fait pas de doute que cette solution de proximité, plus durable, trouvera un écho, ne serait-ce que par les obligations légales. La Loi A.G.E.C. impose d’ores et déjà une obligation de tri et de valo risation de ces déchets de table pour tous les producteurs de plus de 5 tonnes par an. L’an prochain, ce sera élargi à tous les professionnels et particu liers. Dans l’hypercentre bisontin, le développement de cette dyna mique reste freiné par les contraintes patrimoniales et citadines. Une expérimentation est toutefois lancée dans le quar tier Pasteur avec Trivial Com post. “On y assure une collecte mobile, qui sert de test pour les particuliers.” n S.G.

bles (Châteaufarine, Osselle Routelle…).” L’installation, qui a coûté 150 000 euros (subven tionnée à hauteur de 60 000 euros), est dimensionnée pour traiter à terme jusqu’à 2 tonnes quotidiennes de biodé chets alimentaires. Pour l’heure, seul un petit nom bre de producteurs a déjà mis en place un tri à la source de leurs épluchures et restes ali mentaires, et le problème est qu’ils ne sont pas valorisés. “La plus grosse partie de ce gisement, évalué à 1 997 tonnes annuelles au minimum sur le territoire du Sybert selon notre étude de mar ché, est incinérée, alors que ce mode de traitement est émetteur de gaz à effet de serre et qu’il représente un gaspillage de res sources considérable” , précise Trivial Compost.

Une obligation demain pour tous.

“On continuera de collecter à vélo auprès des restau rants, cantines, supermarchés… bisontins, puis on acheminera ça en véhicule jusqu’à la compostière sur les derniers kilomè tres, en couvrant au passage d’au tres secteurs possi

Les salariés de Trivial Compost assureront la collecte et le cycle de transformation sur place.

DANSE

Arts vivants

Des ateliers pour entrer dans la danse, collectivement Passée par Angers, Lyon et Bruxelles avant de s’installer à Besançon, la chorégraphe Loulou Carré signe avec “Soslow”, sa première création solo. Un spectacle né de cette urgence du mouvement et d’un monde qui va à cent à l’heure.

Elle garde également une appétence particulière pour l’improvisation. “Ce qui me motive de plus en plus, c’est de travailler en communauté. Comment la danse peut être mise au service d’un large public ? J’utilise beaucoup d’outils liés à l’improvisation et je suis le travail de gens comme David Zambrano, Edi valdo Ernesto…” Sa première création solo, qu’elle peau fine depuis deux ans maintenant, s’ins crit dans cette dynamique. Loulou Carré s’est amusée à l’enrichir au fil d’ateliers, en invitant les participants à entrer dans le mouvement par le jeu, et en connectant le groupe. Baptisé “Soslow”, ce spectacle parle de la construction d'une femme qui a du mal à s'imposer dans un monde où tous s’expriment haut et fort, et où tout va à cent à l’heure. “J’avais plein d’idées de matière corporelle que j’ai exprimées dans ce personnage. Ce solo comprend tout une phase au début très peu dansée, où je prends le temps, je regarde tout le monde dans les yeux et cela crée un questionnement d’emblée. Il y a bien une série de mouvements chorégraphiés, mais je ne sais pas exactement à quel moment ils interviennent.” Elle souhaite bien sûr continuer à impliquer le plus grand nombre et organisera un certain nombre de stages l’an prochain autour de la danse et de différents thèmes, avec sa compagnie éponyme basée à Besançon. n S.G.

cause. La chorégraphe, qui travaille avec plusieurs compagnies et qui a créé la sienne, est de tous les événe ments. À l’image de sa dernière par ticipation à Chalon dans la rue, avec la troupe “la Cour Cool Roucoule” qui réunit plusieurs collectifs du Jura et de Besançon. La jeune artiste multiplie depuis quelques années les collaborations et projets locaux, au fil des rencontres, comme avec les compagnies “l’oCCa

sion” ou “Sous ton nez”. Une voie qui semblait toute tracée pour cette ancienne élève du Conserva toire national supé rieur de musique et de danse de Lyon, qui a côtoyé de grands noms de la danse contemporaine comme Michèle Noi ret ou Dada Massilo. “À l’issue de ma for mation, je suis allée m’installer en Bel

E n résidence au théâtre de la Bouloie, dans un habitat inter générationnel à Montrapon, lors d’ateliers dans un village voisin du Jura ou au gré de

divers stages et représentations en ville, Loulou Carré aime inclure le public dans la danse et dans son pro cessus créatif. Son nom est de plus en plus familier aux Bisontins. Et pour

De l’instantané et de l’improvisation.

gique et je me suis nourrie des perfor mers et de leurs compositions instan tanées. Cela a été une grande source d’inspiration et ça m’a donné envie de monter mes propres projets” , confie Loulou Carré. Fin 2017, elle créa ainsi la Compagnie Fernweh en collaboration avec Jane Fournier et imagina un premier duo “Dans tes bras”. Avant de s’essayer à diverses autres expériences, en lien notamment avec le collectif d’art de rue “La Méandre”, à Chalon. Arrivée il y a trois ans et demi à Besan çon, elle a encore élargi depuis son uni vers. “J’ai fait beaucoup de stages de clown. Cela m’a donné des clefs, que j’utilise aujourd’hui dans le rapport créé avec le public. C’est un art autour duquel tu ne peux pas tricher” ,explique Loulou Carré.

Loulou Carré vient de passer un mois en Argentine, en immersion dans un théâtre com munautaire.

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