La Presse Bisontine 249 - Mars 2023

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besançon

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MARS2023

Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon

www.presse-bisontine.fr

LA VITESSE LIMITÉE À 30 KM/H DANS TOUS LES QUARTIERS !

l “Pour une ville apaisée”, la mairie ne s’interdit rien. l La vidéo-verbalisation va s’étendre. l Les limites de la démocratie participative.

P. 8 Besançon-les-Bains, le retour ? Un nouvel appel à projets pour le centre “thermal” de la Mouillère

Jeunes et pauvres à Besançon Ils travaillent, mais vivent dans la précarité P. 12

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2 Retour sur info - Besançon

La Presse Bisontine n°249 - Mars 2023

Un pacte pour les jeunes de Planoise

Nicolas Bodin ne saisit pas la main tendue d’Éric Delabrousse

À l’initiative du préfet du Doubs Jean-François Colombet, les partenaires institutionnels et les services publics de l’emploi ont signé le 31 janvier dernier un “Pacte pour l’émancipation des jeunes de Planoise”. Une énième déclaration d’intention ? “Non, affirme le préfet Jean-François Colombet. C’est un véritable plan, avec plusieurs axes, une bonne trentaine de mesures concrètes et des moyens financiers pour les accompagner” affirme le représentant de l’État qui a réussi à mettre tout le monde autour de la même table. “Il s’agit de faire plus et mieux pour ceux qui en ont le plus besoin” résumait autrement Jean François Locatelli, le directeur ter ritorial de Pôle Emploi. Dans ce quartier où 41,5 % de la population a moins de 25 ans et “qui

D ans notre précédent numéro, le nouveau délé gué départemental du parti Horizons, le P r bisontin Éric Delabrousse, qui pose les premières bases d’une éven tuelle candidature à la mairie de Besançon en 2026, en appe laient à ceux qu’il pensait pou voir rejoindre son mouvement. Parmi les élus pointés par M. Delabrousse figure notamment Nicolas Bodin, un des chefs de file du P.-S. local. “Localement, nous comptons déjà plusieurs dizaines d’adhérents mais

a connu des jours sombres” , dixit le préfet, les partenaires se sont mis d’accord pour accompagner et sou tenir des actions fortes en matière d’emploi et d’insertion (parmi les mesures, un nouveau contrat d’en gagement pour les jeunes en rup ture), de diversité culturelle, d’accès à la santé (prévention des addictions notamment), de famille et de paren talité également avec par exemple la création d’une troisième crèche dans le quartier. “On sent de la sin cérité, mais on attend de voir les actes qui vont en découler” com mente un des membres du collectif Planoise valley. “Dans toutes les mesures de ce pacte, il y a de quoi créer une étincelle, une émotion, de quoi changer le destin d’un homme ou d’une femme” promet le préfet Colombet. n

demain, si je monte une liste aux municipales, elle ne s’arrê tera certainement pas aux mem bres d’Horizons” justifiait Éric Delabrousse dans nos colonnes. Et ajoutait : “Elle comprendra des soutiens à la majorité pré sidentielle, mais possiblement aussi, et ils sont nombreux, des sympathisants du P.-S. qui ne se sentent pas plus proches de M me Vignot que de la N.U.P.E.S. On peut penser à des gens comme Nicolas Bodin.” Ce dernier n’a pas manqué de réagir. “Je suis, tout d’abord,

heureux de constater que cer tains se préoccupent des futures échéances électorales, c’est un signe de vitalité démocratique qui me fait véritablement plaisir” note Nicolas Bodin qui prédit la fin du macronisme dès 2027 et le maintien d’un clivage droite gauche. Avant de poursuivre, un peu féroce : “Je demeure, très clairement, un homme de gauche… Faire de la politique, c’est se confronter à la réalité, l’affronter et décider… Faire de la politique, ce n’est pas uni quement commenter, cela

dépasse largement le cadre médiatique, les réseaux sociaux et les selfies.” Fin de non-rece voir définitive ? En tout cas, pour l’instant, Nicolas Bodin qui est aussi le 2 ème vice-prési dent de G.B.M. se dit “totale ment concentré sur mes délé gations municipales et communautaires, au service de nos concitoyennes et conci toyens. Je sais que leurs attentes sont nombreuses… Pour moi, le temps des élections futures n’est pas encore d’actualité !” dit-il. n

Feu vert pour les bus électriques de Ginko

En revanche, les conducteurs seront formés à l’éco-conduite permettant de réduire la consommation d’énergie. Grand Besançon Métropole a investi un peu plus d’1 million d’euros pour l’achat de ces véhicules. Et la collectivité compte investir dans deux autres bus afin de des servir intégralement la ligne de la Citadelle en 100 % électrique. Sur les 114 bus qui composent la flotte de Ginko, 35 roulent au G.N.V. (gaz naturel pour véhicules) et passeront bientôt au Bio-G.N.V. Ce ver dissement du parc de véhicules, essentiel pour la transition énergétique, s’accom pagne d’un surcoût pour la collectivité. Outre le coût des bus électriques, au-des sus de celui des standards, Ginko doit débourser 2 millions en plus de dont 1 mil lion d’euros rien que pour le gaz. Malgré cela, la volonté politique est assu mée. Selon G.B.M., grâce aux bus au gaz, aux deux véhicules électriques, au tramway et à son soutien à la filière biogaz (G.B.M. étant producteur de biométhane à Port Douvot qui est ensuite réinjecté dans le réseau), deux voyages sur trois sont réalisés avec une énergie propre. n

D epuis le début de l’année, deux bus électriques sillonnent la ligne 10 (C.H.U. Minjoz - Chaffanjon) du réseau Ginko. Ils circuleront ensuite sur la ligne de la Citadelle, à partir de mars et la réouverture du monument. Ces bus longs de 10 mètres, un peu plus courts

que les standards, sont particulièrement adaptés aux particularités du réseau bison tin, notamment les fortes pentes et les rues étroites du centre-ville. D’une auto nomie de 250 km, ces bus Heuliez fabri qués en France, beaucoup moins bruyants, ne changent pas les habitudes des usagers.

Marie Zehaf, vice-présidente de G.B.M. délé guée aux trans ports et Laurent Sénécat, directeur de Keolis Besançon Mobilités.

Lors de la signature de ce pacte étaient notamment présents les membres du collectif “Planoise valley”.

