La Presse Bisontine 252 - Juin 2023

Le dossier 23

La Presse Bisontine n°252 - Juin 2023

l Art et essai L’ancien C.G. Le cinéma Victor Hugo poursuit sa mission C’est le cinéma d’art et d’essai bisontin. Meurtri comme les autres par le Covid, il a retrouvé son public. Et mise sur ce qui fait sa force : les échanges avec les cinéphiles.

salle 2 en décembre 2012” se sou vient l’ancien opérateur. Avant d’être repris par Jean Claude Kieffer et sa famille en 1990, le C.G. était aux mains depuis 1964 de la famille Col lard. “Pierre et Charlotte Collard étaient des pionniers du cinéma d’art et d’essai à Besançon dans les années 60-70. Ils étaient éga lement des fous de technique. Leur idée était de proposer au public bisontin un cinéma plus exigeant et différent des autres, et également d’inviter des per sonnalités pour débattre des films” résume Laurent Piotélat. Ils ont en même temps l’ambi tion de créer un outil de travail nouveau, avec une caisse ouverte qui permet d’échanger avec les clients cinéphiles venus acheter leur ticket. Ce concept, près de 60 ans plus tard, n’a pas changé au cinéma Victor Hugo. “On est restés sur ces fondamentaux” confirme Laurent Piotélat. La famille Kieffer, si elle a changé le nom du cinéma, en a gardé l’esprit. “Nous continuons d’entretenir ce lien privilégié avec notre public à travers notamment les ciné débats.” Et toutes les plateformes Netflix

I l est aussi une des mémoires du cinéma régional. Celui qui a fait ses armes dans le Jura en tant qu’opérateur projectionniste travaille depuis janvier 2007 au cinéma de la rue Gambetta, le Victor Hugo qu’on appelait autrefois le C.G. (comme Cinéma Gambetta).

Laurent Piotélat, également col lectionneur invétéré d’anciens matériels de cinéma, a connu l’ère des projections 35 mm, et a manié ici même l’ancestral projecteur Cinémeccanica à rem bobinage automatique. “Il a fonc tionné jusqu’en 2012 ici, avant le passage en numérique de la

Laurent Piotélat, un des quatre salariés, et le plus ancien, du cinéma Victor Hugo de Besançon.

L’époque du cinéma porno L e C.G. comptait parmi les salles bisontines à projeter des films X jusqu’au milieu passaient des films X” observe Laurent Piotélat.

La période porno des cinémas de Besançon avait démarré au début des années soixante-dix dans la mouvance de la libération des mœurs post-soixante-hui tarde. Elle s’est éteinte rapidement au milieu des années quatre-vingt, époque de la création de Canal + et de l’essor des cassettes V.H.S. n

des années quatre-vingt. La salle 3, qu’on rejoint par une passerelle, plus discrètes que les deux autres salles, était en partie dédiée à ces projections. “C’était une époque où les cinémas devaient rentrer de l’argent, ils faisaient ce qu’ils pouvaient pour tourner, si bien que beaucoup de salles

toujours se déplacer” confirme le responsable. Si le Victor Hugo n’affiche évidemment pas les mêmes chiffres que les deux autres cinémas bisontins, les entrées sont à nouveau satis faisantes. L’avenir ? “Je pense qu’il y aura toujours un goût

du monde ne remplaceront jamais ces liens directs que le public du Victor Hugo recherche. Le Covid a bien sûr été drama tique pour le Victor Hugo. Mais depuis quelques mois, l’affluence est à nouveau là. “Les gens ne désertent pas les salles, ils aiment

pour voir des films sur 10 mètres de base plutôt que sur un écran de 50 cm. L’avenir ici, c’est de continuer à présenter des bons films et de maintenir cette inter action avec notre public” estime M. Piotélat. n J.-F.H.

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