La Presse Bisontine 253 - Juillet 2023

4 L’interview du mois

La Presse Bisontine n°253 - Juillet 2023

BILAN MI-MANDAT

Anne Vignot et l’écologie

“La ville devient résiliente du fait de nos actions” À l’occasion de son bilan de mi-mandat, Anne Vignot et son équipe municipale ont notamment mis en avant, parmi les quatre axes de développement, celui sur l’adaptation au changement climatique et la protection du vivant. Selon le collectif Pacte pour la transition, Besançon a réalisé 62 % de ses objectifs fixés lors de la campagne municipale.

L a Presse Bisontine : Le collectif Pacte pour la Transition qui regroupe des associations à visées écologistes ou environnementales a suivi depuis votre élection les mesures que vous aviez fixées lors de la campagne pour la lutte contre le changement climatique. 62 % des objectifs ont été réalisés, ce qui place Besançon en tête du classement. Comment avez-vous reçu ce résultat ? Anne Vignot : Nous sommes très fiers et très heureux. La trajectoire est bonne mais on ne relâche pas l’effort. Élus, agents municipaux et acteurs locaux sont tous mobilisés pour écrire l’avenir de notre ville de Besançon. L.P.B. : Comment qualifiez-vous votre bilan de mi-mandat sur l’adaptation au changement cli matique et la protection du vivant ? A.V. : De manière générale, c’est un bilan relativement exhaustif. Tous les chantiers sont ouverts, c’est important d’avoir ce travail systémique. Au moment de l’écri ture du programme électoral, nous nous sommes basés sur un diagnostic du ter

liente du fait de nos actions. Claudine Caulet (en charge des écoles) : L’humanité se rapproche dangereuse ment d’un point de bascule irréversible. Nous avons besoin d’institutions qui prennent soin des citoyens en améliorant les conditions d’apprentissage. On par ticipe à l’adaptation climatique et à l’at ténuation du changement climatique. C’est la même chose avec la biodiversité qui est l’assurance vie de l’humanité. On réinvente les espaces verts, on réin troduit la biodiversité. L.P.B. : Vous évoquez une ville résiliente mais également protectrice… A.V. : On repense l’urbanisme pour pro poser une ville plus protectrice. L’urba nisme repense le logement mais aussi les mobilités, avec les transports en com mun, la voiture, les piétons, la mobilité adaptée à ceux qui ont le plus de diffi cultés, notamment ceux qui ont un han dicap. Et puis, il n’y a pas de réunions publiques sans que l’on aborde la question des mobilités douces. Il est question de

ritoire. Ce dernier a permis d’anticiper les actions portées aujourd’hui par le gouvernement. L.P.B. : Comme par exemple ? A.V. : Nous sommes en avance sur le Plan École (mi-mai, le gouvernement a lancé ce programme visant à isoler les écoles du territoire national, N.D.L.R.). Ce n’est plus possible d’exposer les enfants à des températures extrêmes dans les écoles.

Grâce aux rénovations, nous avons baissé la consommation énergé tique et l’impact envi ronnemental. Nous avons démontré à tra vers des modes constructifs comment transformer notre façon de vivre. Quand la crise énergétique est arrivée, Besançon était déjà en marche pour répondre à ces enjeux. La ville devient rési

“On réinvente les espaces verts, on réintroduit la biodiversité.”

projets avec une économie qui se pose des questions, qui cherche le sens même de son action. Il faut que ce soit en cohé rence avec le territoire résilient que nous voulons développer.

sécurisation du Bisontin dans tous ses déplacements. Nous travaillons beaucoup sur la coopération avec des temps de participation de nos citoyens. Le collectif fait partie de l’A.D.N. de cette ville, qui est aussi une ville éthique. Y compris dans la façon dont nous finançons les

L.P.B. : Quelles sont vos motivations pour continuer

PACTE POUR LA TRANSITION Collectif bisontin Les engagements sont tenus mais manquent d’ambition

enfants à la question de biodiversité.” En revanche, les militants notent l’énorme contresens que constitue le dossier de la R.N. 57. statu quo l Le vélo : Bien que Grand Besançon Métro pole ait voté le triplement du budget alloué au vélo, l’A.V.B. dénonce un manque de volonté explicite et des freins extérieurs à l’équipe Vignot. “Les changements sont encore décevants. On attendait un marqueur fort comme à Grenoble.” Selon l’association, il faudrait 30 euros par an par habitant sur cinq ans pour faire de Besançon une ville cyclable sécurisée. Aujourd’hui, le budget vélo revient

pas une volonté politique forte.” Les points négatifs l La publicité : les militants dénoncent un flou autour du règlement local de la publicité. “Les citoyens n’ont aucune visibilité sur la limitation de la publicité pour les prochaines années.” Si le but est de continuer le dia logue, les militants espèrent que ce travail ira piquer la mairie pour faire avancer les choses. Les asso ciations notent d’ailleurs avec dépit que les oppositions au sein du conseil municipal ou de l’agglo mération freinent de manière récur rente les dossiers sur la transi tion. n

à 15 euros par habitant par an. l La restauration scolaire : la municipalité s’est engagée en 2026 à servir 100 % de produits bio, locaux ou de qualité. En 2023, le chiffre est de 56 %. l L’accessibilité : Yves, de l’association Trottoirs libres dénonce une “dissonance cognitive énorme dans les discours des élus.” “L’accessibilité est opé rationnelle, de l’argent a été injecté. Mais cet argent est efficient à condi tion de faire respecter la loi.” Dans sa ligne de mire, la tolérance de la mairie vis-à-vis des arrêts de 15 minutes sur les trottoirs, contraire au Code de la route. “Cela se traduit par une insécurité et cela n’affiche

Le Pacte pour la transition de Besançon* a évalué, trois ans après les élections municipales, les actions écologiques et sociales de la municipalité. Pour ces citoyens, l’équipe d’Anne Vignot respecte ses engagements mais il manque de mesures ambitieuses à la hauteur de l’urgence climatique.

L es associations bisontines, qui font partie de ce collectif apartisan dressent un bilan plutôt positif. Avec néanmoins des bémols. “Besançon, à l’échelle nationale, c’est très bien, souligne Marion d’Alternatiba. Mais nous, on veut changer de niveau de lec ture. Les engagements sont tenus mais la municipalité semble se reposer sur ses lauriers. Sur les déchets notamment, il n’y a pas eu d’avancée substantielle. Il n’y a pas quelque chose de révolu

l La biodiversité : “à part le problème des Vaîtes” , Patrick de la F.N.E. 25 (France Nature Environnement) loue les avancées sur les espaces et la végé talisation des cours d’école. Estelle, de l’association Vélo Besançon (A.V.B.), professeure des écoles, constate au quotidien la différence. “Les choses ont été bien faites, une animatrice est venue pour élaborer le projet avec les enfants et sensi biliser à la désimperméabilisation, il y a une volonté de former les

tionnaire mais on avance sur tous les points.” Jean-Pierre d’Ancov 21 abonde : “Si on demande à la Ville un marqueur fort, je ne sais pas ce qu’elle pourrait répondre.” LES POINTS POSITIFS l Le financement éthique : le collectif “salue le travail poussé, entamé par la Ville de Besançon, pour écarter les banques les plus nocives de leurs financements (et notamment un prêt de 2 millions d’euros auprès de la Nef).”

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