La Presse Bisontine 253 - Juillet 2023
20 Besançon
La Presse Bisontine n°253 - Juillet 2023
TRANSPORTS
Pas dans ce mandat
Et si le téléphérique était la solution ?
En quelques années, le téléphérique urbain est devenu une alternative de mobilité pour plusieurs villes et métropoles françaises. Brest, Toulouse, bientôt Créteil, Saint-Denis de La Réunion, Ajaccio… Et si Besançon relançait la réflexion ?
villes… et notre projet Port-Citadelle était les prémices à cela” estime Ludovic Fagaut au nom du groupe d’opposition Besançon Maintenant. Nul doute que le sujet reviendra sur le tapis à l’ap proche des prochaines élections muni cipales et communautaires de mars 2026. n J.-F.H. La solution de téléphérique urbain ne vaut que s’il existe un obstacle à franchir. La colline de la Citadelle en est un… soir leur couleur politique, ont confirmé et affiné le projet, le principe d’un téléphérique urbain sera confirmé en 2014, le chantier lancé en 2019. La crise du Covid a retardé le chantier et c’est le 13 mai 2022 que la ligne ouvrira. “L’objectif a été fixé à 7 000 voyageurs par jour, nous sommes actuellement sur une moyenne de 5 000” ajoute l’élu toulousain qui reconnaît devoir encore renforcer certaines connexions entre les sta tions du téléphérique et le reste du réseau. Pour ses concepteurs, le téléphérique de Toulouse est non seulement une solution complémentaire de transport urbain, il donne aussi “un vrai sup plément d’âme avec un parcours éblouissant” , et une vue imprenable sur la chaîne pyrénéenne qui barre l’horizon. Pour donner une autre dimension à ce mode de transport, un ticket “tourisme” a été lancé le mois dernier : un aller-retour à 3,50 euros qui séduit déjà. n Les autres projets en préparation Avec Brest et Toulouse, d’autres villes françaises ont choisi ce mode de trans port public. Saint-Denis de La Réunion a désormais le sien, Ajaccio en Corse a également lancé son projet. Bordeaux y réfléchit, tandis que Lyon vient d’aban donner l’idée. Et à l’étranger : New York, La Paz, Medellin, Barcelone, Berlin, Singapour, Ankara… ont elles aussi opté pour un téléphérique urbain. n
C ette solution était un des axes forts d’une des candidates aux dernières élections municipales en 2020, Alexandra Cordier (soutenue alors par Jean-Louis Fous seret). Sa liste défendait l’idée d’un transport par câble qui relierait le pôle Chamars à La Vèze, avec une station intermédiaire à l’arrière de la Citadelle. Trois ans plus tard, la candidate mal heureuse croit plus que jamais à la pertinence de cette solution. “Besançon, avec cette colline à franchir, se prête très bien à cette solution. La mobilité de demain passera forcément par le ciel” estime aujourd’hui encore Alexan dra Cordier dont le projet de l’époque avait été chiffré à 50 millions d’euros pour un parcours d’environ 3,5 km. Pour elle, cette solution répondrait aux trois enjeux actuels de la ville : “La résorption des embouteillages, l’accès à la Citadelle qui reste toujours un casse-tête, et cette alternative aurait en plus une vocation touristique en faisant le lien entre la ville et son environne ment. Je suis certaine que cette solution reviendra un jour” prédit l’ex-candi date.
Du côté de la majorité à Grand Besan çon Métropole, on n’élude pas la ques tion. Mais selon Marie Zéhaf, l’élue communautaire en charge des trans ports publics, “ce n’est pas encore prévu dans le cahier des charges de la future délégation de service public qui démar rera après le 31 décembre 2024. Nous avons d’autres priorités pour l’instant” dit-elle. Kéolis, l’actuel délégataire du transport public dans l’agglomération, n’évacue pas complètement l’hypothèse, estimant juste qu’à un peu moins de deux ans du renouvellement de la délé gation de service public, “c’est encore un peu prématuré de s’avancer sur ce sujet” note la direction bisontine.
“La mobilité de demain passera forcément par le ciel.”
