La Presse Bisontine 250 - Avril 2023
Économie 31
La Presse Bisontine n°250 - Avril 2023
ORCHAMPS
Un patrimoine historique et culturel Visite guidée du plus ancien atelier de gravure de France
L’atelier de Didier Mutel est resté dans son jus depuis le XVIII ème siècle. Ce lieu de production, installé aux portes du Grand Besançon, veut s’ouvrir davantage au public. Une exposition s’y tient du 31 mars jusqu’au 18 juin.
travailler, encore aujourd’hui, sur ce matériel historique, datant des XVIII ème et XIX ème siècles, fait sens pour ce professeur de l’Institut supérieur des Beaux Arts de Besançon. “Ce qu’on fait ici est en liaison profonde avec ce qui se faisait avant et pas du tout en opposition.” Il y accueille d’ailleurs régulièrement des étu diants en stage, comme Chloé Puech en ce moment, du lycée professionnel Ferdinand Fillod. “Impressions atypiques, formats étonnants… Dans cet atelier, on réinterroge aussi la pratique” , souligne Didier Mutel. “La recherche y est omniprésente et s’associe à la transmission auprès d’une nouvelle génération pour que cette histoire séculaire puisse continuer.” Afin de mieux mettre en valeur ce lieu de production et ce laboratoire de recherche, à la forte dimension patrimo niale, il proposera cet été des stages découverte de gravure et
C’ est un endroit comme on en trouve peu. Un de ces derniers bas tions où le temps a su s’arrêter de façon heureuse, tout en restant en cohérence avec son époque. Le visiteur s’y retrouve plongé trois siècles en arrière, à peine les portes poussées. Gagné quasi instantanément par la nostalgie à la vue des gravures mises sous verre et d’anciennes presses, disposées çà et là dans la salle principale. Le plus sur
prenant est qu’elles n’ont pas, ici, une fonction d’ornement. Le gardien du lieu, Didier Mutel, et ses prédécesseurs ont en effet choisi de travailler sur des machines d’époque. La plus ancienne presse date, ici, du XVIII ème siècle. Elle aurait notamment servi à un certain Auguste Rodin, mais aussi à Claude Monet, Edvard Munch, Camille Pissarro…, au moment où l’atelier était encore installé à Paris et se dédiait exclusive
ment à l’impression. “Les artistes amenaient leurs plaques pour les faire imprimer. Puis, il y a eu la crise de 1991 avec une lassi tude de ce mode de création. La gravure était, par ailleurs, deve nue un peu objet déco, ce qui fait que les gérants de l’atelier sont devenus leur propre éditeur” , explique Didier Mutel. Créé en 1793 dans la rue Saint Jacques, il serait le plus ancien atelier de gravure de France. Frappé d’un avis d’éviction, l’ate lier sera finalement contraint de déménager de ses locaux his toriques à Paris pour rejoindre Orchamps (non loin de Besançon) en 2009. Didier Mutel qui y était entré en 1988 en tant qu’ap prenti, auprès de son maître d’art Pierre Lallier, reprendra alors sa direction. Il rouvrira officiellement après cinq années de travaux en mai 2014 avec l’ensemble du patrimoine de départ. “Tout a été démonté et remonté ici. Nous avons gardé un ensemble cohérent et impor tant, aussi bien au niveau patri monial que culturel, avec un fond de gravures exceptionnelles.” Les buvards et les cartons épais (servant à accueillir les épreuves imprimées encore humides) ont été, y compris, préservés du pas sage à la déchetterie au moment du déménagement. Le fait de
Cet atelier historique faisait partie des 5 établissements à être choisis par Napoléon pour imprimer la monumentale description de l’Égypte. Une exposition sur ce thème aura lieu cet été.
d’impression en taille-douce. Des portes ouvertes seront également organisées pour les Journées européennes des métiers d’art les 1 er et 2 avril (en entrée libre de 10 heures à 18 heures). Ce premier week end d’avril voit, en parallèle, le vernissage de
Les oiseaux comme source d’inspiration.
Didier Mutel transpose les techniques traditionnelles de gravure dans notre monde contemporain.
l’exposition “Oiseaux, Birds of acid”. Une thématique chère à Didier Mutel, sur laquelle il s’était déjà penché pour son diplôme de fin d’études à l’école Estienne en 1991. Divers croquis d’oiseaux, grandes gravures et créations plus contemporaines y seront présentés jusqu’à la mi juin (4 euros l’entrée). Dans la
continuité, une autre exposition sera proposée autour de l’Égypte à partir du 23 juin. L’atelier, dis posant là encore d’un fonds remarquable, dans la mesure où il faisait partie des 5 établisse ments à être choisis par Napo léon pour imprimer la monu mentale description de l’Égypte. n
CHALEZEULE
En auto-consommation Une centrale photovoltaïque en projet sur le site des Andiers De l’électricité solaire devrait être produite et consommée localement d’ici fin 2024, sur l’ancien centre de stockage de déchets inertes situé à Chalezeule, à côté de la déchetterie. La Préfecture doit donner, ou non, son feu vert d’ici septembre.