C oncertation, co-construction, consul tation, participation… Comme des mantras, la maire de Besançon répète à l’envi ces concepts depuis le début du mandat. La démocratie par ticipative, brandie en étendard par une partie de la gauche, devait être un des marqueurs de ce mandat municipal. Jusqu’à maintenant, à part le calamiteux dossier des Vaîtes, on ne peut pas dire que les Bisontins aient eu à décider de quoi que ce soit à travers le processus de démocratie participative. Il semblerait que ça commence à changer et qu’arrivé bientôt à mi-mandat, la lourde machine participative ait enfin commencé à s’ébran ler. La Ville lance en effet en ce début du printemps ses ateliers citoyens et marque enfin l’acte I de ce programme de démo cratie participative en dégageant un budget Éditorial Participatif

de cette nouvelle forme de démocratie des délais à rallonges entre le lancement du processus et la mise en application des choix opérés. La démarche enfin peut en apparence réconcilier les citoyens avec la chose publique, sauf si, à l’image de la récente convention citoyenne sur le climat lancée à l’échelle nationale, le législateur ne retient quasiment aucune des propo sitions formulées, créant de ce fait, un sentiment de défiance définitif du citoyen envers les élus. Sans doute que la démo cratie participative telle que la Ville de Besançon doit l’envisager devrait être progressive et se limiter, au démarrage du moins, à l’examen de projets munici paux dans les quartiers. Les grands dos siers, les sujets trop techniques - comme les plans de circulation - peuvent vite se transformer en piège explosif pour les élus qui les ont initiés. Attention donc à ne pas tuer dans l’œuf ce bébé prometteur qu’est la démocratie participative. ■ Par le directeur de la rédaction Jean-François Hauser

de 250 000 euros cette année, qui serviront à financer des investissements d’intérêt général que les citoyens auront eux-mêmes choisi. Une nuance toutefois : les élus et les services de la Ville procéderont en amont à un premier tri des idées et orien teront finalement les choix. Autre écueil possible : que ce type de démarche citoyenne aboutisse à un florilège de pro positions toutes contradictoires et au final inapplicables. Dans la même veine, une consultation citoyenne s’était déjà déroulée à l’automne dernier à destination des habitants du secteur nord-est de Besançon sur le thème du plan de circulation. Pro blème : peu de participants par rapport au nombre d’habitants concernés. Pour reprendre l’exemple des Vaîtes, les concer tations citoyennes peuvent aussi contribuer à enliser un dossier simplement parce qu’elles peuvent attiser les conflits entre partisans et détracteurs d’un projet. On peut aussi opposer aux partisans farouches

Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Rédaction : Frédéric Cartaud, Thomas Comte, Jean-François Hauser, Laurine Personeni. est éditée par la société “Publipresse Médias” S.I.R.E.N. : 424 896 645 Rédaction et publicité : 03 81 67 90 80 E-mail : redaction@publipresse.fr

Ont collaboré à ce numéro : Alexandre Arbey, Sarah George. Mise en page : Olivier Chevalier. Conception pubs : Éloïse Perrot.

Équipe commerciale : Anne Familiari, Aurélie Robbe, Anthony Gloriod.

Crédits photos : La Presse Bisontine, W. Beek man - studio William B, D. Dugay, Archives muni cipales de Besançon, Panier de la Bergeronnette, J.-C. Polien, G. Rolin, Ville de Besançon. Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N. : 1623-7641 Dépôt légal : Février 2023 Commission paritaire : 0225 D 80130

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4 L’interview du mois

La Presse Bisontine n°249 - Mars 2023

CULTURE

Laurence Madeline, nouvelle directrice des musées du centre de Besançon

“Le temps, comme lien entre Laurence Madeline, actuellement conservatrice en cheffe du patrimoine au musée Guimet à Paris, succède à Nicolas Surlapierre à la tête de la direction des musées du Centre de Besançon. Interview sans fard d’une amoureuse de l’art et de Besançon.

L a Presse Bisontine : Vous prenez vos fonctions de directrice des musées du Centre le 3 avril pro chain. Vous quittez Paris pour Besançon. Quelles ont été vos motivations ? Laurence Madeline : Plusieurs facteurs se sont combinés. Il y avait un désir de m’investir pleinement dans l’ac tivité des musées. Je voulais renou veler l’expérience d’une implication totale pour la vie d’un établissement, comme lorsque j’ai été directrice du musée Léon-Dierx à La Réunion. Et l’été dernier, je suis passée à Besançon visiter les musées. La rénovation du musée des Beaux-Arts et d’archéo logie est plutôt réussie, j’ai été très intéressée par le musée du Temps. Je trouve la ville très jolie, très agréa ble. Et puis, j’ai aimé la rédaction de l’avis de vacances du poste. J’ai trouvé qu’il énonçait des envies que je pou vais avoir dans le travail et la suite de ma carrière. Il y avait un côté un peu provocant dans le titre “Musée à prendre”.

déjà pour les deux musées ? L.M. : Je trouve passionnante l’arti culation entre les deux musées. C’est une chance pour un directeur d’avoir deux musées. La possibilité d'inscrire les deux lieux dans un tissu culturel avec la ville est très attirante. Et d’aller vers le public et l’accueillir. Pour le reste, j’ai réfléchi au potentiel des musées, au sens qu’une nouvelle

direction pouvait apporter. Je suis dans l’attente de rencontrer les équipes, de connaître leur expérience, leur investissement. Comment appréhendez-vous votre prise de fonc tion ? L.M. : Ce n’est pas un bouleverse ment comme lors de ma prise de poste à la Réu nion, mais plutôt L.P.B. :

“Bientôt une exposition sur Picasso et le temps ?”

L.P.B. : Quels projets ou idées avez-vous

Recrutement Une dizaine de candidats pour le poste Parmi la dizaine de candidats qui a postulé à la direction des musées du centre, le profil de Laurence Madeline a particulièrement conquis le jury. “Sa sensibilité à l’égard de notre ville a séduit le jury de même que ses propositions cohérentes avec le territoire. Elle a su nous montrer la complémentarité entre les deux musées, souligne ainsi Aline Chassagne, adjointe à la culture. C’est une chance pour nous.” Le réseau à l’international de la nouvelle directrice pouvant faciliter, à l’avenir, des prêts ainsi que son expérience à la fois en tant que conservatrice et directrice de musée ont aussi pesé dans la décision. n

Laurence Madeline prend ses fonctions le 3avril prochain.

