La Presse Bisontine 253 - Juillet 2023

L’interview du mois 5

La Presse Bisontine n°253 - Juillet 2023

RÉACTION Nathalie Bouvet “Anne Vignot n’invente rien en matière d’écologie !”

venance et à destination du pla teau, c’est de l’écologie pragma tique. Même chose avec la cou verture des espaces de parking par des panneaux photovol taïques. La liaison de la Citadelle avec un transport par câble, pareil. Ou encore une proposition concernant le taux de vacances, ou plutôt de rotation des com merces au centre-ville : pourquoi ne pas proposer aux producteurs des cellules temporaires pour vendre en circuit court leurs produits de saison? Mais sur aucune des propositions qu’on avance en matière d’environne ment, jamais cette majorité n’a accepté de travailler avec nous. C’est désolant. n Propos recueillis par J.-F.H. émise, mais qui n’a encore une fois que suscité du mépris, part du constat suivant: 41 % des déplacements effectués dans Besançon le sont à pied, et 3 % seulement à vélo. Notre idée est de créer des parcours piétons fléchés, ombragés, végétalisés, qui pourraient être un élément d’attractivité de plus pour Besançon. Le tram-train entre le plateau de Saône et l’Ouest bisontin, avec la desserte du C.H.U., est une autre idée innovante que nous proposons, tout comme les bus à hydrogène. Mais sur ce dernier point, encore une fois, c’est Dijon qui est parti bille en tête… L’équipe d’Anne Vignot n’a aucune vraie vision en matière d’écologie. L.P.B. : Le constat est sévère ! N.B. : Non, juste réaliste. On l’a bien vu avec la R.N. 57 où ils n’ont pas compris que de termi ner cette route permettrait de faire baisser les gaz à effet de serre en diminuant les bouchons et en même temps de traiter les eaux usées beaucoup mieux que maintenant. Même chose pour le plan de circulation dont on réclame depuis des mois la refonte. Demandons aux habi tants de la rue du Clos-Munier ou de la rue Midol ce qu’ils en pensent… L.P.B. : Finalement, selon vous les pos tures idéologiques de l’équipe Vignot empêcheraient toute avancée nota ble ? N.B. : C’est exactement ça. Ce sont des écologistes dogmatiques qui ne comprennent pas qu’on peut concilier écologie et progrès. Leur méthode n’est pas la bonne, je le regrette. D’autant plus qu’on pourrait très bien travailler ensemble sur ces questions, mais ils refusent catégoriquement le dialogue. n Propos recueillis par J.-F.H.

Zoom Les autres axes de travail M i-juin, Anne Vignot et une partie de son équipe municipale (Abdel Ghezali, Kévin Bertagnoli, Claudine Caulet, Hasni Halem et Pascale Billerey) ont présenté un bilan de mi mandat. Ce dernier est décliné en quatre axes : cultiver le collectif, s’adapter au change ment climatique et pro téger le vivant, faciliter la vie quotidienne des Bisontins et activer les solidarités, amplifier la dynamique et l’attracti vité de Besançon. n

un mouvement citoyen de végé talisation appelé “Demain, tous jardiniers !” qui permet à chacun de s’approprier devant chez lui une petite parcelle de trottoir pour le végétaliser ou le fleurir. L.P.B. : Anne Vignot ne serait pas assez novatrice en matière d’écologie ? N.B. : Je pense qu’au sein de son parti, elle a une position très radicale. La mairie d’Annecy, écologiste également, se vante d’avoir 1345 points de fleuris sement saisonnier et s’est faite remarquer encore l’an dernier avec son concours des maisons et balcons fleuris. Pourquoi Besançon n’ose pas ce genre d’initiatives ? La Ville de Lyon, là aussi avec un maire écologiste, a fait des “jardins de rue”, il y en a près de 1200 aujourd’hui dans toute la ville. Autre inno vation: il faudrait que la Ville de Besançon soit une facilitatrice en matière de production d’éner gie solaire. Nous proposions dans notre programme l’opération “1 000 toits solaires pour 2030”. La ville d’Utrecht aux Pays-Bas a équipé l’intégralité de ces abri bus de panneaux solaires. En la matière, Besançon ne fait rien, n’incite à rien. L.P.B. : D’autres propositions dans votre catalogue ? N.B. : On propose aussi de déve lopper la réutilisation des eaux traitées pour un usage urbain. Un décret de 2022 l’autorise mais là encore, Besançon ne fait quasiment rien. Sous prétexte qu’il y aurait des risques sani taires à le faire, on préfère rejeter ces eaux traitées dans le milieu ! Une autre proposition que j’ai

Écologue de profession, Nathalie Bouvet est membre du groupe d’opposition Ensemble Bisontins ! emmené par Laurent Croizier. Elle donne ses pistes pour l’environnement à Besançon.

