La Presse Bisontine 247 - Janvier 2023

Le dossier 21

La Presse Bisontine n°247 - Janvier 2023

l Macha Woronoff Interview à mi-mandat “Offrir à la jeunesse franc-comtoise des formations d’excellence” Macha Woronoff, présidente de l’Université de Franche-Comté arrive à mi-mandat. Alors que le futur projet d’établissement est en cours de réflexion, cette professeure de pharmacie clinique se livre sur ses deux premières années à la tête de l’établissement.

vous représenter ? M.W. : C’est encore trop tôt pour se prononcer. Il faut rester dans l’action, tout est à bâtir. L’indi vidu doit s’effacer devant la res ponsabilité qu’on doit accepter. Il y a auparavant la célébration des 600 ans de l’Université, avec cette volonté d’être tourné vers l’avenir de l’Université qui est à construire. La force de notre Université est d’être ancrée sur le territoire, d’être un facteur d’excellence et d’attractivité. Elle doit être aussi un lien d’ou verture aux autres, d’huma nisme. C’est tout ce qui guide mon parcours et qui fait qu’on accepte des journées qui n’ont pas de début ni de fin. n Propos recueillis par L.P.

L a Presse Bisontine : Quel bilan pouvez-vous tirer de ces deux premières années ? MachaWoronoff : C’est un exercice difficile. On est en train de réflé chir et rédiger le futur projet d’établissement bâti sur l’expé rience qu’on a de ces deux années, sur lamanière dont peut évoluer l’Université. Notre envi ronnement s’est un peu com plexifié avec la décision de l’Uni versité de Bourgogne de quitter la C.O.M.U.E. L.P.B. : Le projet d’établissement va t-il devoir être modifié, adapté à la suite du départ de l’Université de Bour gogne ? M.W. : Il n’y a pas grand intérêt d’en parler maintenant, c’est trop tôt, et encore flou. L.P.B. : Sur quoi vont porter les axes de réflexion du nouveau projet d’éta blissement ? M.W. : Nous déclinons notre réflexion autour de six valeurs pour une Université de qualité, engagée, d’ouverture, une uni versité d’excellence, d’histoire, de progrès. Autour de ces valeurs, il y a une stratégie qui a comme objectif important de pouvoir offrir à la jeunesse du territoire franc-comtois des for mations d’excellence pour une insertion professionnelle qui correspond à ce qu’elle attendait. Je souhaite que des jeunes qui ne pensaient pas à l’université - car des études longues et dif ficiles, parce que problèmes financiers - puissent y réfléchir car ils sont à proximité de l’Uni versité de Franche-Comté, grâce à nos cinq sites. Ils peuvent faci lement s’engager dans les

j’étais étudiante en troisième année, j’étais sa monitrice de travaux pratiques. C’est une femme pour qui j’ai beaucoup d’admiration et d’affection. L.P.B. : Votre mandat prend fin le 30 novembre 2024. Souhaitez-vous

avons essayé d’être à l’écoute de leurs besoins. Pour l’anecdote, je suis la deuxième femme présidente de l’Université de Franche-Comté. La première était Françoise Bévalot (2001-2006). Elle était docteure en pharmacie, et quand

comme la ligne Écoute-info, le guide des aides, le soutien pour la précarité menstruelle ou encore la plateforme S.O.S. I.R.R.I.S., c’est la colonne ver tébrale du futur projet d’éta blissement qui sera effectif le 1e r janvier 2024. L.P.B. : Vous parlez de développer les ressources propres à l’Université. Quels sont les leviers ? M.W. : L’un des leviers est la for mation continue, l’alternance, l’apprentissage. C’est également grâce à la qualité de nos cher cheurs qui répondent et gagnent des appels d’offres, permettant le financement des équipements et des bourses de doctorants. Un autre levier, ce sont les par tenariats socio-économiques avec les collectivités territoriales. En Franche-Comté, elles sont très attentives à nous soutenir. L.P.B. : Qu’est-ce qui vous a poussé à vous présenter à la présidence en 2020 ? M.W. : : J’ai une carrière très rem plie et merveilleuse, je n’avais pas obligatoirement envie de me présenter. En France, seules 15 femmes sont présidentes d’université sur 75. Nous nous sommes toutes posé la question de nos compétences. Je me sens compétente pour faire face à cette responsabilité. Je me suis posé la question de ma légiti mité, la décision a été compli quée. En plus, en décembre 2020, nous étions en pleine pandémie, il fallait mettre la qualité de la vie étudiante au centre de nos préoccupations, je me rendais bien compte que la jeunesse étu diante était malmenée, nous

études.

L.P.B. : Et concrètement, comment s’articulera le projet d’établissement ? M.W. : Nous avons réfléchi aux actes forts du projet d’établis sement qui s’établit autour de l’acronyme I.R.R.I.S. -I pour insertion professionnelle qui est un enjeu fort. -R pour rayonne ment grâce à une Université de qualité et d’ouverture, le déve loppement de notre visibilité internationale. Cette dernière est possible grâce à des projets emblématiques mondiaux que l’Université remporte, à l’accueil des étudiants et des chercheurs internationaux. Le deuxième -R pour responsa bilité via notamment un campus durable, une politique écores ponsable qui correspond aux défis sociétaux, comme par exemple, développer nos res sources propres, en plus des sub

ventions de l’État. -I pour innovation, sur tout sur la recherche fonda mentale à trans férer vers la société. C’est éga lement l’innova tion en termes pédagogique dans les rela tions humaines et sociales et dans les réflexions sur les transitions envi ronnementales. Enfin -S, pour solidarité. Des dispositifs ont été mis en place

“Je me suis posé la question de ma légitimité.”

Macha Woronoff est la deuxième femme présidente de l’Université de Franche Comté après Françoise Bévalot.

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