G.B.M. a d’autres prio rités qu’un transport par câble. Notamment “la création d’une quatrième station de tram à hau teur de la Grette pour pouvoir multiplier la cadence des trams ainsi que le nombre de des sertes de la gare” précise Marie Zéhaf. G.B.M.
investira également dans des nouvelles rames de tramway ainsi que, dès cette année, dans l’acquisition de deux nou veaux bus 100 % électriques. La moder nisation des 16 gares S.N.C.F. sur le territoire de G.B.M. est également à l’ordre du jour de la prochaine D.S.P. (bientôt celle de Saône sera concernée). La question d’un transport par câble
“ne se fera en tout cas pas dans ce man dat-là” confirme Marie Zéhaf. Du côté de l’opposition bisontine, on estime aujourd’hui que la question du téléphérique urbain mérite toute l’at tention. “Aujourd’hui, le transport aérien par câble est à penser. Il nous faut réflé chir à cette possibilité au regard de ce qui se fait déjà ailleurs dans d’autres
Toulouse, la plus longue ligne de France L’équipement fonctionne depuis tout juste un an à Toulouse. La fréquentation est encore un peu en dessous des prévisions.
Brest, les précurseurs La ville bretonne a été la première à construire un téléphérique urbain comme solution de mobilité du quotidien. Et elle ne le regrette pas.
Le téléphérique urbain de Brest fonctionne depuis novem bre 2016.
U n carrousel de 15 cabines de 34 places chacune, trois sta tions sur un parcours de 3 km. Bienvenue sur le téléphérique urbain de Toulouse, le plus long du genre en France. Pour s’offrir ce nouveau moyen de transport qui relie l’Uni versité Paul-Sabatier à l’oncopôle, via le C.H.U., la ville rose aura déboursé 90 millions d’euros. Ce transport par câble évite aux Tou lousains de faire un long détour de 40 minutes en voiture, les sites sont désormais reliés par les airs en à peine 10 minutes. Un temps envisagée, la construction d’un tunnel sous la Garonne et sous la colline a vite été abandonnée. Et c’est la catastrophe d’A.Z.F. en sep tembre 2001 qui a entraîné la réflexion autour d’un nouveau type de trans port. “Cette catastrophe a incité les élus de l’époque, notamment le maire
Philippe Douste-Blazy, à repenser totalement ce secteur de la ville. L’usine Total était remplacée par un centre dédié à la santé. C’est à ce moment-là que l’idée d’un téléphé rique pour relier ce futur quartier a démarré” rappelle Jean-Michel Lattes, le président de Tisséo, le réseau de transport toulousain, et vice-président de Toulouse Métropole. Les équipes successives, quelle que
S ans doute que cet équipement dont la sous-préfecture du Finistère s’est équipée il y a bientôt sept ans a trans formé l’image, et la réputation de la cité maritime. Pour amé liorer son réseau de transport collectif, Brest avait le choix entre construire un nouveau pont pour franchir la Penfeld, le petit fleuve qui coupe la ville en deux et autour duquel s’est installée la base navale, ou adopter une solution nou velle : le téléphérique urbain. “Plutôt qu’un pont à construire puis mettre les véhicules dessus, avec le télé phérique, on a le pont et le véhicule dans le même pro
jet !” image Victor Antonio, le directeur des mobilités à Brest. Ayant eu l’opportunité de racheter à l’Armée des ter rains, Brest a souhaité créer un nouvel écoquartier. C’est ce quartier nouveau que le téléphérique brestois dessert. Pour construire soin trans port par câble, la ville a investi 19,2 millions d’euros hors taxes. Deux stations, un haut pylône central de 72 m de hauteur, d’une longueur de 420 m, le téléphérique brestois imaginé en 2011 était mis en service 5 ans plus tard. Il transporte aujourd’hui, selon les jours et les saisons, entre 1 500 et 5 000 voya
geurs par jour. “Avant, per sonne ne parlait de Brest comme d’une ville touristique. Depuis, on a semblé découvrir notre vocation touristique, à tel point que le Guide vert Michelin de 2017 citait le télé phérique de Brest comme une des 15 choses à faire dans le monde !” sourit Victor Anto nio. Si la vocation touristique du téléphérique brestois est la bonne surprise du projet, sa fonction première reste de transporter les autochtones au travail, les enfants à l’école, et les habitants dans les différents espaces cultu rels construits dans le nou veau quartier de la ville. n
Le téléphérique toulousain vient de fêter son premier anniversaire (photo Tisséo - P. Nin).
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