L a Presse Bisontine : Validez vous les orientations prises par l’équipe Vignot en matière éco logique ? Nathalie Bouvet : Anne Vignot n’in vente rien en matière d’écologie ! Tout ce qu’elle a engagé en matière de végétalisation de cer taines places ou cours d’école, ou de rénovation énergétique des bâtiments publics, toutes les villes de France le font, c’est dans l’air du temps pour rattra per les erreurs du passé, et tant mieux. Mais la végétalisation, ça doit aussi être de l’embellis sement, du fleurissement, ce qui n’est pas du tout le cas ici.

L.P.B. : Quelles sont vos suggestions en matière d’environnement ? N.B. : En 2020, nous avions pro posé dans notre programme des corolles végétales, modulables et déplaçables - une idée que s’est ensuite appropriée Ludovic Fagaut -, et qui seraient par

faites pour un endroit comme la place de la Révo lution. Mais Anne Vignot nous méprise quand on lui pro pose ce genre de solutions. Nous proposons aussi

“On peut évidemment concilier écologie et progrès.”

Anne Vignot se dit fière de “repenser

l’urbanisme pour proposer une ville plus protectrice.”

des réponses très concrètes. Le gouvernement suit les orientations dans lesquelles nous nous inscri vons depuis le début du mandat. Nous sommes en train d’ouvrir une perspective d’un territoire démonstrateur qui fera son attrac tivité. n Propos recueillis par L.P.

la suite du programme et atteindre tous les objectifs ? A.V. : C’est le concret qui nous anime. Nous n’avons pas encore atteint 100 % de nos projets mais nous avons multiplié les panneaux pho tovoltaïques, les surfaces désim perméabilisées, les projets qui concernent les enfants… Ce sont

Nathalie Bouvet, élue de la liste Ensemble Bisontins !, regrette que la majorité refuse tout dialogue avec l’opposition sur le sujet de l’environnement.

RÉACTION

Ludovic Fagaut “Besançon est le laboratoire d’une écologie punitive” La liste Besançon Maintenant à travers

prime, on contraint, on stigma tise, on punit. Anne Vignot porte sciemment une idéologie poli tique extrême contre la civili sation industrielle. Elle veut nous réapprendre à manger, nous déplacer, nous habiller… Ce n’est pas de l’écologie prag matique. L.P.B. : Quel est alors pour vous le concept d’écologie pragmatique ? L.F. : Dans un territoire qui avance, l’innovation doit avoir toute sa place en matière d’éco logie. Une ville connectée permet de régler les flux de circulation. Portland aux États-Unis a décidé de supprimer des feux tricolores pour fluidifier la cir culation. Pourquoi ne pas ten

ter ? Le projet d’autoroute cycla ble, sorte de périphérique dédié au vélo et qui irriguerait le cen tre, est aussi une innovation qui permettrait de ne pas opposer la voiture au cyclable. La ferme urbaine que nous défendons pour les Vaîtes, là aussi c’est de l’innovation. La mise en place

L.P.B. : Quelles mesures plus innovantes proposez-vous ? L.F. : Il faut par exemple travailler sur les déperditions d’eau. Ce n’est pas normal que 20 % de la production d’eau s’échappe à cause des fuites dans les cana lisations. Je demande qu’on mette en place des capteurs numériques pour détecter toutes ces fuites. La question des transports publics est cruciale également. Dans une ville comme Stock holm, tous les bus roulent aujourd’hui au biocarburant. À Vienne, le numérique permet de déployer le concept de smart city qui régule au mieux la cir culation. Rien de tout cela n’est engagé à Besançon. Ici, on sup

son leader Ludovic Fagaut juge elle aussi qu’en matière d’environnement, l’équipe Vignot n’a pas de cap clair, ni de vision d’avenir.

L a Presse Bisontine : Les actions menées en matière d’écologie par l’équipe Vignot trouvent elles, au moins en partie, grâce à vos yeux ? Ludovic Fagaut : Je me mets à la place des riverains de la rue Midol, ou encore des commer çants de la place du Jura : qu’ont apporté les changements opérés sur ces secteurs au nom de l’idéo logie de cette majorité? Sous couvert de l’adaptation (néces saire) au changement clima

tique, on crée de la zizanie et on punit. Nous sommes depuis trois ans et le début du mandat, en matière d’environnement comme dans de nombreux domaines, dans un mauvais théâtre d’improvisation. Besan çon est pour M me Vignot et son équipe le laboratoire d’une éco logie punitive. Pour le reste, tout ce qui se fait en matière de réno vation énergétique, ce n’est que du bon sens et tout le monde le fait ailleurs en France.

de petits bus électriques dans la Boucle, c’est aussi de l’inno vation. Réfléchir à la création d’un taxi-rail, un concept qui existe en Bre tagne, avec des lignes régulières de train en pro

“Ici, on supprime, on contraint, on stigmatise, on punit.”

Made with FlippingBook - Share PDF online