La Presse Bisontine 249 - Mars 2023

Le dossier 21

La Presse Bisontine n°249 - Mars 2023

Zoom 250 000 euros à la disposition des habitants La Ville de Besançon débloque pour la première fois une enveloppe qui servira à financer des projets proposés et votés par les habitants eux-mêmes. L’opération sera renouvelée tous les ans.

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C’ est ce qu’on appelle un “budget participatif”. Il s’agit d’une enve loppe financière, en l’occurrence de 250 000 euros dans le budget 2023 de la Ville, que les élus viennent de voter en conseil municipal et qui servira à financer deux, trois, quatre ou plus encore de projets d’investissements votés par les habitants. 119 projets d’aménagement ont déjà été déposés sur le site ateliers citoyens.besancon.fr, et “les votes pour

commerçants dont le commerce est ins tallé à Besançon, même si eux n’y rési dent pas, ainsi qu’aux étudiants et apprentis inscrits dans un établissement d’enseignement de la ville. Les projets retenus seront ensuite validés officiellement par une décision du conseil municipal en mai prochain, “puis réalisés entre mai 2023 et le printemps 2025” promet la Ville. Parmi les suggestions déjà déposées sur le site, on peut citer notamment la construction d’un terrain de sport sur le parking Arènes, la création d’un parcours santé à Planoise avec des barbecues collectifs, l’aménagement d’un théâtre de verdure dans la combe de Saint-Fer jeux, la plantation d’arbres fruitiers aux Orchamps, etc. Les deux conditions à remplir pour qu’un projet soit recevable, c’est d’abord qu’il soit d’intérêt général et qu’ensuite il soit techniquement et juridiquement réalisable. n

l Trois questions à… Kevin Bertagnoli “Notre mode de prise de décision doit changer”

on met les habitants en situation d’être élus. Ils comprennent aussi que les solutions ne sont pas toujours faciles. L.P.B. : Un premier budget participatif de 250 000 euros sera débloqué cette année pour financer quelques projets votés par les habitants eux-mêmes (voir plus bas). Ce n’est pas un gadget ? K.B. : Ce n’est surtout pas un gadget car avec ce budget, les élus délèguent leur pouvoir de décision aux habitants. Ce n’est pas non plus un cadeau que nous faisons aux habitants. Nous esti mons que nous avons besoin de leurs idées pour continuer à transformer cette ville. n Propos recueillis par J.-F.H. der de quelles rues devront être mises à sens unique” annonce Marie Zéhaf avec prudence, échaudée sans doute par l’exemple récent de la rue du Clos-Munier (voir en page 24). Les premiers travaux d’aménagement devraient être engagés dès cette année. “On devrait commencer par le secteur Relançons en sécurisant les cheminements piétons et en favorisant les déplacements modes doux” confirme l’élue bisontine. Ce premier exercice de démocratie par ticipative à grande échelle aboutira donc à des décisions concrètes de la part de l’exécutif municipal. Seront-elles validées a posteriori par une majorité de rive rains ? C’est la grande question qui reste en suspens. n J.-F.H.

choisir ses projets pré férés sont ouverts jusqu’au 13 mars” pré cise l’adjoint à la démo cratie participative. Tous les Bisontins âgés de 16 ans et plus peu vent voter, même les Bisontins de nationalité étrangère. Il suffit de rési der à Besançon. Le vote est également ouvert aux

L a Presse Bisontine : Ces consulta tions citoyennes qui ne touchent au final qu’un pourcentage réduit de la population sont-elles perti nentes ? Kevin Bertagnoli : Je crois qu’il faut res pecter toutes les formes de démocratie. J’estime que notre mode de prise de décisions, à nous élus, doit changer. Car les habitants le demandent. Ce n’est d’ailleurs pas qu’un phénomène bisontin, voire national, mais mondial. Il faut donc qu’ici on prenne la balle

au bond. Ce processus nouveau ne fait pas pour autant disparaître le pouvoir de décision des élus. L.P.B. : Ce processus semble pourtant trouver ses limites ? On le voit aux Vaîtes par exem ple. K.B. : Lors de la conférence citoyenne aux Vaîtes, on s’aperçoit aussi que beaucoup de gens n’ont pas souhaité voter car ils ne se sentent pas capables de trouver une réponse. Avec notre méthode de démocratie participative,

“Les votes sont ouverts

jusqu’au 13mars

ce secteur nord-est en mai et juin ont suivi (102 participants). Un cabinet d’études (Transitec) a étudié ensuite les propositions des riverains, échafaudé des scénarios et fait des propositions sur ces 42 km de voirie que couvre ce quart nord-est de Besançon, que les élus ont ensuite restituées aux habitants le 15 novembre dernier. “Ce qui est remonté le plus au départ, ce ne sont pas forcément les questions de vitesse de circulation, mais surtout de shunts que de nombreux automobilistes empruntent dans ce secteur pour éviter le boulevard aux heures de pointe” résume Marie Zéhaf, l’élue bison tine à la voirie de proximité. “Ce genre de consultation à une telle échelle est sans doute une première en France” estime Kevin Bertagnoli. Petite surprise à l’issue des études : il se trouve que 80 % des flux de circulation sont constitués de déplacements internes au quartier ! Les riverains utiliseraient eux-mêmes les shunts pour éviter le bou levard ! “Ce sont aussi ces 20 % de flux extérieurs qui peuvent engorger certains secteurs aux heures de pointe” tempère la Ville. Une des autres inadaptations relevées par ce diagnostic, c’est l’incohé rence des limitations de vitesse dans ce secteur où on passe sans cesse de 30 à 50 km/h, puis de 50 à 30. “Et le troisième enseignement principal de cette consul tation, c’est un vrai manque d’aménage ments cyclables, piétons et dédiés à la mobilité douce” ajoute l’adjoint. D’autres constats ont été relevés : stationnement gênant notamment. Au total, 480 parti cipants ont contribué à nourrir la pla teforme participative. “Et au final, on

s’aperçoit que la question des shunts n’est plus vraiment la principale préoccupation des riverains. C’est plutôt la question d’un meilleur partage de la route.”

À l’issue de ce processus, des décisions concrètes ont été prises (voir quelques exemples en page 25). Les hypothèses de travail ont été plus compliquées du côté de Saint-Claude (rue Jean Wyrsch, chemin de l’Es pérance par exemple), des secteurs “oùonsera un peu plus prudents et qui nécessiteront sans doute une nouvelle phase de consultation pour déci

“Cette consultation est sans doute une première en France.”

Kevin Bertagnoli est l’adjoint en charge de la démocratie participative et de la participation citoyenne (groupe Génération.s).

Saint-Claude. Démarré en mai par la présentation d’un diagnostic aux habitants (130 participants en visio), le processus a abouti au lan

cement d’une consultation numérique sur le site “atelierscitoyens.besancon.fr”, avec cartographie interactive à l’appui. Plusieurs permanences physiques dans

La consultation n’a pas tout réglé pour autant. Le quartier Saint-Claude, notamment dans le secteur du chemin de l’Espérance, sera sans doute plus compliqué à appréhender.

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