La Presse Bisontine 253 - Juillet 2023
18 Besançon
La Presse Bisontine n°253 - Juillet 2023
SANTÉ
Maladie rare La D.C.P., une maladie sous-diagnostiquée La dyskinésie ciliaire primitive
De nombreuses actions de recherche sur la D.C.P. se développent. “Le diag nostic est posé sur les otites et bronchites à répétition” explique Marie-Laure Dalphin, responsable du centre de compétences des maladies respiratoires rares et pneumo-pédiatre au C.H.U. Minjoz à Besançon. “Les examens néces saires sont la mesure du niveau d’oxyde d’azote dans l’ensemble des voies res piratoires et un brossage nasal pour analyser les cils. La maladie est de plus en plus connue et la génétique a fait de gros progrès pour nous y aider ces dernières années.” n A.A. Plus de renseignements : René Poiffaut au 06 74 91 35 12, ou par mail : poiffaut39@laposte.net ou rendez-vous sur www.adcp.fr La D.C.P. en chiffres : l 4 000 personnes touchées en France l 94 personnes touchées en Franche-Comté l 50 naissances par an l 100 membres de l’A.D.C.P. au niveau national l 15 membres de l’A.D.C.P. à Besançon
L es voies respiratoires sont com posées de cils qui empêchent l’intrusion de virus, de bacté ries et de poussières dans l’or ganisme. Le mucus (liquide produit par les muqueuses de l’orga nisme) se formant alors dans les pou mons, les sinus et derrière les tympans, est éjecté par ces cils. Sauf pour les personnes qui présentent un dysfonc tionnement du système ciliaire et souf frent de dyskinésie ciliaire primitive (D.C.P.), une maladie génétique rare, sous-diagnostiquée, qui touche une naissance sur 16 000. “C’est la deuxième maladie respiratoire après la muco viscidose” détaille René Poiffaut, 67 ans, le délégué régional de l’A.D.C.P. (Association de patients souffrant de est une maladie génétique rare qui touche principale ment les voies respiratoires aériennes. Le Bisontin René Poiffaut, un des fondateurs de l’association A.D.C.P. et Marie-Laure Dalphin, pneumo-pédiatre au C.H.U. de Besançon éclairent sur cette pathologie méconnue.
René Poiffaut a témoigné de son quotidien de malade
le 17 juin dernier à la Maison des familles.
Au quotidien, René souffre d’encom brement bronchique, de sinusites chro niques et d’essoufflement. Le transfert d’oxygène dans son sang ne se fait pas facilement. “Je suis très sensible à l’en vironnement, à la pollution de l’air et aux bactéries. La randonnée, la marche, le vélo et la consommation de 2 à 3 litres d’eau par jour pour fluidifier les secrétions sont mes principales théra
pies. Avec bien sûr la kinésithérapie respiratoire qui propose des techniques de respiration pour remédier au tapis roulant déficient des cils et fluidifier les sécrétions. Nous sommes aussi en train de mettre en place de l’éducation thérapeutique pour que les malades prennent en charge leurs soins: des techniques de drainage, de respiration lente pour mobiliser le mucus…”
dyskinésie ciliaire primitive) Bour gogne-Franche-Comté, un des membres fondateurs de l’association avec Alain Alibert. “Elle n’est pas mortelle. Seule une biopsie (prélèvement de cils) permet de détecter la maladie. Moi je suis né en 1956. À ma première radio des pou mons, on m’a parlé de dilatation des bronches. On ne parlait pas encore de D.C.P.”