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L’interview du mois 5

La Presse Bisontine n°248 - Février 2023

ENBREF

les deux musées”

Chaprais Le collectif Histoire des Chaprais organise plusieurs manifestations en mars. À l’occasion de la journée internationale des droits de la femme, le 8 mars, une conférence sur “La place des femmes dans la cité”, en particulier à Besançon se tient à la salle David, 11, rue Battant. Le 21 mars, à l'occasion du 102 ème anniversaire de sa mort, des visites commentées des fresques d’Émile Isenbart au palais de justice de Besançon sont organisées dans l’après midi. Le 23 mars, à 17 heures, au Petit Kursaal, Lionel Estavoyer donne une conférence sur Besançon au XVIII ème siècle. Enfin, le 28 mars, à 15 heures, au Petit Kursaal, l’Histoire des cinémas à Besançon sera présentée. Renseignements au 06 68 50 91 62. Député Comme il s’y était engagé, le député Laurent Croizier met en place des permanences de proximité dans les mairies des communes de sa circonscription. La première a lieu vendredi 24 février au matin en mairie de Fourg, l’après-midi en mairie de Chenecey-Buillon. Puis le vendredi 24 mars eu matin en mairie de Boussières et l’après-midi en mairie de Franois.

blog de quelqu’un qui ne respecte pas les règles déontologiques du journalisme. C’est pire que de la mauvaise foi, il y a une volonté de nuire. J’aimerais bien qu’il m’oublie. Moi, j’y vois un problème avec les femmes, il tient des propos sexistes. Quand le billet est paru, l’ancien directeur du musée de Genève m’a appelé, il était atterré. Je n’ai pas été renvoyée, encore moins reçu de grosses indem nités. En Suisse, ça ne se passe pas comme ça, quand on fait mal son travail, on ne reçoit pas d'argent. Mon travail à Genève a été bien accueilli, avec de très bons dossiers de presse. Il n’y a pas eu de burn-out. Il est vrai que le musée était dans une phase d’agrandissement et de rénovation des établissements. Le personnel ne voulait pas de ce projet, il y avait des tensions ce qui m’a d’ailleurs conduite à quitter Genève. Ce que je veux retenir, c’est qu’il a qualifié de correcte l’exposition que j’ai mon tée sur l’année 1932 de Picasso et que mon livre sur Marie-Thé rèse Walter est une bonne bio graphie. Je suis très heureuse de ma nomination à Besançon mais cette attaque personnelle est épouvantable. n Propos recueillis par L.P.

est juste une mesure, comment le perçoit-on ? J’ai eu une réflexion plus globale sur la façon de présenter les œuvres et les discours. Je ne suis pas du tout spécialiste de la montre, ni une fétichiste de l’objet. Pour autant, Besançon s’est construite par rapport au temps. Pour les deux musées, on pourrait peut être repenser les cartels (les notices de présentation en bas des œuvres, N.D.L.R.) et parler d’abord du temps avant de parler de l’auteur. Par exemple, XVI ème siècle-Bronzino. Le lien entre les deux musées peut se faire dans une écriture du temps passant. On peut avoir des pistes de réflexion de façon à accentuer le lien entre les deux musées. L.P.B. : Vous êtes une spécialiste de Picasso. Doit-on s’attendre prochai nement à une exposition sur le peintre espagnol ? L.M. : Je trouve reposant qu’il n’y ait pas de Picasso au musée des Beaux-Arts. Mais le XX ème siècle est le siècle de Picasso. J’ai déjà discuté avec mes col lègues du musée Picasso d’une

exposition sur Picasso et le temps. Cette notion de temps est fondamentale dans l'œuvre de Picasso. L.P.B. : Lorsque votre nomination a été rendue publique, le critique d’art suisse Étienne Dumont s’est fendu sur son blog d’un billet virulent à votre égard, vous accusant, entre autres, d’avoir poussé des gens au burn-out quand

une continuité. J’ai beaucoup de sérénité, d’envie, de calme. Même si j’ai horreur des démé nagements. L.P.B. : Lors de votre visite des musées, quelles œuvres vous ont particulière ment marquée ? L.M. : Je suis très heureuse de retrouver Courbet après l’expo sition au musée de Genève (Courbet. Les années suisses au musée d’Art et d’Histoire de Genève en 2014, N.D.L.R.). Je trouve que l’accent mis sur les artistes comtois est très perti nent. J’ai été emballée par le grand Bronzino, Cranach aussi. J’ai été très séduite par la partie archéologie. Le musée, c’est un ensemble, un dialogue entre les œuvres. Ce que je trouve inté ressant, c’est de se demander si on maintient un accrochage sur un mur en béton. Le musée est un bâtiment avec des œuvres et un truc en plus qui passe notamment par l’accrochage. On met quoi avec quoi ? Enfin, j’ai découvert le musée du Temps, qui m’a posé beaucoup de questions : est-ce que le temps

Historique l 2002 : Après des études à la Sorbonne (Université Paris IV) puis à l’école du Louvre, la spécialiste de Picasso et des avant-gardes de la fin du XIXème et XXème siècle devient conservatrice au musée Picasso à Paris. l 2006 : Elle prend en charge pendant un an la direction du musée départemental Léon-Dierx de Saint-Denis de la Réunion. l 2007-2011 : Retour à Paris où elle devient conservatrice en cheffe au musée d'Orsay. l 2011-2017 : Laurence Madeline devient responsable du pôle Beaux-Arts des musées d'Art et d'Histoire de Genève. l 2014 : Elle monte l’exposition Courbet. Les années suisses au musée d’Art et d’Histoire de Genève. l 2017 : Elle assure le commissariat de l’exposition Picasso 1 932. Année érotique au musée Picasso puis au Tate Modern de Londres l 2022 : Conservatrice en cheffe du patrimoine au musée Guimet, elle postule pour la direction des musées du centre de Besançon. l 2022 : Elle publie le livre Marie-Thérèse Walter et Pablo Picasso. Biographie d’une relation. Paris, Scala. l 3 avril 2023 : Prise de fonction à Besançon.

vous travailliez au musée d’art et d'his toire à Genève, d’avoir été mise à la porte après des “exposi tions ruineuses mais ratées.” Que répon dez-vous à cela ? L.M. : Les bras m’en tombent. Personne n’a compris. J’ai ren contré une seule fois Monsieur Dumont en 2011 lors de ma prise de poste à Genève pendant dix minutes. D’abord, ce n’est pas un article mais le

“Cette attaque personnelle est épou vantable.”

