La Presse Bisontine 251 - Mai 2023

Économie 35

La Presse Bisontine n°251 - Mai 2023

SANTÉ

Fin de vie Les Maisons de vie vont-elles (enfin) pouvoir sortir de terre ?

de ces Maisons, en plus de par ticiper à désengorger les services saturés, permet de proposer des solutions de répit et de favoriser un accompagnement à dimen sion humaine. L’exemple de Besançon, qui a fait ses preuves, montrait également les écono mies possibles générées pour le système de santé. Là où le coût d’un séjour hospitalier revient en moyenne à 1 500 euros par jour et par patient, celui en Mai son de vie est de 350 euros. L.P.B. :Vous avez été récemment reçue au cabinet d’Agnès Firmin-Le Bodo au ministère de la Santé. Qu’en est il ressorti ? L.H. : Nous attendons depuis de nombreuses années qu’un statut soit enfin proposé afin de per mettre leur développement. Ce rendez-vous est l’un des plus constructifs que j’ai eu ces der nières années. Les échanges ont été rigoureux et riches de cette humanité, si nécessaires à ce sujet qu’est l’accompagnement de la fin de vie. Ils ont entendu notre demande et on devrait se revoir. La présidente de Région, Marie-Guite Dufay, nous a éga lement appuyés par un courrier de soutien auprès d’Emmanuel Macron. n Propos recueillis par S.G.

Le combat mené depuis plus de 20 ans par Laure Hubidos, autour de l’accompagnement des personnes gravement malades, fait écho au projet de loi attendu cet été sur la fin de vie. Celle qui préside aujourd’hui le Collectif national des Maisons de vie, rappelle qu’il y a urgence.

L a Presse Bisontine : C’est à Besançon et sous votre impul sion que s’est créée la première Maison de vie en 2011 (rebap tisée et gérée désormais par l’A.P.F. France Handicap du Doubs). Quel en était le but ? Laure Hubidos : J’ai mûri ce projet avec le soutien du P r Régis Aubry, responsable du départe ment douleurs-soins palliatifs gériatrie du C.H.U. de Besançon et membre du Comité Consul tatif National d’Éthique (C.C.N.E.). L’idée était de pro poser une solution alternative, entre l’hôpital et le domicile, pour les personnes en fin de vie ou en soins palliatifs. J’étais moi-même bénévole dans une association d’accompagnement et j’ai été amenée à m’occuper d’un monsieur qui souffrait de la maladie de Charcot. Cela a constitué vraiment le point de départ de la réflexion : offrir un lieu de répit et d’accompagne ment à dimension humaine, pour les malades et leurs proches.

sommes rassemblés en un col lectif national. Depuis 2017, nous soutenons les projets qui tentent de se développer. Le principal écueil réside dans le fait que ces structures sont à la croisée des champs sanitaire et médico-social. Les Maisons de vie sont un ovni dans la nomenclature administrative. Et nos règlements rigides sont difficiles à faire évoluer. Résul tat : vingt ans après les prémices et bien que chacun s’accorde à en reconnaître la nécessité, on peine à les concrétiser car les cadres juridiques et financiers ne sont pas adaptés. L.P.B. : Pourquoi y a-t-il urgence à développer ces structures ? L.H. : L’augmentation de la démo graphie, de l’espérance de vie et des maladies chroniques vont rapidement poser problème. On se prépare à un véritable tsu nami, auquel on ne peut appor ter de réponses aujourd’hui. Les soignants sont exténués, l’hôpital est exsangue. Le développement

D’abord expérimentale, elle a ensuite été pérennisée en tant qu’établissements par le minis tère de la Santé en 2013. Nous avions des résultats concluants et nous étions soutenus par tous les partenaires institutionnels. L.P.B. : Cet exemple a inspiré plusieurs porteurs de projets. Mais peu se sont concrétisés, pourquoi ? L.H. : On ne compte à

“Les soignants sont exténués,

l’heure actuelle que trois ou quatre Maisons de vie en France, mais il y a diverses ini tiatives. Sou vent portées par des soi gnants ou des personnes, dési reuses de voir la prise en charge évoluer. C’est justement à leur demande, que nous nous

l’hôpital est exsangue.”

Laure Hubidos préside bénévolement depuis Besançon le collectif national des Maisons de vie (C.N.D.M.V.).