D’étonnement en questionne ment, l’événement qui, outre la gare Viotte a touché les quar tiers des Chaprais, de Saint Claude, de Battant, de Bregille et de Montrapon, semble en mesure d’être redécouvert indé finiment. Et semble pouvoir apporter son lot de nouveautés constamment. “À l’époque, ce qui se passait restait dans les familles” termine Roger Chi paux. “C’est le contexte idéal pour que les légendes se propa gent. On ne voit pas apparaître de victimes allemandes dans le registre des décès alors que cer taines sources parlent d’une vingtaine de victimes…” n Projection d’un documentaire de Michel Marlin sur l’événe ment. Un document diaporama très pédagogique enrichi par des photos de Marcel Bidoli et par les derniers documents retrouvés aux Archives muni cipales des rapports du premier policier arrivé sur les lieux et des sapeurs-pompiers qui étein dront l’incendie de la gare. n Zoom Célébration du 80 ème anniver saire du bombardement de la gare Viotte: rendez-vous le lundi 17 juillet au foyer des Oiseaux à 15 heures et 18 h 30 (sur inscription préalable à cha praishistoire@gmail.col ou au 06 70 29 61 50).
HISTOIRE
Commémoration Un bombardement sous le feu des questionnements
Avec 51 morts et 134 blessés, le bombardement de la gare Viotte le 16 juillet 1943 est l’événement le plus meurtrier de la Deuxième guerre mondiale à Besançon. Jean-Claude Goudot et Roger Chipaux en témoignent et balaient certaines rumeurs tenaces.
disséquer alors que les commé morations du 80 ème anniversaire approchent. “Il y a toujours eu une question lancinante : pour quoi la Royal Air Force britan nique est venue bombarder la gare ?” explique Jean-Claude Goudot, membre du collectif His toire des Chaprais. “Ce bombar dement est-il une alternative car la cible était les usines Peugeot de Sochaux ? Est-ce une diversion faite à Besançon pour attirer les avions de chasse allemands? S’agit-il d’un accident entre un bombardier de la R.A.F. et un avion de chasse allemand qui s’écraseront sur la gare Viotte entraînant, par erreur, de pre miers bombardements?” Les questions sont légion concernant cet événement. Un événement que le Petit Comtois, quotidien alors sous la surveillance des autorités allemandes, va qua lifier à tort d’acte terroriste, de raid de terreur avec des bombes lancées sans discrimination. “Ce n’était pas un raid terroriste” recadre Jean-Claude Goudot. “C’est un acte de guerre! À l’époque, le Petit Comtois n’était pas libre de ce qu’il écrivait. Sa plume était tenue par le gouver nement de Vichy et par les Alle mands. Un officier allemand siégeait en permanence dans les
C’ est l’événement mar quant de la Deuxième guerre mondiale à Besançon, avec l’Oc cupation : le bombardement de la gare Viotte, par l’aviation bri tannique, dans la nuit du 15 au
16 juillet 1943 vers 1 heure du matin. Un événement, le plus important de la guerre en nom bre de victimes pour la ville (51), qui fut marqué par la rumeur transmise de génération en géné ration. Et qu’il est de bon ton de
Roger Chipaux, membre
du collectif Histoire des Chaprais.
spécificité tient au nombre de victimes qui varie selon les sources et à la présence d’en fants dedans. “Il y a 10 enfants recensés parmi les victimes, le plus jeune étant Claude Aubry âgé de 2 ans, alors que l’événe ment a lieu à 1 heure du matin” s’interroge Roger Chipaux lui aussi membre du collectif His toire des Chaprais. “Les prin cipales familles touchées furent les Henriot qui habitaient che min du Fort de Bregille et les Aubry de la rue Ledoux. Sur les listes officielles de la mairie, il y a 35 victimes mais il y a des corps déchiquetés qui n’ont pas été comptabilisés.”
bureaux de la rédaction et reli sait tous les articles… sauf ceux de la rubrique culturelle!” Autre élément intéressant de l’événement, ce bombardement arrivé “par erreur”, n’a pas pro voqué un affolement démesuré dans la population. “Quand les
Destruction d’une partie
des logements de la brasserie Gangloff, avenue Denfert Rochereau (aujourd’hui détruite et remplacée par l’immeuble Le Président).
sirènes d’alerte retentissent à 1 heure du matin, les Bisontins ne se sont pas spécialement inquiétés car même si la ville n’avait jamais été bombar dée il y avait des alertes souvent.” Enfin sa dernière
Des Allemands parmi les victimes.
Made with FlippingBook - Share PDF online