6 L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n°249 - Mars 2023

L’ÉCONOMIE LOCALE EN SOUFFRANCE

L’annonce des difficultés de grandes enseignes comme les Galeries Lafayette - une des icônes du commerce bisontin - symbolise peut-être ce début d’année avec, comme le prédisent les spécialistes locaux de l’économie, sans doute des difficultés majeures à prévoir…

l Justice Tribunal de commerce Le nombre de redressements et de liquidations risque d’exploser Le tribunal de commerce de Besançon a tenu son audience solennelle de rentrée. La juridiction constate un faible nombre de procédures collectives, mais qui cache sans doute une autre réalité…

L es différentes crises - Covid, pénurie de maté riaux, guerre en Ukraine, énergie… - ont-elles mis à mal les entre prises du Doubs en 2022 ? Para doxalement, les chiffres com muniqués par le président du tribunal de commerce Pierre André Dubreuil lors de l’au dience solennelle de rentrée du 27 janvier dernier sont rassu rants: “Le nombre de procédures collectives (redressements, liqui dations judiciaires…) est demeuré faible en 2022 : 160, contre 224 en 2019 et 343 en 2013” indique le président de la juridiction. Ces bons chiffres semblent cependant cacher une autre réa lité : “L’année qui s’ouvre risque d’être particulièrement diffi cile” estime le magistrat béné vole. Un chiffre pour illustrer cette prédiction : le nombre

d’injonctions de payer ordonnées par le tribunal est passé de 337 en 2021 à 612 en 2022. Un signe sans doute annonciateur d’assez nombreuses faillites des entre prises les plus fragiles. Ce constat - 30 % de procédures collectives en moins - aurait pu réjouir le procureur de la Répu blique Étienne Manteaux dans son réquisitoire. Au contraire. Ce dernier explique qu’en 2020

Le président du tribunal de commerce de Besançon Pierre-André Dubreuil pense que “l’année va être compliquée” au regard du nombre d’injonctions de payer constatée en 2022

situation des entreprises. “Le paiement des charges aurait dû reprendre en 2022. Or, il y a encore de nombreuses entreprises qui n’ont toujours pas repris le paiement de leurs charges sociales et l’Urssaf ne les a pas assignées au tribunal. J’estime que c’est une bombe à retarde ment en plus de constituer une sorte de rupture d’égalité entre les entreprises qui paient leurs charges et celles qui ne le font pas. On pousse ainsi les entre prises à accumuler des années de dette sociale qu’elles ne pour ront sans doute jamais payer.”

Étienne Manteaux va même jusqu’à oser le terme de “travail dissimulé, dans le sens où des entreprises paient des salaires, mais sans payer les cotisations sociales !” Le procureur a offi ciellement demandé à l’Urssaf de signaler les non-paiements les plus flagrants pour que le ministère public assigne ces entreprises “afin de vérifier si elles peuvent être sauvées.” Le procureur confirme lui aussi clairement que le réveil risque d’être douloureux cette année pour l’économie locale. n J.-F.H.

et 2021, avec la crise Covid, l’Urs saf qui d’habitude assignait des entreprises qui tardaient à payer leurs charges sociales, ne le fait plus au nom du “quoiqu’il en coûte”, abandon nant de fait son rôle de “lanceur d’alerte” sur la

Le réveil risque d’être douloureux.

Le procureur de la République Étienne Manteaux estime que le non-paiement des charges sociales par de nombreuses entreprises est “une bombe à retardement.”

L’événement 7

La Presse Bisontine n°249 - Mars 2023

l Zoom Le commerce de détail est à la peine Les Galeries Lafayette sont l’exemple révélateur d’un secteur du commerce de détail en difficultés. Les élus locaux sont montés au créneau.

notre Ville de Besançon.” De leur côté, les élus commu nistes estiment que “les Galeries Lafayette sont victimes de la spé culation. Cet événement est un nouveau signe de la destruction de nos commerces par des fonds vautours ayant pour seul objectif la réalisation de profits de court terme, au détriment des travail leurs et du tissu social, et écono mique que constituent ces points de vente dans nos villes” com mente Hasni Halem, le

L es réactions à l’annonce des difficultés des Galeries Lafayette dont les salariés ont mandaté un expert pour exa miner les comptes ne se sont pas faites attendre à Besançon. Sur tout l’échiquier politique. Le L.R. Ludovic Fagaut a été le premier à dégainer son communiqué dans lequel il entrevoit “un drame humain qui se prépare. Combien de salariés sur le carreau ?” s’in quiète le leader de l’opposition municipale. “C’est un monument de notre ville qui s’écroulerait si tel était le cas !” ajoute-t-il. Et s’interroge : “La municipalité a t-elle pris le soin d’anticiper ce départ ? Il est urgent de se pen cher sur ce dossier épineux qui porte un mauvais signal pour

“La municipalité a-t-elle pris le soin d’anticiper ce départ ?”

président du groupe des élus commu nistes à la ville de Besançon. Selon lui, “la désertifica tion porte un

L’enseigne Cop.Copine doit elle aussi fermer ses portes.

ment aussi les victimes collaté rales des clients qui préfèrent le confort d’un achat en ligne que de soutenir le commerce local. n

nom, elle s’appelle spéculation.” Comme Camaïeu avant elles, les Galeries Lafayette (qui appar tiennent au même groupe, tout comme Go Sport) sont certaine

Camaïeu liquidé, le magasin bisontin de la Grande rue est pour l’instant vide.

l Trois questions à… La première vice-présidente de la C.C.I “On a de plus en plus de sollicitations d’entreprises en difficultés” Christine-Noëlle Baudin confirme l’appréhension des chefs d’entreprise du Doubs en ce début d’année. En un mois, la C.C.I. a déjà reçu 35 sollicitations de chefs d’entreprise en difficultés.

L a Presse Bisontine : Confirmez-vous les craintes des milieux économiques locaux ? Christine-Noëlle Baudin : L’année 2022 n’a pas été mauvaise et dans ce contexte marqué par une crise énergétique, une inflation et une guerre, les chefs d’entreprise sont plutôt résilients. Ceci étant dit, on sent en effet en ce début d’an née des signes moins favorables. On voit des entreprises qui ne peuvent pas rembourser leur P.G.E. contracté pendant le Covid. On en voit d’autres dont les tré soreries sont asséchées. Sur le seul mois de janvier, le service juridique de la C.C.I. a reçu 35 appels et rendez-vous pour ce

genre de soucis. On commence en ce début d’année à avoir de plus en plus de sollicitations d’en treprises en difficultés, on le voit notamment

signes d’inquiétudes ? C.-N.B. : Un autre point revient quand on échange avec nos entre prises : il y a de moins en moins de projets d’investissements pour 2023. Les entreprises ne sont pas forcément très pessimistes mais elles attendent clairement que ça se décante. Il y a une vraie prudence liée à l’inflation et on espère que ce phénomène sera fortement ralenti au second semestre comme semble le prédire le gouverneur de la Banque de France. L.P.B. : Vous êtes aussi présidente de l’association A.P.E.S.A. qui reçoit les appels de détresse des chefs d’entreprise

qui sont en désespoir. Quelle est la situa tion ? C.-N.B. : Au début du mois, j’avais déjà reçu deux alertes. Là, on parle de situations d’urgence abso lue, de risques de suicides immi nents. n Propos recueillis par J.-F.H.

“Les trésoreries des entreprises sont asséchées.”

dans le com merce de détail. C’est bien sûr sans compter les dizaines ou centaines d’ap pels que nous avons eus aussi par rapport à la crise énergé tique et à la hausse des tarifs. L.P.B. : D’autres

Christine-Noëlle Baudin est aussi à la tête de l’association A.P.E.S.A.

(Aide Psychologique pour les Entrepreneurs en Souffrance Aiguë). (photo D.R.).

8Besançon TOURISME

La Presse Bisontine n°249 - Mars 2023

Au temps de Besançon-les-Bains

Besançon, ville thermale : le projet relancé ? La Ville de Besançon a lancé un appel à projets en vue de développer une activité orientée vers le soin ou le bien-être,

La Ville lance un nouvel appel à projets pour l’occupation duCentre de la Mouillère actuellement occupé par un cabinet de kinésithérapie.

éventuellement complétée d’autres projets. Mais de là à relancer Besançon-les-Bains…

L a Ville de Besançon a déposé un appel à projets pour l’ex ploitation du Centre Thermal de la Mouillère situé avenue Droz. Le dépôt des offres est attendu avant le 15 mars. Dans le détail, la Ville souhaite “confier l’ex ploitation d’un local d’activité avec pis cine d’eau salée en vue d’y développer une activité orientée vers le soin ou le bien-être, éventuellement complétée d’autres projets, permettant de répondre aux attentes d’une clientèle locale pour l’offre de soin, et/ou d’une clientèle d’af faires ou de tourisme en ce qui concerne les activités de bien-être” invite la Ville propriétaire des installations dans cet appel à projets. Actuellement, ce centre est géré par

Pour relancer une activité de therma lisme, la procédure serait beaucoup plus fastidieuse. La maire Anne Vignot en a bien conscience. “Je ne suis pas nostalgique de cette époque. Il ne s’agit pas de relancer une activité de ther malisme à proprement parler. Mais j’aimerais m’appuyer sur l’histoire ther male de ce quartier pour en faire une qualité actuelle, peut-être une nouvelle forme de tourisme et de vivre ensemble, avec un aspect soins-santé” confie-t elle. Dans le cadre de cet appel à projets, le cabinet de kinésithérapie dont la concession arrivera à terme à la fin de l’année étudie la possibilité de déposer un nouveau dossier pour une troisième période de douze ans. “ Nous étudions

plus loin sur ce site anciennement dédié au thermalisme. “Avec le centre de la Mouillère, le casino, l’ancien Hôtel des Bains, il faut voir comment on peut travailler la continuité depuis la Mouil lère via le Parc Micaud et jusqu’aux Prés-de-Vaux pour envisager, à plus long terme, la transformation de ce quartier. J’aimerais en effet lui redonner une vraie identité, le valoriser, pour lui redonner l’attractivité qu’il avait à la finduXIX ème siècle” ajoute Anne Vignot. Comme au temps - éphémère - de Besançon-les-Bains… n J.-F.H.

des kinésithérapeutes. Ce centre n’a d’ailleurs de thermal que le nom. Car même si les professionnels utilisent une piscine d’eau salée en provenance de Miserey-Salines, autrefois la base des activités de thermalisme à Besan çon, cette eau n’est pas pour autant “thermale” au sens donné par l’Agence régionale de santé. En clair, Besançon n’a pas l’habilitation pour s’afficher comme une ville thermale au sens du Code de la Sécurité sociale. Depuis juin 1998, un arrêté préfectoral interdit d’ailleurs à la ville d’utiliser le terme “thermalisme”. Toutefois, les candidats à l’occupation du site devront présenter une notice sur les conditions envisagées d’exploitation de la piscine d’eau salée précise le dossier.

actuellement le dossier de candidatures et le nouveau cahier des charges de la mairie pour savoir si nous serons en mesure de répondre. C’est un gros tra vail” observe Laurent Chapas, un des treize associés du cabinet installé rue Édouard-Droz. Dans le cadre de ce nouvel appel à pro jets, la mairie de Besançon n’imagine pas à cet endroit d’importants travaux d’investissements. “L’enjeu actuel en termes d’urbanisme, c’est clairement Saint-Jacques. Nous ne pouvons pas courir plusieurs lièvres à la fois” tranche Anne Vignot qui veut pourtant voir

Histoire Au temps glorieux de Besançon-les-Bains

Publi-information

Faites changer votre pare-brise et repartez avec un chèque !

à la fin du XIX ème siècle, la capi tale comtoise est rebaptisée, sur l’ensemble de ses docu ments touristiques, Besan çon-les-Bains. “Le thermalisme a été lancé suite à la découverte des eaux salées à Miserey-Salines qui seront acheminées par un réseau souterrain jusqu’à Besançon” note Pierre-Emma nuel Guilleray, conservateur à la direction bibliothèques et archives de la Ville. La ville est alors une station de cure thermale à la mode, qui attire une clientèle fortunée. On s’y rend en train, un moyen de transport de plus en plus rapide et abordable pour les touristes. Les bâtiments des Bains ont été inaugurés en 1893. La salle de spectacles du Kursaal est construite à cette même époque. Le nom de cette “salle de cure”, en fait

salle de loisirs, vient des stations thermales allemandes. La gare Viotte est alors la porte d’entrée de Besan çon pour les touristes et les tramways électriques permettent de rejoindre facilement la ville en contrebas. Les premières cartes postales avec des photographies de Besançon datent de 1897. “Cette époque faste ne dure pas très longtemps pour Besançon. L’activité thermale se confronte assez vite à un problème de rentabilité. Tout cela s’arrête après la Première guerre mondiale” ajoute le conservateur. Cette thématique avait notamment fait l’objet d’une belle intitulée “Un dimanche à Besançon-les-Bains, les loisirs de 1851 à 1936”, présentée par les Archives municipales de Besançon en 2015, sous la direction de Michel Hitter. n

I nstallé depuis 2018 au cœur de la zone de Cha lezeule, à proximité immédiate de la Natio nale, l’enseigne Europa rebrise s’est essentiellement faite connaître par le bouche à-oreille. Sans doute la meil leure publicité pour une marque qui possède aujourd’hui plus de 50 adresses à travers la France, notamment dans l’Est où elle est très présente. Sa notoriété, elle l’a bâtie aussi sur les réseaux sociaux, à par tir d’un deal séduisant : “Tous les clients repartent avec un chèque de banque dont le mon tant est de 200 euros, déduits de la franchise qui est en géné ral entre 50 et 80 euros. En contrepartie, nos clients doi vent juste s’inscrire sur nos réseaux sociaux : Snapchat, Google, Instagram ou Face book” résume Lilya Pebedev, C’est la proposition faite par Europarebrise à Chalezeule. L’enseigne verse un chèque jusqu’à 150€ en échange de l’inscription du client sur les réseaux sociaux.