B ien avancé, le projet d’implan tation de panneaux photovol taïques aux Andiers se concré tise un peu plus avec le lancement de l’enquête publique ce 3 avril jusqu’au 9 mai. Passé ce délai, un rapport devra être envoyé dans le délai d’un mois à la Préfecture qui, aura ensuite jusqu’à la fin août pour se prononcer. “Nous avons bon espoir que le projet soit validé. Dans la mesure où nous nous trouvons sur un site déclassé et que les diverses études envi ronnementales n’ont pas révélé d’enjeux particuliers, on ne comprendrait pas que cela soit retoqué” , indique Florence Morin, pour Opales Énergies. L’entre prise porte le projet avec Grand Besan çon Métropole (G.B.M.), par le biais de la S.A.S. “Andiers P.V.”, créée en juin 2022. Cette opération d’autocon sommation collective sera, en principe, la première à se lancer dans l’agglo mération, qui mise sur un mixte éner gétique pour répondre à son objectif de devenir un territoire à énergie posi tive d’ici 2050. “Le but est d’aller vers
un maximum d’énergie renouvelable à l’avenir, en en produisant le plus loca lement. Cette logique d’autoconsomma tion a d’autant plus de sens qu’elle sou lève la question de la sobriété énergétique et qu’elle donne la possibilité de fournir en circuit court, grâce au réseau public de distribution, de l’électricité à prix stable et modéré” , remarque Lorine Gagliolo, en charge de l’environnement, de l’énergie et du développement dura ble à G.B.M. Ici, on prévoit de produire environ 3 900 MWh par an (l’équivalent de la consom mation annuelle d’environ 1 800 per sonnes). Ce qui en fait le plus grand projet d’électricité solaire en autocon sommation collective de France. Le futur site de 3 hectares, qui appartient à G.B.M. et à la commune de Chale zeule, servira à alimenter les entre prises, bâtiments publics et habitants des alentours, dans un périmètre pres senti de 2 à 4 km. En principe limité à 2 km par la réglementation, une extension a été demandée pour inclure Thise et le maximum d’utilisateurs.
“On a la volonté que cette énergie verte produite localement, soit consommée à 100 %, sans passer par la revente de surplus” , précise Lorine Gagliolo. Diverses réunions publiques et un webi naire ont déjà été organisés, et plusieurs personnes se montrent intéressées. À commencer par les grosses entreprises et industriels du secteur qui voient ces réflexions d’autoconsommation arriver au bon moment, par rapport à la réalité du marché de distribution et les réper cussions de la guerre en Ukraine. Cette centrale montre également un intérêt pour les collèges et le point d’alimen tation du tramway juste à proximité (qui aura, en plus, pour sa part des besoins constants). “La première démarche est de recenser les besoins des acheteurs potentiels afin d’utiliser de manière optimale toute l’électricité produite et de garantir ainsi l’obtention d’un prix compétitif” ,souligne Florence Morin. Un travail de commu nication est enclenché. “Ce n’est pas un modèle usuel en France. On leur démon tre que c’est faisable” , convient Agnès
Trois femmes sont à la manœuvre sur ce dossier.
à qui et à tel instant T…). “On ne dispose pas encore d’outil dédié aujourd’hui, il faut développer une ingénierie spéci fique.” Le montant exact d’investisse ment et les tarifs pratiqués seront aussi à préciser. “D’ici la fin d’année 2023, on sera en mesure de proposer des contrats d’énergie, on saura à combien on peut la vendre, avec une capacité d’engagement long sur 10 ou 15 ans” , prévient Lorine Gagliolo. n
Serres, à la direction maîtrise de l’éner gie de G.B.M. “Sur le principe, l’utili sateur garde son contrat avec son four nisseur historique d’électricité. Mais il contractualise, en parallèle, avec l’au torité organisatrice de distribution, qui lui facture l’énergie issue du parc solaire et garantit le respect des modalités de répartition entre les parties prenantes.” Tout un travail reste aussi à mener, notamment sur la digitalisation du process, chargée de la facturation, et la bonne redistribution (quelle quantité,
S.G.
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