Europarebrise est installé sur la zone de Chlazeule, au bord de la Nationale.

Les bâtiments des Bains ont été inaugurés en 1893. La carte postale accompagne l’essor du tourisme, principalement le thermalisme à cette époque (photo Mémoire

ainsi que les phares. En plus, Europarebrise vous offre l’as piration intérieure de votre véhicule avant de vous le ren dre. Que demander de plus ! n

responsable administrative de l’agence bisontine. L’autre avantage d’Europa rebrise, c’est que l’enseigne n’est affiliée à aucune com pagnie d’assurances en par ticulier, c’est-à-dire que tous les clients, quelle que soit leur compagnie d’assurances, peu vent faire le choix d’Europa rebrise pour leurs réparations. Le chèque est valable seule ment pour la réparation d’un parebrise. Mais l’enseigne assure également la répara tion de tous les autres vitrages, latéraux ou arrières,

Route de Belfort (à côté de Planet Wok) CHALEZEULE Tél.: 03 81 84 32 41 E-mail : besancon@europarebrise-plus.fr www.europarebrise-plus.fr

vive - Archives municipales de Besançon).

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La Presse Bisontine n°249 - Mars 2023

URBANISME

Les riverains rassurés Un projet immobilier sur la friche de Casamène

Une soixantaine de logements et une vingtaine de cellules ter tiaires sont en projet sur le site de Casamène. L’ancienne faïen cerie sera réhabilitée. Le projet d’ensemble a été validé par la Ville, le permis de construire doit être déposé au printemps.

A yant eu vent du projet cet automne, les riverains du quar tier de Casamène s’étaient réu nis le 25 septembre dernier afin d’échanger sur l’avenir de ce secteur coincé entre la route de Beure et le Doubs, et sur leurs préoccupations concernant ce projet d’urbanisation porté par la société M.K. Investment, basée dans le Haut-Doubs. Son res ponsable, Kevin Mougin, est allé au devant des riverains pour les rassurer. Car “c’est bien un projet de réhabili tation et de requalification de ce secteur que je porte. Il s’agit de conserver le patrimoine existant mais pour l’instant

à l’état de friche, de l’améliorer, et d’y construire un programme mixant le logement et l’activité tertiaire, le tout dans un cadre que l’on souhaite rever

dir” résume le por teur de projet qui doit composer avec plusieurs contraintes : la situation en bord de rivière, la dépollu tion des sols, le dés amiantage des bâti ments existants et le réaménagement des accès à ce quar

Une soixantaine d’appartements, “dont 20% de logements sociaux.”

En blanc, les futurs bâtiments, en rouge les bâtiments existants réhabilités, en bleu les autres copropriétés (hors projet).

conformément à la la loi” précise Kevin Mougin. Le permis de construire de ce pro gramme immobilier doit être déposé dans quelques semaines “et la com mercialisation démarrera à cette date.” Les premiers coups de pelle sont prévus au tout début de l’année 2024 pour une réception du chantier mi-2025. Le promoteur annonce des tarifs “unpeu en dessous des bases actuelles à Besan çon, c’est-à-dire aux environs de 3 300 euros le mètre carré. Les cellules tertiaires seront commercialisées à 2 200 euros le mètre carré brut” indique Kevin Mougin. n J.-F.H.

pas être transformés en logements. C’est le cas notamment de l’ancienne faïencerie dont les murs donnent sur la véloroute. Ce bâtiment sera réhabilité et abritera des cellules pour des acti vités tertiaires et de bureaux, tout comme un autre bâtiment industriel situé en retrait, de l’autre côté de la cour. L’ancienne maison du gardien, elle, sera totalement rénovée pour abri ter des logements. Le reste du projet consistera à créer de nouveaux bâti ments, “traversants et aérés pour avoir une perspective sur le Doubs” ,quiabri teront au total sur deux ou trois niveaux et attique, une soixantaine d’apparte ments, “dont 20 % de logements sociaux

tier enclavé. “Mais nous y sommes arri vés. Après plusieurs moutures du projet, il semble qu’on soit désormais bien en phase avec les exigences de toutes les administrations concernées et de la Ville de Besançon. Nous sommes allés très loin dans l’étude du Plan local d’urbanisme qui comportait encore quelques imprécisions, de manière à respecter toutes les contraintes possibles” ajoute le promoteur. Sur le plan archi tectural, ce projet immobilier a été confié à l’agence bisontine Archi.Tech. Sur ce périmètre d’un peu moins d’un hectare, plusieurs bâtiments contraints par le plan de prévention des risques d’inondations (P.P.R.I.) ne pourront

“Rendre viable ce secteur en partie occupé par une friche industrielle”, c’est le projet du promoteur.

BESANÇON

Le parcours de Maxime Poly

Dur dur d’être entrepreneur à Planoise À la tête de sa petite entreprise Polygames Event, Maxime Poly, un enfant

domaine d’activité. “Il yadeux ans, j’ai pas mal travaillé avec des associations du secteur, pour lesquelles je me suis mis en qua tre pour tirer les plus au plus bas, et aujourd’hui ces mêmes associations qui sont subven tionnées, me font de la concur rence. Je ne trouve pas le système très loyal” note l’entrepreneur de 34 ans. Mais comme il est viscéralement attaché au quartier qui l’a vu grandir, Maxime continue à se retrousser les manches. Il est en train de labelliser sa société en R.S.E., comme responsabilité sociétale des entreprises. “Les structures gonflables et ludiques que je proposerai cette année sont à base de matières recyclées et nos fournisseurs travaillent majoritairement avec du per sonnel en réinsertion” précisele chef d’entreprise qui compte

de Planoise, estime que jeunes entrepreneurs peinent beaucoup plus que les associations.

“J e pense qu’il y a trop d’associations à Pla noise qu’on aide, sans même savoir ce qu’elles font de l’argent qu’on leur donne.” Maxime Poly est cash, il parle franchement, et n’hésite plus à dire ce qu’il a sur le cœur y compris aux autorités, maire de Besançon ou préfet du Doubs avec qui il a encore eu l’occasion de s’entretenir à l’oc casion de la signature récente du Pacte pour l’émancipation des jeunes de Planoise (voir notre article en page 2). En affirmant cela, Maxime Poly s’appuie sur sa propre expé

rience de jeune entrepreneur qui tente, depuis quatre ans, de convaincre les acteurs du quar tier de travailler avec lui. Sa

société Poly games Event est spécialisée dans l’événementiel, l’organisation d’animations à destination, des structures de quartier, mais pas que. Sans aide autre que sa propre énergie, il tente de se faire une place dans ce

Il est en trainde labelliser sa société enR.S.E.

Maxime Poly, à la tête de la société Polygames Event, spécialisée dans la fourniture de structures d’animation et de loisirs sportifs.

bien aussi surfer sur l’année pré-olympique pour louer ses équipements types “villages olympiques mobiles” à de nom breuses structures de quartier, à Besançon, ou ailleurs. Et convaincre qu’on peut être de Planoise, devenir chef d’en

treprise, et réussir son pari sans être tenté de verser dans d’au tres formes d’activités parallèles plus faciles et lucratives. “ Et si mon activité se développe et que

je peux embaucher au moins un jeune de Planoise, j’aurai réussi ! J’y crois très fort” souffle Maxime Poly. n J.-F.H.

Facebook Polygames - Instagram Polygames_event maxime@polygames-event.fr

Besançon 11

La Presse Bisontine n°249 - Mars 2023

SOLIDARITÉ

Association L’appel de S.O.S. Amitié aux bénévoles

À Besançon, l’association S.O.S. Amitié regroupe une quarantaine d’écoutants et répond à un appel sur 5 sur les 8 000 que reçoit la plateforme nationale. Pour faire face aux appels de plus en plus nombreux, l’association recrute de nouveaux bénévoles. Clara* et Marion*, deux écoutantes bisontines, ont accepté de partager leur expérience. D’ ordinaire, ce sont elles qui écoutent. Patiem ment, avec humanité et empathie, sans jugement. Aujourd’hui, elles ont la parole pour partager leur expérience et donner envie à d’autres de devenir écoutants. Pour récolter des fonds, l'association organise des foires aux livres, au printemps et en automne. La prochaine a lieu du 17 au 19 mars au gymnase Fontaine Écu. Il est possible d’y déposer et acheter des livres d’occasion, des C.D. et des D.V.D. Le point de collecte se fait à l’entrée ou par téléphone au 07 83 15 44 46. Vendredi 17 mars de 15 h à 19 h, samedi 18 mars de 10h à 19h, dimanche 19 mars de 10h à 17h Gymnase Fontaine Écu, 28 rue Fontaine-Écu. n La foire aux livres du 17 au 19 mars

Marion*, écoutante à S.O.S. Amitié depuis dix ans “Il faut que la personne sente qu’elle est écoutée”

Clara*, écoutante depuis deux ans “Devenir écoutante, ça m’a transformée”

peut pas solutionner leurs problèmes. Reconnaître notre propre impuissance demande beaucoup d’humi lité. Mais parfois, je ressors d’un appel revigorée grâce à la qualité de l’échange, très riche. On se sent plus vivant. Il y a beaucoup de gratitude, de remerciements. Certains rappellent juste pour dire merci. C’est gratifiant. Il y a une utilité sur cette ligne.” n L.P. *prénoms d’emprunt

tre mois. La théorie s’appuie sur l’école Carl Rogers, la communication non-violente, l’écoute centrée sur la per sonne. Puis en pratique, nous faisons la double écoute, avec une écoutante. Devenir écoutante, ça m’a transformée, je n’ai plus le même rapport aux autres et aux discussions, à l’écoute. Parfois, on a l’impression d’avoir raté l’appel, on n’a pas su se mettre à sa portée. On peut aider mais on ne

“Il faut avoir une disposition intérieure, il faut arriver à faire une connexion à dis tance avec l’autre, avoir une présence non invasive. On peut faire un guidage subtil sans jamais être dans l’in jonction. Quand on décroche le téléphone, on ne sait jamais qui est derrière. Très vite, j’ai été bluffée par le panorama que ça m’a permis d’avoir sur la France. J’ai longtemps vécu dans un milieu relativement clos et privilégié. J’ai vu une annonce à la télévision qui relayait le besoin de béné voles de S.O.S. Amitié. Je me suis immédiatement inter rogée, j’ai demandé à mes proches : est-ce que je peux correspondre ? Est-ce que je suis assez solide pour affron ter tout ça ? Après une lettre de candidature, il y a un entretien avec un psychiatre. Cet échange m’a permis de me conforter dans mon envie d’être bénévole. J’ai ensuite suivi une formation de qua

richesse énorme ! J’ai décou vert des milieux que je n’avais jamais côtoyés, notamment la santé mentale. Nous avons pas mal d’appels de certaines personnes qui ne sont pas sui vies. Il nous arrive d’avoir des appels de suicidaires (qui ont des idées suicidaires, ndlr) ou des suicidants (qui sont en cours ou ont en projet, ndlr). Mais ce n’est pas la majorité des appels. C’est plus la soli tude, des crises d’angoisse, des problèmes psychiatriques. Les personnes ont un besoin d’être rassurées. En dix ans, ça arrive de temps en temps qu’on ait besoin de pauses. Et une fois par mois, on partage avec un psycho logue ce qu’on a vécu. On peut aussi l’appeler après un appel difficile pour un débrief émo tionnel. Être écoutante m’a amenée à être tolérante à toutes sortes de discours en laissant parler les gens.” n

”Au départ, je pensais qu’être écoutante, c’était apporter des conseils. Ce n’est pas du tout ça. C’est écouter, laisser la parole libre, ne pas influer. Parfois, ce sont des silences, des pleurs, des cris. Il faut attendre que la parole arrive. C’est la première chose que j’ai apprise. J’ai toujours été sensible à la solitude. À la dif férence des autres associations, nous ne sommes pas directe ment en face des personnes qu’on écoute. Le téléphone, c’est une voix. C'est anonyme, et c’est utile des deux côtés. Il faut rappeler que c’est gratuit. C’est rassurant de parler à une voix humaine, sans juge ment. Il faut que la personne sente qu’elle est écoutée, qu’elle peut dire tout ce qu’elle veut. Même si parfois, c’est difficile pour soi-même, il y a des choses qui nous révoltent. Par fois, on nous injurie, il y a un côté défouloir. Mais c’est une

L’association cherchede nouveaux bénévoles pour devenir écoutant.

Le n° national, gratuit et anonyme : 09 72 39 40 50 Pour devenir bénévoles :

recrutement@besancon.sosamitie.org ou association@besancon.sosamitie.org

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SOCIAL

F.JT. Les Oiseaux

Ils sont jeunes travailleurs… et pauvres

I ls s’appellent Zohra, Alexis, Youssef ou Dylan. Ils préfè rent ne pas donner leur nom de famille. Sentiment de honte, discrétion légitime, volonté inconsciente d’efface ment par rapport à cette société du paraître ?… Toujours est-il qu’ils ont tout de même souhaité parler, crier leur désespoir sans pourtant hausser jamais le ton, peut-être désabusés de voir que personne ne semble prendre conscience de leur situation. Le Foyer des jeunes travailleurs (F.J.T.) Les Oiseaux regroupe les profils les plus divers : des jeunes en C.D.D., en alternance, des étudiants aussi, des jeunes de l’Aide sociale à l’enfance, des personnes à mobilité réduite ou des stagiaires. Aucun d’entre eux n’aurait la possibilité de se loger dans le parc privé. Beau coup sont en rupture familiale ou n’ont plus de parents pour les aider. La goutte d’eau qui a fait débor der leur colère, c’est cette toute récente augmentation de loyer que leur a imposé le F.J.T. Les Oiseaux où ils ont fait leur nid depuis plusieurs années. Ils s’y plaisent tous, y trouvent un cadre d’épanouissement social et y entretiennent des relations solides, voire des amitiés, mais leur quotidien reste miné par cette seule question : “Comment je vais faire pour boucler la fin dumois ?” Zohra a 33 ans, elle est travail leuse reconnue handicapée. Elle a bien enchaîné quelques petits boulots, notamment aux ateliers Prolabor de l’A.D.A.P.E.I., mais désormais, son handicap la décourage trop pour avoir l’éner gie de continuer. Elle vit donc avec les 956 euros mensuels de son Allocation pour adultes han dicapés (A.A.H.). Avec un loyer d’environ 400 euros, certes dimi nué des A.P.L., elle ne peut pas joindre les deux bouts. Son astuce pour économiser ? Sauter le repas du midi. “Le midi, je me mets au lit pour m’endormir, ça m’évite de penser au repas. Je ne mange donc que le soir” déplore-t-elle. Depuis son arrivée au F.J.T. en 2018, le prix du repas au self (formule 1, c’est-à-dire sans entrée) est passé de 4,25 à 5,80 euros. Pour la formule complète, il faut débourser aujourd’hui 7,15 euros. Trop cher pour elle qui en plus a Mais n’arrivent pas à joindre les deux bouts. Ces jeunes précaires en appellent au préfet pour les aider. Ils ont entre 20 et 30 ans, ont pour la plupart d’entre eux un métier.

De gauche à droite et de haut en bas : Alexis, Zohra, Dylan et Youssef. Pour eux, à la fin du mois, il ne reste rien.

quer l’indice de régulation des loyers. Au grand dam des jeunes travailleurs qui estiment que “ce n’est pas à nous de payer l’augmentation générale des prix !” Alors pour tenter de donner un écho à leur mécontentement, les jeunes du F.J.T. ont fait circuler une pétition qui a été signée par plus de 80 résidents. Mais à qui l’adresser au final, au-delà de Claude Koestler, le président de l’association qui gère le foyer ? “ C’est à l’État d’entendre notre situation. Les élus ne peuvent rien faire, c’est donc au préfet que nous nous adressons aussi. Il faut que l’État prenne conscience que dans la situation actuelle où l’inflation progresse encore, on s’appauvrit. Il faut qu’on ait plus d’aides de la C.A.F. ou de l’État” lancent les quatre jeunes. “Pourquoi nous les jeunes travailleurs ne pourrions-nous

quelques arriérés à régler à la C.A.F. Alexis a 26 ans. Il travaille pour l’Éducation nationale en tant qu’assistant d’éducation dans un collège de Besançon. Mais comme il n’est qu’à mi-temps, ses revenus mensuels ne dépas sent pas les 700 euros. Son loyer était jusqu’ici de 396 euros. Depuis le 1 er janvier, il doit débourser

pas bénéficier de boucliers tari faires comme l’État les avait mis en place pour l’essence au béné fice des particuliers ou des entre prises pour l’énergie ?” interroge Alexis. Tous ces jeunes travailleurs engagés dans cette action de lanceurs d’alerte sont bien déci dés à créer une prise de conscience des pouvoirs publics. “Notre démarche est collective, elle n’est pas individualiste. En plus, nous sommes très attachés à ce foyer, on veut y rester. Mais si on alerte sur nos conditions, c’est aussi parce qu’on pense à ceux qui vont arriver après nous” disent-ils. Leurs préoccupations sont sans doute aussi effacées derrière le débat qui focalise en ce moment l’actualité : la réforme des retraites. “La retraite ? On n’en parle même pas !” finissent ils par sourire. n J.-F.H.

vais faire mes courses.” Youssef habite depuis trois ans au F.J.T. de la rue des Oiseaux. À 24 ans, il est intéri maire dans l’in dustrie. Un statut a priori enviable, sauf que, à l’image de Dylan, Youssef était presque mieux loti quand il était apprenti.

conduire, encore moins d’avoir une voiture.” Dylan, qui est aussi le président du conseil de vie sociale repré sentant des résidents au sein du F.J.T., a la chance d’avoir décroché un C.D.I. Mais para doxalement, sa situation ne s’est pas améliorée par rapport au temps où il était en alternance. “Je touchais plus au final en alternance avec les aides que je percevais, qu’aujourd’hui en C.D.I. Avant, j’avais de quoi met tre un peu d’argent de côté. Aujourd’hui, c’est fini…” sedés ole le jeune travailleur qui ne cache plus son désabusement. “On veut trouver des solutions car à notre âge, on est l’avenir du pays ! Hélas, j’ai l’impression que je ne suis pas l’avenir de ce pays.” Depuis qu’il est en C.D.I., Dylan est imposable. La double peine. “Je suis toujours obligé de sortir la calculette quand je

“On est l’avenir du pays et on n’a pas de solutions…”

“Pour ne pas penser au repas lemidi, je dors.”

409 euros. “Ces 13 euros d’aug mentation, pour moi, ça représente la moitié d’une semaine de courses…” Chaque jour, il doit prendre le bus pour se ren dre à son travail. “Je n’ai pas les moyens de passer le permis de

“J’ai été amputé de 70 euros d’A.P.L. depuis que je suis passé intérimaire. Je ne demande pas la charité, mais juste de vivre correctement de mon travail.” L’augmentation de leurs loyers, fût-elle de 13 euros, les locataires du F.J.T. la prennent donc de plein fouet. Néolia, le bailleur social gestionnaire des 140 loge ments du foyer ne fait qu